lundi 15 novembre 2021

Bruno Solo victime de l’antisémitisme

C’est une fois dans ma bagnole que je me suis rendu compte que je suis passé à côté de quelque chose de grave […] Qui m’a frappé ? Qui m’en a voulu ? Que la société en soit arrivée à un tel degré de confusion m’inquiète. — Bruno Solo, sur Ladepeche.fr, 22 juillet 2014.

L'acteur de cinéma Bruno Solo m’a été suggéré un jour par un visiteur de ce blog et comme on va le voir, cette suggestion était tout à fait pertinente.

Solo, ma con Dio...

Le site LaDépêche.fr rapporte que Bruno Solo, qui a joué dans les trois volets de la série de films La Vérité si je mens, est souvent considéré à tort comme juif.

Comme je l’ai relevé à maintes reprises, par exemple à propos de Charles Aznavour et de Richard Bohringer, ou encore, de Vincent Cassel, d’Henri Guybet et de Jacques Villeret, il semble que beaucoup de gens s’imaginent qu’un acteur qui interprète le rôle d’un Juif est nécessairement juif.

Ajoutons qu’en 2011, Bruno Solo a incarné Pierre Mendès France dans le téléfilm historique de Laurent Heynemann Accusé Mendès France.

Par ailleurs, interviewé par Voici en juillet 2014, l’acteur a raconté avoir été victime d’une agression à Paris en décembre 2013, en marge d’une manifestation, alors qu’il sortait d’un théâtre.

Il avait été pris pour cible par un groupe de personnes : « Il y avait des gens de Civitas, des skinheads, des Blacks, des Blancs, des Beurs, des mecs de l’ultragauche, des punks à chien complètement perdus... Ils se sont jetés sur moi en me criant : "La quenelle ! Sale youpin !"… alors que je ne suis pas juif. »

Bruno Solo a établi un lien entre cette agression et des propos qu’il avait tenus peu avant sur Dieudonné M’Bala M’Bala, avec qui il avait déclaré avoir pris ses distances parce qu’il le considérait désormais comme antisémite et proche du négationnisme.

Son vrai nom est Bruno Lassalle. Il a choisi Solo comme nom de scène par admiration pour le personnage de Han Solo dans le film La Guerre des étoiles (Star Wars). Son père est le cousin du journaliste Pierre Fournier. Sa mère, Jackie Lassalle, avait pour nom de jeune fille Ducos. Ducos et Lassalle sont des noms du Sud-Ouest de la France. Enfin, le patronyme de son épouse est Clochepin.


Sources : avis-de-deces.net ; Filae ; ladepeche.fr ; Wikipedia, sur Bruno Solo et sur Pierre Fournier.

samedi 23 octobre 2021

Ivan Rioufol, juif of course ?

Résumé d’une bonne partie des réactions à mon commentaire sur l’affaire Siné : je serais donc délateur, détenteur d’une pensée unique, adepte de la censure, juif of course, gendarme de la bien-pensance, pourfendeur des musulmans, ennemi de la libre expression. J’en oublie. Face à ce déchaînement, qu’il faut aussi analyser, je ne peux que répondre. Alors, puisqu’on en est là : non, je ne suis pas juif. [...] — Ivan Rioufol, sur le blog du Figaro, juillet 2008.

Dans certains milieux, y compris en France, quand on dénigre quelqu’un pour ses positions ou sa politique, il est relativement courant de faire courir le bruit qu’il serait juif.

« Non, je ne suis pas juif. »

Cela se produit surtout lorsque la personnalité concernée est perçue comme hostile ou simplement critique envers l’islam. Cela peut se produire également lorsqu’elle prend fait et cause contre l’antisémitisme.

C’est ainsi que le site internet du tristement connu Alain Bonnet, dit Alain Soral, cet antisémite obsessionnel, qualifie Ivan Rioufol de « sioniste ».

Journaliste, éditorialiste, essayiste « conservateur » et adversaire de la bien-pensance actuelle, Ivan Rioufol se retrouve donc logé à la même enseigne, si je puis m’exprimer ainsi, que Michel Garroté, Guy Millière, Philippe Val et Pierre-André Taguieff.

Ce n’est sans doute pas un hasard si, quand on saisit « Ivan Rioufol » sur Google, les mots « origine » et « famille » font partie des premières propositions de recherche.

Naturellement, rien, chez Ivan Rioufol, n’indique une appartenance au peuple juif. Au contraire, les indices de non-judéité ne manquent pas.

Pour commencer, Rioufol est un nom de famille occitan qui signifie littéralement « ruisseau impétueux ». C’est un nom de domaine ou de hameau. La commune qui compte le plus de Rioufol est de loin Gluiras, dans l’Ardèche.

Ensuite, Ivan Rioufol a accompli sa scolarité au lycée de l’Immaculée-Conception de Laval, puis au lycée Saint-Stanislas de Nantes.

Enfin, Ivan Rioufol lui-même « se déclare catholique » (sur RTL le 10 novembre 2011).


Sources : blog.lefigaro.fr ; Filae ; Geneanet ; Wikipedia.

jeudi 16 septembre 2021

Juif, Alexander Graham Bell ? Mon dos ! (euphémisme)

Lorsque j’ai lancé sur Google la requête « Alexandre Graham Bell r », les deux premières propositions que j’ai obtenues ont été « Alexander Graham Bell religion » et « Alexander Graham Bell race ».

Qu’ont bien pu se demander certains internautes, concernant ce monsieur à qui l’on a longtemps attribué l’invention du téléphone et qui était bien évidemment un « mâle blanc » occidental ? Je vous le donne en mille.

« racisé » ?

Si j’ai eu l’idée d’interroger Google de cette manière, c’est parce qu’un jour, sur les réseaux sociaux, quelqu’un avait affirmé que ce Bell était juif.

Son nom de famille y serait-il pour quelque chose ? Certes, le violoniste Joshua Bell est juif. Et puis après ?

Wikipedia propose une liste de personnalités portant ce nom : il est facile de constater que la plupart ne sont pas des Juifs.

Bell est un patronyme courant dans les pays anglophones. Il aura probablement été attribué, à l’origine, à un sonneur ou à un fabricant de cloches (cloche se dit bell en anglais). L’hypothèse d’un nom topographique n’est pas exclue pour autant. On peut même supposer que ce nom aura pu aussi dériver du prénom médiéval Bel, ou bien du vieux français beu, bel (beau), sans compter d’autres origines européennes envisageables.

Bell est le 36e patronyme le plus courant en Écosse, pays natal de l’intéressé (qui a émigré en Amérique et est devenu canadien).

Alexander Graham Bell était le fils d’Alexander Melville Bell (N.B.: Alexander, fils d’Alexander... voir mes articles précédents) et d’Eliza Grace, née Symonds, fille de Samuel James Symonds et de Mary White, elle-même fille de James White et Elizabeth Stace, celle-ci étant la fille de John Stace et Elizabeth Smith.

Alexander Melville Bell était le fils d’Alexander Bell (là encore, on a un Alexander, fils d’Alexander...) et d’Elizabeth Colville, et Alexander Bell était le fils de David Bell et d’Isabella Swan, elle-même fille d’Alexander Swan et de Jean Yooll (Jean est un prénom féminin chez les Anglo-saxons).

À propos de l’appartenance religieuse d’Alexander Graham Bell, son épouse a raconté qu’il avait reçu en 1901 des documents de l’Église unitarienne et qu’après les avoir lus, il lui avait déclaré : « Je me suis toujours considéré comme agnostique, mais j’ai maintenant découvert que j’étais un agnostique unitarien. »


Sources : Geneanet (sur A.G. Bell et ses ascendants), NNDB et Wikipedia, sur A.G. Bell et sur le nom Bell.

mercredi 21 juillet 2021

Le mot juif associé à Patrick Sabatier

Cela a déjà été rappelé maintes fois ici-même, un certain nombre d’internautes, sur leur moteur de recherche et dans leur tête, associent le mot « juif » à des personnalités qui ne sont pas juives du tout et même, à des personnalités dont on n’a aucune raison de penser qu’il pourrait s’agir de Juifs. C’est même, précisément, la raison pour laquelle ce blog existe.

Comme l’a fait un jour remarquer le chroniqueur et notable Jean Corcos (voir mon article sur Thierry Ardisson), Patrick Sabatier est du nombre, de même que diverses autres personnalités de la télévision française.

Pas de sabbat pour Sabatier

Mes recherches sur le fameux présentateur ne livrent pas grand-chose sur sa vie et ses origines, si ce n’est qu’il est le fils de Jules Sabatier et d’Emilienne Rossi, qu’il a épousé une certaine Isabelle Laburthe avec qui il a eu deux enfants, à savoir une fille, Margaux, née en 1988, qui a fait de la télé avec Évelyne Thomas sur Direct 82 et un fils, Thomas...

...et enfin, que Sabatier est un nom de famille d’origine occitane.

Aurais-je besoin d’informations supplémentaires pour pouvoir affirmer que Patrick Sabatier n’est pas juif ? Non, et voici pourquoi.

Le monde se divise en deux catégories : ceux avec qui on peut discuter, et ceux qu’on ne peut pas raisonner – surtout quand il est question des Juifs, du judaïsme ou d’Israël... ou d’une éventuelle origine juive prêtée à une personnalité.

Les premiers n’ont généralement pas l’idée que Patrick Sabatier pourrait être juif, et même si cette idée a pu leur traverser la tête, ils admettront que je suis fondé à affirmer – avec Jean Corcos – que ce n’est pas le cas. Comme j’avais pris soin de l’annoncer dans mon premier article, c’est seulement à eux que ce blog s’adresse.

Quant aux autres, qui auront la plupart du temps décidé d’avance que toutes les personnalités du petit écran sont juives, je n’ai rien à leur dire.


Sources : Wikipedia, sur Patrick Sabatier et sur le nom Sabatier.

mercredi 7 juillet 2021

Alain Mimoun et la religion

Un grand champion [...] un grand patriote et un chrétien fervent qui ne cachait pas sa foi. [...] un Berbère devenu « plus gaulois que les Gaulois » [...] un musulman converti au catholicisme qui ne faisait pas mystère de ses convictions religieuses. — Famille chrétienne, 7 juillet 2013.

Alain Mimoun est une suggestion d’un de mes lecteurs, qui me disait avoir longtemps cru que cet athlète au parcours remarquable et particulièrement méritant était juif. Je suppose qu’il n’a pas été le seul à le croire.

Ali est devenu Alain...

Ce même lecteur m’avait tout aussi opportunément suggéré Guy Bedos comme d’autres, par la suite, m’ont soumis la candidature de Gottlieb Duttweiler, de Xavier Niel, de Bruno Solo et d’autres personnalités encore.

Certains ont tendance à supposer qu’un homme portant un patronyme à consonance arabe et un prénom typique du calendrier chrétien doit être juif (à ce propos, voir notamment mes article sur Serge Atlaoui et sur Alexandre Benalla).

Or, Alain Mimoun, algérien de naissance et naturalisé français en 1963, était né sous le nom d’Ali Mimoun Ould Kacha. Comme l’indique clairement son état-civil, il était né dans une famille de confession musulmane.

En 1955, ayant accompagné un ami à Lisieux, le légendaire athlète s’est converti à la religion catholique. Considérant même qu’il devait toutes ses victoires à sainte Thérèse de Lisieux, il est devenu un chrétien fervent.

Par la suite, il s’est fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze, d’où son épouse était originaire.

Alain Mimoun, qui chérissait déjà la France dans son enfance et avait eu pour héros Vercingétorix et le chevalier Bayard, se passionnait pour l’Histoire. Par la suite, il a admiré en particulier le général de Gaulle et les papes Jean XXIII et Jean-Paul II.


Sources : Famille chrétienne (7 juillet 2013) ; Jeune Afrique (février 2017) ; Wikipedia.

lundi 28 juin 2021

L’imaginaire mère juive de Xavier Niel

Un estimable lecteur a attiré mon attention sur Xavier Niel. Ce lecteur m’informe que la page Wikipédia consacrée à l’homme d’affaires a indiqué pendant longtemps qu’il serait né d’une « mère juive comptable » (sic) et que « cet ajout certainement malicieux a été retiré », non sans avoir été copié-collé sur de nombreux sites entretemps.

En effet, « Xavier Niel origine » est une des premières suggestions de recherche que Google associe à ce nom, la saisie de « Xavier Niel i » fait apparaître « Israël », et avec « Xavier Niel j » on obtient « Xavier Niel judaïsme ».

Niel, ni lui ni les autres...

Je suppose qu’un certain nombre d’obsédés y sont pour quelque chose. « Israël » et « judaïsme », c’est très clair : dès qu’il s’agit d’un milliardaire influent, on est à peu près sûr de voir se manifester ce fantasme (voir, par exemple, mes articles sur Bergé, Bouygues et Rockefeller).

Et si, en plus, l’intéressé porte un nom se terminant par « -el » (voir mon article sur Maurice Ravel)… Pourtant, le maréchal Niel (de son prénom Adolphe), dont une avenue de Paris porte le nom, n’était pas juif du tout.

Ajoutons qu’il est très rare que des parents juifs appellent leur fils Xavier.

Deux biographies de Xavier Niel nous éclairent sur son milieu familial :

« Les Niel ne sont pas des chrétiens fervents. Michel [le père de Xavier] emmène tout de même les enfants à la messe le dimanche […] » (Gilles Sengès, Xavier Niel, l’homme Free, Michel de Maule, 2012)

Et aussi : « À 12 ans, [Xavier] entre au collège cristolien De Maillé, une école catholique […] »

Et encore : « Plus tard, Xavier fera baptiser sa fille pour faire plaisir à sa belle-famille, sans grande conviction. Il se déclare « catholique de tradition », respectueux mais pas croyant. » (Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette, Xavier Niel – la voie du pirate, First, 2016).

Partageons donc pendant quelques instants l’intérêt dont témoignent les obsédés évoqués précédemment pour la généalogie de Xavier Niel, dans laquelle on serait bien en peine de trouver un seul nom « juif » :

Son père, Michel Niel, est le fils de Jean-Louis Niel et d’Angeline Odette Leprêtre. Sa mère, Josette Perrot, est la fille de Paul Jules Ernest Perrot et de Suzanne Eugénie Victorine Barbey, cette dernière étant la fille de Jules Prudent Maurice Barbey et de Rose Louise Victorine Gosset, celle-ci ayant eu pour parents Aimable Pierre Gosset et Victorine Louise Foulon.

Ajoutons, pour faire bonne mesure, que le sulfureux milliardaire a été membre du conseil d’administration du Réseau Voltaire, cette création nauséabonde du conspirationniste antisémite Thierry Meyssan.


Sources : Geneanet ; Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette, Xavier Niel – la voie du pirate, First, 2016 ; Le Parisien ; Gilles Sengès, Xavier Niel, l’homme Free (e-book e-pub) ; Wikipedia.

mercredi 28 avril 2021

Pourquoi Antoine de Caunes ?

Sans doute s’agit-il d’un phénomène déjà évoqué dans mes articles précédents : partant du principe qu’on ne verrait « que des Juifs » à la télévision française, certains déficients mentaux affirment que tel ou tel animateur, journaliste ou acteur est juif, alors même que rien ne l’indique et que tout suggère le contraire.

C’est le cas pour Thierry Ardisson par exemple, ainsi que pour Jean-Marc Morandini et Patrick Sabatier.

L’homme est un Juif comme les autres...

C’est également le cas concernant Antoine de Caunes. Quel rapport celui-ci entretient-il avec les Juifs ?

En 1998, Antoine de Caunes a incarné un Juif dans le film de Jean-Jacques Zilbermann « L’homme est une femme comme les autres » et cette prestation lui a valu un César.

Et puis, de 1997 à 2005 il a été en couple avec Elsa Zylberstein, premier rôle féminin dans le film en question, dont le père est juif.

Une hypothèse assez vraisemblable est que certains obsédés auront supposé, sans chercher à le vérifier, que de Caunes était un pseudonyme.

Il n’en est rien. Antoine de Caunes est le fils de Georges de Caunes, lequel descend d’une famille de l’ancienne bourgeoisie du Languedoc.

La mère d’Antoine de Caunes, Jacqueline Joubert, de son vrai nom Jacqueline Pierre, est la fille de Léon Pierre et de Léa Edith Népoux, laquelle était la fille de Louis Népoux et de Marie Caute, cette dernière ayant eu pour parents Jean Caute et Marie Petit.

Petit n’était pas la francisation de Klein. Marie Petit était la fille de Jean Petit et de Marie Fougeret, et l’arbre généalogique d’Antoine de Caunes remonte jusqu’aux alentours de 1800 avec des noms comme Beauviel, Blanchet, Cazal, Ferran, Girad, Santon, Veillon, etc.

Sentons donc à quel point de tels racontars sont ridicules, et veillons à ne pas les propager.


Sources : Geneanet, pages concernant Emma de Caunes et Jacqueline Joubert ; Wikipedia sur Antoine de Caunes, sur Jacqueline Joubert et sur Georges de Caunes.