vendredi 20 juillet 2018

Alexandre Benalla vu par les « conspis »

Andy Warhol avait annoncé que désormais, chacun pourrait avoir son quart d’heure de célébrité. Au moment où ces lignes sont écrites, c’est le cas d’un certain Alexandre Benalla, à la fois barbouze, garde du corps et intime du président Macron, et ci-devant adjoint à son chef de cabinet, brusquement sorti de l’ombre pour avoir cogné quelqu’un une fois de trop.

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, certains policiers un peu trop portés sur la castagne aimaient à tabasser un manifestant, ou mieux encore, un jeune homme supposé l’être, surtout s’il s’agissait d’un « Arabe » (c’est-à-dire un immigré maghrébin ou un fils d’immigrés maghrébins).

Les choses ont bien changé depuis, pour le meilleur comme pour le pire. Nous avons ici, en quelque sorte, le schéma inverse : un employé du gouvernement, mais un faux policier, d’origine maghrébine, qui s’en prend à un vrai manifestant, en l’occurrence un individu de type européen. Peut-être pour d’excellentes raisons, mais ce n’est pas notre propos.

Benalla portant un brassard de la police

Sur Facebook, un individu d’extrême droite ayant souligné qu’on avait affaire une fois de plus à « un Abdoul » (sic), un autre objecta qu’avec comme prénom Alexandre, ce devait être plus probablement un membre de la LDJ (Ligue de défense juive). Un autre enchérit en désignant Benalla comme « un rabbi Jacob » (sic).

Or, nombreux sont les enfants d’immigrés maghrébins qui portent un prénom du calendrier chrétien. Ce peut être parce qu’ils sont issus d’une famille kabyle chrétienne. Ce peut être aussi parce que leurs parents, bien qu’issus de famille musulmane, n’étaient pas très croyants ou pas très pratiquants, voire athées ou agnostiques, et ont misé sur l’intégration. Ou encore, il peut s’agir de la forme usuelle occidentalisée d’un prénom musulman, par exemple Alexandre pour Ali, de la même manière qu’un Serguei d’origine russe se fera couramment appeler Serge et qu’un Mojżesz venu de Pologne se fera couramment appeler Maurice.

Physiquement, Alexandre Benalla a un type berbère, pas un type juif. Sa coiffure et sa façon de porter la barbe ne suggèrent pas non plus qu’il serait juif. Son sweat à capuche non plus, et son parcours, pas davantage. En outre, on sait qu’il est originaire du quartier de La Madeleine à Évreux, une de ces zones urbaines dites « sensibles », une ZUP, où la violence est endémique.

De plus, s’il est né quarante-quatre Benalla en France entre 1966 et 1990 (filae.com), il n’en est né aucun avant la fin des années soixante, et même, le premier y est vraisemblablement né non pas en 1966, borne inférieure de la période retenue par les statisticiens, mais plutôt dans les années soixante-dix ou quatre-vingt. Cela indique que le nom Benalla n’est pas porté par des Juifs, et même sans disposer de renseignements plus complets sur l’intéressé, il est évident qu’il est issu de l’immigration maghrébine massive qui peuple les quartiers « difficiles ».

En outre, on pourra noter que selon certains organes de presse, Alexandre Benalla aurait dû se marier le 21 juillet 2018, un samedi. Or, pour des raisons évidentes, les Juifs ne se marient pas le samedi : ni civilement, ni religieusement.

Enfin, il convient de remarquer que les antisémites conspirationnistes qui voient en Alexandre Benalla un Juif (tandis que d’autres « conspis » pas moins antisémites font courir le bruit que son vrai prénom serait Lahcen et que même son nom serait différent) sont les mêmes qui, récemment, approuvaient la condamnation à mort de Serge Atlaoui en lui prêtant, de la même manière, une identité juive, sous prétexte qu’il se prénommait Serge plutôt que Mohammed ou Abdullah.

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