mardi 16 janvier 2024

Ziegler, c’est si clair !

Le bobard selon lequel Jean Ziegler serait juif a circulé sur Internet. Sauf improbable erreur de ma part, il s’agit bien de l’essayiste et polémiste suisse Jean Ziegler, né Hans Ziegler le 19 avril 1934 à Thoune (canton de Berne).

Ce Suisse qui hait à la fois son propre pays et Israël et qui est un enragé de la « cause palestinienne » aurait-il vraiment pu être juif ? Et pour quelle raison pourrait-on le croire ? Voyons donc cela de plus près.

Ziegler recevant le prix Kadhafi

Serait-ce parce qu’à une certaine époque, il avait révélé le rôle des banques suisses dans la gestion des biens confisqués aux Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale et la rétention de ces biens longtemps après ?

Ce qui lui avait valu les louanges de ceux qui, comme lui, dénoncent le génocide nazi tout en exprimant leur haine d’Israël. Notons tout de même que plus tard, en 1996, il s’est mis à soutenir le négationniste Roger Garaudy.

Jean Ziegler a aussi soutenu Castro, Mugabe, Mengistu, Chavez, l’OLP et le soi-disant « Tribunal Russell sur la Palestine » : que du beau monde ! Il a aussi qualifié Gaza de « camp de concentration » (sic). Au moins, on peut reconnaître dans tout cela une certaine cohérence, pour ne pas dire une cohérence certaine.

Jean Ziegler est le fils de Hans Ziegler, président du tribunal de district de Thoune, et d’Elisabeth Walther. On notera qu’à sa naissance il avait reçu le prénom de son père, Hans : un fait courant chez les protestants, mais contraire à la tradition juive, comme je l’ai déjà précisé maintes fois.

En outre, il est issu de la « grande bourgeoisie patricienne », sa famille compte bon nombre de pasteurs et lui-même a été le premier dirigeant de la communauté d’Emmaüs genevoise, une organisation chrétienne.

Élevé dans la religion de ses ascendants, le protestantisme calviniste, il s’est converti à la religion catholique. Par la suite, il a affirmé croire en Dieu tout en détestant toutes les Églises. Le moins qu’on puisse dire est qu’il déteste beaucoup de gens et beaucoup de choses.


Sources : Dictionnaire historique de la Suisse ; Le Courrier ; Libération ; Wikipedia en français ; Wikipedia en anglais ; Wikipedia en allemand ; Wikipedia, sur ses positions par rapport à Israël.

lundi 11 décembre 2023

Dans quelle case met-on Elia Kazan ?

Compte tenu de la prédominance des Juifs dans le théâtre et le cinéma d’après-guerre aux États-Unis, la principale raison à cela étant que la plupart des autres filières leur étaient plus ou moins interdites, un certain nombre de gens ont vite fait de croire qu’un des plus fameux acteurs, metteurs en scène et réalisateurs américains de cette époque était forcément juif, surtout que son nom et son prénom peuvent effectivement le laisser penser à première vue.

Kazan, centre religieux... islamique !

Or, le vrai nom d’Elia Kazan était Elias Kazantzoglou et les noms de famille en « -oglou », qui sont des noms grecs ou turcs, ne font pas du tout partie des patronymes susceptibles d’être portés par des Juifs.

Elias, c’est Élie, un prénom qui fait référence au prophète Élie mais que portent bon nombre de non-juifs. Ce prénom est relativement répandu chez les chrétiens d’Orient et plus particulièrement au Liban, comme je l’ai évoqué à propos de Serge Ayoub.

Kazan peut naturellement faire penser à Hazan, qui est un patronyme juif faisant référence au cantor dans une synagogue, mais Kazantzoglou s’apparente plutôt à Kazantzakis, nom d’un célèbre écrivain grec prix Nobel de littérature, connu pour ses romans Alexis Zorba et La Dernière tentation.

Elias Kazantzoglou, dit Elia Kazan, était né en 1909 à Constantinople et ses parents, des Grecs de Cappadoce, tous deux également nés en Turquie, l’avaient élevé dans la religion grecque orthodoxe.

Non seulement Elia Kazan n’était absolument pas juif, mais on aura relevé des traces d’antisémitisme dans son œuvre, au moins dans un de ses films, Gentleman’s Agreement (1947).

La sépulture chrétienne de ses parents, George Kazantzoglou et Athena Sismanoglou, dans le cimetière de Rye, est visible sur le site internet Find a Grave.


Sources : Find a Grave ; Tablet ; Wikipedia.

vendredi 27 octobre 2023

Bill Gates : William Henry, quatrième du nom

Voici, apparemment en réponse au commentaire d’un certain Émile, un commentaire posté le 1er juin 2022 sur Facebook par un certain Fabrice Robert :

Faut [Faux] ! Les [I]ndiens d’Amérique et les [A]borigènes d’Australie ont pratiquement été exterminé[s] ! Alors que des [J]uif[s,] t’en a[s] partout et souvent à la tête de fortune[s] ! Bille Gate [Bill Gates], les [R]ot[hs]child, la vieille pute de Soros, et s[’]ils ont subi des atrocités en 39[-]40, ils ont aussi créer [créé] le terrorisme en envahiss[a]nt la Palestine ! Alors anti[-]sémite, pas trop, mais au [M]oyen-âge déjà[,] les usuriers étai[ent] juif[s] et prêtai[en]t de l’argent aux rois […] comme vos frères de sang les musulmans, vous vous victimiser [victimisez] alors entre-tué[tuez-]vous et fermé [fermez] vos gueule[s] de raciste[s] anti[-]accident [Occident] ! Le [G]oy t’emmerde ! ».

William Henry III, rien que ça...

Ce subtil humaniste aussi doué dans l’écriture de sa langue maternelle que féru d’Histoire, parmi les nombreux Fabrice Robert inscrits sur la plateforme de Mark Zuckerberg, serait-ce l’ignoble dirigeant et fondateur des Identitaires, celui qui n’avait pas honte d’écrire qu’il renvoyait dos à dos « Israël et le Hamas » ?

J’en doute, au vu du nombre de fautes d’orthographe, des points d’exclamation répétés et de ce style de discours aussi extrême que vulgaire jusqu’à la bestialité, mais on ne sait jamais et finalement, peu importe.

C’est tellement grotesque que je ne devrais même pas avoir besoin de présenter des preuves que Bill Gates n’est pas juif, mais l’expérience montre que c’est tout de même utile.

Qu’il me suffise de faire remarquer que son nom complet est William Henry III Gates et qu’il est le fils de William Henry II Gates, lui-même fils de William Henry Gates dont le père s’appelait, lui aussi, William Henry Gates. Je me demande donc pourquoi il ne porte pas plutôt le numéro quatre !

Quant à Mary Maxwell, la mère de Bill Gates, son père et son grand-père s’appelaient tous deux James Willard Maxwell et sa mère, Adele Thompson, était la fille de William Thompson et d'Ida Metcalf, elle-même fille de Susan Reid.

Thompson n’est évidemment pas un patronyme porté par des Juifs, pas plus que Gates, Metcalf ou Reid, et Maxwell, pas davantage. Certes, Robert Maxwell était juif, mais son vrai nom était Ján Hoch.

À propos de ce genre de dynasties dans lesquelles on donne son propre nom à son fils, quitte à recourir aux chiffres romains, j’invite le lecteur à se reporter à mes articles précédents, par exemple sur les dynasties Strauss et Rockefeller, sur Engels et sur Darwin. En notant, au passage, qu’à la différence des Strauss et des Rockefeller, même en remontant quatre générations en arrière on ne trouve à Bill Gates aucun ascendant juif.


Sources : Geneastar ; Wikipedia.

samedi 21 octobre 2023

Les origines supposées des origines de Montaigne

Il a souvent été dit que Montaigne avait des « origines marranes » du côté maternel. Inévitablement, certains auront brodé là-dessus pour lui attribuer des origines juives, voire une identité juive.

Il n’y a pas de coquille dans le titre de cet article. J’ai déjà expliqué que les « origines juives » étaient un concept vague et élastique et qu’il suffisait qu’une personnalité ait un aïeul juif pour qu’on parle de ses « origines juives ».

« Je n’enseigne pas, je raconte. »

Dans ces conditions, que dire des « origines marranes », sinon que dans les origines familiales de la personne concernée, on est censé trouver des ancêtres ayant eux-mêmes des « origines juives » ?

Michel Eyquem, seigneur de Montaigne, est né et mort au château de Saint-Michel-de-Montaigne. Élevé dans la religion catholique, ce gentilhomme de la chambre du Roi, issu d'une famille anoblie de riches négociants bordelais, était un chrétien sincère.

Sa mère, Antoinette de Louppes de Villeneuve, était issue d’une famille chrétienne, mais selon une théorie faisant l’objet de controverses, elle serait descendue de Juifs convertis. Plus précisément, son arrière-grand-père agnatique, c’est-à-dire le père du père de son père, aurait été un Juif d’Espagne nommé Meyer Moshé Paçagon, converti et baptisé sous le nom de Juan Garcia Lopez de Villanueva.

Mais alors, où sont les marranes ? Est-ce à dire que ce Meyer Moshé Paçagon, une fois converti, aurait continué à pratiquer le judaïsme en secret ? Car telle est bien la définition du marrane. Or, dans ce cas, n’aurait-il pas dû, logiquement, être l’époux d’une Juive convertie avec qui il aurait pu le faire ?

Quoi qu’il en soit, la mère d’Antoinette, donc la grand-mère maternelle de Montaigne, s’appelait Honorette Dupuy, ce qui laisse fortement penser qu’elle n’était pas « d’origine juive ».

Ainsi donc, il n’est pas impossible, mais loin d’être prouvé, que Montaigne ait eu un arrière-arrière-grand-père juif et au maximum, de façon encore plus hypothétique, un arrière-grand-père juif. Qu’est-ce que cela changerait, je vous le demande !


Sources : Geneanet ; Wikipedia et sources afférentes.

mercredi 11 octobre 2023

Aucune incertitude concernant Heisenberg

Sachant que le patronyme Eisenberg est porté par des Juifs et que c’était le nom du rabbin le plus populaire en France pendant plusieurs décennies, Josy Eisenberg, dont le public du dimanche matin ne se limitait pas aux téléspectateurs juifs, on se doute que le même nom augmenté d’un H aura prêté à confusion dans certains esprits.

D’autant plus que les grands pionniers de l’atome sont réputés avoir été en majorité des Juifs : Einstein, Oppenheimer, Teller, Bohr (juif par sa mère), etc. Naturellement, l’exagération sera au rendez-vous et l’on entendra souvent dire que tous les savants atomistes de cette époque étaient des Juifs.

© https//commons.wikimedia.org

On sait aussi qu’Hitler se méfiera de la recherche nucléaire et la qualifiera de « science juive ».

Allemand de naissance, Werner Heisenberg reste dans son pays après l’arrivée d’Hitler. Dans un premier temps, il est inquiété en raison de ses rapports avec Albert Einstein et d’autres physiciens juifs et il se retrouve obligé de se justifier, mais cela ne durera pas.

L’intervention de sa mère, amie avec la mère d’Himmler, facilitera les choses. Werner Heisenberg lui-même sera bientôt ami avec le nazi Hans Frank, gouverneur de la Pologne occupée.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, non seulement il dirige un institut et enseigne dans une université à Berlin, mais il participe aux recherches atomiques allemandes, jusqu’à diriger le programme nucléaire du Troisième Reich.

Il se consacre même à la propagande en faveur de l’Allemagne nazie. Ainsi, en 1943, en voyage aux Pays-Bas, il se déclare favorable à une victoire de l’Allemagne et en Pologne occupée, il prononce un discours réservé aux Allemands.

Il reste tout de même une incertitude, quant à savoir si Heisenberg aurait hésité ou non, le cas échéant, à développer une bombe atomique pour le compte du régime nazi, mais au vu de tout ce qui précède, cela n’aurait guère été surprenant.

Au vu de tout ce qui précède, il est évident, aussi, que Werner Heisenberg n’était absolument pas juif. Ajoutons, pour finir, que sa sépulture s’orne d’une croix chrétienne.


Sources : Wikipedia et sources afférentes.

samedi 30 septembre 2023

Wagner n’était ni espagnol, ni portugais

Dans son commentaire du 6 septembre 2023, un lecteur de mon article sur Marie d’Agoult écrit que Richard Wagner était « un marrane ».

Si je m’en tiens à la définition de ce mot, Wagner aurait donc été un Juif officiellement converti au christianisme, mais pratiquant le judaïsme en secret ; ou bien, il aurait été issu d’une famille de Juifs convertis ayant continué à pratiquer le judaïsme en secret. Dans un cas comme dans l’autre, autant dire que Wagner aurait été juif.

Un mythe de plus ?

Une telle affirmation est grotesque. Premièrement, le marranisme est dans l’Histoire une exclusivité de la péninsule ibérique : les marranes étaient les Juifs qui étaient restés en Espagne ou au Portugal à l’époque de l’Inquisition et qui s’étaient convertis pour cela à la religion catholique, tout en restant secrètement fidèles à leur identité juive et tout en s’efforçant de continuer, de façon cachée, à pratiquer les rites du judaïsme. Il n’a jamais été question de marranes allemands.

Deuxièmement, il n’existe aucune source indiquant que Wagner serait né dans une famille juive ou issu d’une mère juive, et toutes les sources indiquent clairement le contraire. Même s’il se trouve que Richard Wagner est né dans le quartier juif de Leipzig, on sait pertinemment que c’est dans une famille chrétienne et qu’il a été baptisé en l’église Saint-Thomas de Leipzig.

Tout au plus, certaines sources suggèrent-elles, à la suite d’une douteuse assertion de Nietzsche, lequel avait un vieux compte à régler avec le compositeur, que le vrai père de celui-ci aurait été Ludwig Geyer, à qui j’ai déjà consacré un article. Pour plus de détails, je renvoie le lecteur à cet article et à ses sources.

Cette hypothèse est aujourd’hui majoritairement contestée. Par ailleurs, l’idée que Ludwig Geyer aurait été juif est également rejetée, même si le patronyme Geyer était alors considéré comme juif en Allemagne à cette époque.

Tout cela, sans même faire cas de l’antisémitisme de Richard Wagner, dont tout le monde a entendu parler et qu’il avait exprimé dans un pamphlet tristement fameux, mais aussi, avant cela, dans sa correspondance.


Sources : Le Devoir ; Wikipedia.

mardi 14 mars 2023

Marlene dite riche, ou Marlene dite juive ?

Je suis allemande de naissance, et je resterai toujours allemande, quoi qu’on ait pu dire. Je fus obligée de changer de nationalité quand Hitler arriva au pouvoir. Sinon, je m’y serais toujours refusée. L’Amérique me reçut en son sein alors que je n’avais plus de patrie digne de ce nom, et je lui en suis reconnaissante. J’ai vécu dans ce pays, j’ai accepté ses lois. Je suis restée une bonne citoyenne, mais au fond de mon cœur, je suis allemande. — Marlene Dietrich, Marlène D., Grasset, 1984, p. 205.

Le 24 février 2023 sur Facebook, quelqu’un avait provoqué une discussion à propos de Marlene Dietrich. Tandis qu’un des participants la croyait compromise avec le nazisme et qu’un autre le détrompait, une autre intervenante, juive elle-même, écrivait : « Je crois qu’elle était juive. »

Lady Marlene, de Berlin à Jérusalem.

En 2001, sa fille Maria Riva rappelait, dans un documentaire intitulé « Marlene Dietrich, la passion d’une vie », que Marlene Dietrich avait été « [la] seule Allemande connue à s’être publiquement opposée au régime nazi dans les années 1930 et 1940 ».

Marlene Dietrich était la fille de Louis Erich Otto Dietrich, lieutenant de la police impériale prussienne et de Wilhelmina Elisabeth Joséphine Felsing, riche héritière d’une famille d’horlogers. Celle-ci était la fille de Carl Julius Albert Felsing et de Bertha Elisabeth Hering. Le père de Marlene Dietrich était le fils de Christian Dietrich et d’Ottilie Auguste Otto.

Après la mort de son père, sa mère s’était remariée avec Eduard von Losch, capitaine de cavalerie.

Marlene Dietrich avait une sœur aînée prénommée Elisabeth.

Naturellement, rien dans ce qui précède n’indique une identité ni une origine juive. Mais surtout, son prénom de naissance (qu’elle avait transformé en Marlene quand elle avait onze ans) était Marie Magdalene, c’est-à-dire en français Marie-Madeleine, un prénom qui fait clairement référence à l’iconographie chrétienne. Ses obsèques ont justement eu lieu en l’église de la Madeleine, à Paris.

En un mot comme en cent, Marlene Dietrich était de confession catholique et n’avait pas d’origine juive connue.


Sources : Geneastar ; Wikipedia.

lundi 26 septembre 2022

Pas de kaddish pour la reine Elizabeth II

La légende d’une famille royale d’Angleterre qui aurait des origines juives a circulé sur Internet il y a quelque temps. Certains sont allés jusqu’à considérer comme juifs les membres actuels de la famille royale, y compris la reine Elizabeth II elle-même.

Je serais prêt à parier que la haine qu’un certain nombre d’antisémites conspirationnistes vouent à l’Angleterre, pays pionnier de la Révolution industrielle et de la Bourse et de ce fait, symbole potentiel du capitalisme et de la finance — auxquels ils associent les Juifs — y est pour quelque chose.

Eli (Dieu en hébreu)... za... beth (maison).

Bien évidemment, en cherchant bien, on peut toujours réussir à trouver un indice, aussi peu probant soit-il, notamment la circoncision avérée de certains membres de la famille royale, ou encore la présence effective d’un Juif ou d’une Juive parmi les ancêtres de la reine d’Angleterre en remontant un certain nombre de générations en arrière.

Elizabeth Alexandra Mary, couronnée reine d’Angleterre en 1953 en l’abbaye de Westminster, était le premier enfant du prince Albert, duc d’York (futur George VI) et de son épouse, Elizabeth Bowes-Lyon, laquelle était la fille de Claude Bowes-Lyon, 14e comte de Strathmore et Kinghorne, lui-même fils aîné de Claude Bowes-Lyon, 13e comte de Strathmore et Kinghorne.

On peut également s’imaginer que certains auront fantasmé sur le patronyme Lyon, qui est généralement porté par des Juifs.

On remarquera ici encore le prénom du parent donné à l’enfant (Élizabeth, fille d’Elizabeth et Claude, fils de Claude), une pratique courante chez les protestants britanniques, surtout dans la noblesse, mais qui est absolument contraire à la tradition juive.


Sources : Wikipedia.

samedi 28 mai 2022

Une étoile juive pour Jacques Clostermann ?

En mai 2022, alors que cet ancien pilote de chasse, ancien commandant de bord et officier de réserve était candidat du parti Reconquête aux élections législatives dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, une vingtaine de ses affiches ont été taguées d’étoiles de David jaunes.

Selon toute vraisemblance, cet acte de vandalisme était inspiré non pas par la judéité réelle d’Éric Zemmour, chef de file du parti en question, mais par une identité juive prêtée au candidat auquel le présent article est consacré : une identité juive prêtée à tort, bien évidemment. Et cette méprisable méprise, pour quelle raison ? À coup sûr, parce qu’il portait un nom en « -mann ».

Qu'où il n'y a « -mann » ...

C’est parfaitement ridicule, mais les choses sont ainsi (voir mes articles sur Corinne Goetzmann, Antoine Griezmann, Jean-Paul Kauffmann, Sophie Thalmann, etc.)

Fils de Pierre Clostermann, d’origine alsacienne et lorraine et de Jacqueline Clostermann, née Renaudat, Jacques Clostermann a passé une partie de son enfance dans une maison familiale qui était une ancienne abbaye, près de Reims, et qui a été par la suite rendue à sa destination initiale.

En septembre 2015, Jacques Clostermann a participé à l’organisation d’un récital de piano de Cyprien Katsaris dont les recettes étaient destinées à la restauration de l’église orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky de Biarritz.

Ses grands-parents paternels auraient régulièrement reçu à leur domicile l’évêque Eugenio Pacelli, le futur pape Pie XII : lequel pape Pie XII élèvera Pierre Clostermann, le père de Jacques Clostermann, au rang de chevalier dans l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Clostermann est un patronyme alsacien, variante de klostermann, moine ou homme du cloître, un nom désignant à l’origine un serviteur de couvent.

Pour finir, les prénoms des Clostermann, tels qu’ils apparaissent sur un site de généalogie, n’indiquent pas du tout une appartenance juive.


Sources : filae.com ; geneanet.org ; Wikipedia.

vendredi 11 février 2022

Gérald Darmanin, juif séfarade ?

Le 11 février 2022, sur Facebook, une publication humoristique à propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin servait de prétexte à un certain Bruno Ionescu pour exprimer en commentaire son antisémitisme obsessionnel.

Ce brillant causeur semblait ignorer qu’il manifestait sa démence sur un réseau social inventé et dirigé par un certain Zuckerberg, à partir d’un ordinateur très probablement équipé d’un processeur mis au point par les ingénieurs d’Intel Israel, la filiale israélienne d’Intel, via un réseau Internet truffé de brevets déposés par des ingénieurs et chercheurs juifs.

Mmm... un Juif ? Mmm... où ça ?

Je cite la prose de ce surdoué, en corrigeant simplement la typographie :

Moussa, [J]uif [s]éfarade, dans ce gouvernement de pervers[,] le voleur de fric, est juif [...]

On applaudit le génie pour sa compétence d'enquêteur et sa grande perspicacité... et pour ses talents littéraires. Le même qui, sur sa page Facebook, affirme que le monde est dirigé par « 200 000 millions de [J]uifs » (sic). Un as des statistiques, en plus ! Si je sais compter, cela fait 200 milliards, soit vingt fois la population mondiale, excusez du peu.

« Moussa », c’est Gérald Moussa Darmanin, désigné par son second prénom d’état-civil. Sa mère, Annie Ouakid, qui travaillait comme femme de ménage, était la fille d’un tirailleur algérien et harki, Moussa Ouakid.

Moussa, c’est Moïse en arabe. Ce prénom indique a priori une origine arabo-musulmane, et non pas juive.

Une des premières choses qu’on apprend concernant Gérald Darmanin, dès que l’on commence à se renseigner à son sujet, est que c’est un catholique fervent. Son grand-père paternel, Rocco Darmanin, né en Tunisie et mineur de profession, était issu d’une famille maltaise catholique.

En outre, le personnage semble cultiver de vilains préjugés à propos des Juifs. En mars 2021, des passages de son essai Le Séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité (L’Observatoire, 2021) ont suscité une polémique, car on pouvait y lire que Napoléon « s’intéressa à régler les difficultés touchant à la présence de dizaines de milliers de Juifs en France. Certains d’entre eux pratiquaient l’usure et faisaient naître troubles et réclamations. » Darmanin reprend donc à son compte les stéréotypes antisémites de cette époque.


Sources : Le Journal des femmes ; The Times of Israel ; Wikipedia.

mercredi 2 février 2022

Borloo, c'est Jean-Louis Marie !

Si Jean-Louis Borloo figure sur la liste du présent blog, en tant que « Juif qui ne l’est pas », c’est que j’ai lu ou entendu dire un jour qu’il était juif. Où et quand ai-je lu ou entendu dire cette sottise ? J’ai oublié. Peu importe.

Et cette sottise, qu’est-ce qui peut l’avoir inspirée ? En toute probabilité, le fait qu’il ait épousé Béatrice Schönberg.

Quand Jean-Louis Marie se marie.

Il semble que le patronyme Borloo trouve son origine de l’autre côté de la frontière nord de la France et dérive d’un toponyme, soit Borlon, dans la province de Luxembourg, également appelé Borlo au Moyen Âge, soit, plus probablement, Borlo, dans la province du Limbourg, en Belgique.

Dans la liste des prénoms des Borloo, c’est Jan Baptist qui arrive en tête. Viennent ensuite des prénoms comme Joanna Maria, Petrus Josephus, Franciscus, Joannes Baptista, Petrus Joannes, Maria Catharina, Jean-Baptiste, etc.

Jean-Louis Borloo est le fils de Lucien Joseph Borloo, né à Guémené-sur-Scorff, d’origine belge et de Mauricette Acquaviva, originaire de Lozzi en Haute-Corse.

Les ascendants de Jean-Louis Borloo s’appellent Le Cognic, Prévost et Steurs (et Borloo) du côté paternel, et du côté maternel, Acquaviva et Allemand : aucun de ces noms ne suggère une ascendance juive (même pas Allemand).

Par ailleurs, l’état-civil complet de l’intéressé est Jean-Louis Marie Borloo et j’ai déjà expliqué, notamment à propos d’Alain Juppé, pourquoi il était impossible qu’un homme dont le prénom Marie figure dans l’état-civil soit né dans une famille juive.


Sources : Geneanet (prénoms des Borloo) ; Geneanet (arbre généalogique) ; Geneastar ; Wikipedia.

mardi 25 janvier 2022

Une double controverse à propos de Ludwig Geyer

Il existe toute une controverse au sujet du fait que Richard [Wagner] aurait été le fils naturel de Geyer et que ce dernier aurait été d’ascendance juive, ce qui aurait en partie expliqué son antisémitisme, mais ce dernier point est contesté et n’est plus retenu actuellement.Wikipedia.

Dans certains ouvrages sur Richard Wagner, il est écrit que son beau-père, Ludwig Geyer, était juif. Nietzsche l’avait un jour affirmé, sans preuve et pour une raison que nous ignorons.

« aurait... aurait... ce qui aurait... »

À cela s’ajoute une incertitude quant à la paternité du compositeur, et certains auteurs ont cru pouvoir supposer que là résidait l’origine de son antisémitisme.

Le fils de Richard Wagner, Siegfried, présentait une ressemblance physique indéniable avec son père, et cependant le compositeur admit un jour que son fils ressemblait à Ludwig Geyer.

En vérité, il s’en faut de peu que je puisse ajouter Richard Wagner lui-même à ma liste de « Juifs qui ne le sont pas » (P.S.: je ne croyais pas si bien dire, et j’ai fini par le faire).

En allemand, Geyer signifie vautour et il existe d’autres noms d’oiseaux portés par des Juifs, comme Adler (aigle), Amsel (merle), Robin (rouge-gorge), Stieglitz (chardonneret), Taube (pigeon)… sans oublier Vogel et Wasservogel… Mais (sans rire) les noms d’oiseaux seraient-ils réservés aux Juifs ?

Ludwig Heinrich Christian Geyer était le fils de Christian Gottlieb Benjamin Geyer et de Christina Wilhelmina Elisabeth, née Fredy, et sa sœur se prénommait Ernestine Henriette Christiana. On aura noté les deux Christian, ainsi que Christina et Christiana.

Gunnar Colding, un auteur d’après lequel il serait probable que Richard Wagner ait été le fils naturel de Ludwig Geyer, écrit que ce dernier, « au moins dans une certaine mesure était d’origine juive ». J’ai déjà écrit plus d’une fois sur le présent blog ce que je pensais de la notion d’origine(s) juive(s), et je trouve le « au moins dans une certaine mesure » assez cocasse.

Il semblerait que la généalogie du comédien et artiste remonte au XVIe siècle et qu’il soit prouvé que tous ses ancêtres étaient allemands, avec parmi eux beaucoup de musiciens d’Église. Toujours est-il que la théorie de la judéité de Geyer est de plus en plus nettement contestée : aujourd’hui, des auteurs sérieux, comme par exemple Milton Brener, affirment que Geyer n’avait aucune ascendance juive connue.


Sources : Academic/Wikipedia ; Brener, Milton E., Richard Wagner and the Jews, McFarland 2006 ; Colding, Gunnar, The mysterious origin of Richard Wagner ; geni.com ; Musée Richard Wagner, Lucerne ; Skadi Forum ; Wikipedia ; Williams, Derek, Richard Wagner and the Third Reich, Academia.

lundi 15 novembre 2021

Bruno Solo victime de l’antisémitisme

C’est une fois dans ma bagnole que je me suis rendu compte que je suis passé à côté de quelque chose de grave […] Qui m’a frappé ? Qui m’en a voulu ? Que la société en soit arrivée à un tel degré de confusion m’inquiète. — Bruno Solo, sur Ladepeche.fr, 22 juillet 2014.

L'acteur de cinéma Bruno Solo m’a été suggéré un jour par un visiteur de ce blog et comme on va le voir, cette suggestion était tout à fait pertinente.

Solo, ma con Dio...

Le site LaDépêche.fr rapporte que Bruno Solo, qui a joué dans les trois volets de la série de films La Vérité si je mens, est souvent considéré à tort comme juif.

Comme je l’ai relevé à maintes reprises, par exemple à propos de Charles Aznavour et de Richard Bohringer, ou encore, de Vincent Cassel, d’Henri Guybet et de Jacques Villeret, il semble que beaucoup de gens s’imaginent qu’un acteur qui interprète le rôle d’un Juif est nécessairement juif.

Ajoutons qu’en 2011, Bruno Solo a incarné Pierre Mendès France dans le téléfilm historique de Laurent Heynemann Accusé Mendès France.

Par ailleurs, interviewé par Voici en juillet 2014, l’acteur a raconté avoir été victime d’une agression à Paris en décembre 2013, en marge d’une manifestation, alors qu’il sortait d’un théâtre.

Il avait été pris pour cible par un groupe de personnes : « Il y avait des gens de Civitas, des skinheads, des Blacks, des Blancs, des Beurs, des mecs de l’ultragauche, des punks à chien complètement perdus... Ils se sont jetés sur moi en me criant : "La quenelle ! Sale youpin !"… alors que je ne suis pas juif. »

Bruno Solo a établi un lien entre cette agression et des propos qu’il avait tenus peu avant sur Dieudonné M’Bala M’Bala, avec qui il avait déclaré avoir pris ses distances parce qu’il le considérait désormais comme antisémite et proche du négationnisme.

Son vrai nom est Bruno Lassalle. Il a choisi Solo comme nom de scène par admiration pour le personnage de Han Solo dans le film La Guerre des étoiles (Star Wars). Son père est le cousin du journaliste Pierre Fournier. Sa mère, Jackie Lassalle, avait pour nom de jeune fille Ducos. Ducos et Lassalle sont des noms du Sud-Ouest de la France. Enfin, le patronyme de son épouse est Clochepin.


Sources : avis-de-deces.net ; Filae ; ladepeche.fr ; Wikipedia, sur Bruno Solo et sur Pierre Fournier.

samedi 23 octobre 2021

Ivan Rioufol, juif of course ?

Résumé d’une bonne partie des réactions à mon commentaire sur l’affaire Siné : je serais donc délateur, détenteur d’une pensée unique, adepte de la censure, juif of course, gendarme de la bien-pensance, pourfendeur des musulmans, ennemi de la libre expression. J’en oublie. Face à ce déchaînement, qu’il faut aussi analyser, je ne peux que répondre. Alors, puisqu’on en est là : non, je ne suis pas juif. [...] — Ivan Rioufol, sur le blog du Figaro, juillet 2008.

Dans certains milieux, y compris en France, quand on dénigre quelqu’un pour ses positions ou sa politique, il est relativement courant de faire courir le bruit qu’il serait juif.

« Non, je ne suis pas juif. »

Cela se produit surtout lorsque la personnalité concernée est perçue comme hostile ou simplement critique envers l’islam. Cela peut se produire également lorsqu’elle prend fait et cause contre l’antisémitisme.

C’est ainsi que le site internet du tristement connu Alain Bonnet, dit Alain Soral, cet antisémite obsessionnel, qualifie Ivan Rioufol de « sioniste ».

Journaliste, éditorialiste, essayiste « conservateur » et adversaire de la bien-pensance actuelle, Ivan Rioufol se retrouve donc logé à la même enseigne, si je puis m’exprimer ainsi, que Michel Garroté, Guy Millière, Philippe Val et Pierre-André Taguieff.

Ce n’est sans doute pas un hasard si, quand on saisit « Ivan Rioufol » sur Google, les mots « origine » et « famille » font partie des premières propositions de recherche.

Naturellement, rien, chez Ivan Rioufol, n’indique une appartenance au peuple juif. Au contraire, les indices de non-judéité ne manquent pas.

Pour commencer, Rioufol est un nom de famille occitan qui signifie littéralement « ruisseau impétueux ». C’est un nom de domaine ou de hameau. La commune qui compte le plus de Rioufol est de loin Gluiras, dans l’Ardèche.

Ensuite, Ivan Rioufol a accompli sa scolarité au lycée de l’Immaculée-Conception de Laval, puis au lycée Saint-Stanislas de Nantes.

Enfin, Ivan Rioufol lui-même « se déclare catholique » (sur RTL le 10 novembre 2011).


Sources : blog.lefigaro.fr ; Filae ; Geneanet ; Wikipedia.

jeudi 16 septembre 2021

Juif, Alexander Graham Bell ? Mon dos ! (euphémisme)

Lorsque j’ai lancé sur Google la requête « Alexandre Graham Bell r », les deux premières propositions que j’ai obtenues ont été « Alexander Graham Bell religion » et « Alexander Graham Bell race ».

Qu’ont bien pu se demander certains internautes, concernant ce monsieur à qui l’on a longtemps attribué l’invention du téléphone et qui était bien évidemment un « mâle blanc » occidental ? Je vous le donne en mille.

« racisé » ?

Si j’ai eu l’idée d’interroger Google de cette manière, c’est parce qu’un jour, sur les réseaux sociaux, quelqu’un avait affirmé que ce Bell était juif.

Son nom de famille y serait-il pour quelque chose ? Certes, le violoniste Joshua Bell est juif. Et puis après ?

Wikipedia propose une liste de personnalités portant ce nom : il est facile de constater que la plupart ne sont pas des Juifs.

Bell est un patronyme courant dans les pays anglophones. Il aura probablement été attribué, à l’origine, à un sonneur ou à un fabricant de cloches (cloche se dit bell en anglais). L’hypothèse d’un nom topographique n’est pas exclue pour autant. On peut même supposer que ce nom aura pu aussi dériver du prénom médiéval Bel, ou bien du vieux français beu, bel (beau), sans compter d’autres origines européennes envisageables.

Bell est le 36e patronyme le plus courant en Écosse, pays natal de l’intéressé (qui a émigré en Amérique et est devenu canadien).

Alexander Graham Bell était le fils d’Alexander Melville Bell (N.B.: Alexander, fils d’Alexander... voir mes articles précédents) et d’Eliza Grace, née Symonds, fille de Samuel James Symonds et de Mary White, elle-même fille de James White et Elizabeth Stace, celle-ci étant la fille de John Stace et Elizabeth Smith.

Alexander Melville Bell était le fils d’Alexander Bell (là encore, on a un Alexander, fils d’Alexander...) et d’Elizabeth Colville, et Alexander Bell était le fils de David Bell et d’Isabella Swan, elle-même fille d’Alexander Swan et de Jean Yooll (Jean est un prénom féminin chez les Anglo-saxons).

À propos de l’appartenance religieuse d’Alexander Graham Bell, son épouse a raconté qu’il avait reçu en 1901 des documents de l’Église unitarienne et qu’après les avoir lus, il lui avait déclaré : « Je me suis toujours considéré comme agnostique, mais j’ai maintenant découvert que j’étais un agnostique unitarien. »


Sources : Geneanet (sur A.G. Bell et ses ascendants), NNDB et Wikipedia, sur A.G. Bell et sur le nom Bell.

mercredi 21 juillet 2021

Le mot juif associé à Patrick Sabatier

Cela a déjà été rappelé maintes fois ici-même, un certain nombre d’internautes, sur leur moteur de recherche et dans leur tête, associent le mot « juif » à des personnalités qui ne sont pas juives du tout et même, à des personnalités dont on n’a aucune raison de penser qu’il pourrait s’agir de Juifs. C’est même, précisément, la raison pour laquelle ce blog existe.

Comme l’a fait un jour remarquer le chroniqueur et notable Jean Corcos (voir mon article sur Thierry Ardisson), Patrick Sabatier est du nombre, de même que diverses autres personnalités de la télévision française.

Pas de sabbat pour Sabatier

Mes recherches sur le fameux présentateur ne livrent pas grand-chose sur sa vie et ses origines, si ce n’est qu’il est le fils de Jules Sabatier et d’Emilienne Rossi, qu’il a épousé une certaine Isabelle Laburthe avec qui il a eu deux enfants, à savoir une fille, Margaux, née en 1988, qui a fait de la télé avec Évelyne Thomas sur Direct 82 et un fils, Thomas...

...et enfin, que Sabatier est un nom de famille d’origine occitane.

Aurais-je besoin d’informations supplémentaires pour pouvoir affirmer que Patrick Sabatier n’est pas juif ? Non, et voici pourquoi.

Le monde se divise en deux catégories : ceux avec qui on peut discuter, et ceux qu’on ne peut pas raisonner – surtout quand il est question des Juifs, du judaïsme ou d’Israël... ou d’une éventuelle origine juive prêtée à une personnalité.

Les premiers n’ont généralement pas l’idée que Patrick Sabatier pourrait être juif, et même si cette idée a pu leur traverser la tête, ils admettront que je suis fondé à affirmer – avec Jean Corcos – que ce n’est pas le cas. Comme j’avais pris soin de l’annoncer dans mon premier article, c’est seulement à eux que ce blog s’adresse.

Quant aux autres, qui auront la plupart du temps décidé d’avance que toutes les personnalités du petit écran sont juives, je n’ai rien à leur dire.


Sources : Wikipedia, sur Patrick Sabatier et sur le nom Sabatier.

mercredi 7 juillet 2021

Alain Mimoun et la religion

Un grand champion [...] un grand patriote et un chrétien fervent qui ne cachait pas sa foi. [...] un Berbère devenu « plus gaulois que les Gaulois » [...] un musulman converti au catholicisme qui ne faisait pas mystère de ses convictions religieuses. — Famille chrétienne, 7 juillet 2013.

Alain Mimoun est une suggestion d’un de mes lecteurs, qui me disait avoir longtemps cru que cet athlète au parcours remarquable et particulièrement méritant était juif. Je suppose qu’il n’a pas été le seul à le croire.

Ali est devenu Alain...

Ce même lecteur m’avait tout aussi opportunément suggéré Guy Bedos comme d’autres, par la suite, m’ont soumis la candidature de Gottlieb Duttweiler, de Xavier Niel, de Bruno Solo et d’autres personnalités encore.

Certains ont tendance à supposer qu’un homme portant un patronyme à consonance arabe et un prénom typique du calendrier chrétien doit être juif (à ce propos, voir notamment mes article sur Serge Atlaoui et sur Alexandre Benalla).

Or, Alain Mimoun, algérien de naissance et naturalisé français en 1963, était né sous le nom d’Ali Mimoun Ould Kacha. Comme l’indique clairement son état-civil, il était né dans une famille de confession musulmane.

En 1955, ayant accompagné un ami à Lisieux, le légendaire athlète s’est converti à la religion catholique. Considérant même qu’il devait toutes ses victoires à sainte Thérèse de Lisieux, il est devenu un chrétien fervent.

Par la suite, il s’est fait construire une chapelle dans le cimetière de Bugeat, en Corrèze, d’où son épouse était originaire.

Alain Mimoun, qui chérissait déjà la France dans son enfance et avait eu pour héros Vercingétorix et le chevalier Bayard, se passionnait pour l’Histoire. Par la suite, il a admiré en particulier le général de Gaulle et les papes Jean XXIII et Jean-Paul II.


Sources : Famille chrétienne (7 juillet 2013) ; Jeune Afrique (février 2017) ; Wikipedia.

lundi 28 juin 2021

L’imaginaire mère juive de Xavier Niel

Un estimable lecteur a attiré mon attention sur Xavier Niel. Ce lecteur m’informe que la page Wikipédia consacrée à l’homme d’affaires a indiqué pendant longtemps qu’il serait né d’une « mère juive comptable » (sic) et que « cet ajout certainement malicieux a été retiré », non sans avoir été copié-collé sur de nombreux sites entretemps.

En effet, « Xavier Niel origine » est une des premières suggestions de recherche que Google associe à ce nom, la saisie de « Xavier Niel i » fait apparaître « Israël », et avec « Xavier Niel j » on obtient « Xavier Niel judaïsme ».

Niel, ni lui ni les autres...

Je suppose qu’un certain nombre d’obsédés y sont pour quelque chose. « Israël » et « judaïsme », c’est très clair : dès qu’il s’agit d’un milliardaire influent, on est à peu près sûr de voir se manifester ce fantasme (voir, par exemple, mes articles sur Bergé, Bouygues et Rockefeller).

Et si, en plus, l’intéressé porte un nom se terminant par « -el » (voir mon article sur Maurice Ravel)… Pourtant, le maréchal Niel (de son prénom Adolphe), dont une avenue de Paris porte le nom, n’était pas juif du tout.

Ajoutons qu’il est très rare que des parents juifs appellent leur fils Xavier.

Deux biographies de Xavier Niel nous éclairent sur son milieu familial :

« Les Niel ne sont pas des chrétiens fervents. Michel [le père de Xavier] emmène tout de même les enfants à la messe le dimanche […] » (Gilles Sengès, Xavier Niel, l’homme Free, Michel de Maule, 2012)

Et aussi : « À 12 ans, [Xavier] entre au collège cristolien De Maillé, une école catholique […] »

Et encore : « Plus tard, Xavier fera baptiser sa fille pour faire plaisir à sa belle-famille, sans grande conviction. Il se déclare « catholique de tradition », respectueux mais pas croyant. » (Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette, Xavier Niel – la voie du pirate, First, 2016).

Partageons donc pendant quelques instants l’intérêt dont témoignent les obsédés évoqués précédemment pour la généalogie de Xavier Niel, dans laquelle on serait bien en peine de trouver un seul nom « juif » :

Son père, Michel Niel, est le fils de Jean-Louis Niel et d’Angeline Odette Leprêtre. Sa mère, Josette Perrot, est la fille de Paul Jules Ernest Perrot et de Suzanne Eugénie Victorine Barbey, cette dernière étant la fille de Jules Prudent Maurice Barbey et de Rose Louise Victorine Gosset, celle-ci ayant eu pour parents Aimable Pierre Gosset et Victorine Louise Foulon.

Ajoutons, pour faire bonne mesure, que le sulfureux milliardaire a été membre du conseil d’administration du Réseau Voltaire, cette création nauséabonde du conspirationniste antisémite Thierry Meyssan.


Sources : Geneanet ; Solveig Godeluck et Emmanuel Paquette, Xavier Niel – la voie du pirate, First, 2016 ; Le Parisien ; Gilles Sengès, Xavier Niel, l’homme Free (e-book e-pub) ; Wikipedia.

mercredi 28 avril 2021

Pourquoi Antoine de Caunes ?

Sans doute s’agit-il d’un phénomène déjà évoqué dans mes articles précédents : partant du principe qu’on ne verrait « que des Juifs » à la télévision française, certains déficients mentaux affirment que tel ou tel animateur, journaliste ou acteur est juif, alors même que rien ne l’indique et que tout suggère le contraire.

C’est le cas pour Thierry Ardisson par exemple, ainsi que pour Jean-Marc Morandini et Patrick Sabatier.

L’homme est un Juif comme les autres...

C’est également le cas concernant Antoine de Caunes. Quel rapport celui-ci entretient-il avec les Juifs ?

En 1998, Antoine de Caunes a incarné un Juif dans le film de Jean-Jacques Zilbermann « L’Homme est une femme comme les autres », et cette prestation lui a valu un César.

Et puis, de 1997 à 2005 il a été en couple avec Elsa Zylberstein, premier rôle féminin dans le film en question, dont le père est juif.

Une hypothèse assez vraisemblable est que certains obsédés auront supposé, sans chercher à le vérifier, que de Caunes était un pseudonyme.

Il n’en est rien. Antoine de Caunes est le fils de Georges de Caunes, lequel descend d’une famille de l’ancienne bourgeoisie du Languedoc.

La mère d’Antoine de Caunes, Jacqueline Joubert, de son vrai nom Jacqueline Pierre, est la fille de Léon Pierre et de Léa Edith Népoux, laquelle était la fille de Louis Népoux et de Marie Caute, cette dernière ayant eu pour parents Jean Caute et Marie Petit.

Petit n’était pas la francisation de Klein. Marie Petit était la fille de Jean Petit et de Marie Fougeret, et l’arbre généalogique d’Antoine de Caunes remonte jusqu’aux alentours de 1800 avec des noms comme Beauviel, Blanchet, Cazal, Ferran, Girad, Santon, Veillon, etc.

Sentons donc à quel point de tels racontars sont ridicules, et veillons à ne pas les propager.


Sources : Geneanet, pages concernant Emma de Caunes et Jacqueline Joubert ; Wikipedia sur Antoine de Caunes, sur Jacqueline Joubert et sur Georges de Caunes.

mardi 13 avril 2021

Smetana et sa descendance juive

Le 13 avril 2021, le site internet Dreuz.info reproduisait un article de Cécile Pilverdier, auparavant publié sur le site internet Un écho d’Israël et repris par l'Amitié judéo-chrétienne de France (ACJF), consacré à l’histoire de l’hymne national israélien. L’article commençait ainsi : « En 1824 à Prague, naît un Juif nommé Bedrich Smetana… »

Le fameux thème de « La Moldau » est censé avoir inspiré la Hatikva : cela suffit-il pour affirmer que Smetana était juif ? L’auteur précisait tout de même que Smetana s’était inspiré d’une « ritournelle populaire ».

Barbora Smetanová,
la mère d’un Juif ?

En fait, il s’agit d’une de ces mélodies qui ont traversé le temps et qui ont été utilisées par divers compositeurs. L’hymne israélien aurait pu tout aussi bien avoir été inspiré par la Chanson des marins du Pavot rouge du compositeur russe Reinhold Morizovitch Gliere. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de morceau de musique inspiré, directement ou non (et notamment dans les pays de l’Est), de La Mantovana, un chant déjà repris par Gasparo Zanetti en 1645 et attribué à Giuseppe Censi – ce qui nous fait remonter à l’Italie du tout début du XVIe siècle, au bas mot.

Il semble que l’auteur de l’article se soit référé à un article d’Avner Avrahami paru le 11 février 2004 dans le journal israélien Haaretz, dans lequel il est mentionné qu’un certain Yitzhak Smetana, citoyen israélien, serait un descendant du compositeur.

Notre-Dame de Tyn (© MR)

Que sait-on des origines et de la religion de Smetana ? On sait au moins, si l’on s’est donné la peine d’effectuer une petite recherche (et si, à défaut de connaître le tchèque, on sait se servir de Google Traduction), qu’il était né en 1824 à Litomyšl – et non pas à Prague – et avait été nommé non pas Bedrich, mais Fridrich, et baptisé (sous ce nom).

On sait aussi que le jeune Fridrich, devenu Bedrich, avait chanté des solos de soprano dans une église.

On sait également que ses obsèques ont eu lieu en l’église Notre-Dame de Tyn, à Prague, et que la date de sa mort est consignée dans le registre des décès et des sépultures de la paroisse de l’église St. Apolináře, dans la nouvelle ville de Prague.

La sépulture de Smetana, même si elle ne comporte aucune croix, n’a rien de juif.

Žofia Smetanová,
la fille d’un Juif ?

On peut remarquer que sur un portrait de sa mère, Barbora Smetanová, née Lynková, celle-ci porte en pendentif une croix carrée. Ajoutons qu’elle était de la famille de Jiří Ignác Linek, musicien connu en particulier pour ses pastorales de Noël.

Par ailleurs, un daguerréotype nous montre une des filles de Smetana, Žofia Smetanová, arborant en pendentif une grosse croix chrétienne.

Après avoir perdu sa femme et trois de ses quatre filles, Bedrich Smetana s’est installé à Göteborg, en Suède, en 1856 et y a séjourné jusqu’en 1863.

Là, il aura notamment dirigé le chœur de la synagogue et aura eu une liaison avec l’une des deux filles du cantor. Celle-ci lui aura donné deux fils.

Voilà qui explique que Smetana ait pu avoir des descendants juifs et israéliens.

De là à écrire que serait né en 1824 « un Juif nommé Bedrich Smetana »…


Sources : ACJF ; Dreuz.info ; Haaretz ; Wikipedia, sur Jiří Ignác Linek, sur La Mantovana et sur Smetana, en français et en tchèque.

vendredi 9 avril 2021

Chrétien n’était sûrement pas juif

Certains chercheurs ont envisagé la possibilité d’une origine juive de Chrétien de Troyes, et il n’en a pas fallu davantage pour que l’on entende dire çà et là que ce célèbre auteur de l’époque médiévale était juif lui-même.

Or, comme je l’ai déjà fait remarquer, il y a souvent loin entre une « origine juive » et une identité juive.

Chrétien, deux, trois...

En outre, l’hypothèse en question repose sur des bases bien fragiles. Tout d’abord, certains font valoir que dans le passé, une importante communauté juive a vécu dans la ville de Rashi. On voudra bien admettre que ce n’est pas un argument sérieux.

Ensuite, il y a le fait que Chrétien de Troyes ait signé l’ouvrage Philomena sous le nom de « Crestien li Gois ». Il a été dit que « li Gois » signifiait « le Goy » et que seul un juif converti pouvait se désigner ainsi. Cependant, il se peut tout aussi bien que « Gois » ne soit qu’une déformation de Gouaix, village situé à proximité de Troyes.

Enfin, certains amateurs de paradoxes ne se seront pas privés de supposer qu’il faut être juif pour se nommer Chrétien (à ce propos, voir mon article sur Hervé Cristiani). Les mêmes pourront reprendre à leur compte la légende selon laquelle l’inquisiteur Torquemada aurait été un juif converti.

Des historiens ont aussi supposé que Chrétien pouvait être issu d’une famille de la petite noblesse, ou bien, qu’il avait été chanoine. Il semble que l’on ne dispose pas d’éléments permettant de trancher.

Il a également été dit que la signature « Crestien li Gois » pouvait avoir été ajoutée par un des compilateurs de son œuvre.

Surtout, dans le Conte du Graal, Chrétien parle des Juifs comme de « félons qu’on devrait abattre comme des chiens » (sic), ce qui « paraît peu compatible avec une éventuelle judéité » (Wikipedia).


Sources : Estelle Doudet, Chrétien de Troyes, Tallandier, 2009 ; Philippe Walter, Chrétien de Troyes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1997 ; Wikipedia.

lundi 22 mars 2021

Le bobard d’un John Kerry juif

Ce bobard a circulé sur les réseaux sociaux, plus particulièrement au sein de la communauté juive. Non sans quelque raison, certes...

... car il est vrai que les grands-parents paternels de John Kerry, Fritz Köhn et Ida, née Loewe, étaient des Juifs austro-hongrois. Cependant, ils s’étaient convertis au catholicisme en 1901 et avaient alors changé leur nom en Kerry. Ils avaient quitté l’Europe pour l’Amérique en 1905 et avaient élevé leurs enfants, notamment leur fils Richard, père de John Kerry, dans la religion catholique.

Et donc, ce John est un Kohn ?

John Forbes Kerry n’a appris que sur le tard l’identité d’origine de son grand-père paternel Frederick Kerry, né Fritz Köhn.

Remarquons, au passage, que John était aussi le second prénom de son père : un signe supplémentaire, s’il en fallait un, que plus grand-chose ne rattachait celui-ci à l’identité religieuse et culturelle de ses ancêtres.

Quant à la mère de John Kerry, Rosemary Forbes, d’origine scotto-américaine, elle était de confession anglicane (Église épiscopalienne) et on ne lui connaît pas d’ascendants juifs.

Le grand-père maternel de John Kerry s’appelait James Grant Forbes. Sa grand-mère maternelle, Margaret Tyndal Winthrop, était issue d’une vieille famille de la Nouvelle-Angleterre.

Le site internet américain Jew Or Not Jew, qui applique des critères particulièrement larges, attribue à John Kerry le score global 7/15 et la mention « Barely a Jew », que l’on pourrait traduire ici par « à peine juif ».

En réalité, avec une éducation chrétienne, une mère sans origines juives connues et un père élevé en chrétien, John Kerry ne répond ni aux critères de judéité du judaïsme traditionnel, ni à ceux du judaïsme « réformé ».


Sources : Jew Or Not Jew ; Wikipedia, en français et en anglais.

mardi 2 mars 2021

Marlène Schiappa, origine ?

Quand j’ai été élue au gouvernement, beaucoup de gens ont tapé « Marlène Schiappa origines ». Ils se sont dit : Qu’est-ce que c’est que cette fille, elle a des cheveux un peu frisés, elle a une tête comme ça... Certains ont dit que j’avais la peau mate. J’ai un nom en « Sch- », alors il y a aussi des gens qui tapent « Marlène Schiappa juive », je ne sais pas ce que ça peut leur rapporter de savoir si je suis juive ou pas. Moi j’ai très souvent été traitée de sale Juive, parce que les gens, avec ma tête, pensent que je suis juive. — Marlène Schiappa, Closer, 7 février 2020

Schiappa de raison ?

Au moment où ces lignes sont écrites, le mot « origine » fait toujours partie des premières suggestions de recherche de Google pour « Marlène Schiappa ».

Aussi n’est-il pas très surprenant que des néonazis aient écrit sur Facebook que Marlène Schiappa était juive. Ils se sont référés à son physique, tout simplement... et notamment, à son nez. Qui s’en étonnera ?

Voilà qui rappellera quelque chose à ceux de mes lecteurs qui auront lu sur ce blog, sur la page consacrée à Dalida, un commentaire délirant à propos de Nathalie Kosciusko-Morizet et du physique des gens, tellement grotesque qu’à titre exceptionnel je ne l’ai pas supprimé.

Marlène Schiappa est la fille de Jean-Marc Schiappa, né à Rabat de parents corses (Wikipedia) mais d’origine italienne selon d’autres sources, et de Catherine Marchi, d’origine corse. Marchi est effectivement un nom corse.

D’après Media Corsica, Marlène Schiappa est elle-même corse et l’on peut constater, en effet, qu’elle porte habituellement un pendentif à l’effigie de la Corse (voir aussi Closer, et photo ci-contre).

Concernant les prétendues origines juives des Corses, on pourra se reporter à mon article sur Marie-Dominique Culioli. On pourra également noter que Schiappa et Marchi ne font pas partie des patronymes dont certains prétendent qu’ils indiqueraient une ascendance juive.


Sources : Closer ; Filae, sur les patronymes Marchi et Schiappa ; Media Corsica ; Ouest France ; Wikipedia.

jeudi 25 février 2021

Ni Scheidt, ni aucun autre des « trois S » n’était juif

J’ai déjà eu l’occasion d’évoquer sur ce blog le souvenir d’un entretien avec un monsieur, musicien amateur et critique musical à ses heures qui, de façon passablement fantaisiste, prêtait une identité juive à des compositeurs du passé, notamment à Franz Schubert...

...et à Samuel Scheidt, musicien allemand du début de la période baroque : sans doute en raison de son prénom.

Samuel Scheidt jouait-il de
l’orgue dans cette tenue ?

Scheidt est un nom germanique. En France, les naissances sous ce nom se concentrent dans les départements du Bas-Rhin et de la Moselle.

Samuel était certes un juge et prophète hébreu, mais ce nom biblique, comme beaucoup d’autres, fait partie des prénoms que l’on retrouve chez les protestants.

Parmi les célébrités prénommées Samuel, nous avons Morse, inventeur du code qui porte son nom, et le dramaturge Beckett : tous deux étaient nés dans des familles anglo-saxonnes et protestantes. Nous avons aussi Mark Twain, de son vrai nom Samuel L. Clemens.

Concernant Samuel Scheidt, les choses sont simples :

Comment un organiste et maître de chapelle, musicien au service de l’Église luthérienne et de la cour de Brandebourg en Allemagne au XVIIe siècle, aurait-il pu être juif ?

Baptisé le 4 novembre 1587, nommé organiste de la Cour du légat de Magdeburg à Halle en 1609 et auteur de nombreux chorals pour orgue, Samuel Scheidt était évidemment luthérien et issu de parents luthériens, tout comme ses contemporains Heinrich Schütz et Johann Hermann Schein (concernant ces derniers, j’ai également vérifié).


Sources : Encyclopaedia Universalis ; Geopatronyme ; Symphozik ; Wikipedia.

dimanche 8 novembre 2020

Hervé Cristiani, comme son nom l’indique

On peut toujours spéculer sur la raison pour laquelle certaines personnes ont cru qu’Hervé Cristiani était juif.

Son patronyme ? Il est vrai qu’un nom évoquant irrésistiblement le christianisme peut parfois être porté par des Juifs – j’ai personnellement connu un Juif qui s’appelait Chrétien – et pour peu que le goût du paradoxe soit de la partie, on ne doit pas s’étonner d’entendre des gens insister sur ce sujet.

Déchristianiser Cristiani ?

En réalité, Cristiani est un nom corse : « Cristiani est un nom de famille qui représente la forme corse de Chrétien, ancien nom de baptême issu du latin christianus, employé pour désigner les disciples du Christ. Ce nom a pris un sens péjoratif [:] malingre, chétif. » (Filae)

Le fait que beaucoup de chanteurs de variété soient juifs ? On pourrait tout aussi bien dire qu’il y a beaucoup de médecins juifs, beaucoup d’opticiens juifs, beaucoup de musiciens juifs, beaucoup de journalistes juifs, etc.

J’ai déjà eu plus d’un fois l’occasion de faire la part des choses concernant ce genre d’affirmation qui relève du fantasme, et les nombreux chanteurs de variété auxquels j’ai consacré des articles sur ce blog ne sont qu’un échantillon parmi toute la population non juive de ce milieu.

Sa physionomie ? Son nez ? Allez savoir.

On pourra aussi consulter sur le site Geopatronyme des éléments d’histoire concernant les Cristiani, et sur Geneanet la liste des prénoms recensés parmi les personnes nées sous ce patronyme.

Hervé Cristiani était d’ascendance corse et piémontaise, et il avait été scolarisé dans un collège des Jésuites.

Ses obsèques, le 23 juillet 2014, ont eu lieu en l’église Sainte-Cécile de Boulogne-Billancourt. Et bien entendu, les sépultures les plus proches de la sienne ne sont pas des sépultures juives.


Sources : Filae ; Geneanet ; Geopatronyme ; lemonde.fr ; Stéphane Thomas.