lundi 10 novembre 2014

Alexandre Del Valle, juif par osmose ?

Dans l’article consacré à Alexandre Del Valle sur Wikipedia, qui est fatalement tendancieux, il était écrit, à un moment donné, que le géopolitologue se serait « rapproché » de la communauté juive après le 11 septembre 2001.

L’intéressé a adressé aux rédacteurs un correctif dans lequel il précise : « Concernant la communauté juive, je ne m’en suis pas « rapproché » après le 11 septembre car j’y ai toujours été intégré pour des raisons à la fois personnelles et familiales. » En réalité, il semble qu’il ait commencé à prendre publiquement la défense des Juifs et d’Israël en 1999 dans Le Figaro. À partir de 2002, il a écrit régulièrement dans Israël Magazine.

Un modèle d’intégration ?

Son parcours et ses prises de position, qui ne cadrent pas avec le politiquement correct actuel, le vouent bien évidemment à la plus grande hostilité de la part de tous ceux qui ont l’habitude de coller des étiquettes aux personnes qui ne pensent pas comme eux.

Je devrais peut-être dire : qui pensent mieux qu’eux... ou même... qui pensent. Tout court.

Quand Alexandre Del Valle parle de raisons personnelles et familiales, sans doute fait-il allusion à son mariage, en 2001, avec une Juive impliquée dans la cause d’Israël. Cependant, il s’est remarié depuis.

Toujours est-il qu’on n’a pas besoin de chercher bien loin la raison pour laquelle il passe pour être juif.

Menacé de mort, sans doute par des apôtres de l’amour, de la tolérance et de la paix (et de la liberté d’expression, bien sûr), Alexandre Del Valle a exprimé le désir que son vrai nom ne soit pas mentionné. Pour ma part, je me contenterai donc de préciser que son patronyme véritable, également à consonance latine et méridionale, n’est pas davantage un nom juif que Del Valle. Quant à son vrai prénom, il est porté par des Juifs et par des non-juifs de la même manière que le prénom Alexandre.

Alexandre Del Valle est né d’un père italien pied-noir né à Tunis et émigré en Algérie et d’une mère espagnole réfugiée à Oran pour fuir le franquisme. Tout indique qu’à l’instar de ses ascendants, il est de confession catholique.

dimanche 9 novembre 2014

Kad Merad est-il juif ?

Cette question passionnante est posée sur un de ces forums électroniques fréquentés par de jeunes désœuvrés (je m’imagine qu’ils sont jeunes), où l’indigence des échanges bat tous les records.

Parmi ces primitifs du Web, les plus irrécupérables sont sans doute ceux qui supposent que Kad Merad est juif pour la raison que « quatre-vingt-dix pour cent des gens que tu voies [sic] à la télé sont des Juifs » (sic).

Le cas de Merad
Que la proportion de Juifs soit relativement élevée parmi les personnes que l’on voit à la télévision, c’est incontestable. Mais encore faudrait-il ne pas trop exagérer cette proportion, ni se méprendre sur les raisons qui peuvent l’expliquer.

Cela dit, je ne serais pas étonné que la rumeur stupide de la judéité de l’acteur en question soit colportée également en dehors de ces mini communautés de zombies.

On peut remarquer, à ce propos, que le mot « origine » est une des premières propositions de Google associées à la requête « Kad Merad ».

Quoi qu’il en soit, Kad Merad est tout sauf juif. En effet, il est issu d’une famille algérienne et musulmane du côté de son père, Mohamed Merad, et d’une famille berrichonne et chrétienne du côté de sa mère, Jeanine Béguin.

Kad est le diminutif de Kaddour, un prénom arabe. Les deux frères de Kad Merad s’appellent Karim et Reda, et sa sœur s’appelle Yasmina. En outre, lui-même a appelé son premier fils Khalil.

Je n’ai rien à ajouter.


Sources : Wikipedia, purepeople.com

mardi 4 novembre 2014

Bram Stoker juif ? Comme Lincoln, sans doute...

C’est dans un périodique juif, le mensuel L’Arche il me semble, que j’avais lu un jour cette fable, sous la plume de quelque gratte-papier à qui il n’avait pas échappé que Bram était le diminutif d’Abraham. Il ne lui en avait pas fallu davantage pour croire opportun d’expliquer aux lecteurs que l’auteur de Dracula était juif. Sans doute cette personne avait-elle fantasmé aussi sur le nom de famille de l’écrivain, et peut-être, également, sur quelque interprétation douteuse de certains aspects de son célèbre roman gothique, à supposer qu’elle l’ait lu.

Bram Stoker vous regarde.

Pourtant, comment pourrait-on imaginer un auteur juif écrivant une histoire dans laquelle l’hostie et le crucifix seraient les armes de choix pour triompher du mal ? Toujours est-il qu’on n’avait pas poussé bien loin les recherches.

L’écrivain anglo-irlandais, à l’origine, se prénommait bien Abraham, tout comme le président américain Lincoln et le mathématicien français Moivre, lesquels n’étaient pas plus juifs l’un que l’autre. Il avait été baptisé quelques semaines après sa naissance dans une église protestante, Saint John The Baptist, dans son bourg natal de Clontarf, près de Dublin.

Stoker n’est pas un nom porté par des Juifs. C’est un nom britannique qui dérive de l’anglais primitif stocc signifiant « souche » ou « tronc d’arbre ». Cette précision nous est donnée par un site internet irlandais sur les noms de famille, qui nous apprend aussi qu’au XIVe siècle, en Angleterre, le nom Stoker se retrouvait surtout dans les comtés du Sussex, du Kent, du Surrey et de l’Hampshire, que divers lieux y sont appelés Stoke, et que le nom Stoker pourrait aussi désigner celui qui abat les arbres.

La mère de Bram Stoker, Charlotte Matilda Thornley, était la fille du lieutenant Thomas Thornley et de Matilda Blake. Thornley et Blake ne sont évidemment pas des noms juifs.

En outre, le père d’Abraham Stoker s’appelait également Abraham Stoker (à propos des fils qui portent le même prénom que leur père, voir notamment mes articles sur Charlie Chaplin, sur Gustave Eiffel, sur Isaac Newton et sur les Rockefeller).


Sources : Alain Pozzuoli, Bram Stocker (Pascal Galodé) ; SurnameDB ; Wikipedia

dimanche 26 octobre 2014

Georges Frêche, catholique et pas juif

Georges Frêche, député et maire de Montpellier, était un grand ami des Juifs et d’Israël. Le comble est qu’il ait été accusé d’antisémitisme à la fin de sa vie, pour avoir déclaré que Laurent Fabius avait « une tronche pas catholique ». Il était pourtant connu pour ses provocations, lesquelles n’étaient pas toujours de très bon goût.

Si certains ont cru pouvoir affirmer qu’il était juif, était-ce simplement en raison de sa sensibilité pro-israélienne ?

Une légende du Hérault.

Ou bien, est-ce parce qu’il existe effectivement des Juifs qui s’appellent Frèche (plutôt avec l’accent grave) ? Ce patronyme, dans certains cas, est une variante de Fredj, un nom d’Afrique du Nord à consonance arabe.

Cependant, le nom Frèche, également sous la forme Frêche, est surtout porté dans le Sud-ouest de la France. Il s’agit d’un toponyme fréquent qui désigne le frêne.

Là est l’origine du nom de famille de Georges Frêche.

En effet, l’homme fort de Montpellier n’était pas juif et n’avait pas d’origines juives connues, comme le montrent les résultats de l’étude que Jean-Louis Beaucarnot a consacrée à sa généalogie (rfgenealogie.com).

Son père, Joseph Frêche, fils de paysans, était né en 1916 dans un village de l’Ariège, où sa famille était connue depuis le règne de Louis XIV.

Du côté de sa mère, Marie-Jeanne Commenges (ibid.), Georges Frêche avait de très anciennes racines dans l’ancien comté de Comminges.

Par ailleurs, les obsèques de Georges Frêche, le 27 octobre 2010, se sont déroulées en la cathédrale Saint-Pierre de Montpellier (Wikipedia).

vendredi 24 octobre 2014

Juive, Michèle Alliot-Marie ? Alliot, non mais Alliot, quoi !

Michèle Yvette Marie-Thérèse Marie, divorcée de Michel Alliot, est la fille de Bernard Marie et de Renée Leyko. Le nom polonais de sa mère est une raison possible des affirmations de quelques désaxés, selon lesquelles elle serait « sioniste » ou même « juive ».

Comme s’il n’y avait jamais eu une immigration polonaise en France, abstraction faite des Juifs !

Catholique, pratiquante...

On notera aussi qu’à l’instar de Nicolas Sarkozy, cette ministre était trop « philosémite » et pro-israélienne aux yeux des ennemis d’Israël, tout en étant trop pro-arabe et anti-israélienne du point de vue – tout de même un peu plus sensé – des défenseurs d’Israël.

Les positions d’une personnalité dans ce domaine ne sont certes pas un critère probant pour dire si elle est juive ou non. On sait qu’il existe, malheureusement, des Juifs qui condamnent publiquement le judaïsme ou l’État d’Israël tout en se revendiquant juifs. Il existe aussi des non-juifs qui admirent le peuple juif et qui sont pro-israéliens.

Cependant, même avec toutes les réserves que suppose l’interprétation d’un discours prononcé par un dirigeant politique, il me semble que jamais une personnalité juive n’aurait pu tenir des propos comme « je mesure le rôle des Juifs d’Europe dans la cohésion de nos sociétés » ou « je connais leur attachement aux valeurs humanistes » (discours devant le Congrès juif européen en 2010). En effet, c’est là, très clairement, l’expression d’un point de vue extérieur.

Surtout, outre que Michèle Alliot-Marie n’a vraiment pas le type, il est très difficile d’imaginer des Juifs ayant pour patronyme Marie et donnant à leur fille un prénom comme Marie-Thérèse.

Dans une interview accordée en janvier 2008 à La Croix, « M.A.M. » précisait : « Dans ma sphère privée, je suis catholique, pratiquante. [...] Je pratique sans ostentation. Je vais à la messe, tout le monde le sait. »

jeudi 23 octobre 2014

Elvis Presley, juif par son arrière-arrière-grand-mère ?

Je lis avec intérêt ce qu’écrit Guy Millière et je le tiens en haute estime, mais je ne suis pas obligé de le croire quand il affirme, par exemple, qu’Elvis Presley était juif (dreuz.info), pas plus que je ne suis obligé de suivre un Simon Wiesenthal écrivant que Christophe Colomb était juif.

L’histoire d’un détail...

Les doutes de certains lecteurs ont amené Guy Millière à préciser quelles étaient ses références, un article de Jeff Swope dans The Jewish Weekly (2010), un article du magazine juif américain tabletmag.com et l’ouvrage d’Elaine Dundy Elvis and Gladys.

L’article de Jeff Swope est inaccessible, la seconde référence suggère seulement qu’une arrière-arrière-grand-mère d’Elvis, côté maternel, aurait été juive, et d’après la troisième source, son arrière-grand-mère l’aurait été aussi.

Dans cette hypothèse, il faudrait considérer que le « King » était au moins aussi juif que Muammar Kadhafi.

Selon Wikipedia (en anglais), rien n’indique qu’Elvis Presley ou sa mère auraient jamais fait cas d’une ascendance juive. Pour le chroniqueur américain Nate Bloom comme pour les administrateurs du site Jew Or Not Jew, cette histoire d’ascendance juive du chanteur ne serait que pure invention. Sorry, Guy...

Né dans le Mississippi, Elvis Aaron Presley était le fils unique de Gladys Love Smith et de Vernon Elvis Presley. Il avait des ancêtres écossais, irlandais et français (normands), et une des arrière-grand-mères de sa mère était Cherokee.

Comme on peut le lire sur un forum en ligne, Elvis Presley s’intéressait à toutes les religions et prisait les symboles juifs aussi bien que les symboles chrétiens, mais c’était sans doute parce que, selon ses propres dires, il ne voulait pas rater le paradis à cause d’un détail. En réalité, il était bel et bien chrétien, et pas juif.

En effet, il avait grandi au sein d’une famille chrétienne très religieuse qui fréquentait régulièrement l’Église de la Pentecostal First Assembly of God, dans laquelle les fidèles chantaient du gospel.

On peut arborer un symbole juif même sans être juif. J’ai connu personnellement au moins trois personnes non juives qui, à l’instar de Doc Gynéco, paraissaient en public avec une étoile de David en pendentif.

Smith et Presley ne sont pas, en principe, des patronymes portés par des Juifs. Elvis Presley avait reçu comme second prénom Aaron, mais les prénoms bibliques sont courants chez les protestants américains. Il convient de noter, surtout, qu’il avait reçu comme premier prénom le nom intermédiaire – en l’occurrence, le second prénom – de son père : indice supplémentaire suggérant qu’il n’était pas juif.

Enfin, un coup d’œil à la tombe de sa mère et à la sienne permet d’en avoir le cœur net (photos ci-dessus).

mercredi 22 octobre 2014

François Rebsamen, juif selon des sources louches

Le journaliste Jacques Benillouche affirmait sur son blog (Temps contre temps), en mai 2012, que le Dijonnais François Rebsamen était juif – rapport à son nom, je suppose – et franc-maçon.

Que Rebsamen soit franc-maçon, c’est très vraisemblable. On croit savoir qu’il est membre du Grand-Orient de France. En revanche, qu’il soit juif, ce n’est qu’une invention de plus.

Le père de François Rebsamen...
Le père de François Rebsamen était Erich Gottfried Rebsamen, né à Stuttgart, dont Libération précisait le 15 mai 2003 qu’il était alsacien, protestant et fonctionnaire, alors que Wikipedia en fait un garagiste suisse de confession catholique.

Il faudrait savoir. Mais dans les deux cas...

Erich Gottfried Rebsamen était lui-même le fils d’Ernst Rebsamen, suisse et protestant, et cuisinier au restaurant Lugano à Mulhouse.

François Rebsamen a nié que son père ait été collaborateur pendant la Seconde Guerre mondiale (cf. M.A. Labet de Bornay) et a précisé que celui-ci, pour ne pas être enrôlé dans l’armée allemande, avait choisi de prendre la nationalité suisse.

La mère de François Rebsamen, Denise Agron, catholique selon des précisions données par Libération, était la fille du professeur Édouard Agron, chirurgien et homme politique originaire de Briennon. En 1940, celui-ci avait voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain.

Agron serait un patronyme méridional, malgré une prédominance dans la Seine-et-Marne, désignant le héron (voir par exemple geneabook.org).

Pas plus que Rebsamen, le patronyme Agron n’est un nom porté par des Juifs.

Hector Guimard, juif par alliance ?

Hector Germain Guimard est né à Lyon le 25 mai 1867 « dans une famille sur laquelle on est encore très mal renseigné » (Encyclopaedia Universalis).

On sait cependant que sa mère était lingère et son père orthopédiste. On sait aussi que par la suite, son père tiendra un gymnase à Paris, boulevard Malesherbes.

La synagogue de la rue Pavée

Dans ce qui précède, rien n’indique qu’Hector Guimard aurait été juif, et surtout pas son nom. Guimard est un patronyme surtout porté dans le Morbihan. Certains lui prêtent une origine germanique, mais selon Jean Tosti, par exemple, ce serait plutôt une variante du nom breton Guimarch ou Guivarch.

Je ne vois donc que deux explications possibles à la rumeur selon laquelle Hector Guimard aurait été juif.

La première est qu’il a été l’architecte de la synagogue de la rue Pavée, à Paris.

On admettra que ce n’est pas un élément très probant.

La seconde explication éventuelle est qu’aux prémisses de la Seconde Guerre mondiale, Hector Guimard s’est exilé aux États-Unis, plus précisément à New York, avec son épouse et qu’il semblerait qu’il ait fait ce choix par crainte de l’antisémitisme sachant que celle-ci, née Adeline Oppenheim, était juive.

Ce qui laisse pourtant entendre, et de façon très claire, que lui-même ne l’était pas.


Sources : geneanet.org, lartnouveau.com, Jean Tosti, universalis.fr et wikipedia.org.

lundi 20 octobre 2014

Mouammar Kadhafi, un Juif porté au pouvoir par Israël ?

Dans son essai West of Kabul, East of New York (MacMillan, 2003), l’écrivain américano-afghan Tamim Ansary rapporte une conversation à laquelle il avait assisté à Tanger en 1980 : à la question de savoir si Kadhafi était « un bon musulman », celui qui passait pour le membre le plus sage du groupe répondait que Kadhafi était un Juif placé au pouvoir en Libye par les Israéliens dans le but de ternir la réputation de l’islam (cité par Phyllis Chesler dans Le Nouvel Antisémitisme, Eska, 2005).

Il faut savoir que dans les pays arabes et plus généralement dans le monde musulman, où ce genre de racontar grossier et ridicule est monnaie courante, une technique souvent utilisée pour discréditer un adversaire consiste à le désigner comme juif (voir aussi mon article sur Ahmadinejad).

Question de Ghous ?

Une Israélienne d’origine libyenne, Gita Boaron, a prétendu être la cousine de Kadhafi et l’avoir connu enfant. Sa tante, la sœur de son père, aurait épousé un Arabe musulman et se serait convertie à l’islam, puis elle aurait fui son mari parce qu’il la battait. Elle se serait remariée avec un autre Arabe musulman avec qui elle aurait eu deux enfants, dont une fille qui aurait été la mère de Kadhafi. Ces dires invérifiables sont rapportés par jssnews.com, mais aussi, pour partie, par la version électronique du magazine américain The Economist, economist.com.

Toujours est-il que Mouammar Kadhafi est né dans une famille de Bédouins du clan des Ghous, lequel appartient à la tribu des Kadhafa (d’où son nom d’usage), et a reçu une éducation islamique (Wikipedia). Il a appelé son premier fils Mohamed et a également donné à ses autres enfants des prénoms typiquement musulmans. Il a toujours affiché une foi musulmane ardente, même s’il s’est livré à des interprétations réformistes et parfois singulières de l’islam. En outre, il a financé des opérations de prosélytisme à l’échelle internationale. Il a notamment distribué des exemplaires du Coran en France en 2007, tout en déclarant qu’il souhaitait que l’islam devienne la religion majoritaire de l’Europe.

Outre ses nombreuses diatribes contre Israël, et avant de préconiser son remplacement par un nouveau pays qui s’appellerait « Isratine », le colonel Kadhafi a soutenu diverses organisations « palestiniennes » et s’est rendu complice, en 1976, des terroristes qui ont détourné sur l’Ouganda un avion provenant d’Israël et séquestré les passagers qu’ils avaient identifiés comme juifs.

Dans ces conditions, considérer Kadhafi comme juif sous prétexte que sa grand-mère maternelle serait née d’une Juive (à supposer que ce soit vrai) est passablement grotesque.

Si on lit bien...

Entendons-nous bien, je ne prends pas position ni pour ni contre le principe de matrilinéarité. Ce principe, codifié dans le Talmud, serait issu d’une loi orale remontant à Moïse. Toutefois, dans son excellent ouvrage Une histoire des Juifs (Livre de poche, 1970), le rabbin Josy Eisenberg, sans doute pas une des plus mauvaises références en la matière, explique que le critère de la matrilinéarité aurait été adopté par les rabbins pour des raisons humanitaires, en un temps où les persécutions contre les Juifs s’accompagnaient de nombreux viols.

Quoi qu’il en soit, on peut comprendre l’énoncé « est juif quiconque est né de mère juive » comme faisant référence à une mère qui ferait partie, de façon évidente, d’une communauté juive.

En revanche, interpréter ce principe comme une loi mathématique aboutirait à un non-sens : il suffirait que la mère de la mère de la mère... de votre mère soit née d’une mère juive pour que vous le soyez également, quels que soient le vécu, les origines, la culture et la religion de tous vos ascendants. Dans cette optique, il faudrait tenir pour juif Mouammar Abou Minyar Abd-al-Salam al-Kadhafi, musulman fervent élevé par des parents musulmans eux-mêmes issus de familles musulmanes, dirigeant d’un pays de l’OCI, ce même Kadhafi qui a spolié et expulsé les derniers Juifs de Libye et fait construire une autoroute sur le cimetière juif de Tripoli...

... et en même temps, en vertu du même principe, il faudrait considérer comme non-juifs aussi bien Anouk Aimée, Pierre Arditi et Elisabeth Badinter que Laurent Fabius, Charlotte Gainsbourg, Judith Godrèche, Laurence Haïm, Jenifer, Matthieu Kassovitz, Arnö Klarsfeld et Bernard Kouchner ainsi que Claude Lelouch, Patrick Modiano, Roman Polanski, Alexandra Rosenfeld, Elsa Zylberstein et j’en oublie.

samedi 18 octobre 2014

Alain Souchon, de quelle souche ?

Il a le type : ses cheveux frisés, son nez… Ne dirait-on pas le croisement d’Arnaud Apoteker et de Jack Lang ?

Certes. Mais on pourrait tout aussi bien envisager le croisement de Bourvil et d’Albert Dupontel, par exemple.

Mais le patronyme Souchon, ne serait-il pas apparenté à Chouchan et à ses variantes, Chouchane, Chouchena, Soussane, Soussan, etc. ?

Helvéto-ardéchois né au Maroc...

La réponse est non. Souchon est un nom français, le diminutif de souche, dont on observe une prédominance autour de l’Ardèche (genealogie.com).

Autre source possible du fantasme de sa judéité, Alain Souchon est né au Maroc, et il s’appelle en réalité Alain Kienast.

Or, Kienast est un nom germanique, tout simplement. Le footballeur Roman Kienast, par exemple, est autrichien. On trouve aussi des Kienast allemands, suisses et alsaciens.

En fin de compte, bien que le vrai nom d’Alain Souchon soit Alain Kienast et qu’il soit issu d’une famille suisse, il semble que Souchon soit bel et bien le nom de son père biologique.

Quant à sa mère, Marie-Madeleine Lemaître, dite Madeleine Lemaître, qui écrivait sous le pseudonyme de Nell Pierlain, rien, absolument rien, n’indique qu’elle aurait été juive. Tout au contraire, son prénom véritable, Marie-Madeleine, laisse fortement penser qu’elle était issue d’une famille chrétienne.

Quoi qu’il en soit, on ne s’étonnera pas outre mesure d’apprendre que le chanteur figure sur certaines listes de personnalités censées être juives, que publient sur leurs blogs des gens qui n’ont pas les yeux en face des trous.

Pour autant, il est inutile, me semble-t-il, d’aller chercher plus loin.

vendredi 17 octobre 2014

Michel Garroté, catholique et pro-israélien

« Je suis suisse et catholique. Je me suis rendu en Israël à cinq reprises entre 1983 et 2011. Et avant cela, j’ai été pendant quelques années un supporter inconditionnel et servile de l’OLP. [...]

En [...] 1983, je suis arrivé athée à Jérusalem. Et j’en suis reparti croyant. À mon retour en Europe, j’ai fait les démarches pour devenir catholique. J’avais 26 ans. [...]


« Je suis suisse et catholique. »

Je n’ai aucune origine juive. [...]

En 2007, j’ai participé à la création et au développement de dreuz.info, qui à l’époque, s’appelait drzz.fr. J’en suis devenu le rédacteur en chef en 2008 et je le suis toujours en 2014.

Le fondateur de dreuz.info, alias drzz.fr, est, comme moi, suisse et catholique. Lui non plus n’a pas d’origines juives.

Dès 2007, lui et moi avons affiché clairement le fait que dreuz.info était un blog chrétien. [...]

Personnellement, je trouve assez comique que dreuz.info et moi-même soyons considérés comme juifs par ceux que nous insupportons et qui, pour tout dire, sont tous français. »


© Michel Garroté, (ancien) rédacteur-en-chef de dreuz.info (anciennement connu sous le nom de Miguel Garroté)


Sources : dreuz.info, « Je ne suis pas juif et dreuz.info non plus n’est pas juif », juin 2014.

Besancenot, juif et sioniste comme je suis arabe et islamiste

Certains détraqués publient sur leurs sites internet des listes de personnalités « sionistes » dans lesquelles ils incluent quiconque ne leur paraît pas suffisamment hostile à Israël. Je n’ai pas encore compris comment ils réussissaient à y faire figurer, outre Michèle Alliot-Marie, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, même un « anti » obsessionnel comme le sinistre Olivier Besancenot.

Sur un de ces sites de déments propagateurs de théories du complot, celui-ci est même carrément désigné comme juif. Serait-ce parce qu’il a fréquenté Alain Krivine et sa fille ?

Entre cette version et l’original, on
admettra que la différence est ténue.

Pourtant, le Tintin postal n’a visiblement rien de juif : ni son patronyme, ni sa sensibilité, ni ses idées, ni son visage, ni ses oreilles de troll.

L’histoire et la géographie du nom Besancenot sont éloquentes (geopatronyme.com) : une forte concentration autour de la Haute-Saône, et de nombreuses références au cours du XIXe siècle dans divers départements français.

Parmi les candidats aux diverses élections (présidentielles, régionales, municipales), il est le seul à mentionner, et de façon systématique, les « Palestiniens » dans ses tracts de campagne.

Il s’est aussi distingué, si je puis dire, en défilant dans la rue et devant les caméras de télévision tout en scandant « Sharon assassin ».

Plus récemment, il est allé jusqu’à suggérer que si des équipes de secours israéliennes s’étaient rendues en Haïti après l’ouragan et y avaient installé un hôpital de campagne, c’était pour y prélever des organes : il est difficile d’imaginer même le Juif le plus antisémite débitant un ragot aussi immonde.

jeudi 16 octobre 2014

Pascal Bruckner, pris pour un intellectuel juif

Je l’avoue, jusqu’à la sortie de son ouvrage autobiographique Un bon fils en 2014, j’étais de ceux, plutôt nombreux il est vrai, qui avaient toujours associé Pascal Bruckner aux « intellectuels juifs » (myboox.fr).

Son nom y était peut-être pour quelque chose, bien que je sache pertinemment que le compositeur Anton Bruckner n’était pas juif du tout. Certes, il y avait aussi ses liens et ses affinités avec Alain Finkielkraut.

Le fils ne priait pas pour le père...

« L’ex-partenaire de Finkielkraut s’amuse qu’on le croie juif, et plus encore, qu’on salue ses dénégations d’un « Je comprends » compatissant », commente Luc Le Vaillant (liberation.fr).

Ancien élève des Jésuites, Pascal Bruckner est le fils d’une mère catholique et d’un père protestant. Lui-même est athée.

En outre, son père était un antisémite fanatique qui voyait des Juifs partout (comme c’est visiblement le cas d’un certain nombre de lecteurs du présent blog), et qui considérait son STO chez Siemens comme « la plus belle partie de [son] existence » (nouvelobs.com).

Dans Un bon fils, Bruckner nous révèle « les détails effrayants de son enfance passée à prier chaque jour pour voir mourir son père antisémite et raciste » (myboox.fr).

« Après tout, ma fille est juive », nous déclare-t-il cependant. Est-ce à dire que la mère de sa fille est juive, ou que sa fille s’est convertie ? Il n’en dit pas davantage dans l’interview en question.

On pourra aussi se référer à une intéressante interview de Pascal Bruckner accessible en ligne, sur le site internet Akadem.

samedi 27 septembre 2014

Si Emmanuelle Seigner était juive, je serais duc de Bourgogne...

Il aura sans doute suffi qu’Emmanuelle Seigner épouse Roman Polanski pour qu’une rumeur commence à courir, attribuant une appartenance juive à la comédienne et par la même occasion, à sa sœur Mathilde.

Il serait logique que cette judéité imaginaire soit attribuée également à l’autre sœur, Marie-Amélie, ainsi qu’à la mère, Françoise Seigner.

O come, O come, Emmanuelle...

Cependant, comme je l’ai souligné dans mes précédents articles, la logique n’est généralement pas ce sur quoi se fondent les spéculations concernant l’appartenance ou la non-appartenance de telle ou telle personne au peuple juif.

Toujours est-il que le grand-père, le fameux comédien Louis Seigner, un Dauphinois né en 1903 dans un hameau au fin fond de l’Isère, semble être devenu juif, lui aussi, à titre posthume.

Le fait que le nom de famille Seigner se termine en « -er » comme un grand nombre de patronymes à consonance germanique, dont certains peuvent être portés par des Juifs ashkénazes, aura certainement facilité la chose (voir, par exemple, mon article consacré à Mylène Farmer).

À quoi cela tient, décidément...

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot a étudié les racines de la « dynastie Seigner », dont les origines sont principalement dauphinoises du côté du père, comme le confirme la carte de France des Seigner, et bourguignonnes du côté de la mère, dont le nom de jeune fille est Ponelle. Je renvoie donc le lecteur au court article que le généalogiste a publié sur ce sujet.

mercredi 17 septembre 2014

Christian Jacob, juif et paysan ?

« On m’a demandé si DSK était le candidat des bobos. J’ai répondu avec la fibre du paysan. »
— Christian Jacob (www.lejdd.fr)

Il s’appelle Jacob, il est brun… et il a un long nez. Il n’en aura sans doute pas fallu davantage pour que l’expression « Christian Jacob juif », au moment où ces lignes sont écrites, soit la deuxième des suggestions de recherche associées à ce nom sur Google. Un peu plus loin viennent « Christian Jacob religion » et « Christian Jacob confession ». À votre avis, à quelle religion ou confession peuvent bien penser ceux qui envoient de telles requêtes sur Internet ?

La fibre du paysan...

Il en va de même pour Jacob que pour David et Simon : c’est certes un patronyme porté par des Juifs comme François Jacob ou Simone Veil (née Jacob), mais il est porté plus souvent encore par des non-juifs. En l’occurrence, ce nom est surtout courant chez les Alsaciens.

Par ailleurs, je me répète, le prénom Christian est fort peu prisé chez les Juifs, ce qu’une personne au cerveau normalement constitué doit pouvoir comprendre.

Il se trouve aussi que je connais personnellement un autre Christian Jacob qui est d’origine alsacienne, et évidemment pas juif.

Imagine-t-on un Juif, quelles que soient ses opinions politiques et ses attaches au judaïsme, déclarant publiquement que telle personnalité connue pour être juive, Dominique Strauss-Kahn par exemple, n’incarne pas « l’image de la France des terroirs et des territoires » ?

Enfin, on m’accordera qu’un fils et petit-fils d’agriculteurs français « enracinés à droite » (www.lefigaro.fr), prénommé Christian, né à Rozay-en-Brie, titulaire d’un brevet d’études professionnelles agricoles, lui-même agriculteur-éleveur et ayant exercé des responsabilités dans le syndicalisme agricole, et dont la mère avait pour nom de jeune fille Gallet et la mère de son père, Rabot (illus-tree.voila.net), a environ zéro chance d’être juif.

Au cas où la mesure ne serait pas assez pleine, on remarquera que le prénom Auguste était commun à son grand-père paternel et au père de celui-ci (à propos des prénoms communs au père et au fils, voir mes articles précédents).

lundi 14 juillet 2014

Dalida fut certes l’amie d’un chanteur juif...

Dalida, de son vrai nom Yolanda Cristina Gigliotti (Wikipedia), a chanté dans diverses langues, entre autres en hébreu. De là pourrait venir la rumeur de sa judéité, ce qui serait évidemment ridicule puisqu’elle a chanté aussi en allemand et en japonais.

Autre mauvaise raison possible de la rumeur, le chanteur israélien Mike Brant était un grand ami de Dalida et celle-ci avait contribué à son succès en France en lui permettant de chanter en première partie de son concert à l’Olympia en 1971. Elle avait aussi été la première à lui rendre visite après sa première tentative de suicide, en 1974 (ibid.).

Il manque un espace, mais il ne
manque pas la croix chrétienne !

Enfin, il y a peut-être son patronyme. Peut-être existe-t-il des Gigliotti juifs, mais ce nom est surtout porté par des non-juifs : de même que le patronyme Simon, par exemple, est porté par des Juifs mais bien plus souvent encore par des Français de souche, d’origine normande notamment.

Gigliotti, [...] forme italienne de gillier, nom de personne d’origine germanique issu de gisl, otage et hari, qui signifie armée (genealogie.com).

Il existe des footballeurs juifs, surtout en Israël, mais concernant les deux joueurs qui portent ce nom, le Français David Gigliotti, d’origine argentine du côté paternel, et l’Argentin Emanuel Gigliotti, ils ne sont vraisemblablement pas juifs (les noms italiens sont très courants en Argentine).

Avec Cristina comme deuxième prénom, une scolarité dans une école religieuse (catholique) et des parents originaires de Calabre, Dalida avait peu de chances d’être juive. Il me semble que la croix gravée sur sa sépulture (photo ci-dessus) nous permet de trancher pour de bon la question.

mardi 8 juillet 2014

Carla et Valeria Bruni Tedeschi, absolument pas juives !

Concernant Carla Bruni et sa sœur Valeria Bruni Tedeschi, l’origine de la rumeur stupide selon laquelle elles seraient juives ou « demi-juives » est évidente : leur grand-père putatif, Virginio Bruni Tedeschi, était né au sein de « la communauté juive de Turin » (Wikipedia).

Cependant, celui-ci « se convertit pendant la Seconde Guerre mondiale et épous[a] une catholique » (ibid.).

Qui croit que l’on peut être juive
par le père de son beau-père ?

Son fils, le musicien Alberto Bruni Tedeschi, père putatif de Carla et père de Valeria, n’était donc pas juif. Il était même catholique et a composé une messe (voir son site Internet personnel).

En outre, si j’ai employé le mot putatif, c’est parce que le père biologique de Carla n’était pas Alberto Bruni Tedeschi, mais un certain Maurizio Remmert (jewornotjew.com, Le Figaro, Voici).

Leur mère, Marisa Borini, est née d’une mère française originaire de Saint-Étienne, Renée Planche, et d’un père italien, Carlo Domenico Borini (Wikipedia).

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot s’est intéressé en particulier aux ancêtres français de Carla Bruni, qui étaient originaires de Savoie et des Hautes-Alpes. La grand-mère maternelle de Carla s’appelait Renée Planche et n’avait aucun ancêtre juif connu, même en remontant quatre générations en arrière :

« On lui découvre notamment des ancêtres Dupenloup ou Dupanloup, à Evires, berceau de cette très prolifique famille qui donnera deux évêques, dont le plus connu, Félix Dupanloup (1802-1878)... » (J.L. Beaucarnot). Pour plus de renseignements, Jean-Louis Beaucarnot nous propose un dossier sur les racines françaises de Carla Bruni.

Carla Bruni n’a donc aucun grand-parent juif et aucune ascendance juive connue. Quant à Valeria, elle a un seul grand-parent né juif, mais converti avant la naissance de ses enfants. Ses deux parents, Alberto et Marisa, étaient catholiques et avaient chacun deux parents catholiques.

jeudi 3 juillet 2014

Jaurès, socialiste imbécile

Jean Jaurès, un Juif ? C’est un camarade d’études, lui-même juif, qui, le premier, m’avait gratifié de cet invraisemblable scoop.

Pourquoi Jean Jaurès aurait-il été juif ? Sans doute en vertu d’un rapprochement douteux entre son patronyme et d’autres noms en « -ès » comme Adès, Baranès, Chaliès, Mendès...

Or, il existe en France de nombreux noms en « -ès » qui n’ont rien de juif. Grouès, par exemple, était le vrai nom de l’abbé Pierre. Autre exemple, l’antisémite Maurice Barrès, connu pour avoir notamment déclaré : « Que Dreyfus soit coupable, je le conclus de sa race. »

Jaurès ? Vous voulez rire ?

Jean Jaurès, lui, avait pris parti pour Dreyfus. Et cependant, en matière de préjugés à l’encontre des Juifs et même, d’antisémitisme délirant, il n’était pas en reste :

Nous savons bien que la race juive [...] toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain [...] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. (Discours de Tivoli, 1898).

Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. [...] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre. (Son article « La question juive en Algérie » publié le 1er mai 1895 dans La Dépêche).

À la même époque, ou peu de temps plus tard, un certain August Bebel disait que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles.

Comme l’écrivait un de mes lecteurs à propos de mes « Juifs qui ne le sont pas » : « Pour certains, c’est bien dommage, pour d’autres, c’est bien tant mieux. »

vendredi 6 juin 2014

Kuster n’est pas Huster

Depuis que Brigitte Kuster, mairesse du XVIIe arrondissement de Paris, a accueilli un colloque sur l’antisémitisme dans sa mairie le 7 avril 2014, certains se demandent si elle ne serait pas juive, et il semble que d’autres en soient même convaincus.

De façon très classique, le fait qu’elle porte un nom à consonance germanique y aura sans doute contribué. Sans compter la ressemblance avec le patronyme de Francis Huster.

Et d’une, et de deux...

Une élue n’a évidemment pas besoin d’être juive pour accueillir des orateurs qui étudient et combattent l’antisémitisme. D’autres élus non juifs, comme Claude Goasguen ou comme le regretté Pierre-Christian Taittinger, par exemple, l’ont fait avant elle.

Brigitte Kuster est née Brigitte Thomas (lepoint.fr), son père a été prisonnier de guerre (et non pas déporté), et avec ses parents elle a voyagé notamment à Alep et à Tripoli (ibid.).

Tout cela n’indique pas que Brigitte Kuster pourrait être juive, bien au contraire.

Brigitte Kuster porte le nom de son mari, Gérard Kuster, et d’une.

Kuster est un nom alsacien et lorrain, et de deux.

Ce nom désigne le gardien du trésor de l’église ou le sacristain, et de trois (voir le site internet Genealogie.com). Voilà pour le nom.

On aurait pu aussi imaginer qu’un monsieur Kuster, non juif, ait épousé une Juive, mais il n’en est rien. On sait que Gérard Kuster est protestant, mais on sait aussi que Brigitte Kuster, née Brigitte Thomas, est catholique (lepoint.fr).


Sources : lepoint.fr, Genealogie.com

mercredi 7 mai 2014

Carlos (le chanteur), un Juif ?

« Mais qu’est-ce ’ tu bois, Doudou, dis-donc ? » ... « Oasis, Oasis, c’est bon, c’est bon... »

Avec sa corpulente bonhomie, sa bonne humeur et ses chemises hawaïennes, il nous faisait inévitablement penser au « Club Med » !

D’ailleurs, il avait obtenu un disque d’or pour Cocotte en papier, une chanson qui y faisait clairement allusion : « Je suis ton G.M., tu es ma G.O., c’est presque aussi bien que chez Trigano ».

Le chanteur, pas le terroriste...
mais quand même, il ne l’est pas.

Est-ce pour cette raison que certains l’avaient pris pour un Juif ?

Je sais bien que « le Club » a été fondé par des Juifs et a toujours compté beaucoup de Juifs parmi ses « gentils membres », mais tout de même...

Ou bien, en raison de ses cheveux très bruns et très frisés et de ses yeux sombres ? Certes, il avait « le type », comme on dit (même si on le dit de moins en moins).

Ou encore, est-ce parce qu’il était le fils de Françoise Dolto, que certains croyaient juive ?

Dans quel sens faut-il donc envisager cette double méprise ?

Carlos s’appelait en réalité Jean-Chrysostome Dolto. Il était le fils de Boris Ivanovitch Dolto et de Françoise Dolto, née Marette. Wikipedia nous indique qu’il était « resté très attaché à la foi de l’Église orthodoxe » (sic).

Avec un tel prénom, il pouvait être chrétien orthodoxe et le rester, en effet. Cela nous confirme aussi que son père était orthodoxe et donc, pas plus juif que sa mère, laquelle était catholique.


(voir aussi la photo de la sépulture familiale, au cimetière de Bourg-la-Reine)

Oui, j’ai entendu dire que Françoise Dolto était juive !

Est-ce parce qu’elle était la mère d’un sympathique chanteur brun frisé qui nous faisait inévitablement penser au Club Med, si bien que certains le croyaient juif ? Ou bien, est-ce parce qu’elle était psychanalyste et portait un nom à consonance étrangère ? Ou encore, parce qu’elle exerçait la même spécialité que Bruno Bettelheim ?

Quoi qu’il en soit, ceux qui ont colporté cette rumeur auraient mieux fait de s’abstenir de parler de ce qu’ils ignoraient.

La tombe des Dolto

Tout d’abord, cette dame portait le nom de son mari, Boris Ivanovitch Dolto, un Russe de confession chrétienne orthodoxe qu’elle avait épousé en 1942.

Elle s’appelait Françoise Marette, de son nom de jeune fille et toutes les sources indiquent que son père, Henri Marette et sa mère, Suzanne Demmler, étaient catholiques. Apparemment, ils étaient aussi proches de l’extrême droite : une « famille maurassienne », selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon (Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011).

Son oncle, Pierre Demmler, était aussi son parrain (pour la n-ième fois, il n’y a théoriquement pas de parrain ni de marraine chez les Juifs). En outre, Françoise Marette avait passé sa première communion.

En décembre 1942, sous l’occupation, Françoise Dolto avait été engagée par une institution eugéniste, comme le rappelle notamment Didier Pleux. Dans son ouvrage Françoise Dolto – La déraison pure (Autrement, 2013), cet auteur écrit : « Elle a également été en analyse chez René Laforgue, son mentor et psychanalyste dont l’objectif était d’implanter à Paris un centre de psychologie aryanisée ». Il ajoute que celui-ci militait contre la « psychanalyse juive ».

Enfin, on remarquera que la tombe des Dolto est bien une sépulture chrétienne (voir photo).


Sources : Le Vif Info ; Wikipedia ; et ouvrages cités.

lundi 5 mai 2014

« J’ai appris que Mick Jagger… »

Si vous avez entendu dire qu’il est juif, dites-vous que c’est encore une de ces rumeurs ridicules et sans fondement que je me suis fait une spécialité de démonter.

En l’occurrence, j’en ignore la raison : ses lèvres charnues, peut-être ? Ou bien, son patronyme en « -er » ?

Un enfant de chœur


Michael Philip Jagger, plus connu sous le nom de Mick Jagger, est né à Dartford, dans le Kent.

Son père s’appelait Basil Fanshawe Jagger et sa mère, née en Australie et d’origine anglaise, s’appelait Eva Ensley Mary Scutts.

Jagger et Scutts ne sont pas des noms portés par des Juifs.

Des prénoms comme Basil Fanshawe et Eva Ensley Mary ne suggèrent certainement pas une appartenance au peuple juif.

En outre, le frère de Mick se prénomme Christopher.

En 1971, Mick Jagger s’est marié à Saint-Tropez selon le rite catholique. Son second mariage, en 1990, aurait été célébré en Indonésie selon le rite hindou (et un peu plus tard, annulé).

Enfant, Mick chantait dans le chœur de l’église. Vous connaissez, dans votre quartier, des Juifs dont les enfants font partie du chœur de la paroisse ?


Sources : According to the Rolling Stones (Chronicle Books) , Wikipedia (en anglais)

samedi 3 mai 2014

Lénine, un huitième de Juif ?

Certes, parmi les principaux leaders de la Révolution russe, il y avait Zinoviev, Kamenev et Trotski qui étaient nés sous les noms de Rosenfeld, Kaganovitch et Bronstein, respectivement.

Mais que restait-il de juif chez ces gens-là ? « Je ne suis pas juif, s’écriait Trotski avec rage, je suis internationaliste ! »

Juif par un arrière-grand-père ?

Il était sans doute inévitable que se répande le bruit que Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, aurait été « juif » lui aussi. Rappelons qu’une telle rumeur existe même concernant Staline.

Le grand-père maternel de Lénine, né Israël Blank d’un père juif et d’une mère non juive, avait été baptisé à l’adolescence et avait alors changé de prénom pour Alexandre. Lénine lui-même avait été baptisé à sa naissance.

En se plaçant un instant dans une perspective « racialiste », sachant que le père de son grand-père maternel était juif, on pourrait suggérer que Lénine avait 12,5 % de « sang » juif.

Mais que ferait-on des 87,5 % qui restent ? En vertu de quel principe un huitième prévaudrait vis-à-vis de sept huitièmes ?

Par ailleurs, si l’on suit la logique tout aussi douteuse de ceux pour qui être juif serait une simple appartenance confessionnelle, Lénine était un athée issu de deux parents chrétiens orthodoxes.

Pas juif, là encore.

Du point de vue plus éclairé et plus réaliste qui est le mien (en toute modestie), les Juifs ne sont ni une religion ni une race mais un peuple lié à une religion, dont Lénine ne faisait partie à aucun titre.

On le voit bien, considérer comme juif un athée né de deux parents chrétiens nés eux-mêmes de parents chrétiens, n’a tout simplement aucun sens.


Sources : Wikipedia

vendredi 4 avril 2014

Manuel Valls, juif par sa belle-mère ?

Pourquoi certaines personnes pas spécialement bien inspirées ont-elles avancé, à un moment donné, que Manuel Valls serait juif ? Serait-ce en raison de sa femme ?

Ou bien, à cause de son nom ? Pourtant, Valls est un patronyme typiquement catalan. Manuel Carlos Valls est le fils de Xavier Valls, artiste catalan, et de Luisangela Galfetti, issue d’une famille paysanne de Suisse italienne et sœur de l’architecte Aurelio Galfetti.

Paroisse Sant Joan d’Horta, à Barcelone
Crédit photo : Jordiferrer, Wikimedia

Manuel Valls est né à Barcelone. Il a été baptisé le 24 août 1962 par le père Ventura dans l’église paroissiale du quartier de Horta.

Il a pour parrain Carlo Coccioli, écrivain italien, et pour marraine Maria Buina. Il est donc clairement de confession catholique.

Son grand-père paternel était rédacteur en chef d’un journal républicain et catholique, et il avait caché des prêtres persécutés par les trotskistes et les anarchistes.

Sa première femme s’appelait Nathalie Soulié. Elle n’était pas juive.

Il semble que Manuel Valls fasse grand cas de la judéité de sa seconde femme, Anne Gravoin, née d’une mère juive mais d’un père non juif.

En effet, il a déclaré publiquement que par cette alliance, il était indéfectiblement lié au peuple juif.

Mais ce second mariage ne fait pas de lui un Juif, pas plus qu’il ne fait de sa femme une Catalane.


Sources : Wikipedia, sur Manuel Valls et sur Anne Gravoin ; Revue française de généalogie

Pierre Mauroy n’était pas juif, vous le saviez ?

Si j’en crois mon expérience, dès qu’une conversation porte sur une personnalité connue ayant un homonyme, le risque de confusion est assez élevé. Cela donne, par exemple, le résultat suivant :

Pierre Mauroy - Crédit photo :
Marie-Lan Nguyen, Wikimedia


– Tu savais que Pierre Mauroy était juif ?
– ! ! !

Le jour où cette question m’avait été posée, j’avais tout de suite compris de quoi il retournait. Je savais qu’André Maurois était juif, et je savais aussi que Pierre Mauroy ne l’était pas. La confusion homonymique ne faisait aucun doute. Je suppose que de là vient la rumeur.

André Maurois, écrivain mort en 1967, s’appelait en réalité Émile Herzog. Son pseudonyme, Maurois, était le nom d’un village du Nord de la France, bien qu’il soit né à Elbeuf, en Normandie, et que sa famille soit originaire d’Alsace.

Pierre Mauroy, l’homme politique (bien vivant au moment de mon anecdote) s’appelait vraiment Pierre Mauroy, et il était originaire du Nord de la France.

Il se trouve que les origines de l’ancien Premier ministre socialiste ont été étudiées par des généalogistes réputés, notamment Joseph Valynseele, et plus récemment Jean-Louis Beaucarnot qui lui a consacré un petit article. C’est pour moi du pain béni.

Mauroy est un patronyme on ne peut plus français, datant du Moyen-âge, et dont la fréquence atteint actuellement ses pics dans l’Aisne, la Marne et la Nièvre. Parmi les ancêtres de Pierre Mauroy, nous avons des bûcherons et des laboureurs, ainsi que des meuniers établis sous Louis XIV.

Ses racines sont dans le Nord, côté père, avec des noms comme Copin, Deloffe et Mathon (et Mauroy), mais également côté mère, avec des noms comme Barbier, Hedon et Merlin.

Enfin, pour ses obsèques, la cérémonie religieuse a eu lieu dans une église.


Sources : J.-L. Beaucarnot (Revue française de généalogie)

jeudi 27 février 2014

Léonard de Vinci pourrait-il avoir été juif ?

Léonard de Vinci est né non pas dans le ghetto de Florence, mais à proximité de Vinci, dans le petit village toscan d’Anchiano. Voilà un premier indice de sa non-judaïté.

Il est né d’une union illégitime entre un notable et une paysanne. Son père, Piero Fruosino di Antonio da Vinci, était notaire, chancelier, ambassadeur de la République florentine, et descendant d’une riche famille de notables italiens.

Un génie pas juif ! Incroyable !

Quant à sa mère, Caterina, on nous dit qu’elle était « une humble fille de paysans ». Est-ce que les enfants de paysans, à cette époque en Italie, n’étaient pas tous humbles ?

Une hypothèse a été avancée, j’ignore sur quelles bases, selon laquelle cette Caterina « pourrait être une esclave venue du Moyen-Orient » (sic).

Il semble que ce soit là l’origine d’un des divers racontars qui circulent concernant Léonard de Vinci, en l’occurrence, la rumeur peu répandue mais réelle selon laquelle il aurait été (ou plutôt, « pourrait avoir été ») juif.

Y avait-il encore des Juifs réduits en esclavage à cette époque ? Et comment une esclave aurait-elle pu quitter le Moyen-Orient pour gagner l’Italie ? Dans quelles circonstances ?

Par ailleurs, on lit sur Wikipedia : « Léonard [...] est baptisé [...]. Il a cinq marraines et cinq parrains [...]. » Ajoutons à cela ses relations avec les rois et avec Rome, et le fait qu’il ait peint des sujets religieux, entre autres La Cène et Sainte-Anne, la Vierge et l’enfant Jésus.

Si, avec cela, certains détraqués continuent d’affirmer que Léonard de Vinci était juif, je ne peux vraiment plus rien pour eux.

Tenue pour juive parce qu’elle s’appelait Goetzmann

On sait qu’au moins un individu en France a pris la juge d’instruction Corinne Goetzmann pour une Juive. Il s’agit de Youssouf Fofana, l’assassin et tortionnaire d’Ilan Halimi. Outre la sanction de son crime, ce dément borné, inculte, raciste et musulman « très croyant » a écopé d’un an de prison supplémentaire pour outrage à magistrat après avoir traité la juge de « sale Juive ».

Lieux de naissance des Goetzmann en France

De toute évidence, c’est parce qu’elle portait un nom en « -mann ». Inutile d’aller chercher plus loin.

J’ignore si Goetzmann est le nom de jeune fille de la juge en question ou son nom d’épouse. Quoi qu’il en soit, c’est un nom allemand, alsacien et lorrain (désignant celui qui appartient à la famille « Goetz », lequel nom est dérivé de Gott qui signifie Dieu).

La carte ci-contre représente le nombre de naissances sous ce nom par département entre 1891 et 1915.

On ne peut que constater la très nette prédominance de l’Alsace, avec 67 naissances contre 6 en Lorraine et 7 en région parisienne (Paris et Yvelines).

Les prénoms les plus donnés aux Goetzmann sont Salomé, Madeleine, Marianne, François, Dorothée, Antoine, Jean, Joseph, Michel, Aloise Jacques, Geoffroi, Philippe, Anne-Marie, Frédéric et Jacques.

On notera aussi, outre les neuf Aloise Jacques recensés, quatre Marie Madeleine, trois François Joseph, deux Apolline, deux Christophe ainsi qu’un Chrétien, un Christian, une Christiane et un Pierre-Baptiste. Voilà qui est assez parlant.

mardi 28 janvier 2014

Torquemada, ni juif ni marrane

D’après Wikipedia, le tristement fameux Tomás de Torquemada, « comme son oncle, le cardinal et théologien [...] Juan de Torquemada », serait « issu d’une famille de nouveaux chrétiens [...] », Juan de Torquemada étant présenté comme « vraisemblablement descendant de conversos ».

En fait, nombreux sont ceux, juifs comme antisémites, qui répètent à qui veut les entendre que Torquemada lui-même était un Juif converti. Cet ignoble racontar est devenu une véritable tarte à la crème, au point que celui qui affirme le contraire risque de passer pour un original.

On peut le dire sur un ton sûr.

Sur son site internet (PHDN), Gilles Karmasyn a mis en pièces cette « ineptie », selon ses propres termes, et je ne peux que reprendre ici l’essentiel de ses remarques :

« Lorsque quelqu’un écrit que Torquemada est né juif, l’auteur des présentes lignes a toujours envie de demander si son oncle, le cardinal Juan de Torquemada, [...] figure clef de l’inquisition espagnole bien avant Tomás, [...] avait assisté à la Bar-mitsvah de son neveu... »

« Torquemada n’est pas « né juif » et ne s’est pas converti au catholicisme, précise Gilles Karmasyn. Il est né catholique de parents catholiques. [... Il] a été élevé par son oncle, le cardinal Juan de Torquemada dans son couvent de San Pablo de Valladolid. »

Selon Gilles Karmasyn, « le fait même de son martèlement permet de dire qu’il ne s’agit pas d’une erreur. Le nom de Tomás de Torquemada est associé dans la mémoire collective aux agissements de l’Inquisition et aux persécutions subies par les Juifs dans l’Espagne d’Isabelle la Catholique. Faire porter la responsabilité de ces horreurs à un Juif, voilà le but du mensonge. Il s’agit bien d’un mensonge à caractère antisémite. »

En somme, il en est de même pour les prétendues origines juives de Torquemada que pour celles d’Adolf Hitler. Le pire est que des Juifs tombent dans le panneau et colportent à leur tour le mensonge délétère.


Sources : Wikipedia et phdn.org

lundi 27 janvier 2014

Alain Bonnet, dit Soral, ou la passion du Juif

Puisque circulent des rumeurs attribuant des « origines juives » à des fanatiques de la haine anti-juive comme Torquemada, Hitler, Staline ou Ahmadinejad, pourquoi pas une rumeur similaire concernant Alain Soral ?

Eh bien, c’est chose faite, par les soins de l’intéressé lui-même.

Depuis que l’Europe a ouvert les yeux sur la Shoah, le racisme anti-juif a officiellement très mauvaise presse, si bien que les antisémites nient être antisémites.

Il arrive même qu’ils prétendent être juifs ou avoir des origines juives.

Les « origines juives », c’est certes un concept assez souple : il suffit, pour s’en prévaloir, de se trouver un ancêtre juif en remontant à la troisième ou quatrième génération... ou alors, de s’en inventer.

Alain Soral aurait lancé lui-même cette rumeur, affirmant que Soral viendrait de Solal. Comme un fanatique trouve toujours plus fanatique que lui, voilà que des désaxés le traitent de Juif ou de « sioniste ».

Cette ineptie a été démentie par la sœur de l’intéressé. Agnès Soral, qui condamne l’idéologie haineuse de son frère, demande : « Aimeriez-vous vous appeler Agnès Hitler ? » Voilà pour ceux qui s’imagineraient que Soral est un patronyme porté par des Juifs.

En outre, le vrai nom du triste sire est Alain Bonnet. Soral est le nom du village dont sa famille est originaire et qui est situé dans le canton de Genève, en Suisse.


Sources : Le Nouvel Observateur

dimanche 26 janvier 2014

Les prétendues origines juives d’Ahmadinejad

La rumeur des prétendues origines juives de l’ancien président iranien aurait été lancée par un de ses rivaux, l’Ayatollah Khazali. De façon méprisable, deux ou trois médias britanniques l’ont répercutée, sous prétexte que la famille de Mahmoud Ahmadinejad aurait changé de nom à un moment donné, apparemment suite à sa conversion à l’islam.

Le nom d’origine des Ahmadinejad serait Sabouridjan. Certains ont affirmé que ce patronyme désignait le métier de décorateur de tapis et que cette activité aurait été autrefois exercée essentiellement par des Juifs.

Un antisémitisme perçant

D’autres auront jugé plus crédible d’établir un rapport entre le terme « Sabour » et le châle de prière juif.

Les uns et les autres auront soigneusement évité le rapprochement avec une région qui porte ce nom au Pakistan.

Dans l’hypothèse où la famille de ce sinistre personnage ne serait musulmane que depuis relativement peu de temps, son ancienne religion ne serait certainement pas le judaïsme, mais bien plus probablement le zoroastrisme, ou bien le parsisme, ou encore, autre possibilité, l’hindouisme.

Certes, un antisémite peut parfois avoir des ancêtres juifs, mais dans le cas de Mahmoud Ahmadinejad, comme dans le cas d’Hitler, les motivations d’un tel on-dit sont assez évidentes.

En Orient, une technique courante pour discréditer quelqu’un consiste à faire courir le bruit qu’il aurait une ascendance juive (voir aussi mon article sur Kadhafi).

En Occident, il y a la tentative grossière de trouver dans la folie meurtrière d’un homme une raison soi-disant psychanalytique, mais aussi le besoin d’alléger une mauvaise conscience collective en inventant des responsabilités « juives » derrière l’antisémitisme.

mardi 21 janvier 2014

Nabilla juive ? Allô, nan mais allô, quoi !

« Avec un papa musulman, une maman chrétienne et une grand-mère juive, c’était compliqué. » Une grand-mère juive, serait-ce l’origine de la rumeur ? Or, un papa musulman et une maman chrétienne pourraient difficilement avoir donné naissance à des enfants juifs.

Mais Benattia, n’est-ce pas juif ? Benattia est un patronyme d’Afrique du Nord, sans doute apparenté à Attia (« Ben » signifiant « fils de ») et donc susceptible d’être porté par des Juifs, mais peut-être pas uniquement.

Un certain nombre de patronymes sont portés par des Arabes aussi bien que par des Juifs, comme par exemple Bentata, Bokhobza, Haddad, Tibi, etc. Et comme disait Shakespeare : what’s in a name ?

Nabilla (plus souvent avec un seul « l ») est un prénom donné aux filles dans des familles maghrébines de confession musulmane.

Le nombril de Nabilla
Nabilla Benattia explique : « J’ai des racines algériennes de par mon père et italiennes de par ma mère qui est calabraise ». Elle déclare ne pas avoir de lien avec la religion (laquelle ?) et se sentir davantage italienne parce qu’elle a grandi avec sa mère. Elle ajoute que celle-ci va à la messe. On admettra qu’une Calabraise qui va à la messe n’est sans doute pas juive et que sa progéniture pourrait difficilement l’être, surtout avec un père non juif.

« Si j’étais restée avec mon père, nous dit aussi Nabilla, je ne sais pas où je serais aujourd’hui. En train de faire un tajine ou carrément mariée ? » En l’occurrence, si grand-mère juive il y a, je ne sais si c’est du côté maternel ou paternel. Apparemment ce serait du côté maternel. À moins que ce ne soit que pure invention.

Il faudrait m’expliquer comment on peut être né juif quand on a une mère qui va à la messe et un père musulman.

Côté paternel, si le grand-père avait été juif aussi, le père de Nabilla ne se prénommerait pas Kouthir, il aurait peu de chances d’être algérien (l’Algérie est judenrein depuis un demi-siècle) et il pourrait encore plus difficilement être un fonctionnaire algérien à l’ONU.


Sources : tvmag.lefigaro.fr et terredisrael.com

mercredi 15 janvier 2014

Franco de port et d’emballage

En Espagne, au temps de l’inquisition, les Juifs qui n’avaient pas pu rechercher des cieux plus cléments s’étaient convertis, un bon nombre d’entre eux restant secrètement fidèles à leur identité. Il existe aujourd’hui encore des Espagnols et même des Français méridionaux qui se savent ou se supposent descendants de marranes, et selon certains, c’est ce qui expliquerait que le général Franco, pendant la Seconde Guerre mondiale, ait pris des mesures particulières pour protéger les Juifs pénétrant en territoire espagnol.

Adler y va franco...

Ainsi, Alexandre Adler, qui passe auprès d’un grand nombre de naïfs pour un vrai historien, évoquait un jour à propos de Franco, « né dans une famille de marins », une « origine juive-nouvelle-chrétienne » (sic) qui serait « un secret de Polichinelle ».

De tels propos n'ont pas beaucoup de sens. Tout d’abord, la notion d’origine(s) juive(s) est vague : pour avoir une « origine juive », combien faut-il avoir de parents, de grands-parents ou d’arrière-grands-parents juifs ? À combien de générations faut-il remonter ? Du côté de la mère, du côté du père, ou des deux côtés ?

Je l’ai déjà écrit, la judéité n’est pas un gène qui se baladerait entre les générations, tantôt visible et tantôt caché, sans qu’aucune tradition religieuse et culturelle ne l’accompagne.

En outre, en Espagne, les descendants des marranes étaient voués tôt ou tard à renoncer à leur identité secrète et à s’assimiler complètement au reste de la population. Dans ce contexte, que peut signifier l’expression « nouvelle-chrétienne » ? Et quel rapport avec les marins ? De surcroît, bien rares, ce me semble, ont été les familles juives qui s’y sont installées ou réinstallées depuis la fin du XVe siècle.

Francisco Franco y Bahamonde, dont la mère était « une femme très pieuse » (Wikipedia), fut baptisé dans la paroisse San Francisco du quartier des officiers de Ferrol le 17 décembre 1892. Tout ce que l’on sait de lui indique clairement qu’il était catholique de confession, de culture et de naissance.

Sans compter que durant son règne, l’Espagne ne reconnaissait pas Israël et abritait l’ignoble Darquier de Pellepoix, ancien commissaire aux Affaires juives, condamné à mort par contumace à la Libération. En outre, le judaïsme y était interdit.

Peut-être Franco se connaissait-il des origines marranes, comme la rumeur le dit. C’est très possible. Mais l’idée qu’il l’ait été lui-même n’est que déraison.