Je ne suis ni juif ni allemand. Je suis né en France, à Dijon, de parents français et catholiques. — Gustave Eiffel (paru dans Le Temps et cité par Jill Jones : La Tour, Cherche-Midi, 2014).
Lors de la cérémonie du 14 juillet 2013 à l’ambassade de France en Israël, le président israélien Shimon Pérès, décidément pas à une énormité près, avait cru pouvoir affirmer ceci :
Gustave Eiffel sur son lit de mort |
J’imagine qu’il s’en est fallu de peu que le vieux Shimon ne nous annexe également l’autre artiste français en question, Auguste Bartholdi, l’auteur de la statue de la Liberté. Après tout, Félix Mendelssohn, dont on sait bien qu’il était né de deux parents juifs, ne s’appelait-il pas Bartholdy ?
Sachant que Gustave Eiffel figurait déjà sur ma liste, je peux certifier que Shimon Pérès n’est pas l’inventeur de cette fable.
P.S.: Déjà, à son époque, Eiffel avait été la cible des antisémites, ce qui l’avait conduit à publier dans la presse la réponse citée ci-dessus.
Gustave Eiffel est né sous le nom d’Alexandre Gustave Bönickhausen, un nom qui témoigne d’une origine allemande, mais non pas juive.
Son père s’appelait Alexandre Bönickhausen. Or, comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler à maintes reprises, chez les Juifs, en principe, on ne donne jamais à un fils le prénom de son père.
Quant à la mère d’Alexandre Gustave Bönickhausen-Eiffel, elle s’appelait Catherine Moneuse et elle était la fille de Jean-Baptiste Moneuse et de Jeanne Peuriot. Moneuse et Peuriot ne sont pas des noms portés par des Juifs, sans parler du prénom Jean-Baptiste. C’est assez clair, je pense.
Selon Oury Wesoly, qui m’a précédé dans la dénonciation de ce racontar, la famille de Gustave Eiffel était catholique au moins depuis le XVIIe siècle. Ceci étant, note avec humour Oury Wesoly (mieux inspiré sur ce sujet que sur certains autres), les « complotistes » n’auront pas tout perdu : Eiffel était bel et bien franc-maçon. Ce qui ne l’aura nullement empêché de mourir en chrétien, comme en témoigne la photo ci-dessus.