vendredi 13 janvier 2017

Ionesco sur une liste de Juifs ?

Le nom d’Eugène Ionesco apparaît sur une liste de Juifs publiée sur Internet, allez savoir pourquoi. Comme je l’ai déjà fait remarquer, la cohérence et le bon sens ne sont généralement pas ce qui distingue les personnes qui dressent ce genre de liste.

Eugen Ionescu, dit Eugène Ionesco, portait le même prénom que son père, Eugen Ionescu. Depuis longtemps, je ne compte plus le nombre d’articles dans lesquels j’ai rappelé (notamment à propos de Charlie Chaplin, d’Isaac Newton, de Vladimir Poutine, de Theodore Roosevelt et de la famille Rockefeller) qu’un père et un fils portant le même prénom, c’est contraire à la tradition juive, sauf si le père est mort à la naissance du fils, et c’est donc très rare chez les Juifs.

Eugène fils d’Eugène,
et fils de Marie-Thérèse...

En outre, on sait que lorsque la Roumanie fasciste s’allia avec l’Allemagne nazie, Ionesco fit jouer ses amitiés pour obtenir un poste d’attaché de presse à l’ambassade de Roumanie à Vichy. C’est ainsi qu’en mai 1942, il retourna en France où il s’installa définitivement avec son épouse. Leur unique enfant, une fille, née à Vichy sous Pétain, fut prénommée Marie-France.

Il est vraiment très difficile de s’imaginer qu’un Juif aurait pu faire carrière dans une ambassade de Roumanie en ce temps-là, et de surcroît, à Vichy en 1942.

Par ailleurs, Ionescu est un patronyme roumain typique qui fait référence au prénom Ion (Jean), de la même manière qu’Antonescu fait référence à Anton (Antoine), Nicolescu à Nicolae (Nicolas) et Petrescu à Petru (Pierre).

Eugène Ionescu père, un Roumain de confession chrétienne orthodoxe, avait adhéré au nazisme. Quant à la mère d’Ionesco, Marie-Thérèse Ipcar, il semblerait qu’elle et sa mère aient entretenu à un moment donné des liens étroits avec une certaine famille Abramovici, mais il en faudrait peut-être davantage pour pouvoir envisager la possibilité que soit juive une Marie-Thérèse, fille d’un chrétien luthérien et épouse d’un chrétien devenu nazi.

Enfin, la sépulture d’Eugène Ionesco, au cimetière du Montparnasse, à Paris, est typiquement chrétienne.


Sources : Kronobase, André Le Gall (Ionesco, Flammarion, 2009), Wikipedia

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