jeudi 10 janvier 2013

Jacques Martin, aussi juif que le cuisinier du tsar

Cette recrudescence des rumeurs concernant une supposée judéité de Jacques Martin a de quoi laisser perplexe. Après avoir vérifié ce qu’il en était des différents Jacques Martin répertoriés par Wikipedia, je conclus que c’est bien de l’animateur de télévision qu’il s’agit.

Jacques Martin était le fils de Joannès Martin et de Germaine Ducerf, et il avait été élevé chez les jésuites (Wikipedia). En outre, il avait appelé un de ses fils Jean-Baptiste. Alors, pourquoi certains pensent-ils qu’il était juif ?

... tu es un cerf cornu
Allant par la ville tout chaussé et vestu...

Serait-ce parce qu’il avait épousé un jour la « Juive qui ne l’est pas » Cécilia Ciganer-Albeniz, avant de se la faire « piquer » par le « Juif qui ne l’est pas » Nicolas Sarkozy ? Ou bien, simplement en raison de sa sympathie affichée (et bien réelle) pour le peuple juif ?

À moins qu’il s’agisse d’une confusion entre le nom de sa mère, Ducerf, un patronyme français, et le nom Cerf (francisation de Hirsch), porté par des Juifs ?

Mais encore faudrait-il déjà être allé chercher comment s’appelait sa mère... Et cette recherche, pour quelle raison ?

« Ducerf » : fils du cerf, sobriquet qui devait symboliser les disgrâces conjugales (d’après les cornes de l’animal) (genealogie.com). Nom porté surtout en Saône-et-Loire et dans les environs de ce département. Prénoms les plus courants : Louis, Loys, Jean, Marie, Antoinette, Claude, Françoise, Guillaume, Jeanne, Catherine, Noël, Marguerite.

En outre, Jacques Martin était le petit-fils de Joannès Ducerf, chef de cuisine du tsar Nicolas II de Russie. Imagine-t-on un tsar avoir pour chef de cuisine un Français ? Facilement. Mais un Juif ? Très difficilement. Un Juif qui s’appellerait Ducerf (pas juif comme nom), qui se prénommerait Joannès (pas juif comme prénom), qui serait un maître de la cuisine française (peu crédible), et qui se serait fait recruter par un tsar réputé pour sa politique antisémite ?

Ou alors, la source de la confusion serait-elle la liaison que Jacques Martin a eue un moment avec la comédienne Danièle Évenou, dont le nom fait inévitablement penser à la chanson Hevenou shalom aleic’hem ?

Quand même, qu’est-ce que les gens ne vont pas chercher !

mercredi 9 janvier 2013

Les Rockefeller, juifs ou WASP ?

Dans une conversation sur la conjoncture actuelle ou sur un problème de société, quelqu’un vous sort, comme un cheveu sur la soupe, le nom de Rockefeller : vous pouvez être sûr que dans les trois minutes, il va évoquer le mondialisme, la « finance » (haute, ou mondiale, ou internationale), le cercle Bilderberg, la Trilatérale ou les Illuminati. Ou encore, les chemtrails... ou le Mossad.

Même si votre interlocuteur se garde bien d’employer le mot juif, vous avez affaire, de façon quasiment certaine, à un antisémite conspirationniste, un détraqué qui voit un complot juif derrière le communisme et le capitalisme, derrière les crises économiques et derrière les attentats du 11 septembre, derrière la baisse de son pouvoir d’achat et ses troubles de l’érection (ou sa frigidité)...

Rockefeller sans terre ?

Mais pourquoi Rockefeller ? Eh bien, puisque les Juifs sont riches, c’est bien connu, alors les riches sont juifs ; et les Rockefeller, étant très riches, sont sûrement très juifs !

En fait, l’examen de l’arbre généalogique des Rockefeller montre que le père de la grand-mère maternelle de John Davison Senior était vraisemblablement juif : Abraham Selover (1748-1828), fils d’Isaac Selover et de Sietje Pittenger. En supposant, faute d’information, que son épouse était juive, la grand-mère de John Davison Senior l’aurait été également.

Le reste de son ascendance ne l’était pas. Les racialistes obsessionnels pourront donc considérer que le fondateur de la dynastie avait entre 12,5 % et 25 % de « sang juif ». Nous avons donc au maximum 12,5 % de « sang juif » pour John D. Junior et 6,25 % pour David Senior, ce qui explique certainement leurs idées et leurs orientations politiques.

Mais en supposant que la grand-mère maternelle de John Davison Rockefeller Senior était juive, alors par voie de conséquence, selon la religion juive, sa mère l’était aussi, et donc lui-même l’était également ? Est-ce une question de « sang » ou de religion ? Il faudrait savoir !

Wikipedia, sur John Davison Rockefeller : « Baptiste, sa mère lui apprend très jeune que le devoir de tout chrétien est de donner la dîme au Seigneur. » (Il était aussi avancé, à un moment donné, que sa grand-mère aurait été d’origine française et « portait le nom de Roquefeuille »).

Et plus tard, dans sa vie d’adulte, « [i]l est un fidèle de la congrégation baptiste d’Erie Street […]. La piété est une ligne directrice tout au long de sa vie, et Rockefeller voyait volontiers dans son succès un signe d’élection : « L’argent me vient de Dieu ». Il se sent justifié par la maxime de John Wesley [prêtre et théologien anglican] « Faites de votre mieux, épargnez ce que vous pouvez épargner, donnez tout ce que vous pouvez donner. »

On pourrait l’exprimer dans un meilleur français, mais c’est clair. Le fondateur de la dynastie Rockefeller n’était pas plus juif que Smith et Wesson... je veux dire, Smyth et Wesley.

L’épouse de John Davison Rockefeller Senior s’appelait Laura Spelman, un nom que certains obsédés rapprochent de Spielmann et de ses variantes, mais elle n’était absolument pas juive. Son père, Harvey Spelman, descendait d’une famille de protestants puritains, et sa mère, Lucy Henry, était également chrétienne.

John Davison Rockefeller Junior était le cinquième enfant et le seul fils de John Davison Rockefeller. Il épousa Abby Greene Aldrich, la fille du sénateur Nelson Wilmarth Aldrich. Rien de juif là non plus. David Rockefeller est l’un de leurs six enfants, et le père de David Rockefeller Junior.

John Davison, fils de John Davison... David, fils de David... Ai-je besoin d’ajouter qu’un fils portant le même prénom que son père, c’est tout simplement une tradition étrangère aux Juifs, et absolument contraire aux enseignements du judaïsme ?

dimanche 6 janvier 2013

Vincent Cassel, pas juif...

... et Jean-Pierre Cassel non plus


Cassel est un nom du Nord de la France, issu du latin castellvm (château fort). Il semble qu’il soit parfois porté par des Juifs, je dis bien parfois. Le patronyme Kassel (nom d’une ville d’Allemagne) existe aussi chez les Juifs (ne pas confondre cependant avec Kessel).

Sauf que Vincent Cassel s’appelle en réalité Vincent Crochon. Crochon était aussi le vrai nom de son père, le comédien et danseur Jean-Pierre Cassel. C’est un patronyme français (dérivé de croc ou de crochet), peut-être aussi suisse (signifie croûton de pain). Aucun Juif ne s’appelle Crochon.

Il existe une autre raison pour laquelle on croit que Vincent Cassel est juif, le fait qu’il ait interprété un personnage juif (très moyennement crédible) dans le film La Haine, de Mathieu Kassovitz.

Peut-être certains nigauds croient-ils aussi que Louis de Funès exerçait vraiment le métier de gendarme, ou qu’Arnold Schwarzenegger est réellement un robot ?

Tombe de Jean-Pierre Cassel

Les prénoms les plus courants chez les Crochon sont Marie, Marguerite, Pierre, Louis, Jean, Jeanne, Anne, Joseph, Antoine, François, Jacques, René, Alexandre. On trouve aussi des Crochon-Prévault.

Concernant Jean-Pierre Crochon, dit Jean-Pierre Cassel, le père de Vincent Crochon alias Vincent Cassel, il me semble que sa dernière apparition au cinéma a été dans le rôle d’un père de famille juif.

Mais si la sépulture ci-contre, qui est celle de Jean-Pierre Cassel et de sa famille, est la tombe d’un Juif, je veux bien être changé en tuyau d’orgue.

Enfin, la mère de Vincent Cassel, Sabine Lanfranchi, n’est pas juive non plus. Elle est originaire de Vezzani, en Corse.

Lanfranchi, dérivé de Lanfranc, (du mot franc), est un patronyme français (ou peut-être corse) et les prénoms les plus courants chez les Lanfranchi sont Jean-Baptiste, François, Marie, Joséphine. Il existe aussi des de Lanfranchi.

P.S.: Certains affirment que la mère de Vincent Cassel se serait appelée Sabine Litique (voir les commentaires ci-dessous). Cela ne changerait rien : Litique est un nom vosgien, pas un nom juif. Par ailleurs, il est inutile de chercher plus loin si les indices qui ont pu inspirer la rumeur selon laquelle Vincent Cassel serait juif ne sont pas liés aux origines supposées de sa mère.

Les traqueurs de Juifs devront repasser.


Sources : genealogie.com ; tombes.com ; Wikipedia.