samedi 20 juillet 2024

Arthur signait Rozier

Sachant que des Rosenbaum et des Rozenbaum ont pu changer leur nom en Rosier ou Rozier, certains auront un peu trop rapidement supposé que le député de Paris Arthur Rozier, né en 1870 à Romilly-sur-Seine, était issu d’une famille juive ayant francisé son nom.

Cet Arthur Rozier dont je parle, c’est celui dont une rue de Paris porte le nom, dans le XIXe arrondissement.

L’important c’est le Rosier.

Il signait Rozier mais son nom de naissance était Rosier. Rosier est bien évidemment, avant tout, un nom français, et sa variante Rozier également.

Les prénoms qui apparaissent sur Geneanet, un site internet de généalogie, ne laissent pas supposer que la plupart des gens qui portent ce nom seraient des Juifs.

Son père s’appelait Nicolas Rosier et sa mère, Armantine Bersonnet. Voulez-vous savoir aussi comment s’appelait sa femme ? Henriette Marie Anne Leleu.

En consultant le site Filae, on peut constater que jusqu’au milieu du XXe siècle, tous les Bersonnet étaient nés dans le département de l’Aube.

Bersonnet : « diminutif de berson, dérive du vieux nom d’origine germanique bers, issu de la racine ber qui signifie ours, ancien surnom de guerrier devenu patronyme. » Selon un autre site Web, ce nom de famille français serait dérivé du prénom Bertrand et pourrait donc désigner un « descendant de Bertrand ».

Bref, Arthur Rozier n’était pas juif du tout.


Sources : Ancestry ; Filae ; Geneanet ; Le Maitron ; Milleniumtree ; Signification-noms-prénoms ; Wikipedia, sur Arthur Rozier et sur la rue Arthur Rozier.

jeudi 18 juillet 2024

Pourquoi ai-je entendu dire que Turing était juif ?

Est-ce parce que c’était un génie ? Pourtant, je vous assure, les génies ne sont pas toujours juifs. J’ai même fait valoir sur ce blog que Leonard de Vinci, par exemple, ne l’était pas. Pas plus que Charlie Chaplin ou Franz Schubert.

Les parents d’Alan Turing s’appelaient Julius Mathison Turing et Ethel Sarah Stoney. Turing et Stoney ne sont pas des patronymes susceptibles d’être portés par des Juifs.

Une rue Alan Turing à Herzliya !

En ce qui concerne les deux prénoms de la mère d’Alan Turing, j’ai déjà expliqué à plusieurs reprises, à l’attention de ceux de mes lecteurs les moins instruits, que les protestants anglo-saxons donnaient volontiers des prénoms bibliques à leurs enfants.

Ethel Sarah Stoney était la fille de Sarah Crawford, dont les deux parents s’appelaient Crawford. Est-ce que Cindy Crawford, de son vrai nom Cynthia Ann Crawford, fille de Daniel Crawford et de Jennifer Walker, est juive ? Non, absolument pas.

Et Terence Crawford ? Pas davantage, et pour cause : Crawford n’est pas non plus un patronyme « à consonance juive ». En outre, le grand-père de Sarah Crawford, George Crawford, était pasteur.

Plus loin dans la généalogie côté maternel, outre les Crawford, nous avons des noms comme West, Hagarty, Conway et Nangle. Il semble que le nom de jeune fille de l’arrière-grand-mère maternelle de Sarah Crawford, laquelle apparaît dans l’arbre généalogique sous le nom de « Catherine NN », ne soit pas connu.

On ignore quel était le patronyme de l’arrière-arrière-arrière-grand-mère en lignée matrilinéaire d’Alan Turing ! Damned !


Sources : Geneanet ; Geneastar.

mardi 16 juillet 2024

La généalogie de Ségolène Royal

La facilité avec laquelle certains prêtent une identité juive à des célébrités est stupéfiante. Pour Nicolas Sarkozy, il aura suffi qu’il ait un grand-père juif et pour François Hollande, qu’il porte un nom de pays.

Et pour Ségolène Royal ? Est-ce parce qu’elle a été la compagne d’un homme qui portait un nom de pays ?

Avec son digne homologue israélien.

À moins que ce soit en raison de certains noms qui apparaissent dans son arbre généalogique en remontant à quatre ou cinq générations ?

Ou bien, parce qu'on aura entendu dire qu’elle est une cousine éloignée de Dominique Strauss-Kahn ?

Côté paternel, Marie Ségolène Royal, de son vrai nom, est la fille d’un lieutenant-colonel d’artillerie de marine, Jacques Royal, et la petite-fille d’un général de brigade du 44e régiment d’artillerie, Florian Auguste Émile Royal. Sa grand-mère s’appelait Marie-Thérèse Carage.

C’est parmi les ascendants de son grand-père maternel Henri Dehaye qu’on trouve des Zimmermann, des Klein et des Marcus, les noms auxquels je faisais allusion.

Or, ce sont des noms à consonnance germanique qui peuvent être portés aussi bien par des Alsaciens chrétiens que par des Juifs, ou encore, parfois, par des personnes ayant eu un aïeul juif.

Surtout qu’outre les Dehaye, on y trouve également des noms comme Blondin, Mercier, Rouis, Pauly, etc.

La mère de Ségolène Royal, Hélène Dehaye, était la fille d’Henri Dehaye et de Jeanne Simon-Boisliboult, elle-même fille d’Octave Auguste Simon-Boisliboult et de Blanche Pregent. Côté Simon, on rencontre un Jean-Baptiste et une Marie-Madeleine et côté Pregent, des patronymes comme Benoît, Leroy et Lemaître.

J’ose supposer que je n’ai pas besoin de remonter jusqu’au XVIIe siècle dans sa généalogie pour pouvoir conclure à l’absurdité du racontar qui nous occupe ?


Sources : Atlantico ; Geneanet ; Wikipedia.

lundi 15 juillet 2024

Alain Émile Louis Marie Poher

Une fois de plus, je ne peux que spéculer sur les raisons possibles, toutes mauvaises, pour lesquelles j’ai vu récemment quelqu’un écrire que l’homme politique français Alain Poher était juif.

La terminaison en « -er » ? En fait, peu importe la raison, la connaître n’aurait pas grand intérêt. Il n’y a même pas lieu de parler de raison. Le mot déraison serait plus adéquat.

C’est pourtant gravé dans le marbre.

Alain Émile Louis Marie Poher était le fils d’Ernest Rémy Clovis Poher (lui-même fils de Jules Poher et de Marie Bour) et de Louise Souriau (elle-même fille de Louise Aglaé Foucher, laquelle était la fille de Marie Rosalie Bourdin).

En fait, la seule présence du prénom Marie dans son état-civil suffit à prouver, s’il en était besoin, qu’Alain Poher n’était pas juif.

En effet, comme je l’ai déjà expliqué à propos d’Etienne Ader, de Jean-Louis Borloo, de Joris-Karl Huysmans et d’Alain Juppé, donner à un enfant un prénom de l’autre sexe est absolument contraire aux prescriptions du judaïsme et par voie de conséquence, à la tradition juive.

D’autre part, et là encore je me répète, lorsque ce prénom est donné à un garçon, il s’agit invariablement d’une référence à la Vierge Marie, mère de Jésus-Christ.

En outre, il se trouve que j’ai parmi mes amis un Poher qui est apparenté à l’homme politique et qui m’a confirmé les origines bretonnes des personnes qui portent ce nom.

Et enfin, la sépulture de l’intéressé est à l’évidence une sépulture très chrétienne.


Sources : Cimetières de France et d’ailleurs ; Geneastar ; Match ID ; Eric-Alexandre Poher, entretien avec l’auteur ; Wikipedia.

mercredi 10 juillet 2024

Pas juif que je sache, Schacht

Parmi les commentaires stupides et déplacés que je déplace dans ma corbeille, ou plus exactement dans mes spams, au cas où me viendrait un jour l’envie de publier un formidable bêtisier, il y a eu un jour celui d’un individu sans doute peu recommandable qui prétendait que Hjalmar Schacht était juif. Comme si l’on pouvait imaginer qu’un ministre du IIIe Reich aurait pu l’être.

Hitler et son cher argentier

Quels furent exactement les liens de Schacht avec le nazisme ? Au début des années trente, il se rapprocha du parti nazi, sans toutefois y adhérer. En 1931, lors d’un dîner auquel il était invité par Hermann Göring, il rencontra Hitler. En 1932 et au début de 1933, il participa activement à la campagne des nazis pour porter Hitler au pouvoir.

Il est vrai que par la suite, il s’éleva contre les persécutions orchestrées contre les Juifs en Allemagne. Après la Nuit de Cristal, il suggéra à Hitler d’utiliser d’autres moyens pour « se débarrasser des Juifs ».

Loin d’être inquiété en raison de ses prises de position, certes pas foncièrement hostiles à une politique antisémite, il devint ministre du Reich.

Au procès de Nuremberg, Schacht fut acquitté en dépit des objections des Soviétiques. Par la suite, un tribunal allemand de dénazification le condamna à une lourde peine, mais il obtint gain de cause en appel.

Hjalmar Schacht était le fils de William Leonhard Ludwig Maximillian Schacht et de la baronne Constanze Justine Sophie von Eggers. Naturellement, Schacht et von Eggers ne sont pas des noms qui pourraient inspirer cette idée ridicule d’une ascendance juive le concernant.


Sources : Wikipedia en français et en anglais.

jeudi 13 juin 2024

Sylvester Stallone, aussi juif que breton

La judéité de Sylvester Stallone est encore un bobard, un bobard de plus, un énième bobard que j’ai récolté sur Facebook.

Parce qu’il s’est déclaré solidaire d’Israël ? Ou parce que le film Rambo III a été tourné en Israël ? Ou plutôt, je pense, parce que son grand-père maternel était juif et qu’il n’en faut pas davantage, comme on l’a vu maintes fois dans mes articles précédents... comme s’il suffisait d’avoir un grand-parent juif pour l’être aussi.

Rambo et Bergo... Ramboglio ?

Concernant ses origines, Sylvester Gardenzio (Enzio) Stallone est d’ascendance italienne du côté de son père, Francesco Stallone, né à Gioia del Colle, province de Bari, dans les Pouilles. Son père n’était pas juif.

Sa mère, Jacqueline Labofish, citoyenne américaine, était née d’un père juif américain d’origine ukrainienne, John Paul Labofish et d’une mère bretonne et catholique, native de Brest, nommée Jeanne Clérec.

Sylvester Stallone avait donc un grand-père juif, certes, mais ses trois autres grands-parents ne l’étaient pas. Avec une grand-mère bretonne, dirait-on qu’il est breton ?

En outre, il a été baptisé en tant que catholique. En 2023, il a rendu visite au pape François au Vatican avec sa femme, ses trois filles et son frère.


Sources : Geneastar ; Ouest France ; Storie di famiglia ; Wikipedia.

samedi 8 juin 2024

Le cas Helmut Schmidt, ou quand les chrétiens d’avant-hier faisaient les nazis d’hier qui allaient faire les socio-démocrates d’aujourd’hui

Le président Giscard d’Estaing aurait révélé un jour à des journalistes, apparemment avec l’accord d’Helmut Schmidt, que le père de celui-ci, Gustav Ludwig Schmidt, avait été l’enfant naturel d’un homme d’affaires juif allemand, Ludwig Gumpel.

L’ancien chancelier allemand aurait donc eu un grand-père biologique juif. Il n’en aura pas fallu davantage pour que coure le bruit qu’il était juif lui-même.

Moi aussi je fais des théorèmes.

Si Helmut Schmidt avait été juif, aurait-il pu être l’auteur d’un livre intitulé Als Christ in der politischen Entscheidung (1976) ? Ce livre a été publié en français sous un titre traduit de façon littérale, Un chrétien face aux choix politiques (Le Centurion, 1980).

Surtout, aurait-il pu être enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes, puis servir dans la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale ?

Helmut Heinrich Waldemar Schmidt était né dans une famille luthérienne. Il était le fils de Ludovica Koch et de Gustav Ludwig Schmidt. On ne connaît pas d’ascendants juifs à Ludovica Koch, dont les parents étaient Johann Heinrich Koch et Anna Margarete Klippel, ni à la mère de Gustav Ludwig Schmidt, Friederike Wenzel, laquelle était la fille de Reinhard Wenzel et de Friederike Voss.

Chef de groupe (Scharführer) au sein des Jeunesses hitlériennes jusqu’en 1936, Helmut Schmidt s’était marié dans son pays en 1942, année durant laquelle des documents mentionnaient son « comportement national-socialiste impeccable ». Il eut droit à des louanges analogues deux ans plus tard, de la part de ses supérieurs.

Ceux qui font cas des « origines juives » d’Helmut Schmidt ou qui vont jusqu’à lui prêter une identité juive seraient bien inspirés de cesser de délirer.


Sources : Libération ; Wikipedia en français et en anglais, et sources afférentes.

mercredi 5 juin 2024

Madonna et la Kabbale

Quand j’étais petite, nous avions des crucifix partout dans la maison, pour rappeler que Jésus-Christ est mort sur la croix pour nous. Les crucifix sont un vestige de mon enfance, comme un doudou. J’ai aimé leur apparence et ce qu’ils symbolisaient, avant même qu’ils ne soient à la mode. J’achète le mien dans les bodegas espagnoles, où ils ont des chapelets de toutes les couleurs. J’en ai un très long qui paraît blanc à la lumière, mais qui brille dans le noir [...] — Madonna, Interview pour le magazine musical SPIN (1985), traduction Google.

Son appartenance religieuse,
qui l’eût crue si fixe ?

Si certains ont affirmé que Madonna était juive, c’est tout simplement parce qu’elle a été un certain temps adepte du Centre de la Kabbale.

Or, qu’est-ce que le Centre de la Kabbale ? Une sorte de club mondain créé par un certain Philip Berg, un agent d’assurance reconverti en faux rabbin qui prétendait mettre les secrets de la Kabbale à la portée du tout-venant, ou plus exactement à la portée des stars fortunées attirées par les colifichets ésotériques et mystiques.

Dans la tradition juive, l’étude de la Kabbale est réservée aux talmudistes érudits, mais le moins qu’on puisse dire est qu’aujourd’hui comme hier, les charlatans font toujours recette.

Madonna Louise Ciccone est la fille de Silvio Anthony Ciccone et de Madonna Louise Fortin. Ciccone et Fortin ne sont pas des patronymes portés par des Juifs.

En outre, on peut remarquer qu’elle a reçu les mêmes prénoms que sa mère : comme j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire, une telle manière de nommer son enfant est absolument contraire à la tradition juive.

Élevée dans un milieu « strictement » catholique, Madonna avait pris comme prénom de confirmation Veronica, en référence à sainte Véronique.


Sources : SPIN ; Wikipedia.

vendredi 31 mai 2024

La religion et les origines d’Omar Sharif

Dans quel film a-t-il joué le rôle d’un Juif ? Dans Funny Girl, de William Wyler, ainsi que dans Funny Lady, d’Herbert Ross, qui en était la suite. Sa partenaire dans ces deux films était Barbra Streisand. Je suppose qu’il est inutile de chercher plus loin ?

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire, notamment à propos de Vincent Cassel, d’Henri Guybet et de Bruno Solo, il suffit qu’un acteur incarne un personnage juif pour que certains benêts s’imaginent qu’il l’est.

Avec Barbra Streisand
dans Funny Lady

Or, Omar Sharif est arabe dans Lawrence d’Arabie, arménien dans Mayrig, russe dans Le Docteur Jivago, italien dans Le Rendez-vous, perse dans Esther, reine de Perse, mongol dans Genghis Khan, argentin dans Che !...

Autant dire qu’au cinéma, Omar Sharif est tantôt juif, tantôt musulman, tantôt chrétien de l’Église arménienne, tantôt chrétien orthodoxe, tantôt catholique, tantôt mazdéiste, tantôt tengriste...

... et plus souvent chrétien ou musulman que juif, si je puis me permettre.

Dans les pays arabes, on l’appelle souvent Omar El-Sharifa. Et son fils s’appelle Tarek El-Sharif.

Son vrai nom était Michel Dimitri Shalhoub. Il était né à Alexandrie dans une famille chrétienne de rite melkite et d’origine syro-libanaise.

En 1955, il s’était converti à l’islam pour pouvoir épouser l’actrice égyptienne Faten Hamama, mais par la suite il avait divorcé. En fait, il n’a jamais été croyant et a déclaré être agnostique. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été juif de sa vie.


Sources : Wikipedia et sources afférentes.

mercredi 29 mai 2024

Juliette Gréco, fille de déportée

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Juliette Gréco et sa sœur furent arrêtées par la Gestapo. Sa sœur et sa mère furent déportées à Ravensbrück.

Serait-ce la raison pour laquelle certains ont cru qu’elle était juive ? Ou bien, aura-t-on supposé que Gréco, à l’instar de Romano, Russo et Franco, était un patronyme porté par des Juifs ?

Naissances des Lafeychine

Or, sa mère avait été arrêtée en tant que résistante, pas en tant que juive, ce qu’elle n’était pas. Elle s’appelait Juliette Lafeychine et était originaire de la région de Bordeaux. En termes de naissances, on peut effectivement constater une nette prédominance des Lafeychine en Gironde.

Juliette Lafeychine était la fille de Charlotte Gaubrie, elle-même fille de Guillaume Gaubrie et de Catherine Lamothe. Il n’y a là aucun « nom juif ».

Quant au père de Juliette Gréco, Gérard Gréco, il était d’origine corse. Il était le fils de Laurent Gréco et de Marie-Irène Lamoretti. À propos de la légende selon laquelle beaucoup de Corses seraient d’origine juive, voir le dernier paragraphe de mon article sur Marie-Dominique Culioli.

On aura noté que Juliette Gréco avait reçu le prénom de sa mère. Une telle chose est tout à fait contraire à la tradition juive. Par ailleurs, la jeune Juliette avait été mise dans « une pension catholique rigoureuse » avant la guerre.

Enfin, en septembre 2020, une cérémonie était organisée pour ses obsèques en l’église de Saint-Germain-des-Prés, ce qui confirme qu’elle était de confession catholique.


Sources : Avis de décès ; Filae ; Geneanet sur le nom Lafeychine et Geneanet sur Juliette Lafeychine.