vendredi 22 juin 2018

Juif, Roger Auque ? Oh, que non !

« Je suis une sorte de bobo, anarchiste de droite. [...] favorable aux 35 heures, parce que dans ma jeunesse j’ai bossé en usine sur une fraiseuse. Pour [...] la défense de la République et des valeurs chrétiennes. » — Roger Auque (lemonde.fr, 4 mars 2008)

Dans ses mémoires posthumes commencés quelques mois avant sa mort, Au service secret de la République (Fayard, 2015), Roger Auque déclare : « J’ai été rémunéré par les services secrets israéliens pour effectuer des opérations en Syrie, sous couvert de reportage. » Je ne crois pas devoir chercher ailleurs la raison pour laquelle un bruit court que ce journaliste était juif. Comme si les services secrets ne rémunéraient jamais des étrangers...

Plus d’un État de service...

Or, il avait également offert ses services à la DGSE, la centrale française d’espionnage et de contre-espionnage.

Fils d’un assureur de Roubaix qui était gaulliste de gauche et ancien d’Indochine, Roger Auque avait choisi, dans le cadre de ses études, d’apprendre l’arabe.

Dans les années quatre-vingt, il était correspondant de guerre au Liban : « Je me suis retrouvé à combattre du côté chrétien, avec une myriade de jeunes de mon âge, dit-il, des Libanais mais aussi des Américains et des Français un peu fascisants qui combattaient les musulmans progressistes. » On imagine mal un Juif dans ce milieu.

En 1987, enlevé par le Hezbollah, il avait été retenu en otage pendant près d’un an. Son sort aurait sans doute été pire s’il avait été juif, mais heureusement pour lui, il n’était pas plus juif que ses collègues Jean-Louis Normandin et Jean-Paul Kauffmann.

De 2003 à 2007, Roger Auque avait été correspondant permanent à Bagdad, puis à Beyrouth, après quoi il était devenu rédacteur en chef sur la chaîne de télévision franco-marocaine Medi 1 Sat, à Tanger. Là encore, on imagine mal un Juif dans ce milieu.

En décembre 2009, il était nommé ambassadeur de France en Érythrée. Là encore...

En 2013, le magazine L’Express révélait que Roger Auque était le père biologique de Marion Maréchal-Le Pen, ce que celui-ci a lui-même confirmé dans ses mémoires posthumes. Imagine-t-on un Juif avoir une relation intime avec une des filles de Jean-Marie Le Pen ?

Laissons à l’intéressé le mot de la fin : « Je n’étais pas baptisé et ma famille était plutôt anticléricale. Mais je suis devenu croyant et profondément chrétien. »


Sources : Roger Auque et J.-M. Verne, Au service secret de la République (Fayard, 2015), lefigaro.fr, lemonde.fr, linternaute.com, Wikipedia.

mardi 19 juin 2018

Pourquoi Jacques Calvet serait-il juif ?

C’est au siège même du groupe PSA (Peugeot-Citroën), avenue de la Grande Armée, à Paris, qu’un collègue de travail, salarié de la maison mère, m’avait affirmé que le PDG, Jacques Calvet, était juif. C’était vers la fin des années quatre-vingt. Jacques Calvet avait certes un type assez méridional, pour ne pas dire « sémite », mais comme le collègue en question semblait très peu au fait de ce que signifie être juif et cultivait notamment la croyance que « les Juifs se cooptent entre eux », j’avais de bonnes raisons de rester sceptique.

La France des Calvet
nés entre 1891 et 1915

Dans un article consacré à Jacques Calvet en juillet 1997, le magazine L’Express en ligne, qui mettait en avant « son côté grand commis de l’État », « son souci de l’intérêt national » et son « ambition de servir », soulignait le nombre important de fonctionnaires dans l’histoire de sa famille : « Casimir, le grand-père, était proviseur du lycée Michelet, à Vanves. Orphelin d’un capitaine d’infanterie de marine mort de la fièvre jaune à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), il avait été élevé par un député radical du Nord. »

Les parents de Jacques Calvet s’appelaient Louis Calvet et Yvonne Olmières. Une recherche étymologique permet de savoir que le nom Calvet est le diminutif du mot latin calvus (chauve), qu’il est « notamment porté dans le Tarn et les Pyrénées-Orientales » et qu’il a été « utilisé au Moyen-Âge comme nom de baptême : le cartulaire de l’abbaye Saint-Sernin de Toulouse comporte une quinzaine de personnes prénommées Calvetus ».

Calvet était aussi le nom d’un moine bénédictin, Dom Gérard Calvet, et d’un évêque, Michel-Marie Calvet. On peut lire également que ce même diminutif « se rencontre en Italie sous les formes Calvetto, Calvetti (Piémont, Lombardie) », et que « Calvet et sa variante Chauvet peuvent aussi être des toponymes, avec le sens de sommet dénudé. »

Olmières est également un nom de la région du Tarn, avec des variantes comme Olmière, Ormières, Ourmières, Hourmières, etc.

Par conséquent, même si l’on sait peu de choses sur l’histoire familiale de Jacques Calvet, on peut au moins affirmer que ni le nom de son père ni le nom de sa mère ne suggèrent une ascendance juive.


Sources : L’Express, filae.com, geneanet.org, 123genealogie.com, geneanet.org (généalogie).

dimanche 3 juin 2018

Maurice Paléologue, qu’aurait été son vrai nom ?

Il fallait bien qu’un jour où l’autre, quelqu’un ait l’idée de se hasarder à affirmer que Maurice Paléologue était juif.

On sait que cet homme a laissé d’importantes notes sur l’affaire Dreyfus, mais comme indice de judéité, le moins qu’on puisse dire est qu’il doit être possible de trouver quelque chose de plus probant.

Tombe de Maurice Paléologue

Ainsi, par exemple, Maurice est bien, dans le milieu francophone, le prénom usuel des « Moshé » (voir cependant mon article sur Maurice Ravel), et le patronyme Paléologue semble tellement peu naturel qu’il est tentant de se dire que c’est un nom changé.

Serait-ce un nom de métier ? Ce nom évoque irrésistiblement l’archéologue ou le paléontologue, mais vérification faite, le mot « paléologue » n’existe pas.

Dans son livre Pétain en vérité (Tallandier), l’historien Marc Ferro, lui aussi, prête à Maurice Paléologue une identité juive.

Maurice Paléologue a cependant eu une carrière de diplomate français dans laquelle il serait vraiment difficile d’imaginer un Juif, pour quiconque connaît un tant soit peu l’histoire de cette filière et de ce milieu.

En réalité, Paléologue était son vrai nom et le vrai nom de son père. Maurice Paléologue était le fils d’Alexandre Paléologue, chrétien orthodoxe et descendant hypothétique de la lignée des princes chrétiens de Constantinople, et de Frédérique de Ridder, elle-même fille de Gustave de Ridder et d’Armande Césarine Georges.

Aucun de ces noms ne suggère une ascendance juive, la tombe de Maurice Paléologue est recouverte d’une énorme croix chrétienne et l’on sait aussi que le personnage était ouvertement antisémite : dans le visage de Dreyfus, il prétendait reconnaître « un trait juif indélébile » (sic) et de façon plus générale, il prêtait aux Juifs « des défauts héréditaires, des passions mauvaises […] » (sic) et des « préjugés talmudiques » (sic).


Sources : cjfai.com, debriefing.org, Marc Ferro (ibid.), geneanet.org, landrucimetieres.fr, Wikipedia.

vendredi 1 juin 2018

Frank Sinatra, pas plus juif qu’Elvis Presley

Frank Sinatra avait un jour déclaré que sa mère pensait être « moitié italienne et moitié juive ». En réalité, celle-ci envisageait simplement la possibilité d’avoir des ancêtres juifs, sachant que sa famille était originaire de Gênes.

Est-ce que les Génois sont tous juifs, ou étaient tous juifs à une certaine époque ? Sans doute pas, mais madame Sinatra mère ajoutait un second indice : « Je suis intelligente, et c’est de là qu’ils venaient, d’où je viens ».

My way... to make my point

Ceux qui font courir le bruit que Frank Sinatra était juif, se fondent-ils simplement sur ce qui précède ? Et sinon, sur quoi d’autre ? En vérité, on serait bien en peine de trouver un élément plus probant.

Frank Sinatra, né Francis Albert Sinatra, était le fils d’Anthony Martin Sinatra, né Saverio Antonino Martino Sinatra, d’origine sicilienne, et de Natalie Della Garavanti, originaire de Ligurie.

On sait aussi que le fameux crooner américain d’origine italienne avait été élevé dans la religion catholique. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a là rien de surprenant.

Quels prénoms Frank Sinatra et sa première épouse, Nancy Barbato, ont-ils donnés à leurs enfants ? À leur première fille, Nancy ; et à leur fils, Frank. Or, comme je l’ai mentionné dans mes articles précédents, donner à un enfant le prénom de son parent vivant (père ou mère) est étranger à la tradition juive.

Enfin, sur la stèle mortuaire de Frank Sinatra, comme sur celle de son père, on ne peut pas manquer de remarquer la croix chrétienne (juste au milieu - cliquez sur la photo pour l’agrandir).

Le site américain Jew Or Not Jew attribue à Frank Sinatra un score particulièrement faible de 4, décomposé comme suit : 0 pour les origines juives, 0 pour la ressemblance avec un Juif et 4 pour le regret qu’il n’ait pas été juif. Apparemment, les administrateurs de ce site n’ont pas pris du tout au sérieux les suppositions vagues de la mère de Frank Sinatra.


Sources : Wikipedia en français, en anglais, Google (images), Jew Or Not Jew.

mardi 29 mai 2018

Anne Hidalgo, une Juive espagnole à la mairie de Paris ?

« Hidalgo, hijo de algo. En français, fils de quelqu’un, de noble descendance chrétienne, sans mélange de sang. » (sic) — France-Soir (16 octobre 2006).

Sur Facebook, à propos de ces personnalités juives de France qui « crachent sur Israël », quelqu’un citait, entre autres, « Anne Hidalgo qui rend hommage à Arafat ». Allez savoir pour quelle raison cet intervenant prêtait une identité juive à la mairesse de Paris.

Pas elle, là !

Elle est certes très brune et typée, comme un certain nombre d’Espagnoles susceptibles d’avoir des ancêtres marranes... ou arabes !

Anne Hidalgo, née Ana María Hidalgo Aleu en 1959 à San Fernando, est « originaire d’un village près de Cadix ». Son père, Antonio Hidalgo, ouvrier électricien, engagé à 17 ans dans la marine marchande, syndicaliste et sa mère Mary (Marie) née Aleu, couturière, émigrent en France et s’y installent en 1961, avec leurs deux filles, Marie et Ana (Anne).

On remarquera que la fille aînée des Hidalgo se prénomme comme sa mère. En outre, le prénom Marie, dans un cas comme dans l’autre, fait très vraisemblablement référence à la mère de Jésus-Christ.

Passons sur le fait que le mari d’Anne Hidalgo, Jean-Marc Germain, n’est certainement pas juif.

« Fan d’Almodovar, de Luz Casal et de flamenco, amoureuse de la paella et du gaspacho, lectrice dévouée d’Alberti et de Garcia Lorca, amie de Carmen Maura, de Rossy de Palma, de Blanca Li, et de toute l’intelligentsia espagnole installée sur les bords de Seine, la nouvelle maire [sic] vit dans le XVe arrondissement parisien mais n’a jamais renoncé à ses racines. » — El Mundo, cité par Slate.

On voit bien que les racines auxquelles Anne Hidalgo semble très attachée sont des racines espagnoles, et non pas des racines juives, ni juives espagnoles.

Dans une interview accordée à Actualité Juive en octobre 2017, elle déclare : « J’ai toujours été là, dans les bons moments mais aussi dans les pires que nous ayons traversés ensemble, et je me sens extrêmement fidèle dans mon engagement de maire de Paris [face] à une communauté qui joue ce rôle si important dans notre République. » Comme je l’ai écrit à propos de Michèle Alliot-Marie, de tels propos, aussi chaleureux soient-ils, reflètent un point de vue extérieur à ladite communauté.

Le 13 juillet 2010, la mairesse de Paris a été promue « commandeure » (sic) de l’ordre d’Isabelle la Catholique, une « reine très chrétienne détestée par la communauté juive » comme le rappelle le site libertesinternet à l’attention de ceux qui se seraient imaginé qu’Anne Hidalgo est juive.


Sources : ActuJ, libertesinternet, parismatch.com, slate.fr, Wikipedia.