Le 13 avril 2021, le site internet Dreuz.info reproduisait un article de Cécile Pilverdier, auparavant publié sur le site internet Un écho d’Israël et repris par l'Amitié judéo-chrétienne de France (ACJF), consacré à l’histoire de l’hymne national israélien. L’article commençait ainsi : « En 1824 à Prague, naît un Juif nommé Bedrich Smetana… »
Le fameux thème de « La Moldau » est censé avoir inspiré la Hatikva : cela suffit-il pour affirmer que Smetana était juif ? L’auteur précisait tout de même que Smetana s’était inspiré d’une « ritournelle populaire ».
En fait, il s’agit d’une de ces mélodies qui ont traversé le temps et qui ont été utilisées par divers compositeurs. L’hymne israélien aurait pu tout aussi bien avoir été inspiré par la Chanson des marins du Pavot rouge du compositeur russe Reinhold Morizovitch Gliere. Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de morceau de musique inspiré, directement ou non (et notamment dans les pays de l’Est), de La Mantovana, un chant déjà repris par Gasparo Zanetti en 1645 et attribué à Giuseppe Censi – ce qui nous fait remonter à l’Italie du tout début du XVIe siècle, au bas mot.
Il semble que l’auteur de l’article se soit référé à un article d’Avner Avrahami paru le 11 février 2004 dans le journal israélien Haaretz, dans lequel il est mentionné qu’un certain Yitzhak Smetana, citoyen israélien, serait un descendant du compositeur.
Que sait-on des origines et de la religion de Smetana ? On sait au moins, si l’on s’est donné la peine d’effectuer une petite recherche (et si, à défaut de connaître le tchèque, on sait se servir de Google Traduction), qu’il était né en 1824 à Litomyšl – et non pas à Prague – et avait été nommé non pas Bedrich, mais Fridrich, et baptisé (sous ce nom).
On sait aussi que le jeune Fridrich, devenu Bedrich, avait chanté des solos de soprano dans une église.
On sait également que ses obsèques ont eu lieu en l’église Notre-Dame de Tyn, à Prague, et que la date de sa mort est consignée dans le registre des décès et des sépultures de la paroisse de l’église St. Apolináře, dans la nouvelle ville de Prague.
La sépulture de Smetana, même si elle ne comporte aucune croix, n’a rien de juif.
On peut remarquer que sur un portrait de sa mère, Barbora Smetanová, née Lynková, celle-ci porte en pendentif une croix carrée. Ajoutons qu’elle était de la famille de Jiří Ignác Linek, musicien connu en particulier pour ses pastorales de Noël.
Par ailleurs, un daguerréotype nous montre une des filles de Smetana, Žofia Smetanová, arborant en pendentif une grosse croix chrétienne.
Après avoir perdu sa femme et trois de ses quatre filles, Bedrich Smetana s’est installé à Göteborg, en Suède, en 1856 et y a séjourné jusqu’en 1863.
Là, il aura notamment dirigé le chœur de la synagogue et aura eu une liaison avec l’une des deux filles du cantor. Celle-ci lui aura donné deux fils.
Voilà qui explique que Smetana ait pu avoir des descendants juifs et israéliens.
De là à écrire que serait né en 1824 « un Juif nommé Bedrich Smetana »…
Sources : ACJF ; Dreuz.info ; Haaretz ; Wikipedia, sur Jiří Ignác Linek, sur La Mantovana et sur Smetana, en français et en tchèque.
Le fameux thème de « La Moldau » est censé avoir inspiré la Hatikva : cela suffit-il pour affirmer que Smetana était juif ? L’auteur précisait tout de même que Smetana s’était inspiré d’une « ritournelle populaire ».
Barbora Smetanová, la mère d’un Juif ? |
Il semble que l’auteur de l’article se soit référé à un article d’Avner Avrahami paru le 11 février 2004 dans le journal israélien Haaretz, dans lequel il est mentionné qu’un certain Yitzhak Smetana, citoyen israélien, serait un descendant du compositeur.
Notre-Dame de Tyn (© MR) |
On sait aussi que le jeune Fridrich, devenu Bedrich, avait chanté des solos de soprano dans une église.
On sait également que ses obsèques ont eu lieu en l’église Notre-Dame de Tyn, à Prague, et que la date de sa mort est consignée dans le registre des décès et des sépultures de la paroisse de l’église St. Apolináře, dans la nouvelle ville de Prague.
La sépulture de Smetana, même si elle ne comporte aucune croix, n’a rien de juif.
Žofia Smetanová, la fille d’un Juif ? |
Par ailleurs, un daguerréotype nous montre une des filles de Smetana, Žofia Smetanová, arborant en pendentif une grosse croix chrétienne.
Après avoir perdu sa femme et trois de ses quatre filles, Bedrich Smetana s’est installé à Göteborg, en Suède, en 1856 et y a séjourné jusqu’en 1863.
Là, il aura notamment dirigé le chœur de la synagogue et aura eu une liaison avec l’une des deux filles du cantor. Celle-ci lui aura donné deux fils.
Voilà qui explique que Smetana ait pu avoir des descendants juifs et israéliens.
De là à écrire que serait né en 1824 « un Juif nommé Bedrich Smetana »…
Sources : ACJF ; Dreuz.info ; Haaretz ; Wikipedia, sur Jiří Ignác Linek, sur La Mantovana et sur Smetana, en français et en tchèque.