vendredi 31 mai 2024

La religion et les origines d’Omar Sharif

Dans quel film a-t-il joué le rôle d’un Juif ? Dans Funny Girl, de William Wyler, ainsi que dans Funny Lady, d’Herbert Ross, qui en était la suite. Sa partenaire dans ces deux films était Barbra Streisand. Je suppose qu’il est inutile de chercher plus loin ?

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire, notamment à propos de Vincent Cassel, d’Henri Guybet et de Bruno Solo, il suffit qu’un acteur incarne un personnage juif pour que certains benêts s’imaginent qu’il l’est.

Avec Barbra Streisand
dans Funny Lady

Or, Omar Sharif est arabe dans Lawrence d’Arabie, arménien dans Mayrig, russe dans Le Docteur Jivago, italien dans Le Rendez-vous, perse dans Esther, reine de Perse, mongol dans Genghis Khan, argentin dans Che !...

Autant dire qu’au cinéma, Omar Sharif est tantôt juif, tantôt musulman, tantôt chrétien de l’Église arménienne, tantôt chrétien orthodoxe, tantôt catholique, tantôt mazdéiste, tantôt tengriste...

... et plus souvent chrétien ou musulman que juif, si je puis me permettre.

Dans les pays arabes, on l’appelle souvent Omar El-Sharifa. Et son fils s’appelle Tarek El-Sharif.

Son vrai nom était Michel Dimitri Shalhoub. Il était né à Alexandrie dans une famille chrétienne de rite melkite et d’origine syro-libanaise.

En 1955, il s’était converti à l’islam pour pouvoir épouser l’actrice égyptienne Faten Hamama, mais par la suite il avait divorcé. En fait, il n’a jamais été croyant et a déclaré être agnostique. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été juif de sa vie.


Sources : Wikipedia et sources afférentes.

mercredi 29 mai 2024

Juliette Gréco, fille de déportée

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Juliette Gréco et sa sœur furent arrêtées par la Gestapo. Sa sœur et sa mère furent déportées à Ravensbrück.

Serait-ce la raison pour laquelle certains ont cru qu’elle était juive ? Ou bien, aura-t-on supposé que Gréco, à l’instar de Romano, Russo et Franco, était un patronyme porté par des Juifs ?

Naissances des Lafeychine

Or, sa mère avait été arrêtée en tant que résistante, pas en tant que juive, ce qu’elle n’était pas. Elle s’appelait Juliette Lafeychine et était originaire de la région de Bordeaux. En termes de naissances, on peut effectivement constater une nette prédominance des Lafeychine en Gironde.

Juliette Lafeychine était la fille de Charlotte Gaubrie, elle-même fille de Guillaume Gaubrie et de Catherine Lamothe. Il n’y a là aucun « nom juif ».

Quant au père de Juliette Gréco, Gérard Gréco, il était d’origine corse. Il était le fils de Laurent Gréco et de Marie-Irène Lamoretti. À propos de la légende selon laquelle beaucoup de Corses seraient d’origine juive, voir le dernier paragraphe de mon article sur Marie-Dominique Culioli.

On aura noté que Juliette Gréco avait reçu le prénom de sa mère. Une telle chose est tout à fait contraire à la tradition juive. Par ailleurs, la jeune Juliette avait été mise dans « une pension catholique rigoureuse » avant la guerre.

Enfin, en septembre 2020, une cérémonie était organisée pour ses obsèques en l’église de Saint-Germain-des-Prés, ce qui confirme qu’elle était de confession catholique.


Sources : Avis de décès ; Filae ; Geneanet sur le nom Lafeychine et Geneanet sur Juliette Lafeychine.

mardi 28 mai 2024

L’influence juive de Gambetta

Sur Facebook, le 24 avril 2022, quelqu’un reproduisait la publication d’un douteux « Vlad » qui voyait une « influence juive » dans toute la société française.

Selon cet enquêteur perspicace, outre les acteurs de l’abolition de la peine de mort et de la légalisation de la contraception, de l’interruption volontaire de grossesse et du divorce, cette « influence juive » aurait été incarnée notamment par Léon Gambetta sous la IIIe République et par Michel Debré sous la Ve République.

Un influenceur ?

Naturellement, la judéité supposée de Gambetta n’est qu’un pur fantasme. Pour commencer, le petit Léon Gambetta avait été scolarisé à l’école des pères des Sacré-Cœurs de Picpus, puis au petit séminaire de Montfaucon.

Mais surtout, on ne saurait lui trouver aucune ascendance juive.

La famille de son père, Joseph Nicolas Gambetta, était d’origine italienne. Son grand-père, Giovanni-Battista Gambetta, était né à Celle Ligure, un village de pêcheurs dans la région de Gênes. Giovanni-Battista, c’est Jean-Baptiste, un prénom qui a zéro chance d’être porté par un Juif.

La mère de Gambetta, Marie-Magdeleine Massabie, était originaire du village de Molières, dans le Tarn-et-Garonne. Elle était la fille de Marie-Antoinette Lamothe de la Tour-Montfaucon, laquelle était issue de la petite noblesse du Quercy et dont la mère se prénommait Marie-Madeleine.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser, Marie-Madeleine ou Marie-Magdeleine, c’est un prénom typiquement chrétien, tout comme Jean-Baptiste.


Sources : Breizh-info ; Geneastar ; Wikipedia et sources afférentes.

lundi 27 mai 2024

Bob Marley, comme Syrien n’était

Le 18 mai 2024 sur Facebook, je tombais sur ce commentaire : « Même Bob Marley est juif. » Ce n’était pas la première fois que je lisais une telle assertion concernant le roi du reggae.

Un magazine américain en ligne fait état d’une « histoire d’amour entre les Juifs et Bob Marley » qui pourrait être liée soit à des chansons comme « Exodus », « Iron Lion Zion » et « Redemption Song », soit à de supposées origines juives syriennes. Le site Web Juifs célèbres a naturellement repris ces éléments à son compte.

Am Israël H’aï !

Cependant, un autre membre de la famille du musicien Jamaïcain, Christopher Marley, aurait déclaré que la famille de Bob Marley du côté paternel « n’a jamais été syrienne ».

Or, Robert Nesta Marley, dit Bob Marley, est né dans une paroisse, ce qui semble indiquer que ses parents étaient chrétiens.

Sa mère, Cedella Malcolm, était la fille d’Omeriah Malcolm et Albertha Whilby, tous deux afro-caribéens. Par ailleurs, Malcolm et Whilby sont des noms anglophones qui ne suggèrent absolument pas une ascendance juive.

Son père, Norval Sinclair Marley, était le fils d’Albert Thomas Marley, un Anglais originaire du Sussex et d’Ellen Broomfield, une Occidentale née en Jamaïque.

Selon certains, ce serait Ellen Broomfield qui aurait été une Juive d’origine syrienne, ce que son patronyme ne suggère pas et il apparaît que cette hypothèse ne repose sur rien de tangible.

Certes, sur une photo on peut voir Bob Marley arborer un H’aï autour du cou. Mais il existe également une photo montrant Elvis Presley avec autour du cou une étoile de David : je renvoie mes lecteurs à l’article que je lui ai consacré.

Selon les administrateurs du site américain Jew Or Not Jew, qui lui attribuent les scores respectifs de 1/5 pour d’éventuelles origines juives, 1/5 pour la ressemblance à un Juif et 5/5 pour signifier qu’ils auraient aimé qu’il le soit, rien ne prouve que Bob Marley aurait eu la moindre ascendance juive.

Bien évidemment, je fais mienne leur conclusion : « Not a Jew. »


Sources : Jew Or Not Jew ; juifs-celebres.fr ; tabletmag.com ; Wikipedia.

mercredi 22 mai 2024

Paulo Coelho, lo yehoudi (c’est de l’hébreu)

La légende à la source de son livre L’Alchimiste serait celle du fondateur d’une synagogue de Cracovie, Isaac Jakubowicz. Est-ce assez pour justifier l’idée, colportée par certains, que Paulo Coelho (de Souza) serait juif ?

En réalité, ce roman est aussi inspiré de la Bible et des Mille et une nuits.

C’est de l’hébreu !

Notons, par ailleurs, que l’écrivain brésilien a fréquenté l’école jésuite de San Ignacio. On imagine mal un jeune Juif fréquenter une école jésuite, surtout en Amérique du Sud.

Surtout, c’est en rencontrant sa seconde femme Christina Oiticica que Paulo Coelho « s’est réconcilié avec la confession catholique », peut-on lire sur un certain nombre de blogs et de sites Web (alalettre.com, booknode.com, Le Carroussel du Livre, mabib.fr, Médiathèque de Saint-Hilaire de Riez, philosophie-poeme.com, Wikipedia, etc.).

Au risque de me répéter, une telle formulation laisse penser qu’il s’agit bien de la religion de sa famille.

En outre, on peut lire que c’est sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle que Paulo Coelho aura trouvé l’inspiration de son premier livre, Le Pèlerin de Compostelle, qui fut publié en 1987.

On notera que l’ouvrage en question est antérieur à L’Alchimiste : de peu, il est vrai, mais l’auteur ayant effectué ledit pèlerinage l’année précédente, on peut penser que l’inspiration chrétienne, chez lui, aura précédé l’inspiration juive (ainsi que l’inspiration islamo-arabo-indo-persane).

Accessoirement, coelho est le mot portugais pour désigner le lapin et le patronyme Coelho n’est pas porté par des Juifs.

jeudi 16 mai 2024

Beigbeder, lui non plus

C’est en commentaire d’une publication sur Facebook que Frédéric Beigbeder, entre autres noms, a été cité comme personnalité juive.

Est-ce parce qu’il est ami avec Jean-François Copé et Édouard Baer ? Ou bien, tout bêtement (c’est le cas de le dire) parce qu’il a un nom en « -er » que certains croient être à consonance germanique ?

Il faut donc croire qu’il n’y a pas
que l’amour qui dure trois ans...

La réalité est que du côté de son père, Jean-Michel Beigbeder, l’écrivain est issu d’une famille de souche béarnaise. Beigbeder est un patronyme typiquement béarnais, formé à partir des mots gascons beth (beau) et veder (voir) et qui signifie « belvédère ».

La mère de Frédéric Beigbeder, Christine de Chasteigner de la Rocheposay (peut-on être juive avec un tel état-civil ?), descend d’une vieille famille de nobles poitevins. Ajoutons qu’elle s’était remise en couple avec Pierre Richard de Soultrait.

Enfin, Frédéric Beigbeder a publié un livre intitulé Je crois, moi non plus et constitué d’un dialogue sur la religion catholique qu’il a entretenu pendant trois années avec Monseigneur Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap et ancien porte-parole des évêques de France.

Ceux qui voient un Juif dans tout nom en « -er » (voir aussi mon article sur Mylène Farmer), le moins qu’on puisse dire est qu’ils errent.


Sources : Wikipedia sur Frédéric Beigbeder et sur les Chasteigner et sources afférentes.

mercredi 8 mai 2024

Ju myjn Sergej Prokofjew ?

Selon toute apparence, il suffit qu’un compositeur ait utilisé un thème juif dans une de ses œuvres pour que certains s’imaginent qu’il était juif lui-même.

Ainsi sont vus comme juifs par certaines personnes des musiciens comme Max Bruch à cause de son Kol Nidrei, Maurice Ravel en raison de ses Mélodies hébraïques et de son « Kaddisch »...

Des thèmes qui reviennent...

... Dmitri Chostakovitch pour sa symphonie « Babi Yar », je suppose...

... et Sergueï Prokofiev, vraisemblablement parce qu’il a composé une ouverture « sur des thèmes juifs ».

À l’instar du Kol Nidrei de Bruch, il s’agissait d’une commande, tout simplement.

Il n’est pas impossible que de façon curieuse, la graphie inhabituelle du nom du musicien utilisée par les éditions Peters en 1936 à l’occasion de la création de Pierre et le loup, à savoir « Prokofjew », soit pour quelque chose dans cette méprise.

Or, il ne s’agissait là que d’une translittération, de surcroît dans une langue qui n’était pas l’anglais.

Enfin, je ne manquerai pas, une fois de plus, de mentionner que Prokofiev s’appelait Sergueï Sergueïevitch, c’est-à-dire Serge, fils de Serge : à ce propos, voir mes articles précédents. De plus, sa mère se prénommait Maria.


Sources : Musée de la SACEM.

dimanche 5 mai 2024

Messiha n’est pas Mashiah

Isabelle Adjani, Alexandre Benalla, Nabilla Benattia, Dalida, Rachida Dati, Kad Merad… Jean Messiha…

On dirait que dès lors qu’une personnalité du petit écran, du grand écran ou de la politique est connue pour avoir des origines de l’autre côté de la Méditerranée, il se trouve aussi bien des Juifs que des antisémites pour affirmer qu’il s’agit d’un Juif ou d’une Juive. Séfarade, bien sûr. De même, quand ce sont des origines polonaises et dans ce cas, aschkénaze.

Messiha, not Messiah!

Concernant Jean Messiha, le fait qu’il porte un prénom occidental y est peut-être aussi pour quelque chose. Ou bien, le fait qu’il dénonce l’islamisme.

Ou encore, le fait et qu’il critique le parti-pris anti-israélien des médias de gauche.

Ou quoi d’autre ?

Or, son vrai nom est Hossam Botros Messiha. Il est le fils d’un diplomate égyptien chrétien (copte) et d'une mère « élevée chez les sœurs du Caire ».

Il est donc né de deux parents chrétiens, et il a été baptisé.

Jean Messiha se dit « assimilé, arabe à l’extérieur, français à l’intérieur ».

Nous avons donc affaire à un Arabe chrétien d’origine égyptienne et l’idée qu’il serait juif, colportée ici ou là, est sans fondement.


Sources : Libération ; Valeurs actuelles ; Wikipedia et sources afférentes.