jeudi 13 juin 2024

Sylvester Stallone, aussi juif que breton

La judéité de Sylvester Stallone est encore un bobard, un bobard de plus, un énième bobard que j’ai récolté sur Facebook.

Parce qu’il s’est déclaré solidaire d’Israël ? Ou parce que le film Rambo III a été tourné en Israël ? Ou plutôt, je pense, parce que son grand-père maternel était juif et qu’il n’en faut pas davantage, comme on l’a vu maintes fois dans mes articles précédents... comme s’il suffisait d’avoir un grand-parent juif pour l’être aussi.

Rambo et Bergo... Ramboglio ?

Concernant ses origines, Sylvester Gardenzio (Enzio) Stallone est d’ascendance italienne du côté de son père, Francesco Stallone, né à Gioia del Colle, province de Bari, dans les Pouilles. Son père n’était pas juif.

Sa mère, Jacqueline Labofish, citoyenne américaine, était née d’un père juif américain d’origine ukrainienne, John Paul Labofish et d’une mère bretonne et catholique, native de Brest, nommée Jeanne Clérec.

Sylvester Stallone avait donc un grand-père juif, certes, mais ses trois autres grands-parents ne l’étaient pas. Avec une grand-mère bretonne, dirait-on qu’il est breton ?

En outre, il a été baptisé en tant que catholique. En 2023, il a rendu visite au pape François au Vatican avec sa femme, ses trois filles et son frère.


Sources : Geneastar ; Ouest France ; Storie di famiglia ; Wikipedia.

samedi 8 juin 2024

Le cas Helmut Schmidt, ou quand les chrétiens d’avant-hier faisaient les nazis d’hier qui allaient faire les socio-démocrates d’aujourd’hui

Le président Giscard d’Estaing aurait révélé un jour à des journalistes, apparemment avec l’accord d’Helmut Schmidt, que le père de celui-ci, Gustav Ludwig Schmidt, avait été l’enfant naturel d’un homme d’affaires juif allemand, Ludwig Gumpel.

L’ancien chancelier allemand aurait donc eu un grand-père biologique juif. Il n’en aura pas fallu davantage pour que coure le bruit qu’il était juif lui-même.

Moi aussi je fais des théorèmes.

Si Helmut Schmidt avait été juif, aurait-il pu être l’auteur d’un livre intitulé Als Christ in der politischen Entscheidung (1976) ? Ce livre a été publié en français sous un titre traduit de façon littérale, Un chrétien face aux choix politiques (Le Centurion, 1980).

Surtout, aurait-il pu être enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes, puis servir dans la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale ?

Helmut Heinrich Waldemar Schmidt était né dans une famille luthérienne. Il était le fils de Ludovica Koch et de Gustav Ludwig Schmidt. On ne connaît pas d’ascendants juifs à Ludovica Koch, dont les parents étaient Johann Heinrich Koch et Anna Margarete Klippel, ni à la mère de Gustav Ludwig Schmidt, Friederike Wenzel, laquelle était la fille de Reinhard Wenzel et de Friederike Voss.

Chef de groupe (Scharführer) au sein des Jeunesses hitlériennes jusqu’en 1936, Helmut Schmidt s’était marié dans son pays en 1942, année durant laquelle des documents mentionnaient son « comportement national-socialiste impeccable ». Il eut droit à des louanges analogues deux ans plus tard, de la part de ses supérieurs.

Ceux qui font cas des « origines juives » d’Helmut Schmidt ou qui vont jusqu’à lui prêter une identité juive seraient bien inspirés de cesser de délirer.


Sources : Libération ; Wikipedia en français et en anglais, et sources afférentes.

mercredi 5 juin 2024

Madonna et la Kabbale

Quand j’étais petite, nous avions des crucifix partout dans la maison, pour rappeler que Jésus-Christ est mort sur la croix pour nous. Les crucifix sont un vestige de mon enfance, comme un doudou. J’ai aimé leur apparence et ce qu’ils symbolisaient, avant même qu’ils ne soient à la mode. J’achète le mien dans les bodegas espagnoles, où ils ont des chapelets de toutes les couleurs. J’en ai un très long qui paraît blanc à la lumière, mais qui brille dans le noir [...] — Madonna, Interview pour le magazine musical SPIN (1985), traduction Google.

Son appartenance religieuse,
qui l’eût crue si fixe ?

Si certains ont affirmé que Madonna était juive, c’est tout simplement parce qu’elle a été un certain temps adepte du Centre de la Kabbale.

Or, qu’est-ce que le Centre de la Kabbale ? Une sorte de club mondain créé par un certain Philip Berg, un agent d’assurance reconverti en faux rabbin qui prétendait mettre les secrets de la Kabbale à la portée du tout-venant, ou plus exactement à la portée des stars fortunées attirées par les colifichets ésotériques et mystiques.

Dans la tradition juive, l’étude de la Kabbale est réservée aux talmudistes érudits, mais le moins qu’on puisse dire est qu’aujourd’hui comme hier, les charlatans font toujours recette.

Madonna Louise Ciccone est la fille de Silvio Anthony Ciccone et de Madonna Louise Fortin. Ciccone et Fortin ne sont pas des patronymes portés par des Juifs.

En outre, on peut remarquer qu’elle a reçu les mêmes prénoms que sa mère : comme j’ai déjà eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire, une telle manière de nommer son enfant est absolument contraire à la tradition juive.

Élevée dans un milieu « strictement » catholique, Madonna avait pris comme prénom de confirmation Veronica, en référence à sainte Véronique.


Sources : SPIN ; Wikipedia.

vendredi 31 mai 2024

La religion et les origines d’Omar Sharif

Dans quel film a-t-il joué le rôle d’un Juif ? Dans Funny Girl, de William Wyler, ainsi que dans Funny Lady, d’Herbert Ross, qui en était la suite. Sa partenaire dans ces deux films était Barbra Streisand. Je suppose qu’il est inutile de chercher plus loin ?

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de l’écrire, notamment à propos de Vincent Cassel, d’Henri Guybet et de Bruno Solo, il suffit qu’un acteur incarne un personnage juif pour que certains benêts s’imaginent qu’il l’est.

Avec Barbra Streisand
dans Funny Lady

Or, Omar Sharif est arabe dans Lawrence d’Arabie, arménien dans Mayrig, russe dans Le Docteur Jivago, italien dans Le Rendez-vous, perse dans Esther, reine de Perse, mongol dans Genghis Khan, argentin dans Che !...

Autant dire qu’au cinéma, Omar Sharif est tantôt juif, tantôt musulman, tantôt chrétien de l’Église arménienne, tantôt chrétien orthodoxe, tantôt catholique, tantôt mazdéiste, tantôt tengriste...

... et plus souvent chrétien ou musulman que juif, si je puis me permettre.

Dans les pays arabes, on l’appelle souvent Omar El-Sharifa. Et son fils s’appelle Tarek El-Sharif.

Son vrai nom était Michel Dimitri Shalhoub. Il était né à Alexandrie dans une famille chrétienne de rite melkite et d’origine syro-libanaise.

En 1955, il s’était converti à l’islam pour pouvoir épouser l’actrice égyptienne Faten Hamama, mais par la suite il avait divorcé. En fait, il n’a jamais été croyant et a déclaré être agnostique. Quoi qu’il en soit, il n’a jamais été juif de sa vie.


Sources : Wikipedia et sources afférentes.

mercredi 29 mai 2024

Juliette Gréco, fille de déportée

Pendant la Seconde Guerre mondiale, Juliette Gréco et sa sœur furent arrêtées par la Gestapo. Sa sœur et sa mère furent déportées à Ravensbrück.

Serait-ce la raison pour laquelle certains ont cru qu’elle était juive ? Ou bien, aura-t-on supposé que Gréco, à l’instar de Romano, Russo et Franco, était un patronyme porté par des Juifs ?

Naissances des Lafeychine

Or, sa mère avait été arrêtée en tant que résistante, pas en tant que juive, ce qu’elle n’était pas. Elle s’appelait Juliette Lafeychine et était originaire de la région de Bordeaux. En termes de naissances, on peut effectivement constater une nette prédominance des Lafeychine en Gironde.

Juliette Lafeychine était la fille de Charlotte Gaubrie, elle-même fille de Guillaume Gaubrie et de Catherine Lamothe. Il n’y a là aucun « nom juif ».

Quant au père de Juliette Gréco, Gérard Gréco, il était d’origine corse. Il était le fils de Laurent Gréco et de Marie-Irène Lamoretti. À propos de la légende selon laquelle beaucoup de Corses seraient d’origine juive, voir le dernier paragraphe de mon article sur Marie-Dominique Culioli.

On aura noté que Juliette Gréco avait reçu le prénom de sa mère. Une telle chose est tout à fait contraire à la tradition juive. Par ailleurs, la jeune Juliette avait été mise dans « une pension catholique rigoureuse » avant la guerre.

Enfin, en septembre 2020, une cérémonie était organisée pour ses obsèques en l’église de Saint-Germain-des-Prés, ce qui confirme qu’elle était de confession catholique.


Sources : Avis de décès ; Filae ; Geneanet sur le nom Lafeychine et Geneanet sur Juliette Lafeychine.

mardi 28 mai 2024

L’influence juive de Gambetta

Sur Facebook, le 24 avril 2022, quelqu’un reproduisait la publication d’un douteux « Vlad » qui voyait une « influence juive » dans toute la société française.

Selon cet enquêteur perspicace, outre les acteurs de l’abolition de la peine de mort et de la légalisation de la contraception, de l’interruption volontaire de grossesse et du divorce, cette « influence juive » aurait été incarnée notamment par Léon Gambetta sous la IIIe République et par Michel Debré sous la Ve République.

Un influenceur ?

Naturellement, la judéité supposée de Gambetta n’est qu’un pur fantasme. Pour commencer, le petit Léon Gambetta avait été scolarisé à l’école des pères des Sacré-Cœurs de Picpus, puis au petit séminaire de Montfaucon.

Mais surtout, on ne saurait lui trouver aucune ascendance juive.

La famille de son père, Joseph Nicolas Gambetta, était d’origine italienne. Son grand-père, Giovanni-Battista Gambetta, était né à Celle Ligure, un village de pêcheurs dans la région de Gênes. Giovanni-Battista, c’est Jean-Baptiste, un prénom qui a zéro chance d’être porté par un Juif.

La mère de Gambetta, Marie-Magdeleine Massabie, était originaire du village de Molières, dans le Tarn-et-Garonne. Elle était la fille de Marie-Antoinette Lamothe de la Tour-Montfaucon, laquelle était issue de la petite noblesse du Quercy et dont la mère se prénommait Marie-Madeleine.

Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser, Marie-Madeleine ou Marie-Magdeleine, c’est un prénom typiquement chrétien, tout comme Jean-Baptiste.


Sources : Breizh-info ; Geneastar ; Wikipedia et sources afférentes.

lundi 27 mai 2024

Bob Marley, comme Syrien n’était

Le 18 mai 2024 sur Facebook, je tombais sur ce commentaire : « Même Bob Marley est juif. » Ce n’était pas la première fois que je lisais une telle assertion concernant le roi du reggae.

Un magazine américain en ligne fait état d’une « histoire d’amour entre les Juifs et Bob Marley » qui pourrait être liée soit à des chansons comme « Exodus », « Iron Lion Zion » et « Redemption Song », soit à de supposées origines juives syriennes. Le site Web Juifs célèbres a naturellement repris ces éléments à son compte.

Am Israël H’aï !

Cependant, un autre membre de la famille du musicien Jamaïcain, Christopher Marley, aurait déclaré que la famille de Bob Marley du côté paternel « n’a jamais été syrienne ».

Or, Robert Nesta Marley, dit Bob Marley, est né dans une paroisse, ce qui semble indiquer que ses parents étaient chrétiens.

Sa mère, Cedella Malcolm, était la fille d’Omeriah Malcolm et Albertha Whilby, tous deux afro-caribéens. Par ailleurs, Malcolm et Whilby sont des noms anglophones qui ne suggèrent absolument pas une ascendance juive.

Son père, Norval Sinclair Marley, était le fils d’Albert Thomas Marley, un Anglais originaire du Sussex et d’Ellen Broomfield, une Occidentale née en Jamaïque.

Selon certains, ce serait Ellen Broomfield qui aurait été une Juive d’origine syrienne, ce que son patronyme ne suggère pas et il apparaît que cette hypothèse ne repose sur rien de tangible.

Certes, sur une photo on peut voir Bob Marley arborer un H’aï autour du cou. Mais il existe également une photo montrant Elvis Presley avec autour du cou une étoile de David : je renvoie mes lecteurs à l’article que je lui ai consacré.

Selon les administrateurs du site américain Jew Or Not Jew, qui lui attribuent les scores respectifs de 1/5 pour d’éventuelles origines juives, 1/5 pour la ressemblance à un Juif et 5/5 pour signifier qu’ils auraient aimé qu’il le soit, rien ne prouve que Bob Marley aurait eu la moindre ascendance juive.

Bien évidemment, je fais mienne leur conclusion : « Not a Jew. »


Sources : Jew Or Not Jew ; juifs-celebres.fr ; tabletmag.com ; Wikipedia.

mercredi 22 mai 2024

Paulo Coelho, lo yehoudi (c’est de l’hébreu)

La légende à la source de son livre L’Alchimiste serait celle du fondateur d’une synagogue de Cracovie, Isaac Jakubowicz. Est-ce assez pour justifier l’idée, colportée par certains, que Paulo Coelho (de Souza) serait juif ?

En réalité, ce roman est aussi inspiré de la Bible et des Mille et une nuits.

C’est de l’hébreu !

Notons, par ailleurs, que l’écrivain brésilien a fréquenté l’école jésuite de San Ignacio. On imagine mal un jeune Juif fréquenter une école jésuite, surtout en Amérique du Sud.

Surtout, c’est en rencontrant sa seconde femme Christina Oiticica que Paulo Coelho « s’est réconcilié avec la confession catholique », peut-on lire sur un certain nombre de blogs et de sites Web (alalettre.com, booknode.com, Le Carroussel du Livre, mabib.fr, Médiathèque de Saint-Hilaire de Riez, philosophie-poeme.com, Wikipedia, etc.).

Au risque de me répéter, une telle formulation laisse penser qu’il s’agit bien de la religion de sa famille.

En outre, on peut lire que c’est sur le chemin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle que Paulo Coelho aura trouvé l’inspiration de son premier livre, Le Pèlerin de Compostelle, qui fut publié en 1987.

On notera que l’ouvrage en question est antérieur à L’Alchimiste : de peu, il est vrai, mais l’auteur ayant effectué ledit pèlerinage l’année précédente, on peut penser que l’inspiration chrétienne, chez lui, aura précédé l’inspiration juive (ainsi que l’inspiration islamo-arabo-indo-persane).

Accessoirement, coelho est le mot portugais pour désigner le lapin et le patronyme Coelho n’est pas porté par des Juifs.

jeudi 16 mai 2024

Beigbeder, lui non plus

C’est en commentaire d’une publication sur Facebook que Frédéric Beigbeder, entre autres noms, a été cité comme personnalité juive.

Est-ce parce qu’il est ami avec Jean-François Copé et Édouard Baer ? Ou bien, tout bêtement (c’est le cas de le dire) parce qu’il a un nom en « -er » que certains croient être à consonance germanique ?

Il faut donc croire qu’il n’y a pas
que l’amour qui dure trois ans...

La réalité est que du côté de son père, Jean-Michel Beigbeder, l’écrivain est issu d’une famille de souche béarnaise. Beigbeder est un patronyme typiquement béarnais, formé à partir des mots gascons beth (beau) et veder (voir) et qui signifie « belvédère ».

La mère de Frédéric Beigbeder, Christine de Chasteigner de la Rocheposay (peut-on être juive avec un tel état-civil ?), descend d’une vieille famille de nobles poitevins. Ajoutons qu’elle s’était remise en couple avec Pierre Richard de Soultrait.

Enfin, Frédéric Beigbeder a publié un livre intitulé Je crois, moi non plus et constitué d’un dialogue sur la religion catholique qu’il a entretenu pendant trois années avec Monseigneur Jean-Michel Di Falco, évêque de Gap et ancien porte-parole des évêques de France.

Ceux qui voient un Juif dans tout nom en « -er » (voir aussi mon article sur Mylène Farmer), le moins qu’on puisse dire est qu’ils errent.


Sources : Wikipedia sur Frédéric Beigbeder et sur les Chasteigner et sources afférentes.

mercredi 8 mai 2024

Ju myjn Sergej Prokofjew ?

Selon toute apparence, il suffit qu’un compositeur ait utilisé un thème juif dans une de ses œuvres pour que certains s’imaginent qu’il était juif lui-même.

Ainsi sont vus comme juifs par certaines personnes des musiciens comme Max Bruch à cause de son Kol Nidrei, Maurice Ravel en raison de ses Mélodies hébraïques et de son « Kaddisch »...

Des thèmes qui reviennent...

... Dmitri Chostakovitch pour sa symphonie « Babi Yar », je suppose...

... et Sergueï Prokofiev, vraisemblablement parce qu’il a composé une ouverture « sur des thèmes juifs ».

À l’instar du Kol Nidrei de Bruch, il s’agissait d’une commande, tout simplement.

Il n’est pas impossible que de façon curieuse, la graphie inhabituelle du nom du musicien utilisée par les éditions Peters en 1936 à l’occasion de la création de Pierre et le loup, à savoir « Prokofjew », soit pour quelque chose dans cette méprise.

Or, il ne s’agissait là que d’une translittération, de surcroît dans une langue qui n’était pas l’anglais.

Enfin, je ne manquerai pas, une fois de plus, de mentionner que Prokofiev s’appelait Sergueï Sergueïevitch, c’est-à-dire Serge, fils de Serge : à ce propos, voir mes articles précédents. De plus, sa mère se prénommait Maria.


Sources : Musée de la SACEM.