vendredi 20 juillet 2018

Alexandre Benalla vu par les « conspis »

Andy Warhol avait annoncé que désormais, chacun pourrait avoir son quart d’heure de célébrité. Au moment où ces lignes sont écrites, c’est le cas d’un certain Alexandre Benalla, à la fois barbouze, garde du corps et intime du président Macron, et ci-devant adjoint à son chef de cabinet, brusquement sorti de l’ombre pour avoir cogné quelqu’un une fois de trop.

Dans les années soixante-dix et quatre-vingt, certains policiers un peu trop portés sur la castagne aimaient à tabasser un manifestant, ou mieux encore, un jeune homme supposé l’être, surtout s’il s’agissait d’un « Arabe » (c’est-à-dire un immigré maghrébin ou un fils d’immigrés maghrébins).

Les choses ont bien changé depuis, pour le meilleur comme pour le pire. Nous avons ici, en quelque sorte, le schéma inverse : un employé du gouvernement, mais un faux policier, d’origine maghrébine, qui s’en prend à un vrai manifestant, en l’occurrence un individu de type européen. Peut-être pour d’excellentes raisons, mais ce n’est pas notre propos.

Benalla portant un brassard de la police

Sur Facebook, un individu d’extrême droite ayant souligné qu’on avait affaire une fois de plus à « un Abdoul » (sic), un autre objecta qu’avec comme prénom Alexandre, ce devait être plus probablement un membre de la LDJ (Ligue de défense juive). Un autre enchérit en désignant Benalla comme « un rabbi Jacob » (sic).

Or, nombreux sont les enfants d’immigrés maghrébins qui portent un prénom du calendrier chrétien. Ce peut être parce qu’ils sont issus d’une famille kabyle chrétienne. Ce peut être aussi parce que leurs parents, bien qu’issus de famille musulmane, n’étaient pas très croyants ou pas très pratiquants, voire athées ou agnostiques, et ont misé sur l’intégration. Ou encore, il peut s’agir de la forme usuelle occidentalisée d’un prénom musulman, par exemple Alexandre pour Ali, de la même manière qu’un Mojżesz venu de Pologne se fera couramment appeler Maurice.

Physiquement, Alexandre Benalla a un type berbère, pas un type juif. Sa coiffure et sa façon de porter la barbe ne suggèrent pas non plus qu’il serait juif. Son sweat à capuche non plus, et son parcours, pas davantage. En outre, on sait qu’il est originaire du quartier de La Madeleine à Évreux, une de ces zones urbaines dites « sensibles », une ZUP, où la violence est endémique.

De plus, s’il est né quarante-quatre Benalla en France entre 1966 et 1990 (filae.com), il n’en est né aucun avant la fin des années soixante, et même, le premier y est vraisemblablement né non pas en 1966, borne inférieure de la période retenue par les statisticiens, mais plutôt dans les années soixante-dix ou quatre-vingt. Cela indique que le nom Benalla n’est pas porté par des Juifs, et même sans disposer de renseignements plus complets sur l’intéressé, il est évident qu’il est issu de l’immigration maghrébine massive qui peuple les quartiers « difficiles ».

En outre, on pourra noter que selon certains organes de presse, Alexandre Benalla aurait dû se marier le 21 juillet 2018, un samedi. Or, pour des raisons évidentes, les Juifs ne se marient pas le samedi : ni civilement, ni religieusement.

Enfin, il convient de remarquer que les antisémites conspirationnistes qui voient en Alexandre Benalla un Juif (tandis que d’autres « conspis » pas moins antisémites font courir le bruit que son vrai prénom serait Lahcen et que même son nom serait différent) sont les mêmes qui, récemment, approuvaient la condamnation à mort de Serge Atlaoui en lui prêtant, de la même manière, une identité juive, sous prétexte qu’il se prénommait Serge plutôt que Mohammed ou Abdullah.

vendredi 13 juillet 2018

Gottlieb Duttweiler, ni juif ni nazi

Un estimable lecteur m’a adressé le message suivant :

Suite à une discussion entre amis, il est apparu que [m]onsieur Gottlieb Duttweiler, fondateur de la Migros suisse et homme politique suisse de premier plan, passe à tort pour être de confession juive. La confusion proviendrait du fait que les succursales berlinoises des magasins Migros aient été violemment boycottées par les Sturmabteilungen (S.A.), au même titre que les commerces dits « juifs ». La Migros était toutefois attaquée par les nazis en sa qualité de grande entreprise étrangère, et non en raison d’une quelconque identité juive de son fondateur [...].

Ce n’est pas seulement en Allemagne que des boycotts avaient été organisés contre l’enseigne Migros, mais aussi en Suisse. Le nazisme y était pour quelque chose, mais l’hostilité de ses concurrents également.

Que croit-on que le doute vaille ?

Certains détracteurs de Migros avaient prétendu y voir « une société juive », ce qui laisse penser qu’ils tenaient pour juif son fondateur.

Sans doute celui-ci s’était-il fait d’autres ennemis encore en décidant, pour mieux contre-attaquer, de se lancer dans la politique. Il avait même fait l’objet d’une haine pathologique. Il lui était arrivé d’être désigné dans un journal suisse comme « l’ennemi public n°1 ».

Or, si certains de ses ennemis le disaient juif, d’autres en faisaient un nazi : dans la presse, on avait pu lire un jour « Heil Duttler ! », tandis que quelqu’un avait désigné Duttweiler comme « Le petit Göring de Rüschlikon » (Rüschlikon étant la ville où il s’était fait construire une villa, près de Zurich).

De façon aussi grotesque, Gottlieb Duttweiler avait été accusé par certains d’être « à la solde de Brown-Boveri » (une grande compagnie suisse d’électrotechnique).

Mais Duttweiler était finalement devenu très populaire auprès d’un large pan de la population suisse. Plus d’un demi-siècle après sa mort, « Dutti » reste une des plus grandes figures de tout le paysage helvétique du XXe siècle.

Il fut un grand innovateur dans le domaine de la grande distribution, un peu comme les fondateurs des grands magasins à Paris, dont la rumeur dit qu’ils étaient tous juifs (en réalité, la plupart ne l’étaient pas). Pour son audace et ses méthodes révolutionnaires, il pourrait aussi être comparé à d'autres visionnaires qui étaient juifs, comme Emil Jellinek ou Marcel Bleustein-Blanchet.

De quoi le petit Duttweiler avait l’air ?

Et comment ne pas mentionner l’éthique remarquable de Duttweiler, qui avait interdit la vente d’alcool et de tabac dans les points de vente Migros et s’était efforcé de promouvoir l’écologie, le recyclage et le commerce équitable dès la fin des années trente !

Est-il vraiment nécessaire de rappeler que porter un nom à consonance germanique est tout ce qu’il y a de plus banal en Suisse alémanique, et même dans le reste du pays, et que cela ne permet nullement de préjuger de la religion de l’intéressé ?

Il me semble que jamais, sauf peut-être le jour de la fête de Pourim (et encore...), des Juifs n’auraient habillé leur petit garçon comme sur la photo ci-contre.

Surtout, outre que Gottlieb Duttweiler portait le même prénom que son père et que rien n’indique que son père ni sa mère auraient pu être juifs, ses obsèques, à Zurich en 1962, ont eu lieu à l’église... et même, plus fort encore, elles ont été organisées simultanément dans quatre églises différentes.


Sources : Dictionnaire historique de la Suisse, Testatelier, Migros Magazine (du 4 juin 2012), Migros Magazine (du 11 mars 2013), WOZ.

jeudi 28 juin 2018

L’antisémite Corbyn et son « élément juif »

Le 20 février 2018, dans une discussion sur Facebook à propos d’un Juif exclu du parti travailliste britannique en raison de son antisémitisme, un participant avait prêté par la même occasion une identité juive au très pro-palestinien chef du parti travailliste au Royaume-Uni, Jeremy Corbyn.

Il est vrai que des antisémites conspirationnistes voient également en Corbyn un Juif. On peut remarquer que « Jew » et « Jewish » font partie des mots associés à son nom dans le champ de recherche de Google.

Jeremy Corbyn dans son élément

Serait-ce à cause de son prénom ?

Connu pour son militantisme pro-palestinien effréné, Corbyn a soutenu une campagne visant à faire annuler la condamnation de deux terroristes reconnus coupables d’un attentat à la bombe contre l’ambassade d’Israël à Londres en 1994.

Or, ces condamnations ont été confirmées par la Haute Cour de justice en 2001 puis par la Cour européenne des droits de l’homme en 2007 (Daily Telegraph et Jewish Chronicle, septembre 2015).

On ne s’étonnera donc pas qu’il ait été plusieurs fois accusé d’antisémitisme.

Le site The Jewish Chronicle rapporte des extraits d’une interview au Church Times, dans laquelle Corbyn racontait que sa mère, Naomi Loveday, était agnostique mais lisait la Bible. Elle avait grandi « dans un milieu religieux », son frère était pasteur, et il y avait « beaucoup d’ecclésiastiques dans sa famille ».

Son père, David Benjamin Corbyn, était chrétien et allait à l’église. David, Benjamin, Naomi et Jeremy sont certes des prénoms hébraïques, mais comme je l’ai déjà rappelé, notamment à propos d’Isaac Newton, les prénoms tirés de la Bible juive sont monnaie courante chez les protestants anglo-saxons. David Benjamin Corbyn n’était pas plus juif que David Duke ou Benjamin Franklin, Naomi Loveday n’était pas plus juive que Naomi Campbell, et Jeremy Corbyn n’est pas plus juif que ne l’était Jeremy Bentham.

Dans l’interview en question, Corbyn ajoutait : « Si [l’]on remonte beaucoup plus loin, il y a un élément juif dans la famille, probablement d’Allemagne. »

Si l’on remonte très loin, beaucoup de chrétiens (et de musulmans) ont un « élément juif » dans leur généalogie. Et après ? Qu’est-ce que cela change ?

Les antisémites ont toujours des amis juifs, c’est bien connu. Mais de plus en plus souvent, comme la mode n’est plus aux revendications racialistes, bien au contraire, ils affirment aussi avoir des Juifs parmi leurs ascendants.


Sources : Jewish Chronicle, Wikipedia.

vendredi 22 juin 2018

Juif, Roger Auque ? Oh, que non !

« Je suis une sorte de bobo, anarchiste de droite. [...] favorable aux 35 heures, parce que dans ma jeunesse j’ai bossé en usine sur une fraiseuse. Pour [...] la défense de la République et des valeurs chrétiennes. » — Roger Auque (lemonde.fr, 4 mars 2008)

Dans ses mémoires posthumes commencés quelques mois avant sa mort, Au service secret de la République (Fayard, 2015), Roger Auque déclare : « J’ai été rémunéré par les services secrets israéliens pour effectuer des opérations en Syrie, sous couvert de reportage. » Je ne crois pas devoir chercher ailleurs la raison pour laquelle un bruit court que ce journaliste était juif. Comme si les services secrets ne rémunéraient jamais des étrangers...

Plus d’un État de service...

Or, il avait également offert ses services à la DGSE, la centrale française d’espionnage et de contre-espionnage.

Fils d’un assureur de Roubaix qui était gaulliste de gauche et ancien d’Indochine, Roger Auque avait choisi, dans le cadre de ses études, d’apprendre l’arabe.

Dans les années quatre-vingt, il était correspondant de guerre au Liban : « Je me suis retrouvé à combattre du côté chrétien, avec une myriade de jeunes de mon âge, dit-il, des Libanais mais aussi des Américains et des Français un peu fascisants qui combattaient les musulmans progressistes. » On imagine mal un Juif dans ce milieu.

En 1987, enlevé par le Hezbollah, il avait été retenu en otage pendant près d’un an. Son sort aurait sans doute été pire s’il avait été juif, mais heureusement pour lui, il n’était pas plus juif que ses collègues Jean-Louis Normandin et Jean-Paul Kauffmann.

De 2003 à 2007, Roger Auque avait été correspondant permanent à Bagdad, puis à Beyrouth, après quoi il était devenu rédacteur en chef sur la chaîne de télévision franco-marocaine Medi 1 Sat, à Tanger. Là encore, on imagine mal un Juif dans ce milieu.

En décembre 2009, il était nommé ambassadeur de France en Érythrée. Là encore...

En 2013, le magazine L’Express révélait que Roger Auque était le père biologique de Marion Maréchal-Le Pen, ce que celui-ci a lui-même confirmé dans ses mémoires posthumes. Imagine-t-on un Juif avoir une relation intime avec une des filles de Jean-Marie Le Pen ?

Laissons à l’intéressé le mot de la fin : « Je n’étais pas baptisé et ma famille était plutôt anticléricale. Mais je suis devenu croyant et profondément chrétien. »


Sources : Roger Auque et J.-M. Verne, Au service secret de la République (Fayard, 2015), lefigaro.fr, lemonde.fr, linternaute.com, Wikipedia.

mardi 19 juin 2018

Pourquoi Jacques Calvet serait-il juif ?

C’est au siège même du groupe PSA (Peugeot-Citroën), avenue de la Grande Armée, à Paris, qu’un collègue de travail, salarié de la maison mère, m’avait affirmé que le PDG, Jacques Calvet, était juif. C’était vers la fin des années quatre-vingt. Jacques Calvet avait certes un type assez méridional, pour ne pas dire « sémite », mais comme le collègue en question semblait très peu au fait de ce que signifie être juif et cultivait notamment la croyance que « les Juifs se cooptent entre eux », j’avais de bonnes raisons de rester sceptique.

La France des Calvet
nés entre 1891 et 1915

Dans un article consacré à Jacques Calvet en juillet 1997, le magazine L’Express en ligne, qui mettait en avant « son côté grand commis de l’État », « son souci de l’intérêt national » et son « ambition de servir », soulignait le nombre important de fonctionnaires dans l’histoire de sa famille : « Casimir, le grand-père, était proviseur du lycée Michelet, à Vanves. Orphelin d’un capitaine d’infanterie de marine mort de la fièvre jaune à Grand-Bassam (Côte d’Ivoire), il avait été élevé par un député radical du Nord. »

Les parents de Jacques Calvet s’appelaient Louis Calvet et Yvonne Olmières. Une recherche étymologique permet de savoir que le nom Calvet est le diminutif du mot latin calvus (chauve), qu’il est « notamment porté dans le Tarn et les Pyrénées-Orientales » et qu’il a été « utilisé au Moyen-Âge comme nom de baptême : le cartulaire de l’abbaye Saint-Sernin de Toulouse comporte une quinzaine de personnes prénommées Calvetus ».

Calvet était aussi le nom d’un moine bénédictin, Dom Gérard Calvet, et d’un évêque, Michel-Marie Calvet. On peut lire également que ce même diminutif « se rencontre en Italie sous les formes Calvetto, Calvetti (Piémont, Lombardie) », et que « Calvet et sa variante Chauvet peuvent aussi être des toponymes, avec le sens de sommet dénudé. »

Olmières est également un nom de la région du Tarn, avec des variantes comme Olmière, Ormières, Ourmières, Hourmières, etc.

Par conséquent, même si l’on sait peu de choses sur l’histoire familiale de Jacques Calvet, on peut au moins affirmer que ni le nom de son père ni le nom de sa mère ne suggèrent une ascendance juive.


Sources : L’Express, filae.com, geneanet.org, 123genealogie.com, geneanet.org (généalogie).

dimanche 3 juin 2018

Maurice Paléologue, qu’aurait été son vrai nom ?

Il fallait bien qu’un jour où l’autre, quelqu’un ait l’idée de se hasarder à affirmer que Maurice Paléologue était juif.

On sait que cet homme a laissé d’importantes notes sur l’affaire Dreyfus, mais comme indice de judéité, le moins qu’on puisse dire est qu’il doit être possible de trouver quelque chose de plus probant.

Tombe de Maurice Paléologue

Ainsi, par exemple, Maurice est bien, dans le milieu francophone, le prénom usuel des « Moshé » (voir cependant mon article sur Maurice Ravel), et le patronyme Paléologue semble tellement peu naturel qu’il est tentant de se dire que c’est un nom changé.

Serait-ce un nom de métier ? Ce nom évoque irrésistiblement l’archéologue ou le paléontologue, mais vérification faite, le mot « paléologue » n’existe pas.

Dans son livre Pétain en vérité (Tallandier), l’historien Marc Ferro, lui aussi, prête à Maurice Paléologue une identité juive.

Maurice Paléologue a cependant eu une carrière de diplomate français dans laquelle il serait vraiment difficile d’imaginer un Juif, pour quiconque connaît un tant soit peu l’histoire de cette filière et de ce milieu.

En réalité, Paléologue était son vrai nom et le vrai nom de son père. Maurice Paléologue était le fils d’Alexandre Paléologue, chrétien orthodoxe et descendant hypothétique de la lignée des princes chrétiens de Constantinople, et de Frédérique de Ridder, elle-même fille de Gustave de Ridder et d’Armande Césarine Georges.

Aucun de ces noms ne suggère une ascendance juive, la tombe de Maurice Paléologue est recouverte d’une énorme croix chrétienne et l’on sait aussi que le personnage était ouvertement antisémite : dans le visage de Dreyfus, il prétendait reconnaître « un trait juif indélébile » (sic) et de façon plus générale, il prêtait aux Juifs « des défauts héréditaires, des passions mauvaises […] » (sic) et des « préjugés talmudiques » (sic).


Sources : cjfai.com, debriefing.org, Marc Ferro (ibid.), geneanet.org, landrucimetieres.fr, Wikipedia.

vendredi 1 juin 2018

Frank Sinatra, pas plus juif qu’Elvis Presley

Frank Sinatra avait un jour déclaré que sa mère pensait être « moitié italienne et moitié juive ». En réalité, celle-ci envisageait simplement la possibilité d’avoir des ancêtres juifs, sachant que sa famille était originaire de Gênes.

Est-ce que les Génois sont tous juifs, ou étaient tous juifs à une certaine époque ? Sans doute pas, mais madame Sinatra mère ajoutait un second indice : « Je suis intelligente, et c’est de là qu’ils venaient, d’où je viens ».

My way... to make my point

Ceux qui font courir le bruit que Frank Sinatra était juif, se fondent-ils simplement sur ce qui précède ? Et sinon, sur quoi d’autre ? En vérité, on serait bien en peine de trouver un élément plus probant.

Frank Sinatra, né Francis Albert Sinatra, était le fils d’Anthony Martin Sinatra, né Saverio Antonino Martino Sinatra, d’origine sicilienne, et de Natalie Della Garavanti, originaire de Ligurie.

On sait aussi que le fameux crooner américain d’origine italienne avait été élevé dans la religion catholique. Le moins qu’on puisse dire est qu’il n’y a là rien de surprenant.

Quels prénoms Frank Sinatra et sa première épouse, Nancy Barbato, ont-ils donnés à leurs enfants ? À leur première fille, Nancy ; et à leur fils, Frank. Or, comme je l’ai mentionné dans mes articles précédents, donner à un enfant le prénom de son parent vivant (père ou mère) est étranger à la tradition juive.

Enfin, sur la stèle mortuaire de Frank Sinatra, comme sur celle de son père, on ne peut pas manquer de remarquer la croix chrétienne (juste au milieu - cliquez sur la photo pour l’agrandir).

Le site américain Jew Or Not Jew attribue à Frank Sinatra un score particulièrement faible de 4, décomposé comme suit : 0 pour les origines juives, 0 pour la ressemblance avec un Juif et 4 pour le regret qu’il n’ait pas été juif. Apparemment, les administrateurs de ce site n’ont pas pris du tout au sérieux les suppositions vagues de la mère de Frank Sinatra.


Sources : Wikipedia en français, en anglais, Google (images), Jew Or Not Jew.

mardi 29 mai 2018

Anne Hidalgo, une Juive espagnole à la mairie de Paris ?

« Hidalgo, hijo de algo. En français, fils de quelqu’un, de noble descendance chrétienne, sans mélange de sang. » (sic) — France-Soir (16 octobre 2006).

Sur Facebook, à propos de ces personnalités juives de France qui « crachent sur Israël », quelqu’un citait, entre autres, « Anne Hidalgo qui rend hommage à Arafat ». Allez savoir pour quelle raison cet intervenant prêtait une identité juive à la mairesse de Paris.

Pas elle, là !

Elle est certes très brune et typée, comme un certain nombre d’Espagnoles susceptibles d’avoir des ancêtres marranes... ou arabes !

Anne Hidalgo, née Ana María Hidalgo Aleu en 1959 à San Fernando, est « originaire d’un village près de Cadix ». Son père, Antonio Hidalgo, ouvrier électricien, engagé à 17 ans dans la marine marchande, syndicaliste et sa mère Mary (Marie) née Aleu, couturière, émigrent en France et s’y installent en 1961, avec leurs deux filles, Marie et Ana (Anne).

On remarquera que la fille aînée des Hidalgo se prénomme comme sa mère. En outre, le prénom Marie, dans un cas comme dans l’autre, fait très vraisemblablement référence à la mère de Jésus-Christ.

Passons sur le fait que le mari d’Anne Hidalgo, Jean-Marc Germain, n’est certainement pas juif.

« Fan d’Almodovar, de Luz Casal et de flamenco, amoureuse de la paella et du gaspacho, lectrice dévouée d’Alberti et de Garcia Lorca, amie de Carmen Maura, de Rossy de Palma, de Blanca Li, et de toute l’intelligentsia espagnole installée sur les bords de Seine, la nouvelle maire [sic] vit dans le XVe arrondissement parisien mais n’a jamais renoncé à ses racines. » — El Mundo, cité par Slate.

On voit bien que les racines auxquelles Anne Hidalgo semble très attachée sont des racines espagnoles, et non pas des racines juives, ni juives espagnoles.

Dans une interview accordée à Actualité Juive en octobre 2017, elle déclare : « J’ai toujours été là, dans les bons moments mais aussi dans les pires que nous ayons traversés ensemble, et je me sens extrêmement fidèle dans mon engagement de maire de Paris [face] à une communauté qui joue ce rôle si important dans notre République. » Comme je l’ai écrit à propos de Michèle Alliot-Marie, de tels propos, aussi chaleureux soient-ils, reflètent un point de vue extérieur à ladite communauté.

Le 13 juillet 2010, la mairesse de Paris a été promue « commandeure » (sic) de l’ordre d’Isabelle la Catholique, une « reine très chrétienne détestée par la communauté juive » comme le rappelle le site libertesinternet à l’attention de ceux qui se seraient imaginé qu’Anne Hidalgo est juive.


Sources : ActuJ, libertesinternet, parismatch.com, slate.fr, Wikipedia.

lundi 26 mars 2018

Yaffa c’est de l’hébreu ? Booba alors…

Les forums de jeux vidéo ne brillent certes pas par la haute tenue des débats qui s’y tiennent, comme je l’avais déjà suggéré dans un article consacré à Kad Merad.

On ne sera pas trop surpris d’apprendre qu’il y est affirmé, entre autres crétineries, que la mère de Booba était juive : très vraisemblablement parce que le nom de jeune fille de celle-ci était Borsenberger, un patronyme à consonance germanique.

Si cela était vrai, alors on pourrait dire que Booba lui-même est juif, en vertu de la fameuse règle de matrilinéarité (est juif quiconque est né de mère juive).

Or, Borsenberger est clairement un nom lorrain et ce n’est pas un nom juif : la carte des naissances sous ce nom publiée sur le site Geopatronyme ne laisse aucun doute à ce sujet (voir aussi mon article sur Dominique Bromberger).

Quant au père du rappeur, Seydou Nourou Yaffa, c’est un Sénégalais issu de la peuplade des Soninkés.

Sachant que le vrai nom de Booba est Élie Yaffa, on aura peut-être aussi pensé au prénom Élie, qui sait ? Mais comme je l’ai rappelé à propos de Serge Ayoub, il y a des Élie non juifs.

Je me demande si les auteurs du bobard sur Booba – ou sur sa mère – savent seulement que Yaffa est un mot hébreu (même si le vrai nom de Booba a très certainement une origine différente).

L’ancienne compagne de Booba s’appelle Patricia Cerqueira Vinces et est originaire du Venezuela, mais son patronyme est portugais. Qui sait si l’on ne trouverait pas des Juifs dans son arbre généalogique en remontant à quinze ou vingt générations ?

Ce qui changerait tout, concernant Booba. N’est-ce pas ?

samedi 17 mars 2018

Qui prend pour une réalité son désir que Harlem soit juif ?

D’après un de mes lecteurs, la rumeur attribuant une mère juive à Harlem Désir serait relayée par les « milieux soraliens ». Effectivement, l’antisémite fanatique Alain Bonnet, dit Alain Soral, fait circuler cette rumeur à coups de vidéos sur Youtube.

Or, cette rumeur trouve également d’autres types de relais, par exemple le site « communautaire » terredisrael.com.

Quand Harlem était juif

Il y est affirmé, entre autres balivernes, que la mère d’Harlem Désir aurait été alsacienne et que son nom de jeune fille aurait été Schwartz.

Pourtant, une généalogie détaillée de l’homme clé de SOS Racisme, sur plus de cinq générations, a été publiée il y a plus de vingt ans déjà, dans le volume 2 de l’ouvrage À la recherche de leurs racines de Joseph Valynseele et Denis Grando (L’Intermédiaire des chercheurs et curieux, 1996). Elle ne laisse aucun doute sur ce sujet.

Harlem Jean-Philippe Désir est le fils de Jean-Marie Désir, un Antillais descendant d’une famille d’esclaves de confession catholique, et de Nicole Duméry, Francilienne d’ascendance vosgienne et également de confession catholique.

Contrairement à certains racontars qui circulent sur Internet, Nicole Duméry, de son vrai nom, ne s’est jamais appelée Schwartz et n’a jamais été alsacienne de sa vie. Ses parents s’appelaient Philippe Duméry et Odette Cange.

Odette Cange était la fille de Marie-Ernestine Cange, elle-même fille de Marie-Joséphine Bernard. Dans la généalogie côté maternel, on trouve d’autres noms pas plus « juifs » comme par exemple Devaquet.


Sources : BNF, Geneanet sur Harlem Désir et sur sa mère, Novopress, Valynseele J. et Grando D., op.cit.