lundi 15 juillet 2019

Isabelle Adjani, l’Algérie et les Juifs

Je suis une mère absolue, une mère juive, une mère infernale, mais je fais tous les efforts pour me mettre en retrait quand il le faut. — Isabelle Adjani, Purepeople.

Le bobard selon lequel Isabelle Adjani serait juive est bien évidemment colporté par des « conspis » de la toile, des détraqués primaires qui cherchent à se convaincre et à convaincre quiconque les écoute que les Juifs sont un peuple malfaisant qui infiltre tous les milieux en vue de dominer le monde.

Le keffieh : Isabelle l’a déjà mis

Pourtant, la célèbre actrice — dont on voit mal où serait le côté malfaisant — avait déclaré un jour qu’il lui était probablement arrivé de refuser d’interpréter le rôle d’une Juive au cinéma par une sorte de « solidarité aveugle » avec son père. Celui-ci, un Français originaire de Constantine, en Algérie, s’appelait Mohammed Chérif Adjani et le grand-père d’Isabelle Adjani s’appelait Saïd Hadjami (donc, Hadjami est devenu Adjani).

La mère d’Isabelle Adjani s’appelait Augusta Emma Schweinberger. À propos des noms en « -berger », voir mon article sur Dominique Bromberger.

« Ma mère était bavaroise. Elle se sentait très mal dans un pays où elle était arrivée sans parler un mot de français et ne supportait pas que son mari soit algérien. Elle disait qu’il était d’origine turque et je le croyais. Entre mes parents, il y avait un racisme conjugal. Ma mère traitait mon père de « Crouille », et lui, répondait : « Sale Boche ! » Il s’appelait Mohammed, mais ma mère l’avait obligé à changer de prénom. Sur notre boîte aux lettres, il y avait : « Chérif Adjani ». Ma mère trouvait que ça faisait américain. » (interview pour le Nouvel Observateur, 1985)

« Ma mère [...] était allemande et a été emmenée, presque enlevée, quand elle avait vingt-cinq ans, par mon père qui était algérien et qui en avait dix-huit. [...] Il l’a convaincue de le suivre, s’est fait menaçant pour arriver à ses fins... Elle était une otage, une otage qui n’a pas pu pardonner à son ravisseur [...] » (dans les Inrocks, citée par Closer).

Isabelle Adjani porte sur elle l’empreinte de cette mésentente fondamentale, explique France-Dimanche, puisque son prénom, Isabelle, témoigne d’un combat que son père avait perdu : « Il aurait voulu m’appeler Yasmine, mais elle a refusé. Et il a obéi ».


Sources : Algérie 7 ; Closer ; Gala ; France-Dimanche ; Wikipedia.

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