jeudi 17 janvier 2013

Hitler juif, pour quelle raison ?

« Je suis catholique, la Providence l’a voulu. » — Adolf Hitler, cité par Hermann Rauschning dans son livre Hitler m’a dit (éd. Coopération 1939 ; Fayard 2012, ch. IV p.95)

Suite aux obscénités proférées à la télévision par Daniel Costelle et Isabelle Clarke après la diffusion de leur documentaire Apocalypse Hitler — cette dernière ayant carrément prétendu que « Hitler était peut-être juif » (sic) — l’historien Édouard Husson notait sur son blog :

La suggestion de recherche
numéro un en janvier 2013 !

« [...] [L]’absurde insistance sur la possible ascendance juive de Hitler, une thèse bien éculée, et dont on se demande bien pourquoi les auteurs la réhabilitent. Que le père de Hitler n’ait pas su l’identité de son vrai géniteur, quoi de plus banal dans une région [...] où les naissances illégitimes étaient particulièrement nombreuses [...] »

« Que Hitler n’ait pas su, contre les critères du régime qu’il avait établi, prouver l’origine de ses quatre grands-parents, certes. Mais de là à nous refaire le coup d’un Hitler peut-être juif, il y a un grand pas [...] »

La rumeur d’un Hitler ayant eu des origines juives circule un peu partout, et depuis longtemps. Ce n’est pas pour rien que « juif » est une des deux premières propositions de Google associées à ce nom, au moment où ces lignes sont écrites (cliquez sur l’image pour l'agrandir).

L’ignoble racontar circule même parmi des Juifs. Selon une de ses variantes, Hitler aurait été complexé d’avoir une mère juive. Or, si sa mère avait été juive, il l’aurait lui-même été selon la loi rabbinique, les Juifs qui colportent cette idiotie peuvent-ils l’oublier ?

Ajoutons que la prétendue incertitude sur « l’aryanité » d’Hitler, montée en épingle à partir d’une anecdote aujourd’hui contestée par les historiens (avant d’être enceinte, la mère d’Aloïs Hitler, père d’Adolf – donc, la grand-mère du dictateur – aurait été employée par une famille juive), concerne l’ascendance paternelle, et non pas l’ascendance maternelle.

Les nazis eux-mêmes, dans leur démence, n’ont jamais poussé l’absurdité jusqu’à considérer comme juif un individu ayant trois grands-parents non juifs.

Mais surtout, comme le dit si bien Édouard Husson : « [...] [L]a thèse des ancêtres juifs de Hitler est un symptôme de la mauvaise conscience européenne et occidentale vis-à-vis du judéocide : ce serait si pratique de pouvoir se dédouaner de siècles de persécutions culminant dans un génocide et de pouvoir dormir tranquille car un Juif aurait décidé de tuer massivement d’autres Juifs... »

Enfin, comme je l’ai déjà fait remarquer, définir implicitement la judéité de cette manière (une propriété biologique héritée d’un aïeul), et réduire ainsi l’identité juive à un simple sous-ensemble biologique arbitraire de l’humanité, reflète un incroyable mépris pour toute la dimension religieuse, spirituelle, morale, culturelle et historique du judaïsme.

2 commentaires:

  1. Je crois qu'il y a surtout le plaisir pseudo-intellectuel de jouer avec le paradoxe, d'autant plus que c'est le diable, le feu, l'horreur par excellence - et qu'il est maintenant inoffensif (du moins sous la forme de l'époque, car je ne prévois rien d bon pour l'avenir).
    MC

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  2. Cette théorie est une véritable tarte à la crème. Le niveau général du commentaire d'"Apocalypse Hitler", lu par MK, est tellement médiocre que je me le passe souvent pour rire ou pour expliquer à mes enfants la différence entre la vile propagande et un véritable travail scientifique. Seules les images remasterisées valent le coup.

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