dimanche 31 juillet 2016

Taguieff aime la musique juive

« (...) C’est une imputation de judaïsme, en vertu de ce que l’on tient de sa définition. (Cela) se retrouve à tous les niveaux. Souvenons-nous de l’article de Tariq Ramadan, paru en 2003, sur ce qu’il appelait les « intellectuels communautaires », où il s’en prenait à Pierre-André Taguieff, un chercheur sur l’antisémitisme, qui n’est absolument pas juif. » — Raphaël Enthoven, La Morale de l’info, Europe 1 (retranscription d’Éric Hazan pour LeMondeJuif.info)

À coup sûr, ses travaux portant sur le racisme, et surtout ceux portant sur l’antisémitisme, sont pour quelque chose dans la confusion qui consiste à le prendre pour un Juif.

Ses travaux, sa femme, sa fille,
ses amis... mais pas lui.

Cette confusion, le sinistre Tarik Ramadan, islamiste chouchou de la télévision française (P.S.: au moins, jusqu’à ce qu’éclate l’affaire que l’on sait), n’est certainement pas le seul à l’avoir faite.

Le patronyme à consonance étrangère du chercheur aura facilité la chose, bien que Taguieff ne soit pas plus juif que Tambyeff, Tazieff ou Terzieff.

Né d’un père russe et d’une mère d’origine polonaise, Pierre-André Taguieff a très tôt été passionné par la culture juive, entre autres par la musique juive.

Par ailleurs, selon ses propres dires, « tous les amis de la famille étaient des Juifs d’Europe de l’Est, marqués par l’expérience nazie » (Wikipedia).

Pierre-André Taguieff a aussi été marié avec la chanteuse yiddish Talila, avec qui il a eu une fille. Certes, il peut dire, à l’instar de Pascal Bruckner, que sa fille est juive.

Et cependant, comme il l’a déclaré publiquement à plusieurs reprises, lui-même n’est pas juif et ne l’a jamais été (pas plus que son père ou sa mère).

jeudi 21 juillet 2016

Est-on juif quand on s’appelle Cowen ?

Le 15 juin 2010, le site internet du Figaro annonçait comme une chose tout à fait normale l’expulsion par Dublin d’un diplomate israélien « en rétorsion à l’usage de faux passeports irlandais dans le meurtre à Dubaï en janvier d’un cadre du Hamas[,] dont les services secrets israéliens sont soupçonnés (...) ».

J’avais alors demandé si la Suisse avait expulsé un diplomate français, une fois établi que les services secrets français avaient fait usage de faux passeports suisses pour couler le Rainbow Warrior en Nouvelle-Zélande.

Pas brillant, Cowen !

Mon commentaire avait été refusé par les « modérateurs » du site.

En revanche, les mêmes n’avaient visiblement rien trouvé à redire au commentaire d’un certain Fayçal Zerrouk :

« Pour info, le Premier ministre irlandais s’appelle Cohen. Au cas où certains partisans du grand Israël oseraient le traiter d’antisémite, je les préviens, histoire qu’ils ne se ridiculisent pas une fois de plus. »

Cowen the Saints...

Ces mêmes « modérateurs » avaient cependant jugé bon de supprimer la réponse de « honney18 » à ce surdoué. Qu’avait-elle écrit de si inacceptable, « honney18 » ? Tout simplement, que le Premier ministre irlandais s’appelait Cowen, et non pas Cohen... et qu’il n’était pas juif.

Sachant qu’il y a eu un jour en Angleterre un Premier ministre nommé Benjamin Disraeli, et plus récemment en Autriche un chancelier nommé Bruno Kreisky, je ne dirai pas qu’il est complètement impossible qu’un Premier ministre irlandais soit juif, mais en l’occurrence, « honney18 » avait raison.

Brian Cowen (par ailleurs un fervent admirateur de Yasser Arafat, et donc quelqu’un d’aussi pourri que les journalistes de la presse française écrite et électronique et ses « modérateurs ») est issu de l’Irlande profonde. Il a poursuivi sa scolarité dans un collège cistercien (Wikipedia), et son nom, qui n’a rien de juif, s’écrit en irlandais : Brian Ó Comhain.

lundi 18 juillet 2016

Juif, Mister Bean ?

Ce même ami qui me racontait que le vrai nom d’Audrey Tautou était Touati – d’où l’article qui précède – allait le lendemain même, alors que je venais de le détromper, me gratifier d’un nouveau scoop. Selon ses sources, Rowan Atkinson était bel et bien juif.

Quelles sources, exactement ? « On me l’a dit. » (sic) Je n’en saurais pas plus.

Je ne peux que spéculer sur ce qui a pu inspirer un tel racontar. Est-ce parce que beaucoup de comiques sont juifs ?

Ou bien, tout bêtement parce que l’intéressé est brun ? Ou encore, parce qu’il a un nom en « -son » ?

À moins qu’il s’agisse d’un rapprochement douteux entre Rowan et Reuven (c’est-à-dire Reuben) ?

Autre possibilité, son sketch désopilant dans lequel il incarne un diable qui accueille les chrétiens en enfer en leur révélant que c’étaient les juifs qui avaient raison...

Rowan Atkinson est né à Consett, dans le comté de Durham. Son père, Eric Atkinson, était agriculteur et chef d’entreprise et sa mère s’appelait Ella May, née Bainbridge.

Outre que ni son lieu de naissance, ni son parcours scolaire ni le métier de son père ne suggèrent une appartenance au peuple juif, Atkinson et Bainbridge sont des patronymes typiquement britanniques (et typiquement pas « juifs »).

Ma source à moi, en l’occurrence, c’est Wikipedia : une source très critiquée, mais pas toujours à bon escient. Ce n’est certes pas une référence fiable pour qui voudrait se faire une idée juste de tel ou tel évènement dans un contexte controversé. En revanche, il n’y a aucune raison de penser que Wikipedia se trompe ou trompe ses lecteurs quand on y lit que le nom de naissance de la mère de Rowan Atkinson était Bainbridge (c’est repris du Telegraph), et qu’il a été élevé dans la religion anglicane.

dimanche 17 juillet 2016

Non, Audrey Tautou ne s’appelle pas Touati !

J’avais moi-même pris cette mignonne brunette pour une Juive (comme le personnage qu’elle incarne dans la saga de Cédric Klapisch). Elle avait le type, les femmes qui se prénomment Audrey sont souvent juives, et le nom Tautou pouvait aussi suggérer une appartenance au peuple juif.

Un ami m’a même assuré dernièrement qu’il s’agissait d’un nom de scène dérivé de Touati, qui serait le vrai nom de l’actrice (à moins que ce soit Touitou).

Sur Tautou, nous nous étions...
trompés du tout au tout.

En réalité, Tautou est son vrai nom, et les départements dans lesquels il est né le plus de Tautou depuis la fin du XIXe siècle sont la Corrèze et le Puy-de-Dôme.

Par ailleurs, on sait aujourd’hui que si ses parents l’ont prénommée Audrey, c’était en hommage à Audrey Hepburn.

Audrey Tautou est née à Beaumont, une commune de onze mille habitants du Puy-de-Dôme dans laquelle un Juif (ou une Juive) a très peu de chances d’être né. Je ne pense pas qu’on rencontre beaucoup de Juifs dans les environs, et il me semble que la seule communauté juive du département se trouve à Clermont-Ferrand.

Beaumont (serait-ce la
francisation de Schönberg ?)

L’actrice a passé son enfance et son adolescence à Montluçon, dans l’Allier, après quoi elle a préparé un diplôme de lettres à l’Institut catholique de Paris (Wikipedia).

Sa mère s’appelle Evelyne Nuret, et Nuret est un patronyme de la région de l’Indre, par conséquent un nom pas plus juif que Tautou.

Audrey Tautou a déclaré un jour que « tout le monde » lui prêtait une origine « ethnique », qu’on pensait qu’elle était originaire d’Afrique du Nord, d’Italie, d’Espagne ou du Moyen-Orient, bien qu’à sa connaissance elle soit 100 % française (imdb.com).

L’examen de sa généalogie complète sur quinze générations, accessible sur « la toile » (geneanet.org), le confirme. Même en remontant jusqu’au XVIIe siècle, on y trouve uniquement des patronymes français et il n’y apparaît jamais aucun « nom juif ».

mercredi 13 juillet 2016

Antoine Griezmann, juif parce que « -mann » ?

« Par influence, je baigne dans la religion depuis tout petit. [...] Je continue, ponctuellement, d’allumer des bougies dans les églises » — Antoine Griezmann, Derrière le sourire (co-écrit avec Arnaud Ramsay), Robert Laffont (2017)

Sur Facebook, des internautes juifs se demandaient si Antoine Griezmann, la nouvelle idole du football, était « de la communauté ». Naturellement, quelqu’un ne tarda pas à « confirmer » que Griezmann était « un Ashké »...

Pourtant, en dehors des clubs israéliens, bien rares sont les footballeurs juifs, si tant est qu’il soit possible d’en trouver. Quant à Antoine Griezmann, il n’a certainement pas le type !

Un Christ par-ci, une Vierge Marie par-là...

Antoine Griezmann est né à Mâcon, où prédomine aujourd’hui nettement le rite séfarade et où il ne semble pas qu’il y ait beaucoup d’Ashkénazes (il suffit de regarder les noms des membres du conseil d’administration du Consistoire régional).

Alors, pour quelle raison cette idée saugrenue, sinon parce qu’il a un patronyme en « -mann » ?

Il existe des noms en « -mann » dont on peut dire qu’ils sont « typés » juifs, comme Goldmann ou Seligmann (encore qu’il existe des Goldmann alsaciens qui ne sont pas juifs du tout).

Mais comme je l’ai déjà indiqué dans mes articles précédents, la plupart des noms en « -mann » sont tout simplement des noms germaniques. C’est le cas de Griezmann comme de Goetzmann, Mulmann ou Kauffmann.

En effet, Antoine Griezmann a de lointaines origines allemandes du côté paternel (et non pas alsaciennes, comme le mentionnait à tort Wikipedia en 2016) :

Né en 1865 à Meung-sur-Loire, dans le Loiret, Victor Ernest Grieszmann et sa femme [sic] Marie Stéphanie [Zeph], native du Pas-de-Calais étaient des vanniers ambulants, ayant tous deux des racines en Allemagne [...]. (Jean-Louis Beaucarnot).

Les origines allemandes remontent donc à deux siècles environ, ou peut-être plus. Rien n’indique que Victor Ernest Grieszmann aurait pu être juif et surtout, que sa descendance le soit.

La mère d’Antoine Griezmann, née Isabelle Lopes, est d’origine portugaise et selon toute vraisemblance, elle n’est pas juive du tout.

Surtout, on aura « remarqué Antoine Griezmann embrassant l’image de la Vierge Marie qu’il porte sur son avant-bras », nous dit Jean Vercors sur dreuz.info en évoquant également un Christ rédempteur et un chapelet tatoués sur les bras du footballeur (voir aussi l’article du site JONJ).

mardi 28 juin 2016

Gustav Klimt, juif par analogie?

Sachant que la capitale de l’Empire austro-hongrois a connu d’illustres auteurs juifs comme Arthur Schnitzler, Stefan Zweig et Sigmund Freud, certains en auront peut-être rapidement déduit que des artistes viennois ayant vécu à la même époque, comme Gustav Klimt, devaient être juifs également ?

Adèle Bloch-Bauer en Judith

Ou bien, serait-ce parce que Klimt avait pris comme modèles Margarethe Stonborough, la sœur de Ludwig Wittgenstein et surtout, pour plusieurs œuvres dont une représentation de Judith, Adèle Bloch-Bauer, laquelle aurait aussi été, semble-t-il, une de ses maîtresses ?

Ajoutons que le mari de celle-ci, Ferdinand Bloch-Bauer, avait acquis plusieurs tableaux de Klimt, outre le portrait de sa femme, et qu’une autre œuvre du maître, le « Portrait de Friederike Maria Beer », se trouve au musée de Tel-Aviv.

Assurément, il est difficile de parler de Klimt et de son œuvre sans faire intervenir les Juifs d’une manière ou d’une autre.

On pourrait aussi être tenté de supposer que Klimt avait une prédilection pour les Juives, mais ce serait sur des fondements illusoires. Margarethe Stonborough, à l’instar de son illustre frère, était née d’une mère non juive et d’un père chrétien issu de parents convertis. Quant à Friederike Maria Beer, il y a peu de chances qu’elle ait été juive, même si Beer est un nom porté par des Juifs.

Gustav Klimt était né à Vienne dans une famille assez pauvre d’origine morave et sa sépulture, qui ne comporte aucun signe indiquant une appartenance juive, se trouve dans le cimetière très chrétien de Hietzing, où il ne semble pas que des Juifs soient enterrés.

jeudi 16 juin 2016

Wittgenstein, catholique de père protestant

Le philosophe Ludwig Wittgenstein passe évidemment pour juif aux yeux de beaucoup de monde, soit parce que l’on s’imagine que tous les noms en « -stein » sont des noms juifs (pourtant le personnage de Victor Frankenstein, dans le roman de Mary Shelley, n’est pas juif, et l’ingénieur Kurt Gerstein ne l’était pas davantage), soit parce que l’on sait qu’il avait effectivement des origines juives.

Les grands-parents paternels de Ludwig Wittgenstein étaient juifs de naissance, mais ils s’étaient convertis au protestantisme et ils avaient élevé leur fils Karl, le père de Ludwig, dans la religion luthérienne (Wikipedia).

What about the limits of my Jewishness ?

Le site américain Jew Or Not Jew classe Ludwig Wittgenstein comme « borderline Jew », c’est-à-dire comme cas limite. Mais toute la question est de savoir où l’on situe la limite.

Or, non seulement son père avait été élevé en chrétien, mais sa mère, Leopoldine Kalmus, était de confession catholique et n’avait apparemment pas d’origine juive connue.

Selon les lois raciales de Nuremberg, Wittgenstein, ayant deux grands-parents réputés juifs, était un Mischling, c’est-à-dire un bâtard d’Aryen et de Juif.

Ludwig Wittgenstein fut baptisé dans l’Église catholique. Au moment de son engagement dans l’armée en 1914, il se procura l’Abrégé de l’Évangile de Léon Tolstoï et devint un chrétien convaincu.

Il semble qu’il soit devenu agnostique par la suite, mais il exprima sa volonté d’être inhumé selon le rite catholique.

Si je récapitule : Ludwig Wittgenstein était baptisé, il a vécu en chrétien, il est mort chrétien et il était né d’un père chrétien baptisé à la naissance et d’une mère chrétienne sans ascendance juive.

dimanche 15 mai 2016

Charles Bronson, pas juif pour deux sous

Le Pakistanais Farrukh Saleem (j’aurais tendance à écrire plutôt Farroukh Salim), qui a dressé une liste de personnalités juives (sans mauvaise intention, semble-t-il) n’est pas le seul à s’être mépris, de façon certes excusable, concernant le regretté Charles Bronson.

Il y a tout d’abord le physique de l’acteur, plus particulièrement son teint hâlé et ses cheveux bruns, qui a incité les cinéastes à lui proposer des rôles d’Amérindien et de Latino-américain. Or, non seulement le teint et la couleur des cheveux ne sont pas des indices de judéité, mais si l’on fait abstraction de ces deux aspects, Charles Bronson avait plutôt une tête de Slave, et pour cause.

Quand nous bronzons,
faisons-nous plus juif ?

Quoi qu’il en soit, il n’était ni amérindien ni latino et je réitérerai ici ma remarque à propos d’Alain Souchon par exemple, dont j’écrivais qu’on pouvait lui trouver une ressemblance avec un Juif comme avec un non-juif.

Il y a ensuite la question du nom. Certes, Bronson commence comme Bronstein et se termine comme Mendelson. Je pourrais m’amuser à développer ce point, mais le vrai nom de l’acteur était Buchinsky. On connaît des Juifs qui ont un patronyme en « -sky » (comme Trotsky dont le vrai nom était Bronstein) et même en « -insky » (Pinsky, Upinsky, etc.), voire, en « -chinsky »...

Cependant, comme se plaisent à l’affirmer avec insistance certains commentateurs parfois assez douteux, « un nom ne prouve rien ». Surtout que les noms en « -sky », ou même en « -chinsky », ne sont certainement pas une exclusivité juive.

Enfin, il y a eu des Juifs dans l’entourage le plus proche de Charles Bronson : des amis, notamment un certain Jack Klugman qui fut son meilleur ami et son colocataire, et sa première femme, Harriet Tendler. Mais lui-même ne l’était pas.

Charles Dennis Buchinsky était le onzième enfant d’une famille ouvrière d’origine lithuanienne, polonaise et tatare (d’où, sans doute, les cheveux bruns). À la maison, on parlait lithuanien. Le père était mineur de fond, et Charles a commencé lui aussi sa vie active dans la mine. Cela fait au moins cinq indices de non-judéité.

Score 4 sur 15 sur le site Jew Or Not Jew, qui dit mieux ?


Sources : encinematheque.fr, jewornotjew.com, terredisrael.com, wearemoviegeeks.com, Wikipedia

vendredi 22 avril 2016

NKM avait un ancêtre juif il y a deux siècles

Sur ma page consacrée à Dalida, on peut lire le commentaire d’un antisémite à l’ancienne qui se croit encore au temps de Pétain, affirme que « c’est le physique qui fait le Juif » et cite entre autres exemples ce détail qu’il aurait observé chez Nathalie Kosciusko-Morizet : la « paupière légèrement bridée et un peu tendue[,] proche du nez ».

Notons que ce dément a aussi relevé, en guise de « caractéristiques physiques typiques » des Juifs, des oreilles sans lobe : il ne m’a jamais rencontré, et c’est à croire qu’il n’a même jamais vu Alain Finkielkraut en photo.

Deux siècles, ou un peu moins...

L’état-civil complet de « NKM » est Nathalie Geneviève Marie Kosciusko-Morizet, ce qui constitue déjà un premier indice de « non-judéité ».

Côté paternel, son plus lointain ancêtre connu, Abraham Salomon Kościuszko (1821-1917) était arrivé de Pologne sous Louis-Philippe (Jean-Louis Beaucarnot, Le Tout politique, L’Archipel, 2011, p. 157). Il était juif, certes, et sachant que son épouse s’appelait Jeannette Marx, on peut supposer que son fils Louis était juif aussi. Certes.

Le grand-père paternel de Nathalie, Jacques Kosciusko, père de François Kosciusko-Morizet, était le fils de Charles Kosciusko, lui-même fils de Louis. Il avait épousé Marianne Morizet, fille de l’homme politique socialiste André Morizet. Il fut professeur au lycée de Grenoble en 1941, au lycée Marcelin-Berthelot de Saint-Maur-des-Fossés en 1942 puis au lycée Buffon à Paris en 1943 (et résistant), et par la suite, ambassadeur de France aux États-Unis.

Outre que les Morizet n’étaient pas juifs (geneanet.com), il est assez difficile d’imaginer, compte tenu de la tradition antisémite prévalant au Quai d’Orsay, qu’un ambassadeur de France puisse l’être. Il est surtout difficile d’imaginer, compte tenu du « Statut des Juifs » édicté par Pétain et des rafles, qu’un Juif aurait pu exercer comme professeur en région parisienne en 1942 et à Paris en 1943.

Par sa mère Bénédicte Treuille, NKM descend d’une ancienne famille bourgeoise de la région de Châtellerault. Elle serait une lointaine descendante de Lucrèce Borgia (Wikipedia). Autant dire qu’elle n’a pas d’ancêtres juifs connus du côté maternel.

Enfin, on sait qu’elle est de confession catholique (Soazig Quéméner, NKM - La Présidente, Lattès, 2014, p. 153).

Il aura donc suffi qu’un ancêtre ayant vécu il y a plus d’un siècle soit identifié comme juif, ou si l’on préfère, qu’un seul de ses seize arrière-arrière-grands-parents le soit, pour que l’on spécule sur les « origines juives » de la dame (qu’elle-même revendique, semble-t-il, au titre de la diversité culturelle, comme si la culture était affaire de gènes ou de généalogie).

En fin de compte, voir en NKM une Juive, c’est faire plus fort encore qu’avec Sarkozy et son grand-père juif converti, plus fort qu’avec Lénine et son arrière-grand-père juif... plus fort même, d’une certaine façon, qu’avec Kadhafi et sa très hypothétique arrière-grand-mère juive !

jeudi 31 mars 2016

Qui a dit que Lucie Aubrac était juive ?

Lucie Aubrac aurait été juive ? Je ne sais plus où j’ai lu cette assertion fausse. Ou bien, je l’ai entendue, de la bouche d’une de mes connaissances.

Le mari de Lucie Aubrac, Raymond Samuel, plus connu sous le nom de Raymond Aubrac, était effectivement juif, et c’est sans doute de là que provient le bobard, ou la méprise, la concernant.

Juive par son mari ?

Lucie Bernard est née à Paris, mais ses deux parents étaient originaires de Saône-et-Loire.

Son père, Louis Bernard, était issu d’une famille de cultivateurs de la région de Cluny.

Sa mère, qui s’appelait Louise Vincent, était domestique. Il semblerait qu’elle soit née dans une famille de vignerons, du côté de La Chapelle-de-Guinchay.

Sachant cela, il est déjà difficile d’imaginer que Lucie Aubrac, née Lucie Bernard et dont la mère avait pour nom de jeune fille Vincent, aurait pu être juive ou compter des Juifs parmi ses ascendants proches.

Même s’il existe des Juifs en Bourgogne, même s’il existe des Bernard juifs, et même s’il existe des vignerons juifs.

Par ailleurs, on sait que Lucie Bernard, dans sa jeunesse, a fréquenté une communauté de Quakers avant de devenir communiste, mais il n’apparaît nulle part dans sa biographie – ni dans l’examen de sa sépulture – qu’elle se serait rapprochée du judaïsme d’une manière ou d’une autre.

Raymond Samuel, à l’instar de son épouse, a été incinéré, ce qui constitue un indice parmi d’autres de son éloignement de la tradition juive.