vendredi 9 avril 2021

Chrétien n’était sûrement pas juif

Certains chercheurs ont envisagé la possibilité d’une origine juive de Chrétien de Troyes, et il n’en a pas fallu davantage pour que l’on entende dire çà et là que ce célèbre auteur de l’époque médiévale était juif lui-même.

Or, comme je l’ai déjà fait remarquer, il y a souvent loin entre une « origine juive » et une identité juive.

Chrétien, deux, trois...

En outre, l’hypothèse en question repose sur des bases bien fragiles. Tout d’abord, certains font valoir que dans le passé, une importante communauté juive a vécu dans la ville de Rashi. On voudra bien admettre que ce n’est pas un argument sérieux.

Ensuite, il y a le fait que Chrétien de Troyes ait signé l’ouvrage Philomena sous le nom de « Crestien li Gois ». Il a été dit que « li Gois » signifiait « le Goy » et que seul un juif converti pouvait se désigner ainsi. Cependant, il se peut tout aussi bien que « Gois » ne soit qu’une déformation de Gouaix, village situé à proximité de Troyes.

Enfin, certains amateurs de paradoxes ne se seront pas privés de supposer qu’il faut être juif pour se nommer Chrétien (à ce propos, voir mon article sur Hervé Cristiani). Les mêmes pourront reprendre à leur compte la légende selon laquelle l’inquisiteur Torquemada aurait été un juif converti.

Des historiens ont aussi supposé que Chrétien pouvait être issu d’une famille de la petite noblesse, ou bien, qu’il avait été chanoine. Il semble que l’on ne dispose pas d’éléments permettant de trancher.

Il a également été dit que la signature « Crestien li Gois » pouvait avoir été ajoutée par un des compilateurs de son œuvre.

Surtout, dans le Conte du Graal, Chrétien parle des Juifs comme de « félons qu’on devrait abattre comme des chiens » (sic), ce qui « paraît peu compatible avec une éventuelle judéité » (Wikipedia).


Sources : Estelle Doudet, Chrétien de Troyes, Tallandier, 2009 ; Philippe Walter, Chrétien de Troyes, PUF, coll. « Que sais-je ? », 1997 ; Wikipedia.

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