vendredi 9 août 2019

Hardies sont ces allégations sur Ardisson !

Une fois de plus, c’est sur Facebook que j’ai pu lire, à croire une internaute, juive elle-même, que Thierry Ardisson serait juif. J’ai lu ensuite qu’il aurait évoqué des origines juives algériennes. Naturellement, cette rumeur est aussi propagée par les sites antisémites que l’on sait.

Le notable juif et chroniqueur Jean Corcos dénonce dans la presse juive et sur son blog le conspirationnisme antisémite :

Il aura suffi d’un mot...

[T]ous les jours, je note entre 15 et 20 % (parfois beaucoup plus quand ces noms reviennent en « tête de gondole » de l’actualité) de recherches associant le mot « juif » à :
- François Hollande ;
- Patrick Sabatier ;
- Thierry Ardisson ;
- Jean-Marc Morandini ;
- et deux personnalités d’origine musulmane, Roschdy Zem et Rachida Dati ! […]


Jean Corcos précise, à propos de Thierry Ardisson :

[…] les innombrables visiteurs s’interrogeant sur son imaginaire judaïté viennent en raison d’un article vieux déjà de trois ans, et où le mot « juif » était joint à son patronyme.

Passons sur le fait qu’Ardisson ait invité un jour Dieudonné sur son plateau pour présenter son spectacle antisémite, ainsi que Thierry Meyssan pour promouvoir son livre négationniste. Passons également sur le fait que ses épouses successives, Béatrice Loustalan et Audrey Crespo-Mara, ne sont pas juives et que sa première épouse se prénommait Christiane. Passons aussi sur ses convictions royalistes.

Plus important pour ce qui nous occupe : « Issu d'une vieille famille du Comté de Nice, mais né dans la Creuse, le 6 janvier 1949, Thierry, Pierre, Clément Ardisson est le fils de Victor Ardisson, ingénieur catholique, et de Juliette, Renée, Ardisson, née Gastinel […] » (Night Life)

Bien entendu, Gastinel, comme nom de famille, n’est pas plus juif qu’Ardisson.


Sources : Night Life ; rencontrejudaïquesfm (blog de Jean Corcos) ; Wikipedia.

mercredi 7 août 2019

Jacques Tajan et les peintres juifs

Comme je l’ai mentionné dans mon article précédent, des gens s’étaient imaginé, sans doute en raison des ventes d’œuvres d’artistes juifs de l’École de Paris, que les trois associés de l’étude de commissaires-priseurs Ader, Picard & Tajan, à savoir Étienne Ader, Jean-Louis Picard et Jacques Tajan, étaient juifs.

Un jour, dans un restaurant juif de la rue des Rosiers, je m’étais retrouvé attablé avec trois jeunes hommes que je ne connaissais pas, et l’un d’entre eux s’était présenté comme étant le petit-neveu d’Étienne Ader, ou peut-être, le neveu de son fils Rémi Ader (ibid.). C’était au début des années quatre-vingt-dix.
La France des Tajan



Le paradoxe de cette situation est que, comme ce jeune homme me l’avait précisé, les Ader n’étaient pas juifs… et Jacques Tajan non plus.

Qu’en était-il de Jean-Louis Picard ? Ma mémoire n’a pas tout retenu, mais même s’il existe des Juifs qui s’appellent Picard, il est certain qu’une grande majorité des Français qui portent ce nom ne sont pas juifs et ne l’ont jamais été.

Par ailleurs, en raison d’incompatibilités entre les trois associés, la société allait être dissoute très peu de temps plus tard. Jean-Louis Picard, Jacques Tajan et Rémi Ader, héritier de son père Étienne Ader, allaient dès lors poursuivre leurs activités chacun de son côté.

Pour en revenir à Jacques Tajan, dont il est question ici, son nom, bien que se terminant comme Darbarjan, Karajan et Sabouridjan (qui ne sont pas des noms juifs), n’est pas d’origine étrangère. C’est un nom apparenté à Tajean ou bien à Taillant, et c’est le nom d’une commune de France, dans les Hautes-Pyrénées.

Dans tous les cas, c’est de cet endroit, les Hautes-Pyrénées, que les Tajan sont originaires, et non pas de l’Est du bassin méditerranéen, ni d’Iran, ni d’Arménie... ni de je ne sais où encore.


Sources : ader-paris.fr (Ader, Nordmann & Dominique) ; filae.com ; Geneanet (sur le patronyme Tajan) ; Geneanet (sur les prénoms des Tajan) ; geopatronyme.com ; Google Map (commune de Tajan) ; Wikipedia (sur Ader-Nordmann) ; Wikipedia (sur Jacques Tajan).

lundi 5 août 2019

Même si l’on trouve Adler chez Ader...

C’est dans le contexte de l’organisation d’une vente de tableaux de l’École de Paris que j’avais entendu parler, pour la première fois, du trio de commissaires-priseurs Ader, Picard et Tajan.

Sachant que le nom Picard est quelquefois porté par des Juifs, et sachant que cette société de ventes aux enchères s’est occupée, entre autres, de vendre des toiles de peintres juifs, on a vite fait de fantasmer sur les trois noms qui précèdent... et sans doute plus particulièrement sur le nom Ader. C’est ainsi qu’on m’avait dit un jour que les Ader étaient des Juifs (voir aussi mon article sur Clément Ader). Paradoxalement, c’est dans un restaurant juif de la rue des Rosiers qu’un petit-neveu d’Étienne Ader, dont il portait également le patronyme, m’avait détrompé.

Un tableau de Karol Adler
mis en vente par Ader...

Étienne Jean Yves Marie Ader était le fils de Jean Ader et d’Alice Guérin. Outre que Guérin n’est pas un nom porté par des Juifs et que le deuxième prénom de l’intéressé était celui de son père, le prénom Marie, comme je l’ai déjà expliqué à propos d’Alain Juppé, ne peut pas figurer dans l’état-civil d’un Juif : à la fois parce que c’est un prénom féminin, et parce que ce prénom fait évidemment référence à la mère de Jésus-Christ.

Durant la Seconde Guerre mondiale, selon un article de Jean Dutour paru dans le quotidien Action en 1945, « Maître Étienne Ader avait fait de l’Hôtel Drouot un véritable salon franco-nazi » :

[…] Les nouveautés sont à trouver dans le chapitre sur l’Hôtel Drouot dont l’accès est interdit aux Juifs en 1941. Les noms des commissaires-priseurs Étienne Ader, Alphonse Bellier et Henri Baudoin et des experts André Schoeller et Martin Fabiani reviennent souvent, même dans les cas de ventes sur ordonnance de « biens israélites » comme ceux d’Alphonse Kann, Elie Fabius, Jos. Hessel et du stock de la galerie Bernheim-Jeune. […] (Guy Boyer)

À la fin des années soixante-dix, Étienne Ader cédait sa charge à son fils Rémi Ader, lequel n’était pas plus juif que son père mais allait être rejoint par maître David Nordmann en 2004, avant de céder ses parts à maître Xavier Dominique. Aujourd’hui ce n’est plus Ader, Picard & Tajan mais Ader, Nordmann & Dominique.


Sources : ader-paris.fr (Ader, Nordmann & Dominique) ; Connaissance des arts ; geneanet.org ; Marcel & Simone.