samedi 30 septembre 2023

Wagner n’était ni espagnol, ni portugais

Dans son commentaire du 6 septembre 2023, un lecteur de mon article sur Marie d’Agoult écrit que Richard Wagner était « un marrane ».

Si je m’en tiens à la définition de ce mot, Wagner aurait donc été un Juif officiellement converti au christianisme, mais pratiquant le judaïsme en secret ; ou bien, il aurait été issu d’une famille de Juifs convertis ayant continué à pratiquer le judaïsme en secret. Dans un cas comme dans l’autre, autant dire que Wagner aurait été juif.

Un mythe de plus ?

Une telle affirmation est grotesque. Premièrement, le marranisme est dans l’Histoire une exclusivité de la péninsule ibérique : les marranes étaient les Juifs qui étaient restés en Espagne ou au Portugal à l’époque de l’Inquisition et qui s’étaient convertis pour cela à la religion catholique, tout en restant secrètement fidèles à leur identité juive et tout en s’efforçant de continuer, de façon cachée, à pratiquer les rites du judaïsme. Il n’a jamais été question de marranes allemands.

Deuxièmement, il n’existe aucune source indiquant que Wagner serait né dans une famille juive ou issu d’une mère juive, et toutes les sources indiquent clairement le contraire. Même s’il se trouve que Richard Wagner est né dans le quartier juif de Leipzig, on sait pertinemment que c’est dans une famille chrétienne et qu’il a été baptisé en l’église Saint-Thomas de Leipzig.

Tout au plus, certaines sources suggèrent-elles, à la suite d’une douteuse assertion de Nietzsche, lequel avait un vieux compte à régler avec le compositeur, que le vrai père de celui-ci aurait été Ludwig Geyer, à qui j’ai déjà consacré un article. Pour plus de détails, je renvoie le lecteur à cet article et à ses sources.

Cette hypothèse est aujourd’hui majoritairement contestée. Par ailleurs, l’idée que Ludwig Geyer aurait été juif est également rejetée, même si le patronyme Geyer était alors considéré comme juif en Allemagne à cette époque.

Tout cela, sans même faire cas de l’antisémitisme de Richard Wagner, dont tout le monde a entendu parler et qu’il avait exprimé dans un pamphlet tristement fameux, mais aussi, avant cela, dans sa correspondance.


Sources : Wikipedia ; Le Devoir.