lundi 26 septembre 2022

Pas de kaddish pour la reine Elizabeth II

La légende d’une famille royale d’Angleterre qui aurait des origines juives a circulé sur Internet il y a quelque temps. Certains sont allés jusqu’à considérer comme juifs les membres actuels de la famille royale, y compris la reine Elizabeth II elle-même.

Je serais prêt à parier que la haine qu’un certain nombre d’antisémites conspirationnistes vouent à l’Angleterre, pays pionnier de la Révolution industrielle et de la Bourse et de ce fait, symbole potentiel du capitalisme et de la finance — auxquels ils associent les Juifs — y est pour quelque chose.

Eli (Dieu en hébreu)... za... beth (maison).

Bien évidemment, en cherchant bien, on peut toujours réussir à trouver un indice, aussi peu probant soit-il, notamment la circoncision avérée de certains membres de la famille royale, ou encore la présence effective d’un Juif ou d’une Juive parmi les ancêtres de la reine d’Angleterre en remontant un certain nombre de générations en arrière.

Elizabeth Alexandra Mary, couronnée reine d’Angleterre en 1953 en l’abbaye de Westminster, était le premier enfant du prince Albert, duc d’York (futur George VI) et de son épouse, Elizabeth Bowes-Lyon, laquelle était la fille de Claude Bowes-Lyon, 14e comte de Strathmore et Kinghorne, lui-même fils aîné de Claude Bowes-Lyon, 13e comte de Strathmore et Kinghorne.

On peut également s’imaginer que certains auront fantasmé sur le patronyme Lyon, qui est généralement porté par des Juifs.

On remarquera ici encore le prénom du parent donné à l’enfant (Élizabeth, fille d’Elizabeth et Claude, fils de Claude), une pratique courante chez les protestants britanniques, surtout dans la noblesse, mais qui est absolument contraire à la tradition juive.


Sources : Wikipedia.

samedi 28 mai 2022

Une étoile juive pour Jacques Clostermann ?

En mai 2022, alors que cet ancien pilote de chasse, ancien commandant de bord et officier de réserve était candidat du parti Reconquête aux élections législatives dans la 12e circonscription des Bouches-du-Rhône, une vingtaine de ses affiches ont été taguées d’étoiles de David jaunes.

Selon toute vraisemblance, cet acte de vandalisme était inspiré non pas par la judéité réelle d’Éric Zemmour, chef de file du parti en question, mais par une identité juive prêtée au candidat auquel le présent article est consacré : une identité juive prêtée à tort, bien évidemment. Et cette méprisable méprise, pour quelle raison ? À coup sûr, parce qu’il portait un nom en « -mann ».

Qu'où il n'y a « -mann » ...

C’est parfaitement ridicule, mais les choses sont ainsi (voir mes articles sur Corinne Goetzmann, Antoine Griezmann, Jean-Paul Kauffmann, Sophie Thalmann, etc.)

Fils de Pierre Clostermann, d’origine alsacienne et lorraine et de Jacqueline Clostermann, née Renaudat, Jacques Clostermann a passé une partie de son enfance dans une maison familiale qui était une ancienne abbaye, près de Reims, et qui a été par la suite rendue à sa destination initiale.

En septembre 2015, Jacques Clostermann a participé à l’organisation d’un récital de piano de Cyprien Katsaris dont les recettes étaient destinées à la restauration de l’église orthodoxe Saint-Alexandre-Nevsky de Biarritz.

Ses grands-parents paternels auraient régulièrement reçu à leur domicile l’évêque Eugenio Pacelli, le futur pape Pie XII : lequel pape Pie XII élèvera Pierre Clostermann, le père de Jacques Clostermann, au rang de chevalier dans l’ordre équestre du Saint-Sépulcre de Jérusalem.

Clostermann est un patronyme alsacien, variante de klostermann, moine ou homme du cloître, un nom désignant à l’origine un serviteur de couvent.

Pour finir, les prénoms des Clostermann, tels qu’ils apparaissent sur un site de généalogie, n’indiquent pas du tout une appartenance juive.


Sources : filae.com ; geneanet.org ; Wikipedia.

vendredi 11 février 2022

Gérald Darmanin, juif séfarade ?

Le 11 février 2022, sur Facebook, une publication humoristique à propos du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin servait de prétexte à un certain Bruno Ionescu pour exprimer en commentaire son antisémitisme obsessionnel.

Ce brillant causeur semblait ignorer qu’il manifestait sa démence sur un réseau social inventé et dirigé par un certain Zuckerberg, à partir d’un ordinateur très probablement équipé d’un processeur mis au point par les ingénieurs d’Intel Israel, la filiale israélienne d’Intel, via un réseau Internet truffé de brevets déposés par des ingénieurs et chercheurs juifs.

Mmm... un Juif ? Mmm... où ça ?

Je cite la prose de ce surdoué, en corrigeant simplement la typographie :

Moussa, [J]uif [s]éfarade, dans ce gouvernement de pervers[,] le voleur de fric, est juif [...]

On applaudit le génie pour sa compétence d'enquêteur et sa grande perspicacité... et pour ses talents littéraires. Le même qui, sur sa page Facebook, affirme que le monde est dirigé par « 200 000 millions de [J]uifs » (sic). Un as des statistiques, en plus ! Si je sais compter, cela fait 200 milliards, soit vingt fois la population mondiale, excusez du peu.

« Moussa », c’est Gérald Moussa Darmanin, désigné par son second prénom d’état-civil. Sa mère, Annie Ouakid, qui travaillait comme femme de ménage, était la fille d’un tirailleur algérien et harki, Moussa Ouakid.

Moussa, c’est Moïse en arabe. Ce prénom indique a priori une origine arabo-musulmane, et non pas juive.

Une des premières choses qu’on apprend concernant Gérald Darmanin, dès que l’on commence à se renseigner à son sujet, est que c’est un catholique fervent. Son grand-père paternel, Rocco Darmanin, né en Tunisie et mineur de profession, était issu d’une famille maltaise catholique.

En outre, le personnage semble cultiver de vilains préjugés à propos des Juifs. En mars 2021, des passages de son essai Le Séparatisme islamiste – Manifeste pour la laïcité (L’Observatoire, 2021) ont suscité une polémique, car on pouvait y lire que Napoléon « s’intéressa à régler les difficultés touchant à la présence de dizaines de milliers de Juifs en France. Certains d’entre eux pratiquaient l’usure et faisaient naître troubles et réclamations. » Darmanin reprend donc à son compte les stéréotypes antisémites de cette époque.


Sources : Le Journal des femmes ; The Times of Israel ; Wikipedia.

mercredi 2 février 2022

Borloo, c'est Jean-Louis Marie !

Si Jean-Louis Borloo figure sur la liste du présent blog, en tant que « Juif qui ne l’est pas », c’est que j’ai lu ou entendu dire un jour qu’il était juif. Où et quand ai-je lu ou entendu dire cette sottise ? J’ai oublié. Peu importe.

Et cette sottise, qu’est-ce qui peut l’avoir inspirée ? En toute probabilité, le fait qu’il ait épousé Béatrice Schönberg.

Quand Jean-Louis Marie se marie.

Il semble que le patronyme Borloo trouve son origine de l’autre côté de la frontière nord de la France et dérive d’un toponyme, soit Borlon, dans la province de Luxembourg, également appelé Borlo au Moyen Âge, soit, plus probablement, Borlo, dans la province du Limbourg, en Belgique.

Dans la liste des prénoms des Borloo, c’est Jan Baptist qui arrive en tête. Viennent ensuite des prénoms comme Joanna Maria, Petrus Josephus, Franciscus, Joannes Baptista, Petrus Joannes, Maria Catharina, Jean-Baptiste, etc.

Jean-Louis Borloo est le fils de Lucien Joseph Borloo, né à Guémené-sur-Scorff, d’origine belge et de Mauricette Acquaviva, originaire de Lozzi en Haute-Corse.

Les ascendants de Jean-Louis Borloo s’appellent Le Cognic, Prévost et Steurs (et Borloo) du côté paternel, et du côté maternel, Acquaviva et Allemand : aucun de ces noms ne suggère une ascendance juive (même pas Allemand).

Par ailleurs, l’état-civil complet de l’intéressé est Jean-Louis Marie Borloo et j’ai déjà expliqué, notamment à propos d’Alain Juppé, pourquoi il était impossible qu’un homme dont le prénom Marie figure dans l’état-civil soit né dans une famille juive.


Sources : Geneanet (prénoms des Borloo) ; Geneanet (arbre généalogique) ; Geneastar ; Wikipedia.

mardi 25 janvier 2022

Une double controverse à propos de Ludwig Geyer

Il existe toute une controverse au sujet du fait que Richard [Wagner] aurait été le fils naturel de Geyer et que ce dernier aurait été d’ascendance juive, ce qui aurait en partie expliqué son antisémitisme, mais ce dernier point est contesté et n’est plus retenu actuellement.Wikipedia.

Dans certains ouvrages sur Richard Wagner, il est écrit que son beau-père, Ludwig Geyer, était juif. Nietzsche l’avait un jour affirmé, sans preuve et pour une raison que nous ignorons.

« aurait... aurait... ce qui aurait... »

À cela s’ajoute une incertitude quant à la paternité du compositeur, et certains auteurs ont cru pouvoir supposer que là résidait l’origine de son antisémitisme.

Le fils de Richard Wagner, Siegfried, présentait une ressemblance physique indéniable avec son père, et cependant le compositeur admit un jour que son fils ressemblait à Ludwig Geyer.

En vérité, il s’en faut de peu que je puisse ajouter Richard Wagner lui-même à ma liste de « Juifs qui ne le sont pas » (P.S.: je ne croyais pas si bien dire, et j’ai fini par le faire).

En allemand, Geyer signifie vautour et il existe d’autres noms d’oiseaux portés par des Juifs, comme Adler (aigle), Amsel (merle), Robin (rouge-gorge), Stieglitz (chardonneret), Taube (pigeon)… sans oublier Vogel et Wasservogel… Mais (sans rire) les noms d’oiseaux seraient-ils réservés aux Juifs ?

Ludwig Heinrich Christian Geyer était le fils de Christian Gottlieb Benjamin Geyer et de Christina Wilhelmina Elisabeth, née Fredy, et sa sœur se prénommait Ernestine Henriette Christiana. On aura noté les deux Christian, ainsi que Christina et Christiana.

Gunnar Colding, un auteur d’après lequel il serait probable que Richard Wagner ait été le fils naturel de Ludwig Geyer, écrit que ce dernier, « au moins dans une certaine mesure était d’origine juive ». J’ai déjà écrit plus d’une fois sur le présent blog ce que je pensais de la notion d’origine(s) juive(s), et je trouve le « au moins dans une certaine mesure » assez cocasse.

Il semblerait que la généalogie du comédien et artiste remonte au XVIe siècle et qu’il soit prouvé que tous ses ancêtres étaient allemands, avec parmi eux beaucoup de musiciens d’Église. Toujours est-il que la théorie de la judéité de Geyer est de plus en plus nettement contestée : aujourd’hui, des auteurs sérieux, comme par exemple Milton Brener, affirment que Geyer n’avait aucune ascendance juive connue.


Sources : Academic/Wikipedia ; Brener, Milton E., Richard Wagner and the Jews, McFarland 2006 ; Colding, Gunnar, The mysterious origin of Richard Wagner ; geni.com ; Musée Richard Wagner, Lucerne ; Skadi Forum ; Wikipedia ; Williams, Derek, Richard Wagner and the Third Reich, Academia.