jeudi 21 novembre 2013

Che Guevara, juif et cousin avec Ariel Sharon ?

Sur le tard, la mère de « Che » Guevara lui aurait appris qu’elle était juive. Ernesto Guevara se serait alors rendu en Israël à la recherche de ses racines. Il aurait même été le cousin d’Ariel Sharon. C’est du moins ce qu’a prétendu un jour le journal israélien Maariv.

Selon toute vraisemblance, cette rumeur d’une origine juive de Che Guevara et d’un lien de parenté avec Ariel Sharon, relayée par un journal, n’était au départ qu’un poisson d’avril concocté pour faire la nique à tous ces gauchistes du monde entier dont le premier était l’idole et le second, la bête noire.

Ernesto Guevara de la Serna était le fils d’Ernesto Guevara Lynch et de Celia de la Serna, « tous deux d’ascendance irlandaise et espagnole noble », peut-on lire sur Wikipedia, qui insiste sur le fait que ses parents étaient « de lignée aristocratique » (donc, pas juifs).

Petit boucher deviendra viande

Mais surtout, nous avons un Ernesto, fils d’Ernesto : or, comme je l’ai déjà précisé maintes fois, chez les Juifs, en principe, on ne donne jamais à un fils le prénom de son père (P.S.: ça arrive quand même quelquefois).

Par ailleurs, on peut lire dans une biographie de Celia de la Serna que les parents de celle-ci étaient « très anticléricaux ». Ce terme s’applique plutôt aux chrétiens. Qualifier ainsi des Juifs, qu’ils soient religieux ou athées, n’aurait pas vraiment beaucoup de sens.

En 1921, après avoir perdu ses deux parents, Celia fut prise en charge par sa sœur aînée Carmen. Ce prénom, [Maria del] Carmen, est encore un signe clair que nous avons affaire à une famille de culture chrétienne. En outre, Celia, alors qu’elle effectuait sa scolarité au lycée français du Sacré-Cœur, à Buenos Aires, exprima son désir de devenir nonne.

Comment une Juive aurait-elle pu songer à devenir nonne ?

Il est même précisé que la future mère du « Che » était au départ une « catholique militante ».

Le « petit boucher » (el carnicerito) était donc juif comme je suis japonais, et il était cousin avec Ariel Sharon comme je suis cousin avec le dalaï-lama.

mardi 8 octobre 2013

Josiane Balasko…vić, pas « lovitch »

De Marie-José Nat à Sophie Marceau, toutes les actrices ayant joué le rôle d’une Juive dans un film passent pour juives, surtout dans l’esprit… de ceux qui n’en ont pas. Josiane Balasko ne fait pas exception.

Dans le film Tout le monde n’a pas eu la chance d’avoir des parents communistes de Jean-Jacques Zilbermann, excellent metteur-en-scène mais douteux réalisateur et scénariste (du moins, du point de vue des messages qu’il cherche à faire passer), elle jouait le rôle d’une Juive communiste rescapée de la Shoah, censée être la mère de Zilbermann et qui, de façon peu crédible, invoquait Auschwitz à la moindre dispute avec son mari et tombait en pâmoison devant les chanteurs de l’Armée rouge.

Changer d’origine, ou de mère ?

Josiane Balasko a été un moment mariée avec le frère de Richard Berry, ce qui peut aussi alimenter la rumeur qui nous occupe : pour bon nombre de simplets, une femme qui porte un nom étranger et qui épouse un Juif est nécessairement juive.

Balasko serait un nom de famille hongrois (genealogie.com), mais Josiane Balasko s’appelle en réalité Josiane Balašković.

En 2013, Wikipedia indiquait que Josiane Balasko était née dans une famille yougoslave et précisait qu’elle était d’origine croate, du côté paternel comme du côté maternel.

Depuis, Josiane Balasko a changé d’origine, ou bien elle a changé de mère. Il y est maintenant indiqué que son père, Ivan Balašković, était de nationalité yougoslave (c’est moins précis que croate...), mais que sa mère, Fernande Gattechaut, était une Française d’origine française.

Le patronyme Gattechaut est porté surtout dans les Hautes-Alpes, ce qui signifie qu’il n’indique absolument pas une origine juive, même s’il se pourrait qu’il dérive de Gottschalk (un nom germanique qui, à notre époque, est notamment porté par des Juifs).

Ma conclusion ne change pas : le nom Balašković n’est pas plus juif que la personne qui le porte.


Sources : geneanet.org, geopatronyme.com.

dimanche 6 octobre 2013

Et Danielle Mitterrand, elle met les Juifs dans le papier alu ?

J’ai découvert récemment (P.S.: en 2013) cette invraisemblable rumeur (une de plus) : Danielle Mitterrand, l’épouse de François Mitterrand, née Danielle Émilienne Isabelle Gouze, aurait été juive.

Comment expliquer un commérage aussi ridicule ?

Est-ce que quelques désaxés auraient fait un lien entre son nom de jeune fille, Gouze, et un journaliste gauchiste (qu’on me pardonne pour le pléonasme) du nom de Gouz, prénommé Sylvain, dont un patron de télévision antisémite avait fait remarquer un jour qu’il avait un nez aquilin et des cheveux frisés ?

Juive par son beau-frère ?

Ou bien, serait-ce parce que sa sœur avait épousé Roger Hanin, né Lévy ?

Tout est possible. On peut imaginer que certains détraqués raisonnent, ou plutôt déraisonnent, par des syllogismes comme celui-ci : les Juifs ne se marient qu’entre eux, Roger Hanin est juif, donc sa femme est forcément juive, ce qui implique que la sœur de sa femme le soit aussi.

En réalité, la moitié des Juifs épousent des non-juifs et il semblerait, de surcroît, que Roger Hanin se soit converti à la religion catholique avant d’épouser la sœur aînée de Danielle Mitterrand, Madeleine Gouze alias Christine Gouze-Rénal.

La mère de Danielle Mitterrand s’appelait Renée Flachot et les autres noms qui apparaissent dans son arbre généalogique sont des noms comme Lamarche, Roussotte et Gaillard. Du côté du père, Antoine Gouze, on trouve notamment des Laventurier, des Chachuat, des Rougelet et des Chavet.

Les racines de l’épouse de François Mitterrand étaient essentiellement bourguignonnes et un peu corréziennes, comme nous l’explique Jean-Louis Beaucarnot qui est une référence en matière de généalogie et dont on lira, pour plus de détails, l’article qu’il lui a consacré.

mercredi 25 septembre 2013

Cecilia Ciganer-Albéniz-Sarkozy-Attias… juive ou catho ?

Ciganer… Peut-on ne pas être juif avec un nom qui commence comme les cigares de Davidoff, qui sonne comme Trigano et qui se termine comme Kouchner ?

Et si, en plus, Cecilia Ciganer-Albéniz s’appelle maintenant Cécilia Attias, alors aucun doute n’est plus permis !

Son père, André Ciganer, « de son vrai nom Aron Chouganov, [...] est issu pour moitié d’une famille de propriétaires terriens juifs de Bessarabie et pour autre moitié de Tziganes de Moldavie », nous dit le site imaginatif Wikipedia, et le rédacteur d’ajouter : « d’où le nom Chouganov/Ciganer ». Comprenne qui pourra.

Qui sait s’il y a quelque
chose de juif chez Cecilia ?

Comme autres indices du même acabit, nous avons le fait qu’elle soit une descendante du compositeur Albéniz, prénommé Isaac, et le fait qu’elle ait successivement épousé Jacques Martin, puis Nicolas Sarkozy (pour savoir ce que valent ces indices, cliquez sur ces noms), et enfin, Richard Attias : sans doute un indice très probant aux yeux de certains obsédés.

Cecilia Attias est née sous le nom de Cecilia María Sara Isabel Ciganer Albeniz.

Sa mère, Diane Teresita Albeniz de Swert, était la fille d’un ambassadeur espagnol et de Rosaline de Swert, d’Anvers, elle-même issue d’une famille de diplomates. Elle était la petite-fille du compositeur Isaac Albéniz (du côté de son père). Elle n’était pas juive.

Cécilia Attias a donc eu trois grands-parents non juifs (y compris sa grand-mère maternelle). Avec cela, elle n’est juive selon les critères d’aucun rabbin et elle ne l’est pas davantage selon les critères de Pétain ni des nazis.

Par ailleurs, elle a effectué toute sa scolarité dans une institution catholique et elle a précisé à des journalistes qu’elle avait été élevée dans la religion catholique. Qui dit mieux ?

vendredi 6 septembre 2013

Staline, si Joseph…

Il existe bel et bien une rumeur selon laquelle Joseph Djougachvili, fils de Vissarion, aurait été juif. Elle est plus rare que celle concernant Lénine, chez qui, en cherchant un peu, on parvient à trouver une ou deux mauvaises raisons pouvant l’expliquer. Mais elle existe.

D’après le site Jew Or Not Jew, cette rumeur serait véhiculée par des sites antisémites au motif que le début de son nom de famille, « Djougach », signifierait « Juif » en géorgien.

Staline, un juif ? Une rumeur
que je déjoue, gâche, avilis...

En réalité, le père de Staline était originaire du village de Djougha. Et « Juif » en géorgien se dit « Ebraelebi ».

Quant au prénom Joseph, je reconnais que c’est là un indice intéressant. Parbleu, le même prénom que Gobineau... et Gœbbels... et Mengele !

Dans sa jeunesse, Joseph Vissarionovitch Djougachvili avait été séminariste, car sa mère, Ekaterina Gavrilovna Gueladzé, chrétienne orthodoxe fervente, voulait faire de lui un prêtre.

Vers la fin de son règne, le dictateur communiste avait sombré dans un antisémitisme débridé dont témoignent notamment la « Nuit des poètes assassinés » et le « Complot des blouses blanches ».

Pour tout dire, faire valoir qu’un Hitler ou un Staline pourrait avoir des origines juives, c’est à peu près aussi intelligent qu’affirmer qu’il y avait des bisons dans l’arbre généalogique de Buffalo Bill.

lundi 22 juillet 2013

Les Juifs ne sont pas des Colomb

En 1492, suite aux informations que j’avais données à Vos Altesses, Roi et Reine d’Espagne, elles pensèrent m’envoyer aux Indes, pour y voir comment on pourrait y convertir les peuples à notre Sainte Foi. — Christophe Colomb (Introduction au Journal de bord, 1492).

L’idée que Christophe Colomb aurait été juif est très à la mode depuis quelque temps. Il semble qu’elle ait été inspirée par la coïncidence dans le temps entre son fameux voyage et l’expulsion des Juifs d’Espagne. Il en faudrait pourtant un peu plus pour étayer ce genre de thèse !

Mais qui était-il donc ?
Certains auteurs ont soutenu une théorie selon laquelle Cristobal Colón aurait été un « converso », c’est-à-dire un Juif de la péninsule ibérique converti au christianisme. Simon Wiesenthal aurait postulé que « Colomb était un Séfarade soucieux de cacher son judaïsme mais aussi désireux de trouver un lieu de refuge pour ses compatriotes persécutés. » (Wikipedia)

Je peux me tromper, certes, mais tout cela ne me paraît pas très sérieux.

Cristoforo Colombo est le plus souvent considéré comme génois (donc italien, diront certains), même si une théorie faisant de lui un Portugais a aussi cours dans les écoles depuis longtemps. « Par la suite, des hypothèses audacieuses ont fait de lui un Castillan, un Catalan, un Corse, un Grec, un Arménien », nous dit Wikipedia.

Quoi qu’il en soit, tout semble indiquer que notre voyageur n’était pas juif :

1) Christopher Columbus était ostensiblement catholique (et pieux, me souffle une de mes sources).

2) Son navire amiral s’appelait le Santa Maria et l’iconographie indique que les voiles des caravelles de sa flotte étaient décorées d’une croix.

3) Colombo, Colón… un nom porté par des Juifs ? Parfois, peut-être. Mais cela ne prouve rien. L’homme politique Gérard Collomb est-il juif ? Absolument pas.

4) Un Juif aurait difficilement pu s’appeler Christophe (surtout à l’époque).

5) Si j’en juge par son portrait le plus célèbre, il ressemblait plus à Du Guesclin qu’à Maïmonide.

6) Cristòfor Colom était envoyé par Isabelle et Ferdinand, qui ne se seraient pas montrés aussi bien disposés envers un Juif, ni même envers un « converso », et ne lui auraient sans doute jamais confié une telle mission.

7) La meilleure preuve que son départ en 1492 n’avait rien à voir avec l’expulsion des Juifs d’Espagne, c’est que tonton Cristobal est revenu (il est même reparti et revenu plusieurs fois).

8) Enfin, il faut bien constater que suite aux intéressantes découvertes de ce monsieur, aucune autorité n’a jamais cherché à envoyer des Juifs aux Amériques ni aux Antilles (un certain nombre y ont migré, mais ils l’ont fait d’eux-mêmes).

vendredi 19 juillet 2013

Gustave Eiffel, pas plus juif qu’Auguste Bartholdi

Je ne suis ni juif ni allemand. Je suis né en France, à Dijon, de parents français et catholiques. — Gustave Eiffel (paru dans Le Temps et cité par Jill Jones : La Tour, Cherche-Midi, 2014).

Lors de la cérémonie du 14 juillet 2013 à l’ambassade de France en Israël, le président israélien Shimon Pérès, décidément pas à une énormité près, avait cru pouvoir affirmer ceci :

Gustave Eiffel sur son lit de mort

« Les symboles de la France et des États-Unis sont le fruit du travail d’artistes français, je pense évidemment à la Tour Eiffel et à la statue de la Liberté. Ce que l’on sait moins, c’est que Gustave Eiffel était juif, donc nous avons aussi un petit rôle dans ces symboles. » (source : israelvalley.com)

J’imagine qu’il s’en est fallu de peu que le vieux Shimon ne nous annexe également l’autre artiste français en question, Auguste Bartholdi, l’auteur de la statue de la Liberté. Après tout, Félix Mendelssohn, dont on sait bien qu’il était né de deux parents juifs, ne s’appelait-il pas Bartholdy ?

Sachant que Gustave Eiffel figurait déjà sur ma liste, je peux certifier que Shimon Pérès n’est pas l’inventeur de cette fable.

P.S.: Déjà, à son époque, Eiffel avait été la cible des antisémites, ce qui l’avait conduit à publier dans la presse la réponse citée ci-dessus (citation ajoutée en mai 2019).

Gustave Eiffel est né sous le nom d’Alexandre Gustave Bönickhausen, un nom qui témoigne d’une origine allemande, mais non pas juive.

Son père s’appelait Alexandre Bönickhausen. Or, comme j’ai déjà eu l’occasion de le rappeler à maintes reprises, chez les Juifs, en principe, on ne donne jamais à un fils le prénom de son père.

Quant à la mère d’Alexandre Gustave Bönickhausen-Eiffel, elle s’appelait Catherine Moneuse et elle était la fille de Jean-Baptiste Moneuse et de Jeanne Peuriot. Moneuse et Peuriot ne sont pas des noms portés par des Juifs, sans parler du prénom Jean-Baptiste. C’est assez clair, je pense.

Selon Oury Wesoly, qui m’a précédé dans la dénonciation de ce racontar, la famille de Gustave Eiffel était catholique au moins depuis le XVIIe siècle. Ceci étant, note avec humour Oury Wesoly (mieux inspiré sur ce sujet que sur certains autres), les « complotistes » n’auront pas tout perdu : Eiffel était bel et bien franc-maçon. Ce qui ne l’aura nullement empêché de mourir en chrétien, comme en témoigne la photo ci-dessus.

jeudi 18 juillet 2013

Charlie Chaplin juif ? Des clous !

Le fait qu’il ait incarné un personnage juif dans Le Dictateur aurait-il incité un certain nombre de gens à penser que Chaplin était juif ? Pourtant, dans ce même film, il incarnait aussi Hitler, et personne ne l’a pris pour un nazi.

Au même moment, faut-il encore le rappeler, les cinéastes juifs de Hollywood s’abstenaient de traiter ce sujet, de même que la plupart des journalistes juifs, aux États-Unis, se gardaient bien de dénoncer l’extermination de leurs coreligionnaires européens par le régime nazi. Cédaient-ils à des pressions ?

Il n’avait pas cet honneur.

Il semble cependant que cette méprise ait une autre origine. À croire l’article que lui consacre Wikipedia, « La confusion fut entretenue entre autres par le FBI qui commençait tous ses rapports comme suit : Israël Thonstein alias Charles Chaplin. En fait, le Who’s Who de la communauté juive américaine avait auparavant affirmé que Chaplin était issu d’une famille nommée Thonstein, émigrée d’Europe de l’Est et établie à Londres depuis 1850. »

Si cela est vrai, alors la fable de sa judéité serait... d’origine juive !

Dans ses Réflexions sur la question juive, Sartre citait Chaplin comme exemple de personnalité juive : preuve, s’il en était besoin, qu’un philosophe réputé peut très bien, dans ses écrits, reprendre à son compte un fait purement imaginaire. On retrouve la même erreur dans l’ouvrage de Frans C. Lemaire Le Destin juif et la musique (Fayard, 2001).

Charles Spencer Chaplin était le fils de Charles Chaplin Senior et d’Hannah Harriett Pedlingham Hill, et il fut baptisé dans une église anglicane. Hill est un patronyme britannique et n’est pas un nom « juif » (il semble cependant que la mère de Chaplin ait eu des origines gitanes). Chaplin est un nom porté à la fois en Angleterre et en France, notamment dans la Sarthe. Importé de France, ce nom est une forme contractée de chapelin, variante de chapelain, mot qui désignait le prêtre chargé de dire la messe dans une chapelle particulière. Chaplin était donc, bien évidemment, un enfant de chrétiens.

On sait aussi que lorsqu’il lui était demandé s’il était juif, Chaplin répondait qu’il n’avait pas cet honneur.

Et s’il fallait une preuve supplémentaire que ses parents n’étaient pas juifs, on peut remarquer, ici encore, que l’intéressé avait reçu le prénom de son père. Lui-même donnera à son premier fils son propre prénom, Charles. Chez les Juifs, en principe, on ne donne pas à un fils le prénom de son père.

P.S. : Le patronyme Thonstein n’existe pas.


Sources : genealogie.com, 123genealogie.com, geneanet.org et Wikipedia, sur Charlie Chaplin et sur sa famille.

mardi 16 juillet 2013

Tati n’est pas Tati !

Merci à un lecteur attentif d’avoir relevé mon erreur à propos de Jacques Tati dans mon article sur Nicolas Hulot. Au temps pour moi, comme on dit. J’avais dû confondre avec les magasins du même nom ! Un comble...

En fait, puisque nous y sommes, le fondateur des magasins Tati ne s’appelait pas Tati (et pas Tata).

Tombe de Jacques Tati
et de sa famille
Comme quelqu’un m’a dit un jour que Jacques Tati était juif, et venant de vérifier (mieux vaut tard que jamais) qu’il ne l’était pas, je peux légitimement inclure le célèbre acteur et cinéaste dans ma liste des « Juifs qui ne le sont pas ».

Jacques Tati, le cinéaste et acteur, s’appelait en réalité Jacques Tatischeff.

Son père, né en 1875, était le fils naturel du comte Dmitri Tatischeff, général de l’armée russe et attaché militaire à l’ambassade de Russie à Paris.

La mère de Jacques Tati s’appelait Rose Alinquant (Wikipedia).

Je ne crois pas trop m’avancer en affirmant qu’un comte et général russe, en 1875, ne pouvait pas être juif. Et voilà pour le père.

Alinquant, ce n’est pas juif comme nom de famille. Et voilà pour la mère.

Pour ceux à qui tout cela ne suffirait pas, ajoutons que Jacques Tati a fait des présentations au Lido tout au long des années 1940 à 1942, c’est-à-dire sous Pétain.

Enfin, il y a la tombe de Jacques Tati et de sa famille, avec une grande croix dessus.

mercredi 15 mai 2013

Serge Lama juif, pourquoi ?

Mais que se passe-t-il donc dans la tête de ceux qui ont l’idée que Serge Lama pourrait être juif ?

Se disent-ils que Lama ne sonne pas français ?

Feraient-ils, par hasard, un rapprochement avec un nom porté par des Juifs, comme par exemple Slama ?

Pourquoi ? Pourquoi, pourquoi ?

Pourtant, pour quiconque recherche des informations sur Serge Lama, il est très facile d’apprendre que son véritable nom de famille est Serge Chauvier.

Ou bien, peut-être se disent-ils que le prénom Serge est souvent porté par des Juifs ? Allez savoir, tout est possible !

Quoi d’autre ?

Sa relation d’amitié avec Enrico Macias ? Sa récente tournée en Israël ? La marque de ses slips ?

J’ai beau parcourir le site officiel du chanteur, je n’y trouve aucune indication d’un rapport quelconque avec le judaïsme, Israël ou la question juive.

Serge Lama, de son vrai nom Serge Chauvier, né le 11 février 1943 à Bordeaux, est le fils de Georges Chauvier, né à Aubusson, et de Georgette Ponceaut.

Sa grand-mère maternelle vivait en Dordogne.

À l’évidence, Serge Lama est un enfant de la France profonde. Il n’est évidemment pas juif.

Perplexe, je me demande : ¿ por qué ? pourquoi ? perché ? de ce ? warum ? waarom ? why ? hvorfor ? lama ?

Lama, lama ?

mardi 23 avril 2013

Eichmann, Rosenberg et les autres

Dans la logique déficiente de certains imbéciles, il y a des Juifs riches donc les Juifs sont riches, et si les Juifs sont riches, alors les riches sont juifs. De même, sachant que beaucoup de Juifs ont un nom à consonance germanique, les gens qui ont un nom à consonance germanique sont juifs.

À plus forte raison, si je puis dire, sachant qu’en France un Rosenberg a de fortes chances d’être juif, les mêmes, entendant parler d’un nazi allemand qui portait ce nom, en déduisent qu’il était juif.

Rosenberg par-ci...
Rosenberg par-là...

Je l’ai déjà écrit précédemment, Rosenberg est d’abord un toponyme et un patronyme allemand. Les Orsini-Rosenberg, par exemple (une famille noble autrichienne), n’ont jamais été juifs.

Dans La Quenouille de Barberine, Musset met en scène un chevalier nommé Rosemberg, qui n’est pas plus juif que le Rosencrantz de Hamlet.

L’idéologue nazi Alfred Rosenberg était issu d’une famille germano-balte. À l’âge de 25 ans, ce futur fondateur d’un « Institut de recherche sur la question juive » était déjà un adepte fervent des théories raciales et un antisémite fanatique. Il disait que les Juifs lui avaient volé son nom.

Quant au non moins sinistre Eichmann, c’est le seul nom qu’un crétin affirmant que plusieurs dignitaires nazis étaient juifs avait été capable de me citer. C’était probablement à cause de la terminaison en « -mann ».

Je me contenterai de faire remarquer qu’Eichmann se prénommait Karl Adolf tandis que son père avait pour prénoms Adolf Karl. À propos des fils qui ont le même prénom que leur père, voir mes articles précédents.

Autre exemple, Heydrich, à propos de qui Hannah Arendt a eu le mauvais goût de colporter ce ragot sans fondement (Olivier Ypsilantis). Il semblerait que l’organisateur de la conférence de Wannsee ait lui-même été hanté par l’idée d’avoir des origines juives, mais on sait qu’il était né d’un père protestant et d’une mère catholique et il est inutile d’aller chercher plus loin.

Supposer que des dirigeants nazis responsables de l’extermination des Juifs auraient été juifs eux-mêmes, ce n’est pas seulement stupide, c’est infâme. C’est en réalité, selon les termes d’Édouard Husson, un symptôme de la mauvaise conscience européenne vis-à-vis de ce crime gigantesque. C’est ce qui permet de s’en laver les mains, de se dire : « Ce sont des Juifs qui ont fait cela à d’autres Juifs, donc je ne suis pas concerné. »

jeudi 4 avril 2013

Terzieff, pas plus juif que Tazieff, Taguieff ou Tambyeff

La pièce de théâtre « Temps contre temps » de Ronald Harwood mettait en scène une famille juive d’Afrique du Sud. À un moment, l’oncle Zadok assimile les dirigeants du régime de l’Apartheid à des nazis, et la réplique de son neveu, le personnage principal, incarné par Laurent Terzieff, déclenche des rires dans la salle : « Enfin, cette fois-ci, ce n’est pas à nous qu’ils s’en prennent : ça change un peu. »

Tombe des Terzieff
Est-ce qu’une fois de plus, il aura suffi qu’un comédien interprète un personnage juif pour que certains en déduisent qu’il l’est ?

Ou bien, suffisait-il qu’il ait un nom russe ?

Laurent Terzieff avait évoqué ses origines dans une interview accordée à L’Express en 2009 :

« Mon père, qui était russe, avait émigré lors de la Première Guerre mondiale. [...] Ma mère, elle, était de la région de Toulouse, où je suis né. »

Et plus loin, à propos de la Seconde Guerre mondiale :

« [...] Les gens m’amusent quand ils disent qu’ils ne pouvaient pas savoir. De la fenêtre de mon appartement, une nuit, j’ai vu emmener des Juifs. Mes parents nous avaient raconté qu’on séparait les adultes des enfants. Je faisais des cauchemars des nuits entières. En même temps, on voyait les Allemands à l’exercice, ou revenant du bain de la rue Blomet. [...] »

La tombe de la famille Terzieff s’orne d’une croix, et elle a été abondamment fleurie après les obsèques du comédien (dans le caveau de ses parents). Je le répète pour les incultes : sur les sépultures des Juifs, il n’y a pas de croix, et l’on n’y dépose généralement pas de fleurs.

jeudi 14 mars 2013

Jean Sarkozy ne s’est pas converti

Un des mensonges régulièrement proférés par les antisémites est que les Juifs ne se marieraient qu’entre eux, ou bien, ce qui revient quasiment au même, que toute personne qui épouserait un Juif ou une Juive serait obligée de se convertir au judaïsme.

En vain démentira-t-il.

La première assertion, contredite par les statistiques et par une abondance de contre-exemples, notamment dans le monde des célébrités, relève plutôt de l’antisémitisme racialiste.

La seconde peut sans doute être considérée comme la variante anti-judaïque de la première.

Quoi qu’il en soit, il ne faut pas chercher ailleurs l’explication de la rumeur, colportée notamment par Libération et par Siné (quelles belles références !), selon laquelle Jean Sarkozy se serait converti pour épouser Jessica Sebaoun.

Bien entendu, cette rumeur est fausse (La Presse.ca).

On peut cependant subodorer qu’elle continuera à courir malgré les démentis de l’intéressé, d’autant qu’elle est probablement, quoique de façon paradoxale, alimentée par les fantasmes et les ragots à propos d’une prétendue judéité de son père, Nicolas Sarkozy, ou même, parfois, de sa mère, Marie-Dominique Culioli.

mercredi 27 février 2013

Stéphane Hessel, l’indigne faux Juif et vrai non-juif

Ancien ambassadeur ? Était-ce un critère de moralité ? Le nazi Otto Abetz était lui aussi ambassadeur. Résistant ? De nombreux antisémites ont été résistants. Michel Droit, qui rendait les Juifs responsables de l’antisémitisme, était un ancien résistant.

« Grand résistant » ? On aimerait savoir ce qui pourrait justifier un tel superlatif. Qui veut s’y coller ?

L’indignée, est-ce elle ?

Ancien déporté ? Le négationniste Paul Rassinier était lui aussi un ancien déporté, dans le sens où lui aussi avait été interné à Buchenwald. Mais entre être interné comme opposant politique dans un camp de concentration et être déporté en tant que Juif dans un camp d’extermination, il y avait un monde. Cela n’avait tout simplement rien à voir.

Co-rédacteur de la Déclaration des droits de l’homme ? Mensonge, il n’y a joué aucun rôle et n’en a pas rédigé le moindre mot (voir ses propres déclarations à ce sujet).

Quant aux origines juives, il suffit de lire les autres articles du présent blog pour comprendre avec quelle facilité une partie du public peut avoir tendance à en affubler à tort telle ou telle personnalité.

Autant de fausses qualités instrumentalisées, avec la complicité de l’intéressé, pour conférer un statut moral à un individu qui surfait sur la vague de l’idéologie à la mode, comme le rappelle Gilles William Goldnadel qui a très bien démonté les impostures de Stéphane Hessel dans son petit ouvrage intitulé Le vieil homme m’indigne (J.-C. Gawsewitch, 2012).

Mais voilà, l’imposture, l’hypocrisie et la haine sont tellement mieux acceptées quand elles émanent d’une personnalité connue pour être « de gauche »... Tout est dans l’étiquette !

L’article de Wikipedia consacré à cet escroc a été modifié dans le mauvais sens. « Né allemand de famille d’origine juive » (sic) : c’est faux. Les parents de son père étaient des Juifs convertis, mais sa mère n’était pas du tout d’origine juive. Quel que soit le critère retenu, un chrétien fils d’une chrétienne sans origines juives et d’un chrétien lui-même fils de chrétiens d’origine juive, donc né de deux parents non juifs, n’est absolument pas un Juif.

samedi 23 février 2013

Joëlle et Jean-Paul Kauffmann, juifs ou bretons ?

... ou si l'on préfère : juifs ou cathos ?

Le journaliste et écrivain Jean-Paul Kauffmann est né dans la Mayenne et a grandi en Bretagne. Il a été enfant de chœur dans un village breton et pensionnaire dans un collège religieux.

Ses parents étaient boulangers-pâtissiers à Corps-Nuds, au sud de Rennes. Le JDD (lejdd.fr) évoque « la figure dominatrice du curé ».

Un Kauffmann breton ?

Si certains se sont imaginé que ce « grand lecteur de la Bible » était juif, c’est bien évidemment en raison de son patronyme germanique. Certes, ce nom peut être porté par des Juifs, mais peut-être plus souvent avec une orthographe polonaise (Kaufman).

Toujours est-il qu’en France, les Kauffmann sont généralement d’origine alsacienne et de confession catholique.

C’est toute mon enfance !

Quant à son épouse Joëlle Kauffmann, née Brunerie, elle est née en Bretagne en 1943 « dans une famille catholique où l’on ne plaisantait pas avec la discipline. »

« Les filles faisaient leur scolarité chez les sœurs […] » (France-Culture). Sur le site internet de Télérama, on évoque « la notion chrétienne de sacrifice dont elle fut baignée » (sic).

Les prénoms les plus répandus chez les Brunerie, un nom français du Massif central et de la Corrèze (geneanet.org), sont Jean, Jacques, Pierre, Antoine, François et Hilaire pour les hommes, et pour les prénoms féminins, Marie, Jeanne, Françoise, Léonarde, Anne et Catherine (genealogie.com).

Et cependant, les activités de Joëlle Kauffmann lui ont valu de recevoir, durant sa carrière de gynécologue, de nombreuses lettres antisémites (généralement anonymes, cela va de soi).

Bien évidemment, dans l’esprit malade de bon nombre d’adversaires de la légalisation de l’avortement, une gynécologue qui est brune, qui pratique des IVG et qui porte un prénom d’origine hébraïque et un nom de famille en « -mann », ne peut qu’être juive.

jeudi 21 février 2013

Goldberg, c’est juif, oui ou non ?

Ce monsieur un peu mythomane évoqué précédemment, qui prétendait recenser les compositeurs juifs du passé et affirmait que Schubert était du nombre, incluait bien évidemment Johann Gottlieb Goldberg dans sa liste.

Johann Gottlieb Goldberg, c’est ce musicien qui devait jouer à un comte sujet à des insomnies une œuvre de son contemporain Johann Sebastian Bach à laquelle la postérité a donné son nom : les Variations Goldberg.

Goldberg... Dantzig...Gottlieb...
ce ne sont pas des noms juifs ?

Goldberg, tout comme Rosenberg, est d’abord un toponyme et un patronyme germanique (Wikipedia), ce qui signifie que ce nom peut fort bien ne pas être porté uniquement par des Juifs.

J’ignore si des Juifs s’appelaient déjà Goldberg vers le début du XVIIIe siècle. On peut se le demander, sachant que les patronymes germaniques chez les Juifs datent généralement d’un édit promulgué par l’empereur Joseph II en 1787.

En outre, Goldberg fait typiquement partie des noms que les fonctionnaires de l’Empire austro-hongrois ont accordés aux Juifs les plus fortunés dans le cadre de cet édit.

De surcroît, il me semble qu’un Juif qui aurait porté ce nom à cette époque ne se serait sans doute pas prénommé Johann Gottlieb, mais plutôt Elias, Isaac, ou Issachar, par exemple, ou encore Moses ou Mendel.

La première information que nous donne Wikipedia à propos de Johann Gottlieb Goldberg est qu’il fut baptisé le 14 mars 1727 (année de sa naissance) à Gdańsk (certains diraient Dantzig).

Ce Goldberg-là n’était donc évidemment pas juif.

vendredi 15 février 2013

John Galliano, pas plus juif que l’abbé Galiani

Pour discréditer ceux qui dénoncent les propos et les actes à caractère antisémite, deux techniques sont couramment utilisées aujourd’hui. L’une consiste à rendre la victime juive moins juive, ou moins victime. C’est Jean-Marie Le Pen inventant que le monsieur dont le cadavre avait été déterré par des voyous, dans un carré israélite, aurait été « un membre du Front National ». Ce sont nos élites dirigeantes qui, lorsqu’un jeune Juif est tabassé par la racaille parce qu’il portait une kippa, supposent que ce sont des « heurts entre bandes rivales ».

Dior, Christian Dior !

L’autre technique, c’est l’inverse : faire passer le coupable pour aussi juif que sa victime. En fait, c’est presque le même procédé. Par exemple, on ira sans vergogne prétendre sur un plateau de télévision qu’Hitler était peut-être juif. Ou bien, quand un couturier alcoolique et toxicomane, salarié d’une firme française bien connue, est interpellé pour violences et insultes à caractère antisémite, on fera courir le bruit que ce personnage est juif lui-même.

Toutefois, concernant Galliano, il n’est pas impossible que le racontar en question trouve son origine dans la lecture trop superficielle d’une phrase comme celle-ci :

« Dans une interview accordée à YNetNews, il explique qu’il est lui-même de confession juive […] » (public.fr/News)

En étant plus attentif, on constate que ce n’est pas de Galliano qu’il est question mais de son avocat, Stéphane Zerbib, lequel s’autorise de sa propre judéité pour dédouaner son client de tout antisémitisme :

« [...] Stéphane Zerbib, l’avocat de John Galliano semble tenir bon. Dans une interview accordée à YNetNews, il explique qu’il est lui-même de confession juive et qu’il n’a jamais ressenti aucune forme de préjugé chez son client [...] »

Si c’est un monsieur Zerbib, lui-même juif, qui soutient que Galliano n’est pas antisémite, alors c’est forcément vrai. De même que si c’est Noam Chomsky, lui-même juif, qui déclare qu’il n’y a aucune trace d’antisémitisme dans les écrits de Robert Faurisson, ou si c’est Shlomo Sand, lui-même juif, qui affirme que le peuple juif est une invention… Etc., etc. On connaît la chanson.

Revenons à nos moutons. John Galliano, ou Juan Carlos Antonio Galliano, est né d’un père anglais d'origine italienne, Joseph John Galliano (donc, John fils de John, voir à ce propos ma remarque dans mes articles antérieurs), et d’une mère espagnole, Anita Guillén, et il a deux sœurs plus âgées, Rosamaria et Immaculada (Wikipedia et chabaneldistrict.com). J’ai failli écrire que des Juifs n’appellent pas leur fille Immaculada, mais il est vrai qu’un jour, un certain Emil Jellinek, fils de rabbin, avait appelé sa fille Mercedes...

Disons que lorsqu’un Anglais de mère espagnole, drogué et alcoolique, et ayant hérité d’un des prénoms de son père, s’écrie sur la voie publique « I love Hitler », il y a très peu de chances, mais vraiment très peu, qu’il soit juif.

mardi 12 février 2013

Avec Schubert, allons-y piano !

C’est dans un café de la rue des Rosiers qu’un monsieur quelque peu porté à la mythomanie me raconta un jour que Schubert était juif. À l’entendre, Mozart n’était pas loin de l’être aussi, et peut-être même Bach, sachant que dans l’univers de ce dernier apparaissait un certain Goldberg.

Étranges variations que celles-ci, toujours sur le même thème. Décidément, les mythomanes, qu’ils soient juifs ou antisémites, déraisonnent toujours selon les mêmes schémas. Même si ce n’est pas avec le même état d’esprit.

Schubert avait certes
des cheveux frisés...

Franz Peter Schubert était le douzième enfant d’une famille autrichienne qui allait en compter quatorze : voilà déjà un premier indice de sa non-judéité.

Deuxième indice, un peu plus probant, il apprend l’orgue auprès du maître de chapelle de l’église de Lichtental.

Troisième indice, encore plus probant, il n’a pas onze ans quand il devient premier soprano du chœur paroissial.

Enfin, à 17 ans, il compose une messe (n°1 en fa majeur, D.105), toujours pour la même paroisse, à laquelle il est décidément très lié.

Son grand frère Ferdinand, lui aussi compositeur, a écrit un certain nombre d’œuvres religieuses : messes, requiem(s), Salve Regina, Ave Maria, etc.

Eh bien, si avec tout cela, les Schubert n’étaient pas catholiques...

Dans son film Shoah ainsi que dans son livre Le Lièvre de Patagonie, Claude Lanzmann nous précise que l’ancien S.S. Obersturmführer Heinz Schubert, responsable des assassinats en masse de Juifs en Crimée, était de la famille du compositeur. Un descendant de Ferdinand ? Ou d’un autre membre de la fratrie ? Mais certainement pas de Franz, puisque celui-ci n’a jamais eu d’enfant.

Quoi qu’il en soit, laissons le pauvre Franz Schubert là où il est, et plutôt que de le mêler à des histoires dans lesquelles il n’a rien à faire, écoutons sa très belle musique.

samedi 9 février 2013

Sophie Thalmann, pas plus juive que Mulmann ou Thilleman

Sophie Thalmann a été élue Miss Meuse en 1996, puis Miss Lorraine en 1997.

Et puis, en 1998, elle a été élue Miss France, et c’est là que la rumeur de sa judéité a commencé à se propager.

La France des Thalmann

Uniquement à cause de son nom. Je me trompe ?

Pourtant, le patronyme Thalmann, variante de talmann, « homme de la vallée », est tout simplement un nom germanique, c’est-à-dire un nom susceptible d’être porté avant tout par des Allemands, par des Autrichiens, par des Alsaciens ou par des Lorrains.

La répartition géographique de ce nom de famille est éloquente (voir ci-contre, source Genealogie.com).

Porter un nom de famille comme Thalmann (ou Mulmann) en Lorraine, on peut dire que c’est comme s’appeler Le Goff en Bretagne, Simon en Normandie, ou Chappaz en Savoie, par exemple.

Parmi les prénoms portés par les Thalmann français, le prénom Jean-Baptiste figure en bonne place (Geopatronyme.com).

Statistiquement, une fille élancée dépassant 1,80 m, lorraine d’origine, née à Bar-le-Duc, élue Miss France et qui épouse un jockey nommé Christophe Soumillon, a peu de chances d’être juive. Même si elle porte un nom de famille en « -mann », et même si elle accède à la célébrité.


(voir aussi : Les Miss France sont-elles juives ?)

Laury Thilleman, pas plus juive que protestante

Un certain nombre de patronymes en « -man » sont portés par des Juifs, surtout lorsqu’il s’agit d’un nom à consonance allemande en « -mann » dont le second « n » a été supprimé par un fonctionnaire polonais.

À partir de là, certains voient des Juifs partout où il y a un « -man » ... Yeah, man !

Or, un nom en « man » peut aussi être anglais, néerlandais, suédois, voire espagnol, ou arabe... En l’occurrence, tout indique que Thilleman est un nom flamand (voir, par exemple, les Thilleman présents sur Facebook).

Parce qu’elle proteste...
sans être protestante ?

Laury Betty Thilleman, élue Miss France 2011, est bretonne, comme le rappellent souvent avec insistance les journalistes. Une Bretonne ayant probablement des origines flamandes plus ou moins lointaines du côté de son père, en somme.

Plus précisément, la belle sportive est brestoise. Son père est un ancien militaire (Wikipedia).

« [T]rès attachée à ses racines brestoises, elle les revendique à chaque fois qu’elle en a l’occasion » (Francenetinfos.com).

Interrogée sur les rumeurs qui circulent concernant ses origines et sa religion, elle déclare : « Je ne suis pas plus juive que protestante… » (ibid.) Voilà qui est clair.

Cependant, elle ajoute : « mais je proteste contre la connerie, je proteste contre l’intolérance, je proteste contre les salauds qui veulent oublier la Shoah »...

... et il n’en faut sans doute pas davantage pour que certains déments se sentent confortés dans leurs fantasmes ridicules.


(voir aussi : Les Miss France sont-elles juives ?)

Delphine Wespiser est juive comme je suis basque

Comme je l’ai écrit précédemment, un certain nombre de gens fantasment sur le nom et les origines des lauréates du concours de Miss France.

Des Juifs se font tout un film à partir de quelques vagues indices et s’imaginent avoir reconnu des coreligionnaires. Comme si nous avions encore quelque chose à nous prouver.

Des antisémites paranoïaques guettent de manière analogue les noms à consonance germanique ou supposés tels, comme Thalmann, Galanter, Coman, Rosenfeld, Thilleman, Wespiser... et comme si cela ne suffisait pas, ils en rajoutent : la Réunionnaise Valérie Bègue, par exemple, devient juive aussi, allez savoir pourquoi.

Armoiries de Magstatt-le-Bas

Delphine Wespiser, Miss France 2012, est originaire de Magstatt-le-Bas, un village du Haut-Rhin dont le blason est une croix chrétienne (460 hab. en 2008) (Wikipedia). Elle a été élève d’un lycée privé catholique et elle parle l’alsacien « avec l’accent du Sundgau ».

Sur une photo de Delphine Wespiser au milieu de ses proches, dans sa maison familiale de Magstatt-le-Bas, on peut remarquer le grand sapin de Noël en arrière-plan (Lalsace.fr).

L’origine des Wespiser est assez évidente si l’on sait qu’entre 1891 et 1915, il en est né, en tout et pour tout, 15 dans le Haut-Rhin et 1 en Haute-Marne (Geopatronyme.com).

Au cas où tout cela ne suffirait pas encore, l’intéressée elle-même, interrogée dans une émission de télévision sur ses convictions religieuses, a répondu qu’elle était « chrétienne-catholique » (sic) et croyante, tout en trouvant désormais plus difficilement le temps d’aller à l’église (Adobuzz.com).


(voir aussi : Les Miss France sont-elles juives ?)

jeudi 7 février 2013

Chaban ne faisait pas Shabbat

Le jour où mon regretté grand-père m’avait affirmé que Jacques Chaban-Delmas était juif et que son vrai nom était Lévy, j’étais resté sceptique. Je n’ai jamais su d’où il tenait un tel scoop, mais je constate que cette théorie a toujours cours et je vais lui faire un sort, ici-même et de manière définitive :

Jacques Michel Pierre Delmas, dit Jacques Chaban-Delmas, était le fils de Pierre Delmas et de Georgette Barrouin (Wikipedia).

Juif, pas des masses, Delmas.

Delmas n’est pas un nom juif, et Barrouin n’est pas non plus un nom juif.

Jacques, Michel, Pierre, fils de Pierre : chez les Juifs, même non croyants et non pratiquants, un enfant reçoit très très rarement, même en troisième prénom, le prénom de son père.

Quand il est mort, une cérémonie funèbre lui a été consacrée en la synag... pardon, je veux dire, en l’église Saint-Louis des Invalides : il est donc mort en chrétien, et tout indique qu’il était né chrétien.

Plus fort encore : de 1941 à 1942, tout en appartenant à un réseau de la Résistance, « Chaban » avait travaillé au gouvernement de Vichy, au ministère de la Production industrielle. L’importance du poste semble controversée (vikidia.org). Ensuite, en mars 1943, il avait été reçu au concours de l’inspection des Finances (www.ordredelaliberation).

Compte tenu du « Statut des Juifs » promulgué par Pétain en octobre 1940 et « renforcé » en juin 1941, on voit très mal comment un Juif aurait pu accomplir un tel parcours en France pendant ces années-là.

Apparemment, c’était pour la bonne cause : lui, au moins, n’aura pas volé l’étiquette de « grand résistant », contrairement à certain ancien ambassadeur qui usait de fausses qualités et qui était très populaire au sein de la gauche.

lundi 4 février 2013

Qui se méprend sur Fanny Ardant ?

Moi aussi, j’ai cru un moment que Fanny Ardant était juive.

Je pensais donc qu’Ardant était un pseudonyme.

Et cela, bien avant qu’elle incarne Sarah Bernhardt sur les planches (avec un immense talent, soit dit en passant)...

Faisons une croix sur cette idée.

... et sans savoir que son troisième prénom était Judith.

M’avait-on soufflé la fausse information ? Ou bien, est-ce que j’avais eu moi-même cette idée ?

Et pourquoi donc aurais-je eu cette idée, sinon parce que la comédienne avait le type ?

Ou peut-être, plus exactement, parce que je m’étais imaginé qu’elle avait le type ?

Tout au moins, avec ses cheveux bruns, ses yeux sombres, son large sourire et ses lèvres charnues, il n’était pas invraisemblable du tout qu’elle soit juive.

Tout faux, quoi qu’il en soit.

Fanny Marguerite Judith Ardant, née à Saumur, est issue d’une vieille famille de Limoges (Wikipedia). Elle a été élève d’une institution religieuse à Monaco.

Le nom de jeune fille de sa mère était Lecoq. Son père, Jean Ardant, officier de cavalerie, était apparenté à Charles Ardant du Picq.

Voilà qui devrait suffire à dissiper la méprise.

vendredi 1 février 2013

Ce méchant Juif qui persécutait les jeunes Palestiniens…

Devait-il figurer sur ma liste, sachant que son nom ne dirait rien à la plupart de mes lecteurs ? Pourtant, plusieurs centaines de millions de gens l’ont vu en photo et l’ont pris pour un Juif.

Ils sont même plusieurs centaines de millions à croire aujourd’hui encore qu’il est juif.

Je veux parler de ce policier israélien qui brandit une matraque.

Quand les provocateurs
inventent une provocation...

L’agence Associated Press, le New York Times et Libération ont publié cette photo en affirmant qu’elle montrait « un Palestinien agressé par un policier israélien ».

Le New York Times a même cru pouvoir préciser que la scène se déroulait « sur le Mont du Temple ».

Or, il n’y a pas de rue en pente sur le Mont du Temple. Il n’y a pas non plus de circulation automobile sur le Mont du Temple. Ni même d’arbre feuillu, il me semble.

Prenons un tout petit peu de recul...

Deux automobiles côte à côte, dont un break Mercedes de type W123, et une troisième voiture à côté en train de brûler, c’est difficile à imaginer sur le Mont du Temple.

Depuis le Mont du Temple, il n’est pas possible non plus d’apercevoir une ligne d’horizon en hauteur.

Enfin, le panneau en arrière-plan est visiblement celui d’une station-service, et sur le Mont du Temple, il n’y a évidemment pas de station-service, ni de panneau en hébreu, ni de panneau tout court, ni quoi que ce soit de ce genre.

Le même homme sans casque

Tout cela devrait être évident pour quiconque a seulement déjà vu une fois dans sa vie une simple photo de Jérusalem. C’est une question de bon sens, mais le bon sens n’est pas la chose du monde la mieux partagée.

Une fois de plus, le malheur des Juifs aura été instrumentalisé contre les Juifs eux-mêmes. En effet, le jeune « Palestinien » ensanglanté était en réalité un étudiant américain, juif pratiquant et sioniste (qui, depuis, il a fait son aliyah).

Arraché au taxi dans lequel il était assis et lynché à mort par une courageuse foule arabe « palestinienne », piétiné par une dizaine d’individus héroïques et poignardé par l’un d’eux, le jeune Tuvia Grossman n’a eu la vie sauve que grâce à l’intervention du policier que l’on voit sur la photo. Il s’en est fallu d’une minute.

Pour la petite histoire, c’est à cet instant que Tuvia a eu la vision que Gédéon, héros juif des temps bibliques, venait le sauver.

Ce n’est que dix ans plus tard que Tuvia a fait la connaissance de son sauveur, dont le prénom est… Gidon (variante de Gideon, c’est-à-dire Gédéon). Cela ne s’invente pas.

Il faut voir la magnifique vidéo qui immortalise ce moment.

Gidon Tzefadi, ce policier israélien, n’est pas juif du tout. C’est un Druze.

jeudi 31 janvier 2013

Isaac Newton, juif par génération spontanée ?

La raison pour laquelle certains se demandent si Isaac Newton était juif, ou affirment carrément qu’il l’était, n’est pas difficile à trouver. C’est la même que concernant Isaac Albéniz.

Woolsthorpe-by-Colsterworth : sérieusement, comment pourrait-on seulement imaginer qu’un Juif puisse être né en un lieu portant un nom pareil ?

Isaac Newton était fils de paysans. Son père, Isaac Newton (dont il portait le prénom, ce qui suggère aussi que nous n’avons pas affaire à des Juifs), est mort quand sa mère était enceinte de cinq mois. Sa mère, Hannah Ayscough, s’est remariée quelques années plus tard avec un pasteur (Wikipedia).

Sa tombe à Westminster

Isaac ? Hannah ?

Attention, voici un scoop : dans les pays anglo-saxons, les protestants donnent parfois à leurs enfants des prénoms bibliques.

Incroyable !

Newton, « fils de puritains » (Wikipedia), a écrit de nombreux textes religieux traitant de l’interprétation littérale de la Bible. Était-il lui-même authentiquement chrétien, ou hérétique ? On nous dit que sa conception de la Trinité était plus proche de la conception orthodoxe que de la conception protestante. Or, pour avoir une conception de la Trinité, il faut déjà être chrétien.

D’ailleurs, Isaac Newton a été enterré à l'abbaye de Westminster.

Enfin, Newton avait 14 ans lorsque Cromwell mit fin à l’interdiction des Juifs en Angleterre. Car les Juifs y étaient interdits de séjour depuis plusieurs siècles.

D’ici que certains désaxés en concluent que Cromwell était juif...

mercredi 30 janvier 2013

Falco, Calypso facto

Sur un blog juif, en 2012, quelqu’un avait fait valoir que le patronyme Falk et d’autres noms de la même racine étaient portés par des Juifs. Peter Falk, le célébrissime acteur de la série Columbo, était effectivement né dans une famille de Juifs ashkénazes.

De là à ce que « Falco », le plongeur de la Calypso, soit juif lui aussi, il y avait un grand pas que certains se sont empressés de franchir allègrement.

Où sont nés les Falco ?
Cliquez pour agrandir

En réalité, « Falco est un nom de famille corse et italien, variation régionale de Faucon, surnom d’éleveur de faucons », nous apprend Genealogie.com.

La concentration géographique des Falco dans le midi de la France est particulièrement significative (voir carte ci-contre, tirée de Geopatronyme.com).

L’histoire d’Albert Falco commence ainsi :

« Il découvre la plongée libre dès son plus jeune âge… » (Wikipedia)

Qui pourrait imaginer une mère juive laissant son petit garçon disparaître sous l’eau, si jeune ? (Je plaisante.)

Elle se finit ainsi :

« Célébrées par Mgr Ellul, les obsèques d’Albert Falco [en l’église du Sacré-Cœur], ont rassemblé hier plusieurs centaines de personnes » (Laprovence.com).

Non seulement je ne lui trouvais pas grand-chose de juif, mais je me représentais difficilement un Juif passant la plus grande partie de son existence sur un bateau aux côtés du petit frère du polémiste antisémite Pierre-Antoine Cousteau (je plaisante... quoique...).

lundi 28 janvier 2013

Zoé Félix juive ?

C’est bien ainsi que sont libellées certaines requêtes lancées sur Google, lesquelles justifient cet article et me donnent l’occasion de publier ces photos de la belle Zoé, dont je suis l’auteur (quand on se soucie de ne pas enfreindre les lois du copyright, c’est bien pratique). Mais qui donc pose cette question ?

Nous autres Juifs, nous avons nos commères, et quand une star est particulièrement belle, sexy et charmante, l’idée qu’elle serait des nôtres est plaisante. Certains ont vite fait de prendre leurs désirs pour des réalités.

Felix namqve...

Pourtant, quel besoin aurions-nous de nous annexer ainsi des stars et autres célébrités ? N’avons-nous pas notre lot de belles, de Ruth Elkrief à Eliette Abecassis et d’Emmanuelle Chriqui à Natalie Portman, sans parler de Shavit Wiesel, Bar Refaeli et autres stars israéliennes ?

Il y a aussi tous ces détraqués, obsédés et jaloux, ces ratés qui voient des Juifs partout, notamment dans le milieu du show-business, et pour qui il ne fait aucun doute que Dany Boon et Kad Merad sont tous les deux juifs (le premier l’est devenu, mais le second ne l’a jamais été).

Naturellement, dans ces conditions, l’actrice qui incarne l’épouse de Kad Merad dans un film de Dany Boon ne peut qu’être juive, elle aussi. Le cas d’Anne Marivin est différent, car on croit qu’elle est vraiment ch’ti... et postière à Bergues, peut-être ?

« Méditerranée,
c’est une fée qui t’a donné... »

Abstraction faite de Bienvenue chez les Ch’ti, il y a Clara Sheller. Je ne sache pas que le personnage éponyme entretienne un rapport particulier avec le destin juif, mais dans certains esprits tordus, tout est possible. William Sheller est-il juif ? Quoi qu’il en soit, ce n’est pas son vrai nom, et les « vrais » Sheller ne sont généralement pas juifs. Le prénom Clara est plutôt rare en France, et il a une certaine probabilité d’être porté par des Juives.

Voilà où j’en suis de mes conjectures, concernant la magnifique Zoé.

Félix n’est pas un patronyme porté par des Juifs. Une visite sur le site geopatronyme.com, par exemple, le montre assez clairement. On peut consulter aussi genealogie.com, où il est précisé que « Félix est un nom de baptême et patronyme, [...] très populaire anciennement chez les chrétiens car il devait symboliser pour eux la joie spirituelle, caractéristique du bon chrétien. » Avec ça...

Physiquement, Zoé Félix ne ressemble pas à une Juive (je sais bien qu’aujourd’hui, le politiquement correct interdit d’évoquer un type physique à propos des Juifs, mais voilà, il se trouve que je me moque éperdument du politiquement correct – et je n’ai pas fini de le montrer). Zoé Félix ressemblerait plutôt à une Française qui aurait des origines méditerranéennes, corses et italiennes par exemple.

C’est ce qui peut arriver quelquefois, surtout chez une actrice française ayant une mère italienne et un père corse.


Sources : Gala.fr, Genealogie.com, Geopatronyme.com, Marcoroz, Wikipedia.

dimanche 27 janvier 2013

Aznavour et les Juifs

« Par mes parents, j’appartiens à l’Église grégorienne [...] Lorsque vous vous confessez, le prêtre énumère tous les péchés [...]. » – Charles Aznavour (interview dans Nice-Matin)

Certes, il a joué des personnages juifs dans plusieurs films (Qu’est-ce qui fait courir David, Yiddish Connection, Mangeclous, Un taxi pour Tobrouk), mais tout le monde sait que Charles Aznavour, né Chahnourh Vaghinag Aznavourian, est arménien d’origine. Seuls quelques cas psychiatriques colportent l’idée ridicule qu’il serait à la fois arménien et juif.

(P.S. : pas que des cas psychiatriques, au temps pour moi, un de mes amis m’a récemment raconté qu’il avait cru cela, lui aussi, pour la raison ci-dessus. - juillet 2024)

Un Arménien à Jérusalem

Il y a aussi, pour alimenter ce racontar absurde sur Aznavour, le fait qu’il ait chanté La Yiddische Mama. Mais il a également chanté La Mamma, faut-il en déduire qu’il est italien ? Il a chanté La Bohême, il est donc peintre ? Il a chanté Comme ils disent, est-ce la preuve qu’il est homosexuel ?

Son père, Micha Aznavourian, était le fils d’un cuisinier du gouverneur d'Arménie. Sa mère, Knar Baghdassarian, était issue d’une famille de commerçants arméniens de Turquie (Wikipedia).

En outre, l’intéressé a lui-même déclaré publiquement qu’il était issu d’une famille de confession grégorienne. L’Arménie a été dans l’histoire le premier pays officiellement chrétien, et les chrétiens y constituent actuellement 97,7 % de la population.

Le pays compte moins de cinq cents Juifs, dont les noms sont évidemment différents de ceux des Arméniens chrétiens. L’unique rabbin d’Erevan, par exemple, s’appelle Gersh Meir Burshtein. Je suppose que si les Juifs d'Arménie portaient des noms arméniens, ce rabbin s’appellerait Gershourh Meyrig Burstanian ?

Il existe une communauté arménienne à Jérusalem : des Arméniens qui sont israéliens. Mais ils ne sont pas juifs pour autant, pas plus que les Druzes ou les Arabes.

L’animateur québécois André Arthur a raconté qu’à Montréal, ses parents étaient souvent pris pour des Juifs parce que dans le nom de son père, Isakian (un nom arménien), il y avait Isaac. Comme dans Davidian il y a David, et dans Israelian il y a Israël. Les références à la Bible, ce sont des choses qui arrivent quelquefois chez les chrétiens.

samedi 26 janvier 2013

Albéniz, moins juif qu’Isaac

La raison pour laquelle le bruit court qu’Isaac Albéniz était juif n’est pas difficile à trouver. C’est la même que concernant Isaac Newton.

Comme s’il n’y avait aucun prénom d’origine biblique dans le calendrier chrétien !

La sépulture parle aussi...

Isaac Manuel Francisco Albéniz (i Pascual) est né à Camprodon (Catalogne) le 29 mai 1860. Son père, Angel Albéniz, était fonctionnaire. Sa mère, Dolors Pascual, était originaire de Figueres (Alt Empordà, Catalogne).

Rien de juif dans tout cela. Rappelons qu’il n’y avait plus beaucoup de Juifs en Espagne depuis l’Inquisition. Surtout, selon une de mes sources (un site internet sur Gaudi et la Catalogne), Isaac Albéniz était un « Catalan de race » (sic).

Continuons avec cette même source : « Il se marie avec son élève Rosina Jordana le 23 juin 1883 dans l’église de la Vierge de la Mercé, à Barcelone » (ibid.). Il serait difficile pour un Juif de se marier dans une église, sauf à se renier complètement comme juif.

Autre indice de sa non-judéité, Vincent d’Indy, un des musiciens les plus antisémites, fait partie de ceux qui demanderont la Légion d’honneur pour lui. Ce n’est certes pas l’indice le plus probant, je pense que le lecteur et moi nous serons d’accord là-dessus (Vincent d’Indy a eu et a récompensé des élèves juifs), mais quand on l’associe à ceux qui précèdent (et à ce qui suit), le tableau est cohérent.

Par ailleurs, j’ai dit ce qu’il en était de l’arrière-petite-fille du compositeur, Cécilia Ciganer-Albéniz, épouse Attias.

Enfin, au risque de donner à ce blog des allures de nécropole virtuelle, il me semble qu’ici encore, la sépulture du compositeur en dit suffisamment long. Comme quoi l’expression « muet comme une tombe » est mal trouvée.