lundi 20 octobre 2014

Mouammar Kadhafi, un Juif porté au pouvoir par Israël ?

Dans son essai West of Kabul, East of New York (MacMillan, 2003), l’écrivain américano-afghan Tamim Ansary rapporte une conversation à laquelle il avait assisté à Tanger en 1980 : à la question de savoir si Kadhafi était « un bon musulman », celui qui passait pour le membre le plus sage du groupe répondait que Kadhafi était un Juif placé au pouvoir en Libye par les Israéliens dans le but de ternir la réputation de l’islam (cité par Phyllis Chesler dans Le Nouvel Antisémitisme, Eska, 2005).

Il faut savoir que dans les pays arabes et plus généralement dans le monde musulman, où ce genre de racontar grossier et ridicule est monnaie courante, une technique souvent utilisée pour discréditer un adversaire consiste à le désigner comme juif (voir aussi mon article sur Ahmadinejad).

Question de Ghous ?

Une Israélienne d’origine libyenne, Gita Boaron, a prétendu être la cousine de Kadhafi et l’avoir connu enfant. Sa tante, la sœur de son père, aurait épousé un Arabe musulman et se serait convertie à l’islam, puis elle aurait fui son mari parce qu’il la battait. Elle se serait remariée avec un autre Arabe musulman avec qui elle aurait eu deux enfants, dont une fille qui aurait été la mère de Kadhafi. Ces dires invérifiables sont rapportés par jssnews.com, mais aussi, pour partie, par la version électronique du magazine américain The Economist, economist.com.

Toujours est-il que Mouammar Kadhafi est né dans une famille de Bédouins du clan des Ghous, lequel appartient à la tribu des Kadhafa (d’où son nom d’usage), et a reçu une éducation islamique (Wikipedia). Il a appelé son premier fils Mohamed et a également donné à ses autres enfants des prénoms typiquement musulmans. Il a toujours affiché une foi musulmane ardente, même s’il s’est livré à des interprétations réformistes et parfois singulières de l’islam. En outre, il a financé des opérations de prosélytisme à l’échelle internationale. Il a notamment distribué des exemplaires du Coran en France en 2007, tout en déclarant qu’il souhaitait que l’islam devienne la religion majoritaire de l’Europe.

Outre ses nombreuses diatribes contre Israël, et avant de préconiser son remplacement par un nouveau pays qui s’appellerait « Isratine », le colonel Kadhafi a soutenu diverses organisations « palestiniennes » et s’est rendu complice, en 1976, des terroristes qui ont détourné sur l’Ouganda un avion provenant d’Israël et séquestré les passagers qu’ils avaient identifiés comme juifs.

Dans ces conditions, considérer Kadhafi comme juif sous prétexte que sa grand-mère maternelle serait née d’une Juive (à supposer que ce soit vrai) est passablement grotesque.

Si on lit bien...

Entendons-nous bien, je ne prends pas position ni pour ni contre le principe de matrilinéarité. Ce principe, codifié dans le Talmud, serait issu d’une loi orale remontant à Moïse. Toutefois, dans son excellent ouvrage Une histoire des Juifs (Livre de poche, 1970), le rabbin Josy Eisenberg, sans doute pas une des plus mauvaises références en la matière, explique que le critère de la matrilinéarité aurait été adopté par les rabbins pour des raisons humanitaires, en un temps où les persécutions contre les Juifs s’accompagnaient de nombreux viols.

Quoi qu’il en soit, on peut comprendre l’énoncé « est juif quiconque est né de mère juive » comme faisant référence à une mère qui ferait partie, de façon évidente, d’une communauté juive.

En revanche, interpréter ce principe comme une loi mathématique aboutirait à un non-sens : il suffirait que la mère de la mère de la mère... de votre mère soit née d’une mère juive pour que vous le soyez également, quels que soient le vécu, les origines, la culture et la religion de tous vos ascendants. Dans cette optique, il faudrait tenir pour juif Mouammar Abou Minyar Abd-al-Salam al-Kadhafi, musulman fervent élevé par des parents musulmans eux-mêmes issus de familles musulmanes, dirigeant d’un pays de l’OCI, ce même Kadhafi qui a spolié et expulsé les derniers Juifs de Libye et fait construire une autoroute sur le cimetière juif de Tripoli...

... et en même temps, en vertu du même principe, il faudrait considérer comme non-juifs aussi bien Anouk Aimée, Pierre Arditi et Elisabeth Badinter que Laurent Fabius, Charlotte Gainsbourg, Judith Godrèche, Laurence Haïm, Jenifer, Matthieu Kassovitz, Arnö Klarsfeld et Bernard Kouchner ainsi que Claude Lelouch, Patrick Modiano, Roman Polanski, Alexandra Rosenfeld, Elsa Zylberstein et j’en oublie.

samedi 18 octobre 2014

Alain Souchon, de quelle souche ?

Il a le type : ses cheveux frisés, son nez… Ne dirait-on pas le croisement d’Arnaud Apoteker et de Jack Lang ?

Certes. Mais on pourrait tout aussi bien envisager le croisement de Bourvil et d’Albert Dupontel, par exemple.

Mais le patronyme Souchon, ne serait-il pas apparenté à Chouchan et à ses variantes, Chouchane, Chouchena, Soussane, Soussan, etc. ?

Helvéto-ardéchois né au Maroc...

La réponse est non. Souchon est un nom français, le diminutif de souche, dont on observe une prédominance autour de l’Ardèche (genealogie.com).

Autre source possible du fantasme de sa judéité, Alain Souchon est né au Maroc, et il s’appelle en réalité Alain Kienast.

Or, Kienast est un nom germanique, tout simplement. Le footballeur Roman Kienast, par exemple, est autrichien. On trouve aussi des Kienast allemands, suisses et alsaciens.

En fin de compte, bien que le vrai nom d’Alain Souchon soit Alain Kienast et qu’il soit issu d’une famille suisse, il semble que Souchon soit bel et bien le nom de son père biologique.

Quant à sa mère, Marie-Madeleine Lemaître, dite Madeleine Lemaître, qui écrivait sous le pseudonyme de Nell Pierlain, rien, absolument rien, n’indique qu’elle aurait été juive. Tout au contraire, son prénom véritable, Marie-Madeleine, laisse fortement penser qu’elle était issue d’une famille chrétienne.

Quoi qu’il en soit, on ne s’étonnera pas outre mesure d’apprendre que le chanteur figure sur certaines listes de personnalités censées être juives, que publient sur leurs blogs des gens qui n’ont pas les yeux en face des trous.

Pour autant, il est inutile, me semble-t-il, d’aller chercher plus loin.

vendredi 17 octobre 2014

Michel Garroté, catholique et pro-israélien

« Je suis suisse et catholique. Je me suis rendu en Israël à cinq reprises entre 1983 et 2011. Et avant cela, j’ai été pendant quelques années un supporter inconditionnel et servile de l’OLP. [...]

En [...] 1983, je suis arrivé athée à Jérusalem. Et j’en suis reparti croyant. À mon retour en Europe, j’ai fait les démarches pour devenir catholique. J’avais 26 ans. [...]


« Je suis suisse et catholique. »

Je n’ai aucune origine juive. [...]

En 2007, j’ai participé à la création et au développement de dreuz.info, qui à l’époque, s’appelait drzz.fr. J’en suis devenu le rédacteur en chef en 2008 et je le suis toujours en 2014.

Le fondateur de dreuz.info, alias drzz.fr, est, comme moi, suisse et catholique. Lui non plus n’a pas d’origines juives.

Dès 2007, lui et moi avons affiché clairement le fait que dreuz.info était un blog chrétien. [...]

Personnellement, je trouve assez comique que dreuz.info et moi-même soyons considérés comme juifs par ceux que nous insupportons et qui, pour tout dire, sont tous français. »


© Michel Garroté, (ancien) rédacteur-en-chef de dreuz.info (anciennement connu sous le nom de Miguel Garroté)


Sources : dreuz.info, « Je ne suis pas juif et dreuz.info non plus n’est pas juif », juin 2014.

Besancenot, juif et sioniste comme je suis arabe et islamiste

Certains détraqués publient sur leurs sites internet des listes de personnalités « sionistes » dans lesquelles ils incluent quiconque ne leur paraît pas suffisamment hostile à Israël. Je n’ai pas encore compris comment ils réussissaient à y faire figurer, outre Michèle Alliot-Marie, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy, même un « anti » obsessionnel comme le sinistre Olivier Besancenot.

Sur un de ces sites de déments propagateurs de théories du complot, celui-ci est même carrément désigné comme juif. Serait-ce parce qu’il a fréquenté Alain Krivine et sa fille ?

Entre cette version et l’original, on
admettra que la différence est ténue.

Pourtant, le Tintin postal n’a visiblement rien de juif : ni son patronyme, ni sa sensibilité, ni ses idées, ni son visage, ni ses oreilles de troll.

L’histoire et la géographie du nom Besancenot sont éloquentes (geopatronyme.com) : une forte concentration autour de la Haute-Saône, et de nombreuses références au cours du XIXe siècle dans divers départements français.

Parmi les candidats aux diverses élections (présidentielles, régionales, municipales), il est le seul à mentionner, et de façon systématique, les « Palestiniens » dans ses tracts de campagne.

Il s’est aussi distingué, si je puis dire, en défilant dans la rue et devant les caméras de télévision tout en scandant « Sharon assassin ».

Plus récemment, il est allé jusqu’à suggérer que si des équipes de secours israéliennes s’étaient rendues en Haïti après l’ouragan et y avaient installé un hôpital de campagne, c’était pour y prélever des organes : il est difficile d’imaginer même le Juif le plus antisémite débitant un ragot aussi immonde.

jeudi 16 octobre 2014

Pascal Bruckner, pris pour un intellectuel juif

Je l’avoue, jusqu’à la sortie de son ouvrage autobiographique Un bon fils en 2014, j’étais de ceux, plutôt nombreux il est vrai, qui avaient toujours associé Pascal Bruckner aux « intellectuels juifs » (myboox.fr).

Son nom y était peut-être pour quelque chose, bien que je sache pertinemment que le compositeur Anton Bruckner n’était pas juif du tout. Certes, il y avait aussi ses liens et ses affinités avec Alain Finkielkraut.

Le fils ne priait pas pour le père...

« L’ex-partenaire de Finkielkraut s’amuse qu’on le croie juif, et plus encore, qu’on salue ses dénégations d’un « Je comprends » compatissant », commente Luc Le Vaillant (liberation.fr).

Ancien élève des Jésuites, Pascal Bruckner est le fils d’une mère catholique et d’un père protestant. Lui-même est athée.

En outre, son père était un antisémite fanatique qui voyait des Juifs partout (comme c’est visiblement le cas d’un certain nombre de lecteurs du présent blog), et qui considérait son STO chez Siemens comme « la plus belle partie de [son] existence » (nouvelobs.com).

Dans Un bon fils, Bruckner nous révèle « les détails effrayants de son enfance passée à prier chaque jour pour voir mourir son père antisémite et raciste » (myboox.fr).

« Après tout, ma fille est juive », nous déclare-t-il cependant. Est-ce à dire que la mère de sa fille est juive, ou que sa fille s’est convertie ? Il n’en dit pas davantage dans l’interview en question.

On pourra aussi se référer à une intéressante interview de Pascal Bruckner accessible en ligne, sur le site internet Akadem.

samedi 27 septembre 2014

Si Emmanuelle Seigner était juive, je serais duc de Bourgogne...

Il aura sans doute suffi qu’Emmanuelle Seigner épouse Roman Polanski pour qu’une rumeur commence à courir, attribuant une appartenance juive à la comédienne et par la même occasion, à sa sœur Mathilde.

Il serait logique que cette judéité imaginaire soit attribuée également à l’autre sœur, Marie-Amélie, ainsi qu’à la mère, Françoise Seigner.

O come, O come, Emmanuelle...

Cependant, comme je l’ai souligné dans mes précédents articles, la logique n’est généralement pas ce sur quoi se fondent les spéculations concernant l’appartenance ou la non-appartenance de telle ou telle personne au peuple juif.

Toujours est-il que le grand-père, le fameux comédien Louis Seigner, un Dauphinois né en 1903 dans un hameau au fin fond de l’Isère, semble être devenu juif, lui aussi, à titre posthume.

Le fait que le nom de famille Seigner se termine en « -er » comme un grand nombre de patronymes à consonance germanique, dont certains peuvent être portés par des Juifs ashkénazes, aura certainement facilité la chose (voir, par exemple, mon article consacré à Mylène Farmer).

À quoi cela tient, décidément...

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot a étudié les racines de la « dynastie Seigner », dont les origines sont principalement dauphinoises du côté du père, comme le confirme la carte de France des Seigner, et bourguignonnes du côté de la mère, dont le nom de jeune fille est Ponelle. Je renvoie donc le lecteur au court article que le généalogiste a publié sur ce sujet.

mercredi 17 septembre 2014

Christian Jacob, juif et paysan ?

« On m’a demandé si DSK était le candidat des bobos. J’ai répondu avec la fibre du paysan. »
— Christian Jacob (www.lejdd.fr)

Il s’appelle Jacob, il est brun… et il a un long nez. Il n’en aura sans doute pas fallu davantage pour que l’expression « Christian Jacob juif », au moment où ces lignes sont écrites, soit la deuxième des suggestions de recherche associées à ce nom sur Google. Un peu plus loin viennent « Christian Jacob religion » et « Christian Jacob confession ». À votre avis, à quelle religion ou confession peuvent bien penser ceux qui envoient de telles requêtes sur Internet ?

La fibre du paysan...

Il en va de même pour Jacob que pour David et Simon : c’est certes un patronyme porté par des Juifs comme François Jacob ou Simone Veil (née Jacob), mais il est porté plus souvent encore par des non-juifs. En l’occurrence, ce nom est surtout courant chez les Alsaciens.

Par ailleurs, je me répète, le prénom Christian est fort peu prisé chez les Juifs, ce qu’une personne au cerveau normalement constitué doit pouvoir comprendre.

Il se trouve aussi que je connais personnellement un autre Christian Jacob qui est d’origine alsacienne, et évidemment pas juif.

Imagine-t-on un Juif, quelles que soient ses opinions politiques et ses attaches au judaïsme, déclarant publiquement que telle personnalité connue pour être juive, Dominique Strauss-Kahn par exemple, n’incarne pas « l’image de la France des terroirs et des territoires » ?

Enfin, on m’accordera qu’un fils et petit-fils d’agriculteurs français « enracinés à droite » (www.lefigaro.fr), prénommé Christian, né à Rozay-en-Brie, titulaire d’un brevet d’études professionnelles agricoles, lui-même agriculteur-éleveur et ayant exercé des responsabilités dans le syndicalisme agricole, et dont la mère avait pour nom de jeune fille Gallet et la mère de son père, Rabot (illus-tree.voila.net), a environ zéro chance d’être juif.

Au cas où la mesure ne serait pas assez pleine, on remarquera que le prénom Auguste était commun à son grand-père paternel et au père de celui-ci (à propos des prénoms communs au père et au fils, voir mes articles précédents).

lundi 14 juillet 2014

Dalida fut certes l’amie d’un chanteur juif...

Dalida, de son vrai nom Yolanda Cristina Gigliotti (Wikipedia), a chanté dans diverses langues, entre autres en hébreu. De là pourrait venir la rumeur de sa judéité, ce qui serait évidemment ridicule puisqu’elle a chanté aussi en allemand et en japonais.

Autre mauvaise raison possible de la rumeur, le chanteur israélien Mike Brant était un grand ami de Dalida et celle-ci avait contribué à son succès en France en lui permettant de chanter en première partie de son concert à l’Olympia en 1971. Elle avait aussi été la première à lui rendre visite après sa première tentative de suicide, en 1974 (ibid.).

Il manque un espace, mais il ne
manque pas la croix chrétienne !

Enfin, il y a peut-être son patronyme. Peut-être existe-t-il des Gigliotti juifs, mais ce nom est surtout porté par des non-juifs : de même que le patronyme Simon, par exemple, est porté par des Juifs mais bien plus souvent encore par des Français de souche, d’origine normande notamment.

Gigliotti, [...] forme italienne de gillier, nom de personne d’origine germanique issu de gisl, otage et hari, qui signifie armée (genealogie.com).

Il existe des footballeurs juifs, surtout en Israël, mais concernant les deux joueurs qui portent ce nom, le Français David Gigliotti, d’origine argentine du côté paternel, et l’Argentin Emanuel Gigliotti, ils ne sont vraisemblablement pas juifs (les noms italiens sont très courants en Argentine).

Avec Cristina comme deuxième prénom, une scolarité dans une école religieuse (catholique) et des parents originaires de Calabre, Dalida avait peu de chances d’être juive. Il me semble que la croix gravée sur sa sépulture (photo ci-dessus) nous permet de trancher pour de bon la question.

mardi 8 juillet 2014

Carla et Valeria Bruni Tedeschi, absolument pas juives !

Concernant Carla Bruni et sa sœur Valeria Bruni Tedeschi, l’origine de la rumeur stupide selon laquelle elles seraient juives ou « demi-juives » est évidente : leur grand-père putatif, Virginio Bruni Tedeschi, était né au sein de « la communauté juive de Turin » (Wikipedia).

Cependant, celui-ci « se convertit pendant la Seconde Guerre mondiale et épous[a] une catholique » (ibid.).

Qui croit que l’on peut être juive
par le père de son beau-père ?

Son fils, le musicien Alberto Bruni Tedeschi, père putatif de Carla et père de Valeria, n’était donc pas juif. Il était même catholique et a composé une messe (voir son site Internet personnel).

En outre, si j’ai employé le mot putatif, c’est parce que le père biologique de Carla n’était pas Alberto Bruni Tedeschi, mais un certain Maurizio Remmert (jewornotjew.com, Le Figaro, Voici).

Leur mère, Marisa Borini, est née d’une mère française originaire de Saint-Étienne, Renée Planche, et d’un père italien, Carlo Domenico Borini (Wikipedia).

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot s’est intéressé en particulier aux ancêtres français de Carla Bruni, qui étaient originaires de Savoie et des Hautes-Alpes. La grand-mère maternelle de Carla s’appelait Renée Planche et n’avait aucun ancêtre juif connu, même en remontant quatre générations en arrière :

« On lui découvre notamment des ancêtres Dupenloup ou Dupanloup, à Evires, berceau de cette très prolifique famille qui donnera deux évêques, dont le plus connu, Félix Dupanloup (1802-1878)... » (J.L. Beaucarnot). Pour plus de renseignements, Jean-Louis Beaucarnot nous propose un dossier sur les racines françaises de Carla Bruni.

Carla Bruni n’a donc aucun grand-parent juif et aucune ascendance juive connue. Quant à Valeria, elle a un seul grand-parent né juif, mais converti avant la naissance de ses enfants. Ses deux parents, Alberto et Marisa, étaient catholiques et avaient chacun deux parents catholiques.

jeudi 3 juillet 2014

Jaurès, socialiste imbécile

Jean Jaurès, un Juif ? C’est un camarade d’études, lui-même juif, qui, le premier, m’avait gratifié de cet invraisemblable scoop.

Pourquoi Jean Jaurès aurait-il été juif ? Sans doute en vertu d’un rapprochement douteux entre son patronyme et d’autres noms en « -ès » comme Adès, Baranès, Chaliès, Mendès...

Or, il existe en France de nombreux noms en « -ès » qui n’ont rien de juif. Grouès, par exemple, était le vrai nom de l’abbé Pierre. Autre exemple, l’antisémite Maurice Barrès, connu pour avoir notamment déclaré : « Que Dreyfus soit coupable, je le conclus de sa race. »

Jaurès ? Vous voulez rire ?

Jean Jaurès, lui, avait pris parti pour Dreyfus. Et cependant, en matière de préjugés à l’encontre des Juifs et même, d’antisémitisme délirant, il n’était pas en reste :

Nous savons bien que la race juive [...] toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain [...] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. (Discours de Tivoli, 1898).

Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. [...] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre. (Son article « La question juive en Algérie » publié le 1er mai 1895 dans La Dépêche).

À la même époque, ou peu de temps plus tard, un certain August Bebel disait que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles.

Comme l’écrivait un de mes lecteurs à propos de mes « Juifs qui ne le sont pas » : « Pour certains, c’est bien dommage, pour d’autres, c’est bien tant mieux. »