lundi 14 juillet 2014

Dalida fut certes l’amie d’un chanteur juif...

Dalida, de son vrai nom Yolanda Cristina Gigliotti (Wikipedia), a chanté dans diverses langues, entre autres en hébreu. De là pourrait venir la rumeur de sa judéité, ce qui serait évidemment ridicule puisqu’elle a chanté aussi en allemand et en japonais.

Autre mauvaise raison possible de la rumeur, le chanteur israélien Mike Brant était un grand ami de Dalida et celle-ci avait contribué à son succès en France en lui permettant de chanter en première partie de son concert à l’Olympia en 1971. Elle avait aussi été la première à lui rendre visite après sa première tentative de suicide, en 1974 (ibid.).

Il manque un espace, mais il ne
manque pas la croix chrétienne !

Enfin, il y a peut-être son patronyme. Peut-être existe-t-il des Gigliotti juifs, mais ce nom est surtout porté par des non-juifs : de même que le patronyme Simon, par exemple, est porté par des Juifs mais bien plus souvent encore par des Français de souche, d’origine normande notamment.

Gigliotti, [...] forme italienne de gillier, nom de personne d’origine germanique issu de gisl, otage et hari, qui signifie armée (genealogie.com).

Il existe des footballeurs juifs, surtout en Israël, mais concernant les deux joueurs qui portent ce nom, le Français David Gigliotti, d’origine argentine du côté paternel, et l’Argentin Emanuel Gigliotti, ils ne sont vraisemblablement pas juifs (les noms italiens sont très courants en Argentine).

Avec Cristina comme deuxième prénom, une scolarité dans une école religieuse (catholique) et des parents originaires de Calabre, Dalida avait peu de chances d’être juive. Il me semble que la croix gravée sur sa sépulture (photo ci-dessus) nous permet de trancher pour de bon la question.

mardi 8 juillet 2014

Carla et Valeria Bruni Tedeschi, absolument pas juives !

Concernant Carla Bruni et sa sœur Valeria Bruni Tedeschi, l’origine de la rumeur stupide selon laquelle elles seraient juives ou « demi-juives » est évidente : leur grand-père putatif, Virginio Bruni Tedeschi, était né au sein de « la communauté juive de Turin » (Wikipedia).

Cependant, celui-ci « se convertit pendant la Seconde Guerre mondiale et épous[a] une catholique » (ibid.).

Qui croit que l’on peut être juive
par le père de son beau-père ?

Son fils, le musicien Alberto Bruni Tedeschi, père putatif de Carla et père de Valeria, n’était donc pas juif. Il était même catholique et a composé une messe (voir son site Internet personnel).

En outre, si j’ai employé le mot putatif, c’est parce que le père biologique de Carla n’était pas Alberto Bruni Tedeschi, mais un certain Maurizio Remmert (jewornotjew.com, Le Figaro, Voici).

Leur mère, Marisa Borini, est née d’une mère française originaire de Saint-Étienne, Renée Planche, et d’un père italien, Carlo Domenico Borini (Wikipedia).

Le généalogiste Jean-Louis Beaucarnot s’est intéressé en particulier aux ancêtres français de Carla Bruni, qui étaient originaires de Savoie et des Hautes-Alpes. La grand-mère maternelle de Carla s’appelait Renée Planche et n’avait aucun ancêtre juif connu, même en remontant quatre générations en arrière :

« On lui découvre notamment des ancêtres Dupenloup ou Dupanloup, à Evires, berceau de cette très prolifique famille qui donnera deux évêques, dont le plus connu, Félix Dupanloup (1802-1878)... » (J.L. Beaucarnot). Pour plus de renseignements, Jean-Louis Beaucarnot nous propose un dossier sur les racines françaises de Carla Bruni.

Carla Bruni n’a donc aucun grand-parent juif et aucune ascendance juive connue. Quant à Valeria, elle a un seul grand-parent né juif, mais converti avant la naissance de ses enfants. Ses deux parents, Alberto et Marisa, étaient catholiques et avaient chacun deux parents catholiques.

jeudi 3 juillet 2014

Jaurès, socialiste imbécile

Jean Jaurès, un Juif ? C’est un camarade d’études, lui-même juif, qui, le premier, m’avait gratifié de cet invraisemblable scoop.

Pourquoi Jean Jaurès aurait-il été juif ? Sans doute en vertu d’un rapprochement douteux entre son patronyme et d’autres noms en « -ès » comme Adès, Baranès, Chaliès, Mendès...

Or, il existe en France de nombreux noms en « -ès » qui n’ont rien de juif. Grouès, par exemple, était le vrai nom de l’abbé Pierre. Autre exemple, l’antisémite Maurice Barrès, connu pour avoir notamment déclaré : « Que Dreyfus soit coupable, je le conclus de sa race. »

Jaurès ? Vous voulez rire ?

Jean Jaurès, lui, avait pris parti pour Dreyfus. Et cependant, en matière de préjugés à l’encontre des Juifs et même, d’antisémitisme délirant, il n’était pas en reste :

Nous savons bien que la race juive [...] toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain [...] manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion. (Discours de Tivoli, 1898).

Dans les villes, ce qui exaspère le gros de la population française contre les Juifs, c'est que, par l’usure, par l’infatigable activité commerciale et par l’abus des influences politiques, ils accaparent peu à peu la fortune, le commerce, les emplois lucratifs, les fonctions administratives, la puissance publique. [...] En France, l’influence politique des Juifs est énorme mais elle est, si je puis dire, indirecte. Elle ne s’exerce pas par la puissance du nombre, mais par la puissance de l’argent. Ils tiennent une grande partie de la presse, les grandes institutions financières, et, quand ils n’ont pu agir sur les électeurs, ils agissent sur les élus. Ici, ils ont, en plus d’un point, la double force de l’argent et du nombre. (Son article « La question juive en Algérie » publié le 1er mai 1895 dans La Dépêche).

À la même époque, ou peu de temps plus tard, un certain August Bebel disait que l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles.

Comme l’écrivait un de mes lecteurs à propos de mes « Juifs qui ne le sont pas » : « Pour certains, c’est bien dommage, pour d’autres, c’est bien tant mieux. »

vendredi 6 juin 2014

Kuster n’est pas Huster

Depuis que Brigitte Kuster, mairesse du XVIIe arrondissement de Paris, a accueilli un colloque sur l’antisémitisme dans sa mairie le 7 avril 2014, certains se demandent si elle ne serait pas juive, et il semble que d’autres en soient même convaincus.

De façon très classique, le fait qu’elle porte un nom à consonance germanique y aura sans doute contribué. Sans compter la ressemblance avec le patronyme de Francis Huster.

Et d’une, et de deux...

Une élue n’a évidemment pas besoin d’être juive pour accueillir des orateurs qui étudient et combattent l’antisémitisme. D’autres élus non juifs, comme Claude Goasguen ou comme le regretté Pierre-Christian Taittinger, par exemple, l’ont fait avant elle.

Brigitte Kuster est née Brigitte Thomas (lepoint.fr), son père a été prisonnier de guerre (et non pas déporté), et avec ses parents elle a voyagé notamment à Alep et à Tripoli (ibid.).

Tout cela n’indique pas que Brigitte Kuster pourrait être juive, bien au contraire.

Brigitte Kuster porte le nom de son mari, Gérard Kuster, et d’une.

Kuster est un nom alsacien et lorrain, et de deux.

Ce nom désigne le gardien du trésor de l’église ou le sacristain, et de trois (voir le site internet Genealogie.com). Voilà pour le nom.

On aurait pu aussi imaginer qu’un monsieur Kuster, non juif, ait épousé une Juive, mais il n’en est rien. On sait que Gérard Kuster est protestant, mais on sait aussi que Brigitte Kuster, née Brigitte Thomas, est catholique (lepoint.fr).


Sources : lepoint.fr, Genealogie.com

mercredi 7 mai 2014

Carlos (le chanteur), un Juif ?

« Mais qu’est-ce ’ tu bois, Doudou, dis-donc ? » ... « Oasis, Oasis, c’est bon, c’est bon... »

Avec sa corpulente bonhomie, sa bonne humeur et ses chemises hawaïennes, il nous faisait inévitablement penser au « Club Med » !

D’ailleurs, il avait obtenu un disque d’or pour Cocotte en papier, une chanson qui y faisait clairement allusion : « Je suis ton G.M., tu es ma G.O., c’est presque aussi bien que chez Trigano ».

Le chanteur, pas le terroriste...
mais quand même, il ne l’est pas.

Est-ce pour cette raison que certains l’avaient pris pour un Juif ?

Je sais bien que « le Club » a été fondé par des Juifs et a toujours compté beaucoup de Juifs parmi ses « gentils membres », mais tout de même...

Ou bien, en raison de ses cheveux très bruns et très frisés et de ses yeux sombres ? Certes, il avait « le type », comme on dit (même si on le dit de moins en moins).

Ou encore, est-ce parce qu’il était le fils de Françoise Dolto, que certains croyaient juive ?

Dans quel sens faut-il donc envisager cette double méprise ?

Carlos s’appelait en réalité Jean-Chrysostome Dolto. Il était le fils de Boris Ivanovitch Dolto et de Françoise Dolto, née Marette. Wikipedia nous indique qu’il était « resté très attaché à la foi de l’Église orthodoxe » (sic).

Avec un tel prénom, il pouvait être chrétien orthodoxe et le rester, en effet. Cela nous confirme aussi que son père était orthodoxe et donc, pas plus juif que sa mère, laquelle était catholique.


(voir aussi la photo de la sépulture familiale, au cimetière de Bourg-la-Reine)

Oui, j’ai entendu dire que Françoise Dolto était juive !

Est-ce parce qu’elle était la mère d’un sympathique chanteur brun frisé qui nous faisait inévitablement penser au Club Med, si bien que certains le croyaient juif ? Ou bien, est-ce parce qu’elle était psychanalyste et portait un nom à consonance étrangère ? Ou encore, parce qu’elle exerçait la même spécialité que Bruno Bettelheim ?

Quoi qu’il en soit, ceux qui ont colporté cette rumeur auraient mieux fait de s’abstenir de parler de ce qu’ils ignoraient.

La tombe des Dolto

Tout d’abord, cette dame portait le nom de son mari, Boris Ivanovitch Dolto, un Russe de confession chrétienne orthodoxe qu’elle avait épousé en 1942.

Elle s’appelait Françoise Marette, de son nom de jeune fille et toutes les sources indiquent que son père, Henri Marette et sa mère, Suzanne Demmler, étaient catholiques. Apparemment, ils étaient aussi proches de l’extrême droite : une « famille maurassienne », selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon (Dictionnaire de la psychanalyse, Fayard, 2011).

Son oncle, Pierre Demmler, était aussi son parrain (pour la n-ième fois, il n’y a théoriquement pas de parrain ni de marraine chez les Juifs). En outre, Françoise Marette avait passé sa première communion.

En décembre 1942, sous l’occupation, Françoise Dolto avait été engagée par une institution eugéniste, comme le rappelle notamment Didier Pleux. Dans son ouvrage Françoise Dolto – La déraison pure (Autrement, 2013), cet auteur écrit : « Elle a également été en analyse chez René Laforgue, son mentor et psychanalyste dont l’objectif était d’implanter à Paris un centre de psychologie aryanisée ». Il ajoute que celui-ci militait contre la « psychanalyse juive ».

Enfin, on remarquera que la tombe des Dolto est bien une sépulture chrétienne (voir photo).


Sources : Le Vif Info ; Wikipedia ; et ouvrages cités.

lundi 5 mai 2014

« J’ai appris que Mick Jagger… »

Si vous avez entendu dire qu’il est juif, dites-vous que c’est encore une de ces rumeurs ridicules et sans fondement que je me suis fait une spécialité de démonter.

En l’occurrence, j’en ignore la raison : ses lèvres charnues, peut-être ? Ou bien, son patronyme en « -er » ?

Un enfant de chœur


Michael Philip Jagger, plus connu sous le nom de Mick Jagger, est né à Dartford, dans le Kent.

Son père s’appelait Basil Fanshawe Jagger et sa mère, née en Australie et d’origine anglaise, s’appelait Eva Ensley Mary Scutts.

Jagger et Scutts ne sont pas des noms portés par des Juifs.

Des prénoms comme Basil Fanshawe et Eva Ensley Mary ne suggèrent certainement pas une appartenance au peuple juif.

En outre, le frère de Mick se prénomme Christopher.

En 1971, Mick Jagger s’est marié à Saint-Tropez selon le rite catholique. Son second mariage, en 1990, aurait été célébré en Indonésie selon le rite hindou (et un peu plus tard, annulé).

Enfant, Mick chantait dans le chœur de l’église. Vous connaissez, dans votre quartier, des Juifs dont les enfants font partie du chœur de la paroisse ?


Sources : According to the Rolling Stones (Chronicle Books) , Wikipedia (en anglais)

samedi 3 mai 2014

Lénine, un huitième de Juif ?

Certes, parmi les principaux leaders de la Révolution russe, il y avait Zinoviev, Kamenev et Trotski qui étaient nés sous les noms de Rosenfeld, Kaganovitch et Bronstein, respectivement.

Mais que restait-il de juif chez ces gens-là ? « Je ne suis pas juif, s’écriait Trotski avec rage, je suis internationaliste ! »

Juif par un arrière-grand-père ?

Il était sans doute inévitable que se répande le bruit que Vladimir Ilitch Oulianov, dit Lénine, aurait été « juif » lui aussi. Rappelons qu’une telle rumeur existe même concernant Staline.

Le grand-père maternel de Lénine, né Israël Blank d’un père juif et d’une mère non juive, avait été baptisé à l’adolescence et avait alors changé de prénom pour Alexandre. Lénine lui-même avait été baptisé à sa naissance.

En se plaçant un instant dans une perspective « racialiste », sachant que le père de son grand-père maternel était juif, on pourrait suggérer que Lénine avait 12,5 % de « sang » juif.

Mais que ferait-on des 87,5 % qui restent ? En vertu de quel principe un huitième prévaudrait vis-à-vis de sept huitièmes ?

Par ailleurs, si l’on suit la logique tout aussi douteuse de ceux pour qui être juif serait une simple appartenance confessionnelle, Lénine était un athée issu de deux parents chrétiens orthodoxes.

Pas juif, là encore.

Du point de vue plus éclairé et plus réaliste qui est le mien (en toute modestie), les Juifs ne sont ni une religion ni une race mais un peuple lié à une religion, dont Lénine ne faisait partie à aucun titre.

On le voit bien, considérer comme juif un athée né de deux parents chrétiens nés eux-mêmes de parents chrétiens, n’a tout simplement aucun sens.


Sources : Wikipedia

vendredi 4 avril 2014

Manuel Valls, juif par sa belle-mère ?

Pourquoi certaines personnes pas spécialement bien inspirées ont-elles avancé, à un moment donné, que Manuel Valls serait juif ? Serait-ce en raison de sa femme ?

Ou bien, à cause de son nom ? Pourtant, Valls est un patronyme typiquement catalan. Manuel Carlos Valls est le fils de Xavier Valls, artiste catalan, et de Luisangela Galfetti, issue d’une famille paysanne de Suisse italienne et sœur de l’architecte Aurelio Galfetti.

Paroisse Sant Joan d’Horta, à Barcelone
Crédit photo : Jordiferrer, Wikimedia

Manuel Valls est né à Barcelone. Il a été baptisé le 24 août 1962 par le père Ventura dans l’église paroissiale du quartier de Horta.

Il a pour parrain Carlo Coccioli, écrivain italien, et pour marraine Maria Buina. Il est donc clairement de confession catholique.

Son grand-père paternel était rédacteur en chef d’un journal républicain et catholique, et il avait caché des prêtres persécutés par les trotskistes et les anarchistes.

Sa première femme s’appelait Nathalie Soulié. Elle n’était pas juive.

Il semble que Manuel Valls fasse grand cas de la judéité de sa seconde femme, Anne Gravoin, née d’une mère juive mais d’un père non juif.

En effet, il a déclaré publiquement que par cette alliance, il était indéfectiblement lié au peuple juif.

Mais ce second mariage ne fait pas de lui un Juif, pas plus qu’il ne fait de sa femme une Catalane.


Sources : Wikipedia, sur Manuel Valls et sur Anne Gravoin ; Revue française de généalogie

Pierre Mauroy n’était pas juif, vous le saviez ?

Si j’en crois mon expérience, dès qu’une conversation porte sur une personnalité connue ayant un homonyme, le risque de confusion est assez élevé. Cela donne, par exemple, le résultat suivant :

Pierre Mauroy - Crédit photo :
Marie-Lan Nguyen, Wikimedia


– Tu savais que Pierre Mauroy était juif ?
– ! ! !

Le jour où cette question m’avait été posée, j’avais tout de suite compris de quoi il retournait. Je savais qu’André Maurois était juif, et je savais aussi que Pierre Mauroy ne l’était pas. La confusion homonymique ne faisait aucun doute. Je suppose que de là vient la rumeur.

André Maurois, écrivain mort en 1967, s’appelait en réalité Émile Herzog. Son pseudonyme, Maurois, était le nom d’un village du Nord de la France, bien qu’il soit né à Elbeuf, en Normandie, et que sa famille soit originaire d’Alsace.

Pierre Mauroy, l’homme politique (bien vivant au moment de mon anecdote) s’appelait vraiment Pierre Mauroy, et il était originaire du Nord de la France.

Il se trouve que les origines de l’ancien Premier ministre socialiste ont été étudiées par des généalogistes réputés, notamment Joseph Valynseele, et plus récemment Jean-Louis Beaucarnot qui lui a consacré un petit article. C’est pour moi du pain béni.

Mauroy est un patronyme on ne peut plus français, datant du Moyen-âge, et dont la fréquence atteint actuellement ses pics dans l’Aisne, la Marne et la Nièvre. Parmi les ancêtres de Pierre Mauroy, nous avons des bûcherons et des laboureurs, ainsi que des meuniers établis sous Louis XIV.

Ses racines sont dans le Nord, côté père, avec des noms comme Copin, Deloffe et Mathon (et Mauroy), mais également côté mère, avec des noms comme Barbier, Hedon et Merlin.

Enfin, pour ses obsèques, la cérémonie religieuse a eu lieu dans une église.


Sources : J.-L. Beaucarnot (Revue française de généalogie)