mardi 19 décembre 2017

Pierre Bergé aurait été un Juif de gauche... s’il avait été juif

Commentant un article de Guy Millière publié sur le site internet Dreuz qui critiquait l’attitude des Juifs de gauche lors de la réélection du député Meyer Habib, un lecteur citait comme exemple de Juif de gauche Pierre Bergé.

On se demande bien ce qui a pu amener cette personne à penser que le célèbre homme d’affaires français était juif. À l’inverse, je n’ai aucune difficulté à rassembler des éléments indiquant qu’il ne l’était pas.

De Saint-Pierre d’Oléron
à Saint-Rémy de Provence...

Pour commencer, Bergé est un nom répandu dans diverses régions de France, et ce n’est pas du tout un patronyme indiquant ou suggérant une origine juive.

Il y a aussi le fait que l’intéressé ait arrêté ses études juste avant le baccalauréat, et qu’un homme né dans un hameau situé sur l’île d’Oléron a très peu de chances d’être juif, surtout si sa mère se prénommait Christiane et si ses ascendants, des deux côtés, vivaient dans le Poitou-Charentes depuis au moins deux générations.

Son père s’appelait Pierre Léon Bergé, et j’ai maintes fois affirmé dans mes articles que chez les Juifs, un enfant ne reçoit jamais (ou très très rarement) le prénom de son parent vivant (père ou mère).

Depuis cinq ans que ce blog existe, personne n’a su me porter la contradiction sur ce point en trouvant ne serait-ce qu’une ou deux exceptions. Il en existe, pourtant. Par exemple, le premier fils de Mayer Amschel Rothschild, fondateur de la fameuse dynastie, se prénommait Amschel Mayer, et le second prénom du père du physicien Robert Oppenheimer, responsable du projet Manhattan, était... Robert : encore faut-il remarquer que dans les deux cas, le prénom usuel n’était pas le même chez le père et le fils.

(P.S. : en 2018, quelqu’un m’a finalement porté la contradiction sur la base de son cas personnel...)

Revenons à nos moutons, ou plus exactement, à nos Bergé. L’arbre généalogique de Pierre Bergé est en ligne. Aucun nom n’y indique une ascendance juive.

On peut constater, notamment, que sa grand-mère du côté de son père s’appelait Catherine Capelle et que la mère de cette dernière s’appelait Louise Fort, tandis que la mère de Pierre Bergé, Christiane Sicard, était née d’un monsieur Sicard et d’une madame Chapeau.


Sources : geneanet.org ; Wikipedia

dimanche 25 juin 2017

Bono, you too ?

Pourquoi diable certains ont-ils affirmé que Bono, le chanteur du groupe U2, était juif ? Serait-ce tout bêtement parce que son deuxième prénom est David ?

Ou bien, encore plus bêtement, parce que son nom de famille, Hewson, se termine en « -son » ? Allez savoir. On peut tout imaginer.

Bono, un chanteur dans les étoiles

Tout ce que l’on sait de lui indique, au contraire, que nous avons affaire à un chrétien. Ainsi, par exemple, le chanteur de rock irlandais a été reçu plusieurs fois au Vatican et a rencontré les papes Jean-Paul II et Benoît XVI.

Parmi les titres de ses « tubes », on peut citer Do They Know it’s Christmas, Miserere, et In the Name of the Father.

En revanche, on n’y trouve aucune référence à Hanoucca et aucun Ribono shel haolam...

Bono, de son vrai nom Paul David Hewson, est marié à Alison Stewart, qu’il a rencontrée à la Mount Temple Comprehensive School, un établissement confessionnel placé sous le patronage de l’archevêque de Dublin.

Surtout, Paul David Hewson était le second fils d’Iris Rankin Hewson, de confession anglicane, et de Brendan Robert Hewson, de confession catholique. Quand on lui demandait s’il se considérait comme catholique ou protestant, il répondait qu’il s’était toujours senti partagé entre ces deux appartenances.


Sources : Wikipedia en français, en espagnol, macphisto.net

vendredi 2 juin 2017

Donald Trump, juif par son gendre ?

Après avoir traité pas moins de cinq présidents américains (c’est dire à quel point certains peuvent délirer en attribuant une identité juive à telle ou telle personnalité), je n’avais pas imaginé devoir inclure le président Trump dans cette liste, mais il faut décidément s’attendre à tout.

Effectivement, sur Facebook, un intervenant, juif lui-même, a affirmé que Donald Trump était juif. Une autre participante, juive également, a renchéri en précisant qu’il était juif par sa mère, mais que son père ne l’était pas.

Photo : Gage Skidmore

Quelle information peut bien avoir été amplifiée et déformée jusqu’à cette absurdité ?

Sans doute, le fait qu’une de ses enfants, sa fille Ivanka, soit convertie au judaïsme et mariée à un Juif, Jared Kushner : « J’ai une fille juive, a déclaré Trump, et j’en suis très honoré. »

Par ailleurs, on sait que ce président américain élu en janvier 2017 est nettement mieux disposé envers Israël que ses prédécesseurs.

Une des deux sœurs de Donald Trump s’appelle Maryanne alors que leur mère se prénommait Mary Anne ; et son frère aîné, qui n’est plus, se prénommait Fred, comme leur père. Ce sont là deux signes indiquant que nous avons vraisemblablement affaire à une famille chrétienne.

Surtout, comme on peut le lire dans l’article que lui consacre Wikipedia en langue anglaise, bien mieux documenté et nettement moins orienté idéologiquement que l’article en français, les ascendants de Donald Trump étaient tous protestants, aussi loin que l’on puisse remonter dans le temps.

Plus précisément, ils étaient luthériens du côté paternel et presbytériens du côté maternel. Les parents de Donald Trump se sont mariés dans une église presbytérienne et lui-même a eu une éducation religieuse presbytérienne.


Sources : Wikipedia (en anglais).

vendredi 12 mai 2017

Zabou Breitman et l’antisémitisme

Le 27 février 2012, Isabelle Breitman, alias Zabou, montait à la radio avec Laurent Laffitte un sketch très douteux intitulé « La femme qui hésitait à s’installer en Israël ». Les deux comédiens y débitaient toute une série de stéréotypes négatifs sur Israël, et il était difficile de savoir s’ils étaient censés s’en moquer ou s’ils se complaisaient à les colporter.

Des imbéciles ont cru pouvoir s’autoriser du nom de la comédienne pour cracher tout leur fiel sur ceux qui avaient l’impudence d’émettre une critique.

Le nom et la race

Or, aussi inattendu que cela puisse paraître, la belle actrice brune, petite-fille d’un déporté juif, qui porte un nom typiquement ashkénaze et qui a joué dans « Cuisines et dépendances » avec Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, n’est pas juive.

Le magazine en ligne Femme actuelle a publié le 28 avril 2014 une interview de Zabou Breitman à propos du film 24 jours… dans lequel elle incarne la mère d’Ilan Halimi. En voici un extrait, concernant une accusation à tort dont elle avait été victime dans sa jeunesse à propos d’une histoire de photos non autorisées :

« Un jour, un homme m’a dit : « De toute façon, vous aimez l’argent, ça ne m’étonne pas. C’est quoi votre vrai nom, déjà ? » C’était en 1982, et cet homme était Jean-Marie Cavada. »

Maurice Barrès disait : « Que Dreyfus soit coupable, je le déduis de sa race. » Qu’Isabelle Breitman soit coupable, Jean-Marie Cavada le déduisait de son nom.

Continuons : « J’ai été stupéfaite et j’ai mis quinze ans avant de retrouver mon nom. Tous les jours, j’y pensais. Je me répétais qu’il fallait que je reprenne mon nom, par principe, même si je ne suis pas juive. Mon père est fils d’un père juif et d’une mère française du Mans, sans aucune origine juive. Ma mère est québécoise de confession catholique. »

Comme disait Shakespeare : « What’s in a name ? »

mardi 9 mai 2017

Brzezinski, pas plus juif que Rockefeller

Zbigniew Brzezinski fait partie, avec Henry Kissinger, David Rockefeller et Jimmy Carter dont il a été le conseiller, des fondateurs de la Commission Trilatérale, un organisme émanant du groupe de Bilderberg.

On peut soupçonner que l’influence de ces messieurs sur la marche du monde n’a pas toujours été très positive, mais pour un certain nombre de détraqués, Rockefeller et Brzezinski seraient juifs, et ceci est sans doute censé expliquer cela.

J’ai montré que contrairement à ces racontars grotesques, David Rockefeller n’était absolument pas juif, et que ses ascendants non plus, en remontant jusqu’au fondateur de la dynastie, ne l’avaient jamais été.

Une question de foi

Il en est de même concernant Zbigniew Kazimierz Brzezinski, qui est issu d’une famille noble polonaise. Son père, Tadeusz Brzeziński, né à Zloczow, était diplomate. Il fut en poste en Allemagne de 1931 à 1935, puis en URSS, après quoi il fut consul général à Montréal et devint un membre éminent de la communauté polonaise de cette ville.

Il semble que Tadeusz Brzeziński ait participé à des tentatives de sauver des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui pourrait aussi alimenter la légende de la judéité de son fils.

Or, les funérailles de Tadeusz Brzeziński ont eu lieu en l’église Saint-Wojciech de Montréal. Par ailleurs, rien n’indique que son épouse, la mère de Zbigniew, aurait eu des origines juives.

L’hostilité croissante de Zbigniew Brzezinski envers Israël n’a rien de secret. Certes, il en est de même de certaines personnalités juives influentes, mais de là à exprimer des préoccupations particulières pour la Pologne et l’Ukraine, il y a un monde.

Surtout, on sait que dans ses activités politiques, l’ancien conseiller de Jimmy Carter s’est appuyé sur ses origines polonaises, mais tout autant sur sa foi catholique, pour établir des relations directes entre la Maison-Blanche et le Saint-Siège.


Sources : Wikipedia (angl.), apnewsarchive.com, John Bernell White Jr.

jeudi 4 mai 2017

Richard Bohringer, Juif improbable

Nous vivons une époque où, en France, il suffit d’être connu et de porter un nom à consonance germanique pour que des gens se mettent à affirmer que vous êtes juif. C’est le cas de Richard Bohringer, comme de nombreuses autres personnalités auxquelles ce blog est consacré. C’est tellement inepte que je ne sais s’il faut en rire ou en pleurer.

Il est vrai que Richard Bohringer a joué le rôle d’un Juif dans le film La Vérité si je mens, ce qui a pu également induire certaines personnes en erreur. Qu’il me suffise de faire remarquer que dans le même film, un autre Richard, Anconina, qui est juif, incarnait un personnage non juif.

Bohringer : nom allemand désignant sans doute celui qui est originaire de Böhringen, localité de Bade-Wurtemberg proche de Constance.

Richard Bohringer a arrêté sa scolarité en sixième. J’admets que cela ne suffise pas au lecteur pour conclure que le comédien n’a jamais été juif, et je l’invite donc à poursuivre sa lecture.

Ce qui s’est passé en 1942

Quelles sont les origines de Richard Bohringer ? Tout le monde peut trouver la réponse sur Internet en moins de temps qu’il en faut pour le dire.

C’est l’histoire d’un officier de l’armée allemande qui participe à l’invasion de la France durant la Seconde Guerre mondiale.

Il y rencontre une jeune Française avec qui il a une relation. Elle tombe enceinte. Après avoir accouché, elle abandonne son bébé (le futur acteur Richard Bohringer) à sa mère et le couple s’enfuit en Allemagne. Cela se passe en 1942.

Qui pourrait imaginer qu’un Juif allemand soit enrôlé dans l’armée d’Hitler et participe à l’entrée des troupes en France, pour ensuite « s’enfuir » en Allemagne ? Pour s’y enfuir ! En 1942 ?

Qui pourrait imaginer, à cette époque, une Juive française qui se serait liée à un soldat allemand et qui abandonnerait son bébé pour partir avec le père en Allemagne ? En 1942 ?

La photo ci-dessus est la sixième image que m’a proposé Google pour la requête constituée de ces quatre chiffres. Elle a été prise au Vélodrome d’Hiver, à Paris.

Un petit bonus pour terminer : le père de Richard Bohringer s’appelait Richard Bohringer et le troisième enfant de Richard Bohringer s’appelle Richard Bohringer (à propos des fils qui portent le même prénom que leur père, voir mes autres articles, en particulier sur Johann Strauss ainsi que sur Chaplin, Ionesco et Rockefeller).


Sources : Wikipedia, geneanet.org, gala.fr, histoire-fr.com

vendredi 28 avril 2017

Le général Kœnig n’était pas dans l’alliance

Le général Pierre Kœnig a été le fondateur et l’administrateur d’un comité France-Israël, lequel a fusionné en 1986 avec l’association France-Israël, anciennement France-Palestine, pour donner l’association France-Israël – Alliance Général Kœnig.

Comme ce prestigieux militaire, qui avait été chargé de l’arrestation de Pétain, portait un nom à consonance germanique, et sachant qu’il existe des Juifs qui portent ce nom ou l’une de ses variantes, il n’est pas surprenant que certains se soient imaginé qu’il était juif lui-même.

Jésus Marie Joseph...

Naturellement, il n’en est rien. Issu d’une famille d’origine alsacienne, Pierre Kœnig, dont l’état-civil complet est Marie Joseph Pierre François Kœnig, était le fils de Joseph Kœnig, facteur d’orgues, et d’Ernestine Mutin (voir, par exemple, Wikipedia).

À Caen, il avait étudié chez les frères du collège Saint-Joseph avant d’entrer au lycée Malherbe, et il avait participé aux activités d’un patronage paroissial.

Comme je l’ai rappelé à propos de Maurice Ravel, la plupart des personnalités françaises qui avaient manifesté leur soutien à la renaissance de l’État juif sur sa terre n’étaient pas des Juifs.

On notera dans l’état-civil du héros de Bir-Hakeim le prénom Marie, suivi de Joseph. Je l’ai expliqué à propos d’Alain Juppé, il est impossible que des parents juifs donnent à un garçon un prénom féminin, a fortiori le prénom Marie qui, dans ce contexte, fait évidemment référence à la mère de Jésus-Christ.

En outre, ce prénom, Marie, figure aussi dans l’état-civil de la mère du général Kœnig, Ernestine Mutin, laquelle était une chrétienne très pieuse issue de deux parents chrétiens.

Enfin, on notera également, dans l’état-civil de Pierre Kœnig, la présence du prénom de son père. Une fois de plus, à propos des fils qui portent le même prénom que leurs pères, je renvoie le lecteur à mes articles précédents.

mercredi 15 mars 2017

Dans la série « ils sont juifs » : Ingmar Bergman

Dans un de ses films, L’Œuf du serpent, Ingmar Bergman met en scène un jeune Juif qui assiste à la nazification de l’Allemagne. Mais surtout, il semble que des gens peu soucieux de rigueur soient prompts à prêter une identité juive à quiconque porte un nom en « -berg » ou en « -man ». Il était donc inévitable que certains tiennent pour juif un cinéaste dont le nom est formé de ces deux syllabes.

Erik Bergman en chaire
(et en hausse)

Il existe effectivement des Juifs qui portent ce nom ou une de ses variantes. J’ai moi-même connu un Bergman brésilien d’origine juive polonaise (quoique plus marxiste que juif en matière de convictions).

Cependant, à l’instar des Michel, des Picard et des Simon, il s’en faut de beaucoup que tous les Bergman soient juifs.

Ernst Ingmar Bergman est né dans une famille de luthériens, ce qui est extrêmement banal, du moins pour l’instant encore, dans un pays comme la Suède.

La famille Bergman habitait même un presbytère, car le père d’Ingmar était pasteur. Il soumettait sa famille à une discipline très rigide et élevait ses enfants « dans la traque obsessionnelle du péché et du repentir » (Wikipedia).

Une partie de l’œuvre de Bergman est inspirée de ces souvenirs. Ainsi, dans son film Les Communiants (1962), le cinéaste règle ses comptes avec la religion en mettant en scène un pasteur qui perd la foi. Le personnage est inspiré de la figure de son père.

En 1934, dans le cadre d’un programme d’échange, le jeune Ingmar avait été envoyé en Allemagne. Sa famille d’accueil l’avait emmené assister à un discours d’Hitler, dans un stade de Weimar. Après son retour en Suède, l’idéologie nazie avait fait des adeptes dans sa propre famille, notamment son frère qui allait faire partie des fondateurs et des membres actifs du parti national-socialiste suédois.

mercredi 1 mars 2017

Assez loin des Lévi, Johann Strauss

Il aura suffi que le grand-père de Johann Strauss (premier du nom) soit juif pour que certains fassent cas des origines juives du compositeur de la Marche de Radetzsky, surnommé le Roi de la valse, et de son fils, Johann Strauss II, auteur du Beau Danube bleu et autres valses viennoises.

Immanquablement, l’information aura été amplifiée et déformée, si bien qu’on entend dire aujourd’hui que le fondateur de la dynastie était lui-même juif.

Johann Strauss I

Claude Lévi-Strauss, pourtant pas particulièrement porté sur la fidélité à ses racines, revendiquait un lien de parenté avec cette famille de musiciens, du côté de son arrière-grand-père Isaac Strauss.

Le nom Strauss est porté par des Juifs comme par des non-juifs. C’est un patronyme germanique très répandu.

L’inventeur du blue-jean, un monsieur Strauss dont le prénom était Lévi, était juif. Le philosophe Leo Strauss était juif lui aussi.

En revanche, l’homme politique allemand Franz-Josef Strauss n’était absolument pas juif, pas plus que le compositeur Richard Strauss qui, sous Hitler, avait été nommé à la tête du Reichsmusikkammer (mais dont le degré de compromission avec le nazisme semble très controversé).

Quant à Johann Strauss premier du nom, fondateur de la fameuse dynastie de musiciens viennois, il était le petit-fils d’un Juif converti. Un seul de ses grands-parents était juif de naissance, en l’occurrence, son grand-père paternel.

Dans la dynastie Strauss, nous avons ensuite son fils, Johann Strauss II, dont on peut supposer que sept arrière-grands-parents sur huit n’étaient pas juifs. Il y a eu aussi un Johann Strauss III, qui n’était pas le fils de Johann Strauss II mais d’Eduard Strauss II, ce dernier étant cependant le fils d’Eduard Strauss I.

Les Strauss avaient donc adopté cette coutume chrétienne, étrangère à la tradition juive et en opposition avec les principes fondamentaux du judaïsme, qui consiste à donner à un fils le prénom de son père (voir mes articles précédents, notamment sur Rockefeller, Chaplin, Ionesco, etc.)...


Sources : site internet de la BNF ; Lemaire (Frans C.), Le Destin juif et la musique (Fayard, 2001).

jeudi 9 février 2017

Sophie Marceau et son homonyme juif

La rumeur idiote de sa judéité, sans doute marginale mais néanmoins existante, peut avoir au moins deux sources : d’une part, Sophie Marceau a incarné une Juive dans le film Pour Sacha, d’Alexandre Arcady, en 1991. Une fois de plus, on aura stupidement envisagé un lien entre une actrice de cinéma et le personnage qu’elle interprète.

D’autre part, par un rapprochement facile mais infondé, on aura pu s’imaginer sérieusement que la belle Sophie était la fille du mime Marceau, tout en sachant que celui-ci, de son vrai nom Marcel Mangel, était juif.

Marceau, fi !

Marceau n’est qu’un nom de scène, dans le cas de Sophie comme dans le cas de Marcel et surtout, il n’existe pas le moindre lien entre le mime et l’actrice.

Le vrai nom de Sophie Marceau est Sophie Maupu. Le réalisateur Claude Pinoteau ayant proposé à la jeune actrice de choisir comme pseudonyme le nom d’une avenue de Paris, celle-ci avait porté son choix sur l’avenue Marceau, tout simplement (Wikipedia).

Dans la généalogie de son père Benoît Maupu, chauffeur routier, on peut lire des noms comme Adam, Bouchardon, Gentil, Leroy et Moreau (geneanet.org). Maupu est un nom français, porté surtout dans la région du centre (départements 28, 41, 45), avec comme variantes possibles Maupou, Maupoux, Maupeou (geneastar.org).

La mère de Sophie Marceau s’appelle Simone Morisset, un nom de famille pas davantage susceptible d’être porté par des Juifs.

Sophie Marceau obtient le score 5/15 sur le site internet Jew Or Not Jew, soit 0/5 pour les origines, 1/5 pour la ressemblance et 4/5 pour le « regret » qu’elle ne soit pas juive. En un mot, aucune origine juive connue ni un tant soit peu vraisemblable, ni du côté maternel, ni du côté paternel.

vendredi 3 février 2017

Maurice Jarre ne s’appelait pas Moshé

Suffirait-il que vous soyez un musicien célèbre prénommé Maurice pour qu’on suppose que vous êtes juif ? À ce propos, on pourra lire mon article sur Maurice Ravel. Ou bien, peut-être faudrait-il une condition supplémentaire, par exemple le fait que vous ayez fait carrière dans le cinéma ?

Un esprit sensé admettra qu’associer l’identité juive à une telle combinaison d’éléments est passablement hasardeux, pour ne pas dire complètement stupide.

Le musicien et son fils

Jean-Michel Jarre aussi passe pour juif aux yeux de certaines personnes, sans doute parce qu’il est un petit peu quand même le fils de son père.

Quoi qu’il en soit, il ne me semble pas utile de consacrer un article au père et un autre au fils. Comme j’avais traité en même temps le cas de Jean-Pierre Cassel et celui de Vincent Cassel, je consacre le présent article au père, et en même temps, au fils.

Le patronyme Jarre est un nom français et n’a rien de juif. Il est surtout porté en Savoie et dans la Nièvre (geneastar.org et geneanet.org).

Selon le site internet geneanet.org et selon Le Robert des noms propres, c’est sans doute un toponyme évoquant le chêne (prélatin garric), que l’on retrouve en Savoie dans le hameau du Jarre (La Léchère).

Maurice Jarre était le fils d’André Jarre (lui-même fils d’Alexis Charles Jarre et de Marie-Gasparine Girard, laquelle était la fille de Romain Girard et de Marie Excoffier) et de Gabrielle Boullu, elle-même fille de Jean-Antoine Boullu et de Joséphine Lemaire (Wikipedia et geneanet.org) : Boullu est un nom que l’on retrouve surtout du côté de l’Isère et du Rhône (geneanet.org).

Quant à la mère de Jean-Michel Jarre, France Pejot, elle était la fille de Joanni Pejot et de Marie Henriette Monnet (geneanet.org). Pejot n’est pas plus juif que Peugeot, et aucun des autres noms que je viens de citer n’indique une ascendance juive.

samedi 28 janvier 2017

Marie-José Nat, juive dans des films

Nombreux ont été ceux qui, comme moi, après avoir vu le film Les Violons du bal (1973) de Michel Drach et les épisodes de la série télévisée Les Rosenberg ne doivent pas mourir (1975) de Stello Lorenzi, n’avaient pas imaginé que Marie-José(e) Nat, si émouvante à l’écran en mère juive aux abois, pouvait ne pas être juive.

Et pourtant...

© Francis Dussaussois/INA

En outre, on avait appris que cette actrice était l’épouse de Michel Drach. Une brune qui incarne une Juive à l’écran et qui est l’épouse d’un cinéaste juif, pensez donc... Avec Michel Drach, Marie-José Nat a même eu trois enfants.

Et pourtant...

Avant d’épouser Michel Drach, Marie-José Nat avait été mariée un an avec un certain Roger Dumas, de confession catholique.

Par la suite, elle allait entretenir une liaison avec Victor Lanoux, de son vrai nom Victor Nataf, né d’un père juif tunisien et d’une mère catholique normande (Wikipedia), avant de devenir l’épouse de Serge Rezvani, fils d’un Iranien non juif et d’une Juive russe (Wikipedia).

Et pourtant...

L’actrice brune n’a jamais été juive, comme le confirment un ensemble de faits relatifs à son enfance et à sa jeunesse, sur le blog Vivreaupresent.

Marie-José Nat, de son vrai nom Marie-Josée Benhalassa, est née à Bonifacio. Sa mère, qui était une bergère corse analphabète, n’était évidemment pas juive. Son père, un militaire algérien, était kabyle (Wikipedia). À l’école, elle avait été surnommée par ses camarades « la fille de l’Arabe ».

jeudi 26 janvier 2017

« Guy Millière, êtes-vous juif ? »

Sa passion pour Israël et pour le peuple juif est telle qu’on se demande parfois si son patronyme est un nom d’emprunt et s’il s’agit d’un Ashkénaze ou d’un Séfarade. Ni l’un ni l’autre, en réalité car Millière n’est pas juif. Il s’échine à le dire et à le redire [...] — Jean-Pierre Allali

Il s’échine à le dire et à le redire, comme je m’échine moi-même à expliquer que telle ou telle personnalité n’est pas juive... mais beaucoup de gens ne veulent croire que ce qu’ils ont envie de croire et sont imperméables à toute rationalité, surtout lorsqu’il est question des Juifs !

L'être ou ne pas l'être...

Sur le site du CRIF, Jean-Pierre Allali cite Guy Millière :

« Tu me demandes pourquoi, moi qui ne suis pas juif, je défends le pays juif [...] » (Guy Millière, Israël raconté à ma fille, Les Provinciales, 2016).

« Je ne suis pas juif, c’est vrai... il n’est nul besoin d’être juif pour défendre le pays juif. » (ibid.)

Je peux continuer à citer Guy Millière, à l’attention des lecteurs qui veulent bien garder un minimum de bon sens :

« Il m’est parfois demandé pourquoi je défends Israël alors que je ne suis pas juif. [...] Il m’est parfois demandé aussi pourquoi je combats l’antisémitisme alors que, n’étant pas juif, je ne suis pas directement concerné. » (Actualité chrétienne)

« Je me suis impliqué non pas parce que je suis juif (je ne le suis pas) ou parce que je suis citoyen israélien (je ne le suis pas non plus), mais en raison de valeurs éthiques et d’un attachement à certaines idées fondamentales. » (dreuz.info)

« Je ne suis pas juif, monsieur le Président. Mon adhésion à ce qui constitue les valeurs fondamentales du judaïsme pourrait me conduire à le devenir, mais je ne suis pas croyant et je ne veux surtout pas tricher. » (Lettre ouverte à Richard Prasquier)

« [...] le volumineux mais passionnant ouvrage d’un auteur qui, comme moi, n’est pas juif [...] » (dreuz.info)

« Au nom de quoi devrais-je, ou dois-je, affirmer et clamer que je ne suis pas juif... Au nom du fait qu’être juif, ce serait salissant ? » (Houdna, Underbahn, 2007)

« [...] lutter contre l’antisémitisme en France aujourd’hui vous vaut une très mauvaise réputation, même, et surtout, lorsqu’on n’est pas juif… » (Louyehi)

« Je ne suis pas juif, mais je sais que je n’admettrai jamais que les Juifs vivent à genoux [...] » (jssnews.com)

« L’une des questions[,] qui m’a été, une fois de plus, souvent posée lors de mon récent séjour en Israël, était celle-ci : êtes-vous juif ? J’ai dû répondre une fois encore que non, je ne suis pas juif. Je ne suis pas même chrétien. Je me définis comme agnostique. » (danilette.com)


(voir aussi mon article sur Michel Garroté)

mardi 24 janvier 2017

Rachida Dati, sur les listes de « Juifs » des malades mentaux

Il n’est pas vraiment surprenant de constater qu’un de ces blogs tenus par des Algériens adeptes de la théorie du complot juif fait figurer l’ancienne ministre française sur une prétendue liste de personnalités juives aux côtés d’un certain nombre de ses collègues qui ne sont pas plus juifs qu’elle, comme par exemple Michèle Alliot-Marie, Alain Juppé ou Manuel Valls, pour ne pas parler de François Hollande et de Nicolas Sarkozy.

Rachida Dati est la fille d’un père marocain, M’Barek Dati, maçon de son état, et d’une mère algérienne, Fatima Zohra. Elle est la deuxième d’une famille de onze enfants.

Je vous fais juive...?

© Photo : Simon Kirby

Dans un entretien avec le journaliste Claude Askolovitch, publié sous forme de livre (Je vous fais juges, Grasset, 2007), celui-ci lui demande si « le fait d’être d’ailleurs » a compté dans son enfance, ce à quoi elle répond : « Je ne viens pas d’ailleurs. Je suis née à Saint-Rémy, [en] Saône-et-Loire ». Est-ce que Claude Askolovitch, bien qu’il soit né en France comme son père et probablement sa mère, considère qu’il est « d’ailleurs » ?

Ni son prénom ni ceux de ses parents, ni tout ce que l’on sait d’elle, ne laissent imaginer une appartenance au peuple juif.

Interrogée sur la « question beur », Rachida Dati répond : « Elle ne m’a pas construite. » (ibid., p. 62)

Si Rachida Dati avait été juive, les commentateurs n’auraient pas insisté comme ils l’ont fait tant et plus sur ses « origines maghrébines ». Ils n’auraient même jamais employé ce terme. Qui a entendu parler des « origines maghrébines » de Jacques Attali, d’Éric Zemmour, de Ruth Elkrief, de Michel Boujenah ou de Patrick Bruel ?

À en croire Wikipedia, Rachida Dati serait de confession musulmane mais elle irait tous les dimanches à la messe. Sur les réseaux sociaux, elle a accolé à son nom le signe arabe de solidarité avec les chrétiens d’Irak. Quoi qu’il en soit, supposer qu’elle puisse être juive est parfaitement absurde.

vendredi 20 janvier 2017

La judéité d’E.T.A. Hoffmann n’est qu’un conte

Un homme aux talents multiples, doué pour l’écriture comme pour la musique et le dessin, portant un nom qui se termine par « -mann », prénommé Theodor comme Herzl et Adorno, et dont Offenbach allait faire le personnage principal d’un fameux opéra : que fallait-il de plus pour que l’on raconte qu’il était juif ?

Ernst Theodor Wilhelm Hoffmann, dit Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, est né dans une famille de pasteurs luthériens et d’hommes de loi « appartenant à l’ancienne bourgeoisie de robe » (Wikipedia).

Photo : Wikimedia

Son père, Christoph Ludwig Hoffmann, qui était pasteur et avocat à Königsberg, épousa sa cousine Louise Albertine Doerffer, avec laquelle il eut trois fils : Johann Ludwig, Carl Wilhelm Philipp et celui qui nous intéresse ici, Ernst Theodor Wilhelm.

Où le jeune Ernst Theodor pouvait-il faire ses études, sinon dans une école luthérienne ? C’est cependant dans une église catholique qu’il s’unit à la fille d’un fonctionnaire polonais, Maria Thekla Michalina Rorer-Trzynska, rencontrée à Posen.

Il appela sa fille Cécile en référence à la patronne des musiciens, sainte Cécile, la fit baptiser et composa une messe en son honneur. Par la suite, il composa six cantiques dédiés à la Vierge Marie. Dans le même registre, on mentionnera aussi son opéra La Croix sur la Baltique.

Jusqu’ici, aucun lien particulier avec les Juifs, mais en voici un : le lien d’amitié qu’il eut à Varsovie avec un jeune collègue juif, Julius Eduard Hitzig. Celui-ci, installé à Varsovie depuis cinq ans et membre d’un groupe littéraire berlinois, allait devenir son biographe.

E. T. A. Hoffmann est inhumé dans le « cimetière III de Jérusalem et de la nouvelle paroisse » (Friedhof III der Jerusalems-und Neuen Kirchengemeinde) d’une congrégation évangélique, du côté de la porte de Halle (Friedhöfe vor dem Halleschen Tor) à Kreuzberg.

mardi 17 janvier 2017

Bérégovoy, oy, oï vaï !

Nous étions tous restés avec notre grand-mère à La Vaupalière à l’exception de Pierre, l’aîné, qui les a aidés pendant un an comme garçon de ferme. Il disait que le plus dur, c’était de s’occuper des cochons. – Michel Bérégovoy (Jacques Follorou, Bérégovoy – le dernier secret, Fayard, 2008)

La rumeur attribuant une identité juive à l’ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy, qui circule chez les « conspis », et peut-être ailleurs aussi, est sans doute liée à son patronyme à consonance étrangère. Vraiment, il en faut peu...

Béré avant sa bérézina

Pierre Bérégovoy était le fils d’Adrian Bérégovoy, un Ukrainien immigré, né à Izioum dans la région de Kharkiv, dont les parents étaient des petits paysans, et d’Irène Baudelin, épouse Bérégovoy.

Bérégovoy signifie en ukrainien « l’homme de la berge » : un nom prédestiné ?

Un site internet consacré aux noms de famille précise que « Baudelin est un nom de famille dérivé de l’ancien français et occitan baud qui signifie joyeux, hardi, surnom d’homme courageux ou enjoué. »

Capitaine de l’armée du Tzar et menchevik, chassé par les bolchéviques, Adrian Bérégovoy avait fui la révolution russe. Installé en France, il tenait un « café-épicerie ».

En butte à des difficultés, la mère de Pierre Bérégovoy, lorsque celui-ci était âgé de cinq ans, avait envoyé ses enfants chez sa mère à La Vaupalière, « comme cela se fait souvent à la campagne ».

En 1941, Pierre Bérégovoy, âgé de seize ans, avait travaillé pendant neuf mois à l’usine de tissage Fraenckel-Herzog en tant que fraiseur. Certes, les Herzog étaient juifs et il y a des chances pour que les Fraenckel l’aient été aussi, mais de là à ce que les ouvriers de l’usine aient été juifs également, il y a un monde.

Plus déterminant, pour ce qui nous occupe, Pierre Bérégovoy était entré à la SNCF sur concours en 1942, ce qui n’aurait bien évidement pas été possible pour un Juif à cette époque, compte tenu du « Statut des Juifs » institué par Pétain et de la traque dont les Juifs faisaient l’objet à ce moment-là.

Après la guerre, en 1948, Pierre Bérégovoy épousa Gilberte Bonnet, qui comme son nom l’indique, n’était pas plus juive que lui.


Sources : Wikipedia, filae.com, Karine Hamedi (Scandale et suicide politiques, L’Harmattan, 1999), Jacques Follorou, ibid.

vendredi 13 janvier 2017

Ionesco sur une liste de Juifs ?

Le nom d’Eugène Ionesco apparaît sur une liste de Juifs publiée sur Internet, allez savoir pourquoi. Comme je l’ai déjà fait remarquer, la cohérence et le bon sens ne sont généralement pas ce qui distingue les personnes qui dressent ce genre de liste.

Eugen Ionescu, dit Eugène Ionesco, portait le même prénom que son père, Eugen Ionescu. Depuis longtemps, je ne compte plus le nombre d’articles dans lesquels j’ai rappelé (notamment à propos de Charlie Chaplin, d’Isaac Newton, de Vladimir Poutine, de Theodore Roosevelt et de la famille Rockefeller) qu’un père et un fils portant le même prénom, c’est contraire à la tradition juive, sauf si le père est mort à la naissance du fils, et c’est donc très rare chez les Juifs.

Eugène fils d’Eugène,
et fils de Marie-Thérèse...

En outre, on sait que lorsque la Roumanie fasciste s’allia avec l’Allemagne nazie, Ionesco fit jouer ses amitiés pour obtenir un poste d’attaché de presse à l’ambassade de Roumanie à Vichy. C’est ainsi qu’en mai 1942, il retourna en France où il s’installa définitivement avec son épouse. Leur unique enfant, une fille, née à Vichy sous Pétain, fut prénommée Marie-France.

Il est vraiment très difficile de s’imaginer qu’un Juif aurait pu faire carrière dans une ambassade de Roumanie en ce temps-là, et de surcroît, à Vichy en 1942.

Par ailleurs, Ionescu est un patronyme roumain typique qui fait référence au prénom Ion (Jean), de la même manière qu’Antonescu fait référence à Anton (Antoine), Nicolescu à Nicolae (Nicolas) et Petrescu à Petru (Pierre).

Eugène Ionescu père, un Roumain de confession chrétienne orthodoxe, avait adhéré au nazisme. Quant à la mère d’Ionesco, Marie-Thérèse Ipcar, il semblerait qu’elle et sa mère aient entretenu à un moment donné des liens étroits avec une certaine famille Abramovici, mais il en faudrait peut-être davantage pour pouvoir envisager la possibilité que soit juive une Marie-Thérèse, fille d’un chrétien luthérien et épouse d’un chrétien devenu nazi.

Enfin, la sépulture d’Eugène Ionesco, au cimetière du Montparnasse, à Paris, est typiquement chrétienne.


Sources : Kronobase, André Le Gall (Ionesco, Flammarion, 2009), Wikipedia

jeudi 5 janvier 2017

Le Colonel Fabien, communiste mais pas juif

Dans la série « lui aussi était juif », voici le Colonel Fabien, de son vrai nom Pierre Georges. Sa judéité est une fable dont m’avait gratifié un camarade d’études (voir mon article sur Haussmann). Il est vrai que cet activiste communiste avait fréquenté un milieu juif. Il avait même aidé des jeunes Juifs en situation irrégulière à échapper aux rafles. C’était au milieu des années trente : il y avait déjà des rafles et des camps de déportation en France, avant même que le premier soldat d’Hitler n’y ait mis un pied.

Cela se passait à « Belleville, quartier populaire où se mêl[ai]ent aux ouvriers et artisans français de nombreux immigrés venus d’Europe centrale, juifs pour la plupart » (Monique Georges, Le Colonel Fabien était mon père, Fayard, 2009). La fille du Colonel Fabien raconte aussi que son père avait milité « à l’Arbeiterjugendclub (AJC), club de la jeunesse ouvrière juive de Belleville. Les jeunes immigrés juifs étaient nombreux dans le quartier [...] » (ibid.)

Les jeunes Juifs communistes de l’époque étaient presque toujours d’origine étrangère et plus précisément originaires d’Europe centrale et de l’Est. Ce qui revient à dire que si un militant communiste, en France, n’était pas originaire de ces régions de l’Europe, il y avait assez peu de chances qu’il soit juif (et inversement, un Juif d’origine alsacienne, lorraine ou méridionale avait relativement peu de chances d’être un militant communiste).

Pierre Georges n’était pas d’origine étrangère. Il était le fils de Félix Georges et de Blanche Gaillourdet et sa famille était originaire de Rochefort (Charente-Maritime). Son père était ouvrier boulanger à Villeneuve-Saint-Georges. Sa mère était vendeuse dans une boulangerie.

Pierre Georges avait commencé à travailler très jeune, comme apprenti boulanger, après quoi il avait été poseur de rivets aux chantiers de la Seine à Villeneuve-le-Roi, puis sur les chantiers de chemin de fer et enfin, ajusteur. Il avait adhéré au Parti communiste à l’âge de quatorze ans et s’était engagé dans les Brigades internationales à dix-sept ans (Wikipedia).

Les conditions de vie de la famille Georges étaient les conditions habituelles des familles ouvrières : métiers de boulanger et d’ouvrier agricole, scolarité en pension, certificat d’études, etc. Enfin, à propos de Pierre Georges, Gilles Perrault évoque « la gaieté rigolarde du titi parisien ». Tout cela va dans le même sens : le Colonel Fabien avait tout du militant communiste, mais rien du Juif communiste.

Ni Georges, ni Gaillourdet ne sont des patronymes « à consonance juive ». Coudrier, le nom de l’épouse de Pierre Georges, ne l’est pas davantage. Andrée Coudrier n’était pas plus juive que son mari : ce qui ne l’a pas empêchée d’être déportée à Ravensbrück, en tant que résistante.

lundi 2 janvier 2017

Danièle Évenou, shalom...

Hevenou shalom aleic’hem... comment le nom de Danièle Évenou pourrait-il ne pas faire penser immédiatement à ce célèbre chant hébreu ? Sachant que certains ont cru que Danièle Évenou était juive, on peut s’imaginer que le malentendu est lié à cet inévitable rapprochement phonétique.

On pense à Hevenou shalom...
sauf, peut-être, en Bretagne.

Danielle Anne Marie Evennou, dite Danièle Évenou, est née en Tunisie. Cependant, son père et sa mère étaient tous deux bretons (Wikipedia).

Effectivement, la répartition géographique des Evennou (geneanet.org et filae.com) montre, sans l’ombre d’un doute, qu’il s’agit d’un patronyme breton :

« Nom de personne breton (voir Evain) surtout porté dans les Côtes-d’Armor et le Morbihan. Diminutifs et autres dérivés : Evenard, Evenas (56), Evenat (29), Evenno, Eveno, Evenot (56), Evenou, Evennou (22, 29). » (geneanet.org)

La même source indique encore d’autres variantes de ce patronyme, toutes aussi peu susceptibles d’être des noms portés par des Juifs : Evennot, Evennau, Yvenou, L’Evenou, Nevenou, Ybinou, Kerevenou (ibid.).

Certes, le malentendu en question pourrait aussi être lié à la judéité prêtée à Jacques Martin, dont Danièle Évenou a été pendant un moment la compagne. Or, outre que Jacques Martin n’était pas juif du tout, les autres conjoints successifs de Danièle Évenou ne l’étaient pas davantage : ni Jacques Brel, ni François Nocher, ni Georges Fillioud, ni Jean-Pierre Baiesi.

Enfin, les deux fils que Danièle Évenou a eus avec Jacques Martin s’appellent Frédéric et Jean-Baptiste. Si quelqu’un connaît des Juifs qui ont nommé un de leurs fils Jean-Baptiste, qu’il me contacte, je viendrai prendre des photos.

samedi 24 décembre 2016

Sophie Daumier, pas plus juive que Guy Bedos

Sur Facebook, alors que la rumeur de la judéité de Guy Bedos était évoquée dans une discussion portant sur de récentes déclarations intempestives du sinistre bouffon à propos d’Israël, quelqu’un a cru pouvoir apporter le correctif suivant : « [Ce n’est pas Guy Bedos,] c’est sa première femme, Sophie Daumier, qui était juive… »

Or, d’une part, Sophie Daumier, dont le pseudonyme fait référence au fameux caricaturiste du XIXe siècle Honoré Daumier et dont le vrai nom était Élisabeth Hugon (Wikipedia), n’a pas été la première femme de Guy Bedos mais la deuxième.

D’autre part, et surtout, Sophie Daumier n’a jamais été juive de sa vie. On serait même bien en peine de fournir un motif un tant soit peu sérieux qui justifie que cette idée ait pu être formulée.

Dame Bedos, de celles...
qui ne le sont pas.
Premier indice : Hugon n’est normalement pas un patronyme porté par des Juifs.

Deuxième indice : Élisabeth Hugon, alias Sophie Daumier, a eu un fils nommé Christian.

Troisième indice : Sophie Daumier n’est pas connue pour avoir jamais fait état d’une appartenance au peuple juif ni pour s’être un jour distinguée dans une activité ou une intervention liée à la vie juive, à la culture juive ou à Israël.

Quatrième indice : ses obsèques ont été célébrées en l’église Saint-Roch, considérée comme étant la paroisse des artistes (ibid.).

Accessoirement, sa sépulture, au cimetière du Père-Lachaise, « une simple plaque de ciment » (jesuismort.com), est située entre les sépultures de Marie Trintignant (pas juive) et de Gilbert Bécaud (pas juif non plus).

L’idée que Sophie Daumier aurait pu être juive ne s’appuie sur rien de concret et même, elle ne s’appuie sur rien du tout et les indices concordent pour affirmer le contraire. L’affaire est pliée.

jeudi 22 décembre 2016

Bedos, Israël et les Juifs

Une rumeur tenace prête à Guy Bedos des origines juives et le bruit court, également, que sa mère aurait été juive. Certes, l’intéressé éprouve régulièrement le besoin de parler des Juifs sur la place publique avec une familiarité quelque peu ambiguë et croit devoir aussi souvent dénigrer l’État d’Israël, sa population juive et ses dirigeants. Visiblement, quelque chose le démange de ce côté-là.

Le pied-noir d’Algérie qu’il est déclare se sentir « tout de même plus proche d’Albert Camus que d’Enrico Macias ». Surtout, il se vante d’avoir dit sur scène « je ne confondrai jamais Ariel Sharon et Bibi Netanyahu avec Anne Frank et Primo Levi » et demande : « suis-je pour autant un néonazi qui s’ignore ? » (rue89.nouvelobs.com)

Pour moi n’est de bon Bedos
que Dom Bedos de Celles

Un néonazi qui s’ignore, je ne sais pas, mais un antisémite qui s’ignore (ou pas), c’est certain. Sinon, pourquoi ce rapprochement intempestif entre les victimes de la Shoah et les dirigeants israéliens ? En substance, la citation qui précède peut se traduire ainsi : « Un bon Juif est un Juif mort. »

Par ailleurs, même un Juif extrêmement hostile à la religion de ses pères, au sionisme et à Israël (même un Juif antisémite) n’aurait jamais tenu ces propos, pour la bonne raison qu’il se serait d’abord vu lui-même dans la peau du « bon » Juif (non pas tant le Juif victime, en pyjama rayé, que le Juif « critique », « humaniste ») à opposer au « mauvais » Juif (le dirigeant israélien « de droite », ou plus généralement le Juif sioniste).

En effet, Guy Bedos n’est pas juif du tout. Il est le fils d’Alfred Bedos et d’Hildeberte Verdier, des pieds-noirs d’Algérie d’origine espagnole (Bedos) et française (Verdier). Il a été mis en pension vers l’âge de sept ans, puis scolarisé à treize ans au lycée catholique de Bône (aujourd’hui Annaba) (Wikipedia).

Selon ses propres dires, une de ses arrière-grand-mères était juive, si bien qu’il aurait « du sang juif dans les veines » (Nice-Matin, 2 décembre 2016) : naturellement, il n’en faut pas davantage à certaines personnes pour affirmer que Bedos est juif...

Son animosité particulière vis-à-vis des dirigeants israéliens se comprend mieux quand on sait quelle avait été la première réaction de sa mère à la vue du bébé qu’il était : « Oh, qu’il est vilain, on dirait un petit Juif ! » (VSD) Le journaliste qui relate cela ajoute : « Légèrement antisémite, la maman lui racontera cette anecdote des dizaines de fois durant son enfance. » Pour ce journaliste, cela s’appelle être « légèrement antisémite ». Mais surtout, cette ignominie a dû laisser de vilaines traces dans l’inconscient du garçon.

Dans son autobiographie Mémoires d’outre-mère, Bedos évoque ses mauvais rapports avec sa mère et dit que de son beau-père, raciste et antisémite et de sa mère, maréchaliste, lui vient sa « conscience politique humaniste ».

Question religion, il évoque  le « Nouveau Testament » qui ne serait pour lui qu’un « vaudeville », avec « ce pauvre Joseph dans le rôle du cocu de service » (Libération) : sans doute se considère-t-il plutôt comme agnostique, mais ses références en matière de religion sont bien chrétiennes, s’il était encore besoin de le faire remarquer.

vendredi 16 décembre 2016

Anémone de mère

Quand une actrice est brune et un tant soit peu « typée » (et parfois même sans cela), il se trouve tôt ou tard quelqu’un dans les parages pour affirmer qu’elle est juive. Cela a été le cas pour Fanny Ardant, pour Marie-José Nat, pour Audrey Tautou... Cela a été le cas aussi pour Anémone.

Anémone a expliqué qu’elle aurait été plus heureuse sans enfants : « J’ai grandi à une époque où, si on n’avait pas d’enfant, on n’était pas une vraie femme. Donc, on fait des gosses. Et on se rend compte qu’on s’est fait bananer et qu’on aurait été mieux sans. » (purepeople.com) Elle a également déclaré : « ça m’a ruiné la vie ». Et aussi : « ça m’a empêchée de vivre » (gala.fr).

« Ça m’a ruiné la vie... »

Voilà qui ne cadre pas particulièrement avec le profil d’une Juive, pour ne pas parler d’une mère juive.

Anémone ne s’est jamais appelée Anne-Aymone, contrairement à ce que l’on peut lire ici ou là, sur des sites internet ou des blogs peu fiables. Son pseudonyme date du premier film dans lequel elle a joué le rôle principal : Anémone était le titre du film et le nom du personnage.

Anémone s’appelle en réalité Anne Bourguignon. Elle est la fille du psychiatre André Bourguignon (lui-même fils du neurophysiologiste Georges Bourguignon) et de Claire Justin-Besançon (Who’s Who).

Bourguignon et Justin ne sont pas des noms portés par des Juifs, c’est le moins qu’on puisse dire, et concernant le nom Besançon, je renvoie le lecteur à mon article sur Alain Besançon, à qui la mère d’Anémone est apparentée.

Issue de « la grande bourgeoisie parisienne » (Wikipedia), Anne Bourguignon a passé son enfance dans la propriété familiale en Gironde. Élève du lycée privé Notre-Dame-des-Invalides, elle y interpréta la Vierge Marie dans le cadre d’un spectacle de fin d’année (allocine.fr).

Pour faire bonne mesure, ajoutons que son cursus scolaire et universitaire inclut deux autres institutions catholiques et que dans une interview télévisée, elle a précisé qu’elle aurait voulu se marier à l’église « sans passer par la mairie » (vidéo sur le site internet de l’INA).

mercredi 14 décembre 2016

Marie-George Buffet, le PCF et les Juifs

Rares sont ceux, parmi les nouvelles générations, qui savent que le Parti communiste français a été fondé par un Juif polonais, Marcel Camin, né Mojzesz Kaminski. Il lui doit même son nom : en effet, ce n’est que par suite d’une confusion phonétique que le Parti caministe est devenu le Parti communiste.

Les anciens se souviennent de ce drôle d’accent que l’on croyait parfois déceler chez les cadres du PCF, par exemple chez Georges Marchais, né Georges (Gershon) Marczewski : « Nous, les caministes... » Ils avaient simplement conservé l’habitude d’employer l’appellation d’origine.

La coco... Kosellek.

Ceux qui colportent la rumeur selon laquelle Marie-George Buffet, ancienne secrétaire nationale du PCF, serait juive pourront reprendre à leur compte ce qui précède, c’est cohérent avec leurs théories.

D’où leur est venue cette idée ? C’est très simple. Le nom de jeune fille de Marie-George Buffet, c’est-à-dire le nom de son père, Kosellek, est  un nom à consonance étrangère : en l’occurrence, un nom slave. Ce sont les mêmes qui envisagent une identité juive chez Michèle Alliot-Marie, uniquement parce que la mère de celle-ci était d’origine polonaise et s’appelait Leyko.

Marie-George Buffet porte le nom de son mari, Jean-Pierre Buffet. Elle est la fille de Paul Kosellek et de Raymonde Rayer (Wikipedia). Paul Kosellek est d’origine polonaise, et Rayer est un patronyme français.

Le nom Kosellek peut faire penser, par exemple, à Kollek, nom d’un ancien maire de Jérusalem, ou bien à Jellinek, nom d’un célèbre rabbin. Cependant, les Kosellek ne sont habituellement pas juifs. Le pays où le nom de Kosellek est le plus répandu est la République Tchèque. On trouve des Koselleck (avec « -ck » à la fin) en Allemagne.

Pourquoi les Jellinek et les Kollek sont-ils juifs, et pas les Kosellek ? Pourquoi Abraham Kosciusko, ancêtre de Nathalie Kosciusko-Morizet, était-il juif, mais pas le père Popieluszko ni le héros polonais Tadeusz Kosciusko ? C’est ainsi : de la ressemblance entre deux noms à consonance slave, déduire que quelqu’un est juif est bien hasardeux, pour ne pas dire inepte.

Oserai-je ajouter – la réponse est oui – que Marie-George Buffet n’a pas « le type » ?


Photo : © Nico9393, Travail personnel, CC BY-SA 4.0, Wikimedia

lundi 12 décembre 2016

George Sand, aïeule de Shlomo ?

Il fallait bien que tôt ou tard, quelqu’un ait l’idée de voir en George Sand une Juive. Pourquoi une telle absurdité ? Tout simplement parce que Sand est aussi le nom d’un idéologue actuel dont la première chose que l’on sait est qu’il est né juif. Ce pseudo historien, qui est la risée des vrais chercheurs, doit sa renommée dans le monde arabe et chez les antisémites conspirationnistes à une seule chose, le fait qu’il affirme que le peuple juif n’existe pas tout en en faisant lui-même partie.

Un tel rapprochement, à partir d’un nom de quatre lettres, est d’autant plus ridicule que George Sand n’était que le pseudonyme d’Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, baronne Dudevant. On admettra qu’il n’y a pas grand-chose de juif dans cet état-civil.

C’est un peu comme si l’on disait que Daniel Stern était un Juif, alors que ce nom, donné à une rue de Paris, était le pseudonyme sous lequel écrivait la comtesse Marie d’Agoult.

Le père de George Sand, Maurice Dupin de Francueil, était le fils de Louis Claude Dupin de Francueil et de Marie-Aurore de Saxe, comtesse de Horn, baptisée un mois après sa naissance, laquelle était la fille de Maurice de Saxe et de Marie Rinteau de Verrières.

Maurice de Saxe était un enfant naturel que Frédéric-Auguste, électeur de Saxe et roi de Pologne, avait eu avec Aurore de Koenigsmark.

Quant à la mère de George Sand, elle s’appelait Sophie Victoire Delaborde et elle était née en la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois. Elle était la fille de Marie-Anne Cloquard et d’Antoine Claude Delaborde.

Ajoutons que l’antisémitisme et l’antijudaïsme de George Sand sont visibles dans certains de ses écrits : ce qui, pour le coup, lui fait un point commun avec Shlomo Sand.


Sources : Wikipedia sur George Sand et sur Maurice Dupin ; georgesand.culture.fr ; Cités (2016) n°67 ; généalogie de George Sand.

jeudi 8 décembre 2016

Haussmann, pas juif mais baron

À en croire un camarade d’études, lui-même juif, le baron Haussmann était juif ainsi que Georges Bizet, Gustave Eiffel, le Colonel Fabien, la chanteuse Lio et je ne sais plus qui encore.

Que l’homme qui a transformé Paris sous le Second Empire soit juif, comment peut-on avoir une telle idée si ce n’est, tout bêtement (c’est le cas de le dire), parce qu’il avait un nom en « -mann »... comme Goetzmann, Griezmann, Hoffmann, Kauffmann ou Thalmann ?

Un point commun avec Lio...

À ma connaissance, abstraction faite des Juifs dont le patronyme est Baron, il n’est de barons juifs que les Hirsch et les Rothschild (si tant est que les Rothschild d’aujourd’hui soient encore juifs)... et aussi, dans le passé et plus à l’est, les Günzburg.

Le baron Georges Eugène Haussmann était le fils de Nicolas Valentin Haussmann et d’Ève Marie Henriette Caroline Dentzel. Nicolas Valentin Haussmann était le fils de Nicolas Haussmann, connu comme député de l’Assemblée Législative et de la Convention et commissaire aux armées.

Si cela ne suffisait pas, nous avons un Nicolas Valentin, fils de Nicolas : un fils ayant reçu le prénom de son père, ce qui est rarissime chez les Juifs. On sait aussi que Nicolas Haussmann était d’origine alsacienne et protestant.

Quant à la mère du baron Haussmann, elle était la fille d’un pasteur luthérien (donc protestant et donc chrétien) devenu général et député de la Convention puis baron d’Empire, Georges Frédéric Dentzel, lequel était né en Allemagne.

Pour connaître la signification du nom Haussmann, on pourra consulter une page ad hoc de Wikipedia, qui présente une liste de personnalités portant ce nom, avec cette orthographe ou avec une orthographe un peu différente.


Sources : Wikipedia, sur G.E. Haussmann, sur Nicolas Haussmann, sur G.F. Dentzel et sur le nom Haussmann, et le site internet Musée protestant.

mercredi 7 décembre 2016

La religion de Dominique Bromberger

Le nom de Dominique Bromberger figure sur au moins une de ces listes de « Juifs » publiées sur Internet par des antisémites complotistes. Pour ceux qui prétendent ne voir que des Juifs à la télévision, un journaliste aux cheveux bruns ondulés et portant un nom de famille à consonance germanique est nécessairement un Juif.

Les noms en « -berger », comme Bromberger, ne sont pas des noms « juifs ». Le nom Berger peut être français ou allemand, et il arrive aussi qu’il soit porté par des Juifs. Le vrai nom du chanteur Michel Berger était Hamburger, un nom qui fait référence à une ville (Hambourg) comme d’autres noms en « -burger » (si j’ose dire), mais ce n’est pas le cas des noms en « -berger ». Les Schlumberger sont protestants, c’est bien connu ; les Schützenberger ont toujours été des Alsaciens chrétiens ; le révérend père Bruckberger était un prêtre dominicain, né d’une mère française et d’un père autrichien.

« Une sainte, pourquoi pas
Marie, mère de Dieu ? »

Bromberger est clairement un nom porté dans l’Est, notamment du côté de l’Alsace (geneanet.org).

Un certain Christian Bromberger a dirigé l’Institut français de recherche en Iran entre 2006 et 2008. Un Juif qui se prénommerait Christian et qui serait allé résider à Téhéran, sous le régime actuel, est-ce vraisemblable ?

Quant à Dominique Bromberger, il est né en mars 1944 à Paris et il est permis de douter que beaucoup de Juifs aient pu naître à Paris à cette époque. Faute de disposer de détails sur sa famille, nous avons les récits de l’intéressé sur les visions qu’il a eues quand il était dans le coma, après un grave accident de scooter :

« Je marchais dans un lieu que j’ai entraperçu au cours d’un de mes voyages, Saint Jacques de Compostelle… » Dominique Bromberger se souvient, à ce moment, de l’apparition d’une figure féminine toute en blanc « ...qui eût pu être une reine, une sainte, pourquoi pas Marie, mère de Dieu… » (vidéo sur Dailymotion).

Une autre fois, à propos de cette même vision, Bromberger parle d’une reine d’Espagne, sans doute Isabelle la catholique. Il ajoute cependant : « Peut-être était-ce la Vierge, peut-être ai-je plus la foi que je ne l’imagine ? »

Quelle foi, quelle religion, quelle « confession » peut bien être celle d’un homme qui parle de « la Vierge » et de « Marie, mère de Dieu » ?

dimanche 4 décembre 2016

Chostakovitch, pas plus juif qu’Evtouchenko

Dans son ouvrage Le Destin juif et la musique (Fayard, 2001), déjà évoqué précédemment, Frans C. Lemaire fait état d’une inspiration juive présente dans certaines œuvres de Dmitri Chostakovitch, de façon plus explicite qu’ailleurs dans son cycle de mélodies Sur des poésies populaires juives op. 79.

Par ailleurs, dans sa treizième symphonie « Babi Yar », Chostakovitch a mis en musique le poème éponyme d’Evguéni Evtouchenko, qui est une protestation contre l’antisémitisme et qui dénonce l’attitude des autorités soviétiques vis-à-vis de la mémoire du massacre des Juifs en Ukraine.

Affranchissons-nous de ces bobards !

Peut-être est-ce pour l’une de ces deux raisons que certains se sont imaginé que « Chosta » était juif.

Je dis « peut-être », car l’expérience montre que tout est possible, même le plus absurde, et pas seulement de la part des gens les plus insensés.

Frans C. Lemaire consacre à Dmitri Chostakovitch pas moins de 11 pages (pp. 535-545), mais il précise que le compositeur russe, bien qu’ayant fait preuve d’une compassion et d’un intérêt particuliers pour le destin juif, n’était pas juif lui-même.

Les origines de Dmitri Dmitrievitch Chostakovitch sont russes et polonaises. Il était le fils de Dmitri Boleslavovitch Chostakovitch et de Sofiya Vasilievna Kokoulina. Son grand-père paternel Boleslav Chostakovitch, ou Boleslaw Szostakowicz en polonais, dont les ascendants étaient polonais et catholiques, avait été exilé en Sibérie pour avoir été impliqué dans une tentative d’assassinat du tsar Alexandre II, en 1866 (Wikipedia).

Dmitri Dmitrievitch signifie Dmitri, fils de Dmitri. Je dois encore le répéter ici, un fils portant le même prénom que son père, cela n’existe pratiquement pas chez les Juifs. Je dis « pratiquement » : je sais, cela existe quand même. Mais c’est très exceptionnel.

Et donc, je ne crains pas d’insister : un fils portant le même prénom que son père, cela n’existe pratiquement pas chez les Juifs.

jeudi 1 décembre 2016

Oscar Niemeyer et ses origines

Niedermeyer, Niemeyer, Meyer... C’est souvent en vertu de ce genre de rapprochement phonologique, phonétique, voire sémantique, et en l’absence de toute autre référence, que naît une légende attribuant à quelqu’un une origine ou une identité juive.

Il s’agit donc ici, une fois de plus, de faire un sort à ce genre d’ineptie.

La cathédrale de Brasilia

Niemeyer, tout comme Niedermeyer, est simplement un nom germanique.

En outre, l’architecte du siège du Parti communiste français et de la cathédrale de Brasilia s’appelait en réalité Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares Filho :

« Mon vrai nom est Oscar Ribeiro de Almeida de Niemeyer Soares. Ribeiro et Soares sont deux noms de famille d’origine portugaise ; Almeida est arabe et Niemeyer allemand. Je dois avoir en outre un peu de sang noir et indien. Il est certain que mon ascendance germanique n’a eu aucune influence sur mon caractère, mais au Brésil, un nom étranger comme celui que j’ai finalement choisi se retient beaucoup plus facilement. » (LeMonde.fr, 6 décembre 2012)

Son grand-père, Antonio Augusto Ribeiro de Almeida, était procureur de la République, au Brésil. Le nom de Niemeyer lui vient d’une grand-mère allemande native de Hanovre.

Fier de ses origines variées, portugaises, arabes, allemandes et autres, Niemeyer se disait « aussi métis que le sont tous [s]es frères brésiliens ».

À la fin de sa vie, Niemeyer, qui avait toujours été communiste et qui avait écrit sur un mur de son atelier « Por um mundo melhor » (pour un monde meilleur), a rencontré son « ami » le dictateur antisémite Hugo Chavez et lui a témoigné son soutien.


Sources : lefigaro.fr, lemonde.fr, Wikipedia
Photo : Creative Commons Atribuição 3.0 Brasil

mercredi 30 novembre 2016

Niedermeyer, quelle religion ?

Un musicien dont le nom se termine par « -meyer », dont le premier prénom est Abraham… et qui a étudié auprès d’Ignaz (Isaac) Moscheles ! Je ne suis pas surpris qu’on m’ait déclaré un jour que ce monsieur était juif.

Or, il n’en est rien. Niedermeyer est un nom germanique, comme ses variantes Niedermayer et Niedermeier, et les prénoms bibliques ne sont pas rares chez les protestants.

À Nyon, alors !

Effectivement, Abraham Louis Niedermeyer, baron d’Altenbourg, né à Nyon, en Suisse, était issu d’une famille de Suisses protestants. Cela ne l’empêcha pas de se passionner pour la liturgie catholique.

Son épouse s’appelait Jeanne Suzanne Charlotte des Vignes de Givrins. Au passage, le prénom usuel de Niedermeyer était Louis, et non pas Abraham.

Après avoir donné en concert sa Messe solennelle en l’église Saint-Eustache, à Paris, Louis Niedermeyer se consacra essentiellement à la musique d’église. On lui doit plusieurs messes et de nombreux motets.

Il réorganisa l’institut de musique religieuse d’Alexandre-Étienne Choron, qui devint l’École de musique religieuse et classique, plus connue sous le nom d’école Niedermeyer de Paris (plus d’un siècle après sa mort, son nom allait être donné au conservatoire d’Issy-les-Moulineaux).

Louis Niedermeyer fonda également un périodique consacré à la musique religieuse (chrétienne). Par la suite, il écrivit un volumineux ouvrage sur l’accompagnement pour orgue des offices de l’Église.


Sources : Wikipedia, Universalis, symphozik.info